Astronomie populaire (Arago)/XIII/02

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GIDE et J. BAUDRY (Tome 2p. 22-24).

CHAPITRE II

historique de la découverte des mouvements propres
des étoiles


Halley est le premier qui ait soupçonné, en 1718, le mouvement propre d’Aldebaran, de Sirius et d’Arcturus. Les observations imparfaites de latitudes d’étoiles dues à Aristille et à Timocharis, à Hipparque et à Ptolémée, c’est-à-dire les seuls termes de comparaison alors possibles, ne pouvaient guère légitimer dans l’esprit du célèbre astronome anglais que de simples doutes.

Bientôt le résultat fut appuyé de toute l’autorité d’observations faites avec des lunettes. En comparant la latitude d’Arcturus obtenue à Cayenne en 1672 par Richer, à celles qui se déduisaient des travaux analogues exécutés à Paris jusqu’en 1738, Jacques Cassini trouva un déplacement de l’étoile qui semblait parfaitement certain.

Ce déplacement tenait-il à quelque oscillation inconnue de l’écliptique ? Le doute semblait d’autant plus légitime, que les étoiles, à toutes les époques, avaient été rapportées à ce plan. Jacques Cassini trancha la difficulté d’une manière péremptoire : tandis qu’en 152 ans la latitude d’Arcturus avait changé de 5 minutes, η du Bouvier, situé dans son voisinage, n’avait pas bougé. Un déplacement du plan de comparaison aurait donné aux deux étoiles la même apparence de mouvement.

Cassini ajouta l’étude des variations en longitude à celle des variations en latitude, la seule dont Halley eût parlé. Les mouvements propres ne semblèrent pas moins évidents dans cette direction que dans l’autre. La constellation de l’Aigle en offrit un exemple frappant, mis en relief à la fois par Cassini et par l’historien de l’Académie. « Il y a une étoile dans l’Aigle (α), disait Fontenelle, qui, si toutes choses continuent leur cours, aura à son occident, après un grand nombre de siècles, une autre étoile qu’elle a présentement à son orient. »

Tobie Mayer, une des plus hautes notabilités du siècle dernier, prit aussi la question du mouvement propre des étoiles pour sujet de ses veilles laborieuses. En 1760, il présenta à la Société royale de Gœttingue un Mémoire contenant la comparaison des observations faites par lui-même en 1756, aux observations de Rœmer, plus anciennes d’un demi-siècle. Jusqu’à Mayer, les recherches, les calculs des astronomes n’avaient porté que sur quelques étoiles principales ; dans le travail de Mayer, le nombre des comparaisons s’éleva à 80.