Astronomie populaire (Arago)/XIII/04

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GIDE et J. BAUDRY (Tome 2p. 25-27).

CHAPITRE IV

relation entre le mouvement propre du système solaire
et les mouvements des étoiles


Si le Soleil se déplace dans l’espace en entraînant avec lui le cortége de planètes qui circulent autour de son centre, et si la distance des étoiles à la Terre n’est pas infinie relativement à la quantité du mouvement annuel du Soleil, il en résultera, dans les positions des astres, des déplacements annuels qui devront être appelés déplacements parallactiques, qui seront liés, quant à leur direction et à leur grandeur, à la direction et à la grandeur du mouvement du Soleil ; le mouvement de la Terre autour du Soleil peut, dans cette occurrence, être totalement négligé.

Les directions des mouvements propres observés dans les étoiles fixes étant très-diverses, ne peuvent évidemment se rattacher en totalité à l’explication que nous venons d’indiquer ; ainsi, il est des étoiles qui éprouvent des déplacements propres, réels, complétement indépendants des déplacements parallactiques : c’est un premier fait parfaitement établi. En effet, toutes les directions du mouvement paraissant également possibles, chaque région du ciel semble, dans le cas de l’immobilité du Soleil, devoir offrir à la fois des étoiles en nombre à peu près égal, tendant au nord, au sud, à l’est, à l’ouest, etc. Mais plaçons, au milieu de ces astres mobiles dans tous les sens, un observateur également mobile ; supposons qu’il marche constamment sur la même ligne.

Le mouvement de cet observateur fera naître dans les étoiles des déplacements de perspective que nous venons d’appeler parallactiques, dépendant de la grandeur qu’on assignera à ce mouvement, et de sa direction. L’intervention de l’observateur mobile détruit l’uniformité, la régularité que le phénomène aurait présentées dans le firmament.

On voit donc que si le Soleil se déplace, il y aura des mouvements parallactiques, et qu’ils se combineront avec les mouvements réels. Dans certaines régions, ces premiers mouvements annuleront les seconds, et une étoile semblera immobile ; ailleurs les deux effets concourront, et le mouvement observé dans l’étoile sera au contraire considérable. Ici, la compensation s’effectuera de manière à ne laisser à l’étoile qu’un mouvement assez différent de celui dont elle sera réellement douée.

Les mouvements des étoiles qui, dans l’hypothèse de l’immobilité du Soleil ou de la Terre, paraissaient devoir être également dirigés dans tous les sens, ne satisferont plus à cette condition. Si le Soleil se meut, le mouvement parallactique, en se combinant avec les mouvements réels, viendra troubler l’uniformité primitive et jeter, pour ainsi dire, son empreinte sur l’ensemble des mouvements apparents. Cette empreinte sera au maximum pour les étoiles dont le Soleil se rapproche ou dont il s’éloigne, et il s’effacera graduellement dans les régions de plus en plus éloignées des premières angulairement.

On comprend, d’après l’ensemble de ces considérations, combien est délicate la recherche du sens dans lequel le Soleil se déplace.

En définitive, l’effet du mouvement propre du Soleil doit être l’augmentation des dimensions de la constellation vers laquelle ce déplacement a lieu et la diminution de la constellation opposée.

Il est évident que dans cette recherche il ne faut opérer que par voie d’ensemble, qu’il faut négliger des exceptions qui doivent dépendre de mouvements propres, réels et extraordinaires, eu égard à leur grandeur.