Astronomie populaire (Arago)/XVII/31

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GIDE et J. BAUDRY (Tome 2p. 442-444).

CHAPITRE XXXI

sur les masses des comètes


Les comètes ayant un grand éclat, un noyau comparable aux noyaux des planètes sont assez rares. Les observations télescopiques démontrent qu’ordinairement la masse des comètes est très-petite. On peut arriver à la même conséquence en étudiant avec soin les mouvements des planètes près desquelles leur course les entraîne quelquefois.

La comète de Lexell ou de 1770 (n° 85 du catalogue) est une de celles qui, jusqu’ici, ont le plus approché de nous. Sa plus courte distance de la Terre a été de 600 mille lieues. Dans son plus grand rapprochement, elle était encore six fois plus loin que la Lune. Cependant Laplace a reconnu que la seule action de la Terre augmenta de plus de deux jours la durée de sa révolution. Mathématiquement parlant, par l’effet de la réaction de cet astre, le temps que la Terre emploie à revenir au même point de son orbite, la durée de l’année, dut éprouver aussi quelque augmentation. Si l’on suppose la masse de la comète égale à celle de la Terre, le calcul donne pour ce changement 2h55′ ; mais les observations ont prouvé qu’en 1770 la longueur de l’année ne varia pas d’une seconde : nous sommes donc partis d’une supposition très-exagérée, en faisant la masse de la comète de 1770 égale à la masse de la Terre. Il suffit d’une partie proportionnelle, pour déduire des nombres précédents la conséquence que la première de ces masses n’était pas de la seconde. Ce résultat explique comment la comète de 1770 a pu traverser deux fois le système des satellites de Jupiter sans y causer la plus légère altération.

Duséjour a trouvé qu’une comète d’une masse égale à celle de la Terre, qui passerait à une distance de 15 000 lieues seulement, porterait la longueur de l’année à 367 jours 16 heures 5 minutes, et changerait l’obliquité de l’écliptique de 2 degrés. Malgré l’énormité de sa masse et la petitesse de sa distance, un pareil astre ne produirait donc sur notre globe qu’une seule espèce de révolution : celle du calendrier.

La table suivante fera connaître à quel point les comètes les plus favorablement placées approchent de l’orbite terrestre :

Plus courte distance
à l’orbite terrestre.
Comète de Gambart (apparition de 1832) 
7 mille lieues.
Comète de 1680 (n° 49 du catalogue) 
183
Comète de 1684 (n° 51 du catalogue) 
351
Comète de 1742 (n° 67 du catalogue) 
539
Comète de 1779 (n° 90 du catalogue) 
565

Pour calculer les distances dont les comètes seront réellement éloignées de notre globe, alors qu’elles sont le plus près possible de l’orbite terrestre, il faut encore, avec la table suivante, déterminer la position de la Terre sur son orbite le jour où chaque comète vient couper le plan de cette orbite, ainsi que nous l’avons expliqué à propos de la comète de Gambart (chap. viii).