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Au travail

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Les Temps nouveauxnouvelle série, numéro 3 (p. 20).

La Partie administrative

AU TRAVAIL




Après cinq ans de silence forcé, les Temps nouveaux ont repris leur place dans la lutte pour l’émancipation humaine.

Peut-être, à mon avis, l’ont-ils reprise trop tôt, et avant d’être complètement équipés.

Nous aurions dû organiser notre correspondance de façon à avoir un mouvement social mondial intéressant. Nous aurions dû organiser la vente au numéro, de façon à ne pas être forcés de mettre un prix d’exemplaire et d’abonnement qui peut être une entrave à notre développement.

J’aurais préféré que tout un travail d’organisation eût été commencé avant de risquer l’apparition. Mon avis n’a pas prévalu. Il nous reste donc à faire après, ce qui n’a pas été fait avant.

Commençons par organiser la vente au numéro : par les libraires, elle est trop onéreuse, mais les camarades peuvent suffire.

À tous ceux qui pensent comme nous, à tous ceux qui pensent que la revue peut faire de bonne besogne, nous demandons d’organiser dans leur localité un petit groupement de camarades pensant comme eux, ne seraient-ils que trois ou quatre pour commencer.

Ces camarades nous prendraient le nombre d’exemplaires dont ils jugeraient pouvoir se charger.

Ces exemplaires, ils les distribueraient gratis, ou les vendraient au prix fort, ou à prix réduit, comme ils jugeraient bon. Mais ces exemplaires seraient payés à l’Administration au prix fort, sauf une remise de 30% (que les numéros soient vendus ou distribués). Comme Pierrot l’expliquera dans un prochain numéro au sujet des souscriptions, l’envoi gratuit de numéros est assez efficace, mais onéreux ; nous ne pouvons le pratiquer que sur une petite échelle.

Il y a encore d’autres moyens : les individus peuvent faire ce que nous avons dit au sujet des groupes, c’est-à-dire prendre plusieurs numéros à leur compte. Et tous ces moyens, employés ensembles, l’un aidant l’autre, peuvent donner des résultats appréciables, si chacun dans son coin, veut s’y employer dans la mesure de ses forces.

D’autant plus que, ayant pris l’habitude de se réunir les camarades peuvent, dans la vie courante, trouver à employer leur activité.

Nos gouvernants, loin de prendre des mesures en vue d’empêcher les spéculateurs d’amasser de scandaleuses fortunes en affamant la population, les favorisent, au contraire, par une politique insensée de protection à outrance. Mais le public, assez moutonnier jusqu’ici, commence à montrer les dents, et semble vouloir se protéger lui-même. Voilà déjà une occasion pour les anarchistes de se mêler à ces mouvements.

S’y mêler individuellement, c’est bien ; mais s’entendre entre soi, auparavant, c’est encore mieux ; de là, l’utilité des petits groupements de camarades. On est beaucoup plus fort lorsqu’on agit de concert.

Pourquoi la révolution russe, la révolution allemande, la révolution hongroise ont-elles échoué, — quant à ce que devait être leur but, tout au moins — c’est que les révolutionnaires n’étaient pas groupés, manquaient de cohésion. Des groupes « organisés » de citoyens auraient dû se substituer à la machinerie politique et économique bourgeoise ; tandis que, comme dans les révolutions politiques, ce sont des individus qui se sont emparés du pouvoir ! Viciées dès le début, ces révolutions devaient avorter.

Si nous ne voulons pas, encore une fois, démontrer notre impuissance lorsque se présenteront les occasions d’agir, se grouper doit être notre première besogne. Se grouper, non pas pour discuter à perte de vu mais pour faire de la besogne, chaque fois qu’elle se présente, pour la susciter au besoin.

Pour me résumer, en attendant de réaliser un programme assez ambitieux, étant donnée la situation que les camarades, pour commencer, se mettent en relation avec nous, qu’ils nous fassent savoir ce qu’ils peuvent faire pour la revue. Nous verrons, par la suite, comment élargir notre action.

J. Grave