Avadâna-Çataka/Les Cent Légendes

La bibliothèque libre.
Avadâna-Çataka. Cent légendes bouddhiques
Traduction par Léon Feer.
Texte établi par Musée Guimet, Ernest Leroux (Annales du Musée Guimet, tome 18p. 1-21).

LIEUX COMMUNS BOUDDHIQUES
ET DÉVELOPPEMENTS DIVERS

Comme il y a dans les cent récits de ce recueil un assez grand nombre de développements de diverse étendue, répétés plus ou moins fréquemment, nous croyons devoir, tant pour ménager l’espace que pour rendre les récits eux -mêmes d’une lecture plus facile et plus rapide, en les débarrassant de ces broussailles, détacher ces lieux communs et les placer en tête du recueil en donnant à chacun d’eux un numéro qui sera répété dans les récits à chaque endroit où ils doivent se trouver. Le titre du morceau accompagnant d’ordinaire le numéro avertira le lecteur de la nature du développement et lui permettra de passer outre s’il ne juge pas nécessaire de le lire.

À la suite de ces développements, nous nieltoiis les divers S>'.lras reiU’odnils dans les récits : ces Sûtras ne tiennent pas au ri’cit lni-niime : quelques-uns d’entre eux figurent dans deux récits diH’iuvuls. et eliaruii d’.'UX prut être ri’lrouvé ailleurs ; nous les délachons ilor.e aussi et li’s mettons à pai’t. Nous leur d nms des numéros distincts de ceux des déveliqipenients ou lieux communs [lour nneux marquer la dillV’rence des deux séries de nn)rceaux détaclu’s. Leurs iiuméTos res[iectil’s seront naturellement donnés dans les récits, à la place qu’ils doivent occuper.

Nota. M.il.mV’ les |iri'iMulii>iis ([iio ikhis |iroiioiis, il icMcra ciK’ni-i- biiMi ili’s redites, iiKiis ellrs sont in(’vit ;i)il<’s. Oiielfinrlbis. mais iMi’i'iiiciit, [KUir ili’s cli’v<’lii|i|iiMneiifs qui ik’ se trouvent jias dans ce iin’ainlnilo, nous ferons une coupure en mettant un elc, et en renvoyant à un passaLi’e anti’rieur où se trouve le momo di’veloiiiiemont.


1. phrase initiale de tous les récits

Le bienheureux Buddha (était) respecté, vénéré, estimé, adoré par les rois, les ministres d<^s rois, les riches, les liabitants des villes, les Çrcsthis (nota blés), les Devas (dieux), les Nàgas, les Yaxas, les Asiu-as, les Garudas, les Kiiniaras, L’s (Irands Serpents ; ainsi honoré par Devas, Nàgas, Yaxas, Asiiras, Garudas, Kinnaras, Grands Serpents, le bienheureux Ruddha, illustre, plein de vertus, cuinblé de [iri^-sents en vétiunents, nourriture, lits, sièges, rafraîchissiMni’iits, rouièil’s et ornenieuts, résidait, avec la tniupe dises disciples à ... Gràvasti..., Ràjagrha, etc. (la désignation du lieu peut changer avec chaipie récit’).

2. phrase initiale des récits

Ainsi parla Bhagavat ; les bhixus ravis se rtyouirent hautement du discours de Bhagavat.

3. le culte du maître

Voici di.uic, Bhixus, ce ipril vous tant a[i[ireiidre : c’est que nous honorerons, nous énérerons, nous respecterons, nous adorin’ons le maître ; nous vivrons en honorant le maître, en le vénérant, en le respectant, en l’adorant, en l’entourant de consid(rati(in.

4. triple hommage

Voici, Bhixus, ce qu’il vous faut apprendre : c’est que ninis ein-irons nos hommages aux Buddhas, aux Pratyèkabuddhas, aux (jràvakas ; voilà ce qu’il vous faut apprendre.

1 Il n’est pas un seul de cent récis qui ne débute par cette phrase initiale avec la variante inévitable du lieu de la scène.

5. ACTES BLANCS KT NOIRS^^1

Ainsi, Bhixiis, la maturité des actes entiéremeut noirs est entièrement noire, celle des actes (Mitièreinont blancs est entièrement blanche, celle des actes mixtes est mixte. Rejetez donc les actes entièrement noirs et les actes mixtes pour abondei’ en actes entiéremi’Ut blancs. Voilà, Bliixiis, ce qu’il vous faut apprendre.

I. MARIAT, E FECONn

N... épousa une femme d’une famille semblable à la sienne ; il joue avec elle, il se livre au plaisir, il s’empresse autour d’elle^. A firce de jeu, de plaisir, d’<'ni[)ri’ssement, r(pouse d(^ N... devint enceinti’. A[iris (jih’ huit ou neuf mois se furent écoulés, elle accoucha d’un iils beau, admirable, charmant. On fit pour lui une fête de naissance, et quand on voulut donner un nom : Quel sera, dit on, le nom de ci.’t enfant ? Li’S parents dirent : Puisque... que son nom suit...

KDCCATION nRILLANTK ET PROSPERE

L’i'idant N... fut conlie’ à iiuit mnu’rici’s, deux pour le tenir sur les genoux, di’ux pdur lui donner le sein, dmix pour le laver, deux pour le faire jouer : ces huit nourrices l’élèvent, le funt grandir (nourri) de lait, de’ lait caillé, de beurre frais, de beurre clarifié, d’extrait de lieurre clarifié, et d’autres aliments chaulïés et de premier choix : il croit rapidement comni(> un lotus dans son étang.

8. DESCRIPTION d’un 110 MME V ER T UEUX

Il était croyant, vertueux, ayant des inclinations honnêtes, aspirant à son propre bien et k celui d’autrui, compatissant, magnanime, plein d’ardeur pour la loi, cher aux créatures, passionné pour le renoncement, passionné pour ’ La moitié dc’s rùcils environ se termiiioiit par celle esliortatioii. • Lorsque le maiiage est sloriie le lieveloppeiuent s’arrête ici. la libéralité, se plaisant dans la libéralité ; pratiquement largement le renoncement.

9. DESCRIPTIiiN d’un homme RICHE

N... était riche, il avait de grands biens, une grande opulence, des possessions vastes et étendues, il se distinguait par des richesses dignes de Vaiçravana, il rivalisait par ses richesses avec Vaiçravana.

10. ROI PUISSANT ET JUSTE

Ses États se distinguaient par la richesse, l’opulence, la prospérité, l’abondance, la plénitude, la multitude du peuple qui les habitait, la tranquillité ; point de querelles, de discordes, de tumulte, de méfaits, de maladies ; ni le riz, ni la canne à sucre, ni les vaches, ni les buffles n’y faisaient défaut ; c’était un lui ju :^te, un roi de la loi, il gouvernait ses Etats selon la justice.

11. MANIÈRE d’obtenir DES ENFANTS^^1

Il ne naissait à N... ni fils, ni filles ; la joue appuyée sur sa main, il était plongé dans ses ivfl(xions : Ma maison, pensait- il, se distingue par l’abondance de biens, et je n’ai ni fils ni filles. A ma mort, on dira : Il n’y a point d’héritier pour tous ces biens, et ils seront mis à la disposition du rui. Les Çramaiias, les Brahmanes, les devins, ses amis, ses parents, ses proches, lui dirent : Fais des invocations aux dieux, car c’est un bruit répandu dans le monde que par la prière on obtient qu’il naisse des fils et des filles. Mais il n’en est point ainsi ; car, s’il en était ainsi, chacun aurait un millier de fils comme un roi Cakavartin.

C’est par le concours de trois conditions qu’il nait des fils et des filles ; quelles sont ces trois (conditions) ? Le père et la mère sont sous l’empire de la passion, et se rencontrent ; la mère, ayant ses mois, est prête à concevoir ; un Gandharva se présente : voilà les trois circonstances par le concours desquelles il nait des fils et des filles.

1 Ce développement revient huit fois avec quelques variantes qui seront indiquées. (Récits 3, 21, 24, 36, 49, 73, 83, 98.)

Lui donc, se fiant à la parole des Çramanas, des Brahmanes, des devins, de ses amis, de ses parents, de ses proches, n’ayant pas de fils et désireux d’enavoir, invoijua Çiva, Varuna, Kuvera, Çakra, Brahmà et toutes les autres divinités supérieures ; il invoqua aussi des divinités C(janne celles des jardins, des bois, les divinités des carrefours, celles des grandes [daces, les divinités qui ont droit au bali, les divinités néesavec lui, soumises àla même condition, liées à lui constamment. C’est ainsi qu’il <’tait tnut entier aux invocations.

Un être détaché de la collection des êtres entra dans le sein de la dame. Cinq conditions indépendantes existent en chaque individu féminin dont la nature est celle des savants ; il cunnait rhumme passionné, il connaît riionnne exempt de passion, il connaît le temps, il connaît h’s menstrues, il connaît la descenti’ du fœtus. Du niunient où il cuunait l’entrée du fœtus, il sait si ce sera un fils nu une fille ; si c’est un fils, il rejjose sur le coté droit, si c’est une fille, il repose sur le cùté gauche.

Transportée, ravie, elle en informe son seigneur : Bonheur ! fils d’Arva, lui dit-elle, iiro>périté ! je me trouve enceinte ; comme le fietus, en entrant dans monsi’in. repose sur le côté droit, ci’ sera certainement un fils.

Lui, également ravi et transjiorté, redressa sa poitrine, étend le bras di’oit, et exprime son allégresse : Ce visage d’un fils, désiré depuis si longtemps, je le verrai donc ; que ce soit un fils digne de moi. non un enfant dégénéré ; qu’il remplisse ses devoirs envers mui, qu’il me rende par ses gains ce qu’il a reçu de moi, <pie ma famille se maintienne longtemps, et que, après notre mort, qu’il se soit écoulé peu de temps ou ipi’il s’en soit éjoulé beaucoup, a3’ant fait des dons et accompli des actions pures, il paye en notre nom les honoraires du sacrifice et s’applique à poursuivre ce double but iiartoutoù l’occasion se présentera.

Sachant donc qu’elle était enceinte, il la porte sur la terrasse de sa demeure, l’y surveille et la garde avec soin. Dans la saison froide, il lui donne des préservatifs contre le froid, dans la saison chaude des préservatifs contre le chaud ; (il lui applique) des médicaments préparés, (lui fait servir) des aliments qui lie soient ni trop pi({uants, ni trop acides, ni trop salés, ni trop doux, ni d’une saveur trop forte, ni trop astringents. Ainsi nourrie avec des aliments sans saveur piquante, acide, sah’e, douce, forte, astringente, semblable à une Apsara qui, couverte d’orni’ments sur l’épaule et sur le corps, se promène dans le bois de Nandana, elle passait d’un lit sur un autre sans descendre à terre et l’on avait soin qu’aucun son désagréable n’arrivât à ses oreilles.

Enfin son fœtus étant venu à maturité parfaite, après huit ou neuf mois, elle accoucha. Un fils naquit…

12 ET 12 bis. LE FRUIT DES ŒUVRES ET LA TRANSMIGRATION

Dans d’autres existences antérieures (à celle-ci) N… a fait, accumulé des actes, il en a pris le fardeau croissant, il a mûri l’enchaînement de leurs causes et de leurs effets. (Ces actes se pressent) comme les flots, et la fatalité de leurs conséquences est inévitable[1]. C’est lui qui a fait, accumulé ces actes ; quel autre pourrait en recueillir le fruit ? Oui. Bhixus, les actes qu’on a faits, accumulés, ne mûrissent pas en dehors (de l’individu, ils ne mûrissent) ni dans l’élément terrestre, ni dans l’élément aqueux, ni dans l’élément de la lumière, ni dans l’élément du feu, ni dans l’élément du vent. C’est dans l’élément du Skandha, dans les Ayâtanas que mûrissent les actes qu’on a faits et accomplis. Vertueux ou vicieux, les actes ne périront jamais, même après des centaines de Kalpas. Quand tout est au complet, que le temps est venu, ils portent leurs fruits, certes, pour les êtres corporels[2].

13. RENAISSANCE CHEZ LES DIEUX ET VISITE AU BUDDHA[3]

C’est la règle que, peu de temps après la renaissance d’un fils des dieux ou d’une fille des dieux, ces trois pensées lui viennent à l’esprit : D’où suis-je déchu ? Où suis-je rené ? En vertu de quel acte (cela s’est-il fait) ? Il (ou elle) regarde : Je suis déchu du monde des… je suis rené chez les dieux Trayas-trimçat ; c’est par suite du mouvement d’une bonne pensée envers Bhagavat.

Alors le fils du dieu qui était précédemment … se dit : Ne serait il pas convenable, maintenant que l'état d’autrefois a disparu, de rendre visite à Bhagavat. Eh bien ! puisque l’état ancien a disparu, rendons visite à Bhagavat. À ces mots, le fils du dieu qui était autrefois… portant un collier sans tache et mobile, sur les membres de qui brillaient des bracelets et des guirlandes, dont la coiffure était diversifiée par les joyaux qui y étaient attachés, dont les membres étaient frottés de spṛkkâ, de feuilles de tamâla, de safran et d’autres plantes, s’étant fait autour des hanches une ceinture abondamment fournie de fleurs divines de lotus, de lotus rouges, bleus, blancs, de mandâraka, etc., vint cette nuit même éclairer dans toutes ses parties… (la résidence du Buddha…) et ayant couvert Bhagavat de fleurs, s’assit en présence de Bhagavat pour entendre la loi.

Alors Bhagavat… fit un exposé de la loi explicatif des quatre vérités tel que, après l’avoir entendu, le fils du dieu qui avait été primitivement….(arrivée à l’état de Çrôta-âpatti, n° 22) et l’état de Çrôta-âpatti fut manifesté pour lui.

Quand il eut vu les vérités, il prononça trois fois cet udàna : ce n’est ni mon père, ni ma mère… etc. (Voir numéro 20.)

Ensuite le fils du dieu qui avait été auparavant… comme un marchand qui a fait un bénéfice, comme un laboureur qui a fait sa moisson, comme un héros victorieux dans le combat, comme un malade guéri de tous ses maux, s’en retourna dans sa demeure avec la même manifestation de puissance qu’il avait déployée pour venir en présence de Bhagavat.

14. apparition d’un ancien buddha[4]

Autrefois… dans la voie du passé parut dans le monde le parfait et accompli Buddha N…, doué de science et de conduite, Sugata, connaissant le monde, sans supérieur, conducteur du troupeau humain rebelle, instituteur des dieux et des hommes, Buddha bienheureux.

15. apparition de l’ancien buddha vipaçyi. sa fin, son monument[5]

Dans le quatre-vingt-onzième Kalpa (en remontant) parut dans le monde le parfait et accompli Buddha Vipaçyi doué de science et de vertu, Sugata, connaissant le monde, n’ayant personne au-dessus de lui, conducteur des hommes rétifs, instituteur des dieux et des hommes, Buddha bienheureux.

Il entra dans la ville roylae de Bandhumati et y résida. Lorsque le parfait et accompli Budilha Vipacyi eut accompli l’œuvre d’un Buddha. semblable à un feu qui iTa plus d’aliment, il entra dans le Nirvana complet au sein de l’élément du Nirvana où il n’y a aucun reste d’Upadhi.

Alors le roi Bandhumat, après avoir rendu à ses restes les honneurs dus aux restes (d’un Buddha), lui éleva un stupa en pierreries qui avait un yojana dans tous les sens et un kroça en hauteur. 11 décréta une fête du stùpa...

16. description physique du buddha^^1

N… aperçut Bhagavat orné des trente-deux signes du grand homme, sur les membres duquel brillaient les quatre-vingts signes secondaires, orné il’un éclat céleste, resplendissant plus que mille soleils, semblable à une montagne de joyaux en mouvement, séduisant de toutes les manières.

17. perfection morale du buddha^^2

Qu’y a-t-il d’étonnant, qu’y a-t-il de merveilleux à ce que le Tathâgata affranchi de la convoitise, affranchi de la haine, affranchi de l’égarement, délivré de la naissance, de la vieillesse, de la maladie, de la mort, du chagrin, de la limitation, de la douleur, de l’angoisse, sachant tout, bien instruit de tout ce qu’il faut faire, bien pourvu de toutes les connaissances qu’il faut avoir, devenu maître de soi… (ait telle ou telle supériorité)… puisque moi déjà, dans la voie du passé, quand j’étais encore en proie à la passion, en proie à la haine, en proie à l’égarement, que je n’étais point encore délivré de la naissance, delà vieillesse, de la maladie, de la mort, du chagrin, de la lamentation, de la douleur, j’ai acquis un grand bonheur en … (faisant telle et telle chose)…

en tout onze fois. Dans deux autres récits (24 et 88) il est question de Vipagyi, mais non pas dans les mêmes termes.

1 Reproduit dans trente-deux récits et même dans quelques-uns deux fois (1, 3, 5, 7. 18, 22 24, 28, 30, 37, 48, 50, 51, 53, 61, 62, 66, 67, 73, 74, 82, 83-35, 90, 91, 93, 94, 96, 97).

2 Reproduit dans six récits de la quatriême décade (33, 34, 36, 37, 38, 40).

18. toute science, toute puissance et miséricorde des buddhas[6]

Il n’est rien qui échappe à la connaissance, à la vue, à la science, à la pénétration des bienheureux Buddhas. C’est en effet une règle que les bienheureux Buddhas, doués d’une grande compassion, favorisés d’une protection unique [parfaits héros, incomparables, et au langage exempt de duplicité], toujours calmes et larges dans leurs vues [faisant briller les trois vêdas] versés dans les trois pénitences[7] [bien instruits dans les trois bases de la discipline], arrivés à l’autre bord des quatre torrents, bien établis sur le terrain des quatre bases de la puissance surnaturelle, familiarisés par une longue expérience avec les quatre bases de la réunion [inaccessibles aux quatre terreurs, faisant entendre la voix du lion parfait du chef suprême], débarrassés des membres qu’ils ont retranchés et des cinq voies qu’ils ont quittées, doués au contraire des six membres, rendus parfaits par l’accomplissement de six pâramitas, [constamment appliqués aux actions durables ?], riches des fleurs des sept membres de la Bodhi, empressés pour enseigner la voie à quatre branches, bien pourvus des neuf acquisitions de l’égalité d’âme et des neuf résidences successives, forts des dix forces, possesseurs d’une gloire répandue dans les dix régions du monde, dont le pouvoir éminent s’exerce sur des centaines et des milliers, obtiennent la vue de la connaissance après avoir regardé le monde pendant trois jours et trois nuits : Qui décroit, se disent-ils, et qui prospère ? Qui est dans la détresse ? Qui est dans la peine ? Qui penche vers la ruine ? Qui est entraîné vers la ruine ? Qui est plongé dans la ruine ? Qui pourrais-je bien tirer de la ruine pour l’établir dans le Svarga et la délivrance ? Quel est celui qui est plongé dans la fange de l’amour et à qui je pourrais tendre la main pour l’en retirer ? Quel est celui qui est privé de la richesse des Aryas et que je pourrais établir dans la domination, la seigneurie, la richesse des Aryas ? [Quel est celui dont les yeux sont couverts par la taie (maṭala) et les ténèbres de l’ignorance pour «pie je les purifie avec une portion du collyre de la connaissance ?] Quel est celui en qui il n’est encore poussé des racines de vertu que je puisse faire pousser ? Celui en qui il en est poussé que je puisse faire mûrir ? Celui en qui elles sont mûries pour que je lui donne la délivrance. Et l’on dit :


L’océan, demeure du Makara, pourrait passer par dessus ses bords :
Mais pour les fils à convertir jamais le Buddha ne méconnaîtrait (ne transgresserait) l’heure.

Bhagavat voit que N….

19. rire et prédiction du buddha[8]

C’est une loi que, à l’instant où les bienheureux Buddhas font voir le sourire, des rayons bleus, jaunes, rouges, orangés, jaillissent de la bouche de Bhagavat. Les uns vont en bas, les autres en haut.

Les rayons qui vont en bas pénétrent dans les Narakas Sanjîva, Kâlasûtra, Sanghâta, Raurava, Mahâraurava, Tapana, Pratâpana, Avici, Arbuda, Nirarbuda, Saṭaṭa, Hahava, Huhuva, Utpala, Padma, Mahâpadma. Alors dans les Narakas qui sont chauds, ils arrivent froids ; dans les Narakas qui sont froids, ils arrivent chauds. De cette manière, les êtres qui y sont (renfermés) éprouvent un changement dans leurs souffrances, et il leur vient une pensée qu’ils se communiquent en ces termes : Messieurs, serions-nous déchus d’ici, ou serions-nous nés ailleurs ? Mais pour produire en eux la foi, Bhagavat fait un signe. Ils voient ce signe et reprennent : Non, Messieurs, nous ne sommes pas déchus d’ici, nous ne sommes pas nés ailleurs. Seulement il y a un être tel, qu’on n’en avait pas encore vu ; c’est par sa puissance que cette souffrance qui caractérisait notre (condition) est interrompue. Ceux-là donc, après avoir incliné leur esprit à croire à l’occasion de ce signe, et après avoir épuisé jusqu’au bout les souffrances qui mettent fin à leur Karma, reprennent attache parmi les dieux ou les hommes (pour y renaître) et devenir des vases de vérité.

Les rayons qui vont en haut pénètrent jusque chez les dieux des Quatre grands rois, les dieux Trayastrimçat, Yâma, Tuṣita, Nirmânarati, Parinirmitavaçavarti, Brahmakâyika, Brahmapurohita, Mahabrahmâ, Parittâbha, Apramânâbha, Abhâsvara, Parittaçubhâ, Apramânaçubhâ, Çubhakritsnâ, Anabhrakâ, Puṇyaprasavâ, Vṛhatphalâ, Avṛhâ, Atapa, Sudṛça, Sudarçana, Akanisṭha, qui s’écrient : « La douleur n’est pas permanente ; le moi, c’est le vide. » Et l’on prononce cette double gâthâ :


Allons ! sortez ! Appliquez-vous à l'enseignement du Buddha !
Anéantissez l’armée de la mort comme l’éléphant fait une cabane de roseaux !
Celui qui marchera sans négligence dans cette discipline de la loi,
se débarrassera du Samsâra de la naissance et mettra fin à la douleur.


Après avoir parcouru ce grand millier de trois mille mondes les rayons reviennent à Bhagavat par derrière, toujours par derrière.

Si Bhagavat a le désir de révéler les actions passées, c’est par le dos de Bhagavat qu’ils disparaissent ; si c’est sur l’avenir qu’il veut faire des révélations, c’est par devant qu’ils disparaissent ; s’il veut révéler une naissance dans le Naraka, c’est par la plante des pieds qu’ils rentrent ; s’il veut révéler une naissance parmi les animaux, ils rentrent par le talon ; s’il veut révéler une naissance parmi les Prêtas ils rentrent par le gros orteil ; s’il veut révéler une naissance parmi les hommes, ils rentrent par le genou ; s’il veut révéler la royauté d’un Bala-çakravartin, ils rentrent par la paume de la main gauche ; s’il veut révéler la royauté d’un Cakravartin, ils rentrent par la paume de la main droite ; s’il veut révéler une naissance parmi les dieux, ils disparaissent dans son nombril ; s’il veut annoncer la bodhi des Çrâvakas, ils disparaissent dans sa bouche ; si c’est celle de Pratyêkabuddhas qu’il veut annoncer, ils disparaissent dans son urṇâ ; si c’est la Bodhi parfaite au-dessus de laquelle il n’y en a pas, ils disparaissent dans son uṣṇiṣa (excroissance au sommet de la tête)[9].

Dans le cas dont il s’agit, les rayons rentrèrent par l’excroissance du sommet de la tête[10].

Alors l’âyusmat Ananda faisant l’anjali questionna Bhagavat : Un faisceau de rayons de qualilés variées, diversifié par mille nuances est sorti de la bouche (de Bhagavat) ; le monde en a été éclairé dans toutes ses parties connue par le soleil levant. Et il prononça ces stances :

(Les Buddhas) qui ont écarté la naissance, rejeté bien loin la tristesse et l’orgueil, ces Buddhas sont les premiers (êtres) du monde :

Ce n’est pas sans cause que le sourire brillant comme les pétales d’une çaukha apparaît sur les lèvres des Jinas vainqueurs de l’ennemi.

Va donc par ton intelligence de héros au devant des ces auditeurs qui désirent (entendre) le Çramaṇa le prince des Jinas.

Dissipe le doute né dans leurs esprits par les paroles fermes, supérieures, vertueuses du premier des Munis.

Ce n’est pas par un caprice soudain que les parfaits buddhas, les protecteurs fermes Connue l’Océan ou le roi des monts, font voir le sourire :

Pourquoi font-ils voir le sourire eux si fermes ?

Voilà ce que ces foules d’êtres désirent entendre.

Bhagavat répondit : Il en est ainsi, Ananda, il en est ainsi ; ce n’est pas sans cause, ce n’est pas sans motif, Ananda, que les Tathâgatas, Arhats, parfaits Buddhas font voir le sourire. Tu vois, Ananda : ce (ou cette) N… par cette racine de vertu, par la production de cette (bonne) pensée, par cet abandon conforme à la loi du sacrifice, après trois Asankhyeya-kalpas révolus, avant conduit à sa perfection la Bodhi véritablement conduite à sa perfection, ayant accompli dans leur entier les six pâramitâs dont une grande compassion fait acquérir la connaissance, sera le parfait Buddha N…[11]. C’est par les dix forces, par les quatre habiletés, par les trois conditions indépendantes de la mémoire, par la grande compassion que s’est manifestée cette application de la loi au sacrifice qu’il (ou elle) vient de faire, et qui n’(est) (autre chose qu’) un mouvement de bonne pensée envers moi[12].

20. udânam (éloge)

Vénérable, ce n’est ni notre mère, ni notre père, ni le roi, ce ne sont ni les déités, ni la troupe de nos parents et alliés à laquelle on aime à recourir, ce ne sont pas d’anciens Prétas, des Çramaṇas et des Brahmanes qui nous ont fait cela, c’est Bhagavat. L’océan des larmes de sang est tari, la montagne est franchie ; les portes de la destruction sont fermées, les portes de la délivrance et du Svarga sont ouvertes ; nous sommes établis (solidement) parmi les dieux et les hommes.

Et il ajouta :

C’est par ta toute-puissante influence que le chemin si épouvantable (le chemin) de la mort a été fermé, que la voie du Svarga a été ouverte, que j’ai reçu (l'introduction dans) le chemin si pur du Nirvâṇa. C'est en me réfugiant vers toi que j’ai obtenu l’œil sans défaut, (l’œil) pur, parfaitement pur, que j’ai acquis la base du calme noble et magnifique, que j’ai traversé l’océan de la douleur, que j’ai écarté, ô chef des meilleurs des hommes, honoré des hommes et des immortels, la vieillesse et la mort. Ta vue qu’il est si difficile d’obtenir pendant mille naissances, ta vue a été fructueuse aujourd’hui pour moi, Muni.

21. souhait pour la bodhi (Praṇidhi Praṇidhâna)^^1

Puisssé-je, par cette racine de vertu, par cette production de pensée, par ce renoncement conforme à la loi du sacrifice, devenir dans ce monde aveugle, sans guide, sans conducteur, un Buddha passeur des êtres qui n’ont pas traversé, libérateur de ceux qui ne sont pas délivrés, consolateur de ceux qui ne sont pas consolés, autour du Nirvâṇa complet pour ceux qui n’ont pas atteint le Nirvâṇa complet.

21. arrivée à l’état de srota-âpatti^^2

Lorsque N… eut brisé avec la foudre de la connaissance le rocher surmonté

1 Le roi… pensa en lui-même : « puissé-je devenir un Buddha ! » Cette résolution ou ce désir est appelé Manopranidhâna (Sp. Hardy. A manual of Budhism, p. 91). Notre texte n’est que l’expression délayée de ce souhait ou, pour mieux dire, ce souhait est le résumé de notre texte.

2 Répété trente-cinq fois dans les récits. de vingt sommets qui consiste dans la persuasion que le corps est une chose bonne, l’état de Srota-âpatti se manifesta pour lui.

23. arrivée à l’état d’arhat

À force d’application, d’efforts, de travail, N… comprit que ce cercle du Samsâra avec ses cinq conditions essentielles (gaṇḍa) est la mobilité même ; il éloigna de lui, à l’aida de la loi, toutes les voies des Sanskâras, la chute, la déchéance, le changement, la destruction, et quand il eut renoncé à tous les Kleças, l’état d’Arhat se manifesta pour lui.

Quand il fut bien et dûment Arhat, l’attachement sous ses trois formes s’éloigna de lui, l’or fut à ses yeux comme de la rouille, la voûte céleste comme le creux de la main. Il était devenu froid comme le sandal ; la science avait déchiré les ténèbres qui l’enveloppaient, la possession claire et distincte des connaissances supérieures de la science lui était acquise ; il se gardait do toute complaisance pour la passion du gain de l’existence ; il était, pour Indra premier et second et pour tous les dieux, un objet de respect, de considération, d’adoration.

SÛTRAS
I. les trois proclamations de supériorité

Voici les trois proclamations de supériorité. Quelles (sont ces) trois ? La proclamation de supériorité du Buddha, la proclamation de supériorité de la Loi, la proclamation do supériorité delà Confrérie.

Quelle est la proclamation de supériorité du Buddha ? Si entre tous les êtres qui peuvent exister, êtres sans pied, à doux pieds, à quatre pieds, à beaucoup de pieds, corporels ou incorporels, avant conscience d’eux-mêmes, n’ayant pas conscience d’eux-mêmes, n’étant ni pourvus, ni dépourvus de la conscience d’eux-mêmes, le Tathâgata, Arhat, parfait et accompli Buddha, a été proclamé supérieur (à tous) ; ceux qui auront éprouvé de bonnes dispositions envers le Buddha, les éprouvent à un degré supérieur : comme ils les éprouvent à un degré supérieur, ils doivent on attendre aussi une maturation à un degré supérieur, soit qu’ils deviennent dieux parmi les dieux, soit qu’ils deviennent hommes parmi les hommes. C’est là ce qu’on appelle la proclamation de supériorité du Buddha.

Qu’est-ce que la proclamation de supériorité do la Loi ? Si, parmi les lois du Buddha, parfaites ou imparfaites, la loi exempte d’attachement a été proclamée supérieure (à toutes), ceux qui auront éprouvé de bonnes dispositions envers la loi auront éprouvé ces bonnes dispositions à un degré supérieur ; comme ils les auront éprouvées à un degré supérieur, ils doivent en attendre aussi une maturation à un degré supérieur, soit qu’ils deviennent dieux parmi les dieux, soit qu’ils deviennent hommes parmi les hommes. C’est là, bhixus, ce qu’on appelle la proclamation de supériorité de la Loi.

Qu’est-ce que la proclamation de supériorité de la Confrérie ? Si, parmi toutes les confréries, troupes, agglomérations, la confrérie des auditeurs du Buddha a été proclamée supérieure (à toutes), ceux qui auront éprouvé de bonnes dispositions envers la confrérie, les auront éprouvées à un degré supérieur ; comme ils les auront éprouvées à un degré supérieur, ils doivent en attendre aussi une maturation à un degré supérieur, soit qu’ils deviennent dieux parmi les dieux, soit qu’ds deviennent hommes parmi les hommes. C’est là… ce qu’on appelle la proclamation de supériorité de la Confrérie^^1.

II. sûtra sur le don

Bhixus, si les êtres connaissaient le fruit du don, la maturité du fruit du don et du partage, comme je connais, moi, le fruit du don, la maturité du fruit du dnn et du partage, quand bien même ils en seraient à leur dernier morceau, à leur dernière bouchée, ils ne mangeraient pas sans avoir probablement donné, sans avoir partagé. Si une personne digne recevait leur offrande, leur tendance à l’égoïsme inné en eux ne se développerait j’as, ne subsisterait pas.

Mais parce que les êtres ne connaissent pas le fruit du don, la maturité du fruit du don et du partage, comme je connais, moi, le fruit du don, la maturité du fruit du don et du partage, ils mangent sans avoir donné, sans avoir partagé, avec un esprit de rapacité ; aussi la tendance à l’égoïsme inné en eux se développe et persiste.

Ainsi parla Bhagavat : Quand le Sugata eut ainsi parlé, le maître prononça encore les paroles suivantes :

 Si les êtres savaient, selon ce qu’a dit le grand Rĭṣi,
quelle est la maturité du partage et quels grands avantages il assure,
ils ne mangeraient pas sans avoir donné, ils ne seraient pas si égoïstes,
et l’esprit d’accaparement ne se produirait jamais en eux.

 Mais parce qu’ils ne le savent pas, les insensés,
obscurcis par les ténèbres de l’égarement,

1 Ce sûtra se retrouve deux fois dans le recueil aux récits 9 et 57.

ils mangent avec un esprit de rapacité et la tendance
à l’égoïsme inné en eux se développe et persiste^^1.


III. sûtra sur la piété filiale

Bhixus, Brahmâ est avec les familles dans lesquelles le père et la mère sont parfaitement considérés, adorés, et reçoivent des offrandes qui leur apportent un bien-être parfait. Pourquoi cela ? C’est que, pour le fils de famille, le père et la mère sont comme deux (véritables) Brahmâ, conformément à la loi.

Le précepteur est avec les familles dans lesquelles le père et la mère sont parfaitement considérés cl honorés, et reçoivent des offrandes qui leur apportent un bien-être parfait. Pourquoi cela ? C’est que, pour le fils de famille, le père et la mère sont comme deux (véritables) précepteurs, conformément à la loi.

Elles sont digues du sacrifice^^2 les familles dans lesquelles les père et mère sont parfaitement considérés et honorés, et reçoivent des offrandes qui leur apportent un bien-être parfait. Pourquoi cela ? C’est que, pour le fils de famille, le père et la mère sont tous deux dignes du sacririce, conformément à la loi.

Agni^^3 est avec les familles dans lesquelles le père et la mère sont parfaitement considérés et honorés et reçoivent des offrandes qui leur apportent un bien-être parfait. Pourquoi cela ? C’est que. pour le fils di> famille, le père et la mère deviennent comme deux (véritalil -s) Agni, coiiAjrmément à la loi.

Les dieux sont avec les familles dans lesquelles le père et la mère sont parfaitement considérés et honorés, et reçoivent des offrandes qui leur apportent un parfait bien-être. Pourquoi cela ? C’est que, pour le fils de famille, le père et la mère deviennent comme des dieux, conformément à la lui.

Ainsi parla Bhagavat. Après avoir ainsi parlé, le Sugata, le maître prononça cet autre discours :

1 Ce sûtra figure une seule fois dans l’Avadâna-Çataka (32), mais la partie en prose se retrouve dans une autre compilation, le Divya-Avadâna, dans le récit qui a pour héros Kauakavarna.

2 Ou bien elles ont le sacrifice avec elles.

3 Le feu divinisé.


 C’est Brahmâ qu’un père et une mère,
Ils sont aussi les premiers précepteurs ;
Ce sont, pour un fils, des êtres dignes du sacrifice,
Ils sont aussi pour lui de véritables divinités.

 Ainsi le sage leur rendra ses hommages,
En leur offrant des parfums, le bain, de l’eau pour se laver les pieds,
Ou bien en leur donnant aliments, breuvage, vêtements, lits et siéges,
En entourant ainsi de soins son père et sa mère, le sage
Est exempt de blâme ici-bas, et, mort, il est heureux dans le Svarga^^1.


IV. fréquentation d’un ami vertueux

Voici, Bhixus, ce que vous avez à apjiroadre : Nous vivrons avec des amis vertueux, des compagnons vertueux, (des lujmines) liés à la vertu ; nous ne vivrons pas avec des amis vicieux, des compagnons vicieux, (des hommes) liés au vice. Voilà, Bhixus, ce qu’il vous faut apprendre.

Alors l’Avusmat Ananda parla ainsi à Bhagavat : Vénérable, quand je me trouvais ici seul, dans la retrailo. rentré en moi-même, assis dans un calme parfait, un jugement complet de l’intelligence s’est formé dans mou esprit, tel que celui ci : (l’est la moitié de la -paivlé (bra/imacari/aj qu’une amitié vertueuse, uik^ société vertueuse, une liaison vertueuse ; il en est tout autrement d’une amitié vicieuse, d’une société vicieuse, d’une liaison vicieuse.

Bhagavat reprit : Ne parle pas ainsi, Ananda ! Ne dis pas : C’est la moitié de la ])ur(‘ti’’ qu’une amitié vertueuse, etc. — Pourquoi cela ? diras-tu ? — C’est que, Ananda, une amitié vertueuse, une société vertueuse, une liaison vertueuse, c’est la pureté tout entière, absolue, accomplie, parfaitement pure, parfaitement saind’ ; il e :i e>t tout autrement d’une amitié vicieuse, d’une société vicieuse, d’une liaison vicieuse.

Pourquoi cela ? diras tu.

C’est que, Ânanda, en venant à moi (qui suis) l’ami vertueux (par excellence), tous les êtres soumis à la loi de la renaissance sont entièrement délivrés de la loi de la renaissance, et les êtres soumis à la loi de la vieillesse, de la maladie, de la mort, de la douleur, de la laiinMitation, de la souffrance, du

1* Ce sûtra est unique, c’est-à-dire qu"il se trouve une seule fois dans nos leïtes ; le récil .1(5 qui débute. [>ar ce :^ûtra se leiiniue par une exiiurtalion ^ur le niênie ^ujet qui l’ourrait jiarfaitement être considérée coninie un s’ilrn : ruais il n’est pas qualifie tel, et nous ne l’isolons pas du texte dont il fait partie. déplaisir, du trouble, sont entièrement délivrés de la loi de la vieillesse, de la mort, de la douleur, de la lamentation, de la souffrance, du déplaisir, du trouble.

En conséquence, Ânanda, tu dois bien savoir ceci, point par point, à savoir que l’amitié vertueuse, la société vertueuse, la liaison vertueuse est la pureté tout entière, absolue, accomplie, pure, parfaitement sainte ; il en est tout autrement de l’amitié vicieuse, de la société vicieuse, de la liaison vicieuse.

Voilà, Bhixus, ce qu’il vous faut apprendre^^1.

V. sûtra sur le nidâna, la paresse et l’énergie

Bhixus, celui qui possède les dix forces, le Tathâgata, Arhat, parfait Buddha, confiant d’une (légitime) confiance en lui-même^^2, sait distinguer (pour l’occuper), la place éminente et magistrale, il pratique le brahmacarya, il fait entendre dans l’assemblée la voix du lion. Ou bien (dit-il), ceci étant, cela est, ou bien : ce qui est produit par ceci se manifeste ; ou bien encore : de l’ignorance procèdent les Sanskàras, des Sanskàras procèdent la conscience, de la conscience procèdent le noiri et la forme, du nom et de la forme procèdent les six Ayatanas, des six Avatanas procède le contact, du contact procède la sensation, di> la sensation procède la soif, delà soif procède l’attache, de l’attache pi-dcède l’existence, de l’existence procède la naissance, de la naissance procèdent et découlent la vieillesse et la mort, le chagrin, la lamentation, la douleur, la tristesse, le trouble. Telle est l’origine de ce grand et unique amas de douleur.

Ou bien (dit-il aussi), ceci n’étant pas, cela n’est pas ; par la suppression de ceci cela est supprimé ; ainsi de la suppression de l’ignorance vient la suppression des Sanskàras, de la suppression des Sanskàras la suppression de la conscience, de la suppression de la conscience la suppression du nom et de

1 Ce sûtra qui sert de conclusion ou de morale à deux récits de l’Avadâna-Çataka (37 et 40) n’y est point qualifié sûtra ; mais le même texte figure dans le Kandjour (Mdo. vol. XXV à la fin), comme un sûtra en règle et il a son équivalent en pâli. C’est donc incontestablement un sûtra et non des moins importants. La traduction en a déjà été publiée parallèlement avec la version pâlie dans le tome Y des Annales du, Musée Guimet, p. I3’.’-142. La présente traduction présente quelque modification en ce qui touche la manière de rendre le mol Kalyânu-mitra « ami de la vertu » ou « ami vertueux » et les termes synonymes qui l’accompagnent.

2. Le tibétain dit : lutiépide par les quatre intrépidités.

la forme, de la suppression du nom et de la forme, la suppression des six Âyatanas, de la suppression des six Âyatanas la suppression du contact, de la suppression du contact la suppression de la sensation, de la suppression de la sensation la suppression de la soif, de la suppression de la si ;iif la suppression de l’attache, de la suppression de l’attache la suppression de l’existence, de la suppression de l’existence la suppression de la naissance ; par la suppression de la naissance, la vieillesse, la mort, le chagrin, la lamentation, la douleur, la tristesse, le trouble, sont supprimés. Ainsi se produit la suppression de ce grand et unique amas de douleur.

J’ai bien proclamé, Bhixus, la loi étendue^^1, ouverte, qui retranche les causes jusqu’à ce qu’elle ait brillé en plein pour les dieux et pour les hommes. Cette loi étendue, ouverte, qui retranche les causes ayant été ainsi proclamée jusqu’à Ijriller pleinement pour les dieux et pour les hommes, le fils de famille qui a été initié par foi doit abonder en application, abonder en vigilance. Celui qui est désireux d’abonder dans l’application au commandenu ?nt du maître doit faire dessécher sa chair et son sang jusqu’à ce qu’il ne reste plus que la peau, les os et les nerfs ; il doit alors reibnibler d’efibrts pour acquérir ce qu’il a commencé (à poursuivre) ; fort, énergique, toujours luttant, n’abandonnant pas le fardeau grâce à la fermeté de son lu’ruïsme, il obtiendra le prix de S(Ui activité en portant le poids du combat dans les lois de vertu.

Pourquoi cela ? C’est que le paresseux reste (rivé) à la douleur, submergé dans les lois du péché contraires à la vertu, unies aux kleças, à la reiuiissance, à la tristesse, à la maturation de la douleur, et, yav conséquent, à la naissance, à la vieillesse et à la mort, en sorte qu’on manque le but si important que l’on poursuit ; au contraire cehd ipii a une initiative énergique vit dans b’ Juen-ètre, il n’est pas submergé dans les lois du péché contraires à la vertu, unies aux kleças, à la renaissance, à la tristesse, à la maturation de la douleur, et, par conséquent, à la naissance, à la vieillesse et à la mort, en sorte qu’on remplit le but si important que l’on poursuit. Voilà [Bhixus], une jiarole du plus grand jaix : le maitre présent et la loi qui calme les peines en les faisant coniuiitre (à fond), qui révèle le Nirvana complet qui conduit à la Bodhi parfaite enseignée par le Sugata.

1 Uttâna rendu en Tibétain par gsal-va « brillait » peut-être d’après une leçon udâra.

En conséquence, Bhixus, ceux qui connaissent à fond leur propre avantage, celui d’autrui et l’avantage commun (de soi et d’autrui) doivent apprendre ceci chacun pour soi : Est-ce que l’initiation sera pour nous un avantage, sérieux, fructueux, une source de bonheur, une cause de maturation du bonheur ? et pour ceux qui nous feront jouir de leurs (aumônes en) vêtements, boulettes de riz, sièges, rafraîchissements, remèdes, ornements (ou ustensiles), pour ceux-là aussi les offrandes qu’ils nous feront ajipnrteront- elles les grands fruits d’une extrême utilité, de grands avantages (des ravuns de clarté ?) un grand développement ? — Voilà, Bhixus, ce qu’il vous faut apprendre^^1.

1 Ce sûtra est unique, c’est-à-dire qu’il paraît une seule fois (dans le récit 88). Le sùtra indiqué par une simple mention dans If récit 3 lui correspond à certains égards : mais Oii ne jjeut pas al’lirmer qu’d le désigne etVectivenient. Si l’on s’en rapporte au Rilna-avadàna-uiàlà il ne le désignerait pas ; car l’iuslruction rapportée dans le récit de ce recueil correspondant au Iroisieme récit de lAvadàna-Çalaka n’est pas l’équivalent du sûtra reproduit dans le quatre-vingt-huitième.


  1. Quand le Buddha parle de soi-même, le développement s’arrête ici, et il ajoute : c’est pour cela que le Tathâgata reçoit un tel culte. Vous désirez l’entendre, Bhixus ? — Oui. vénérable. — Écoutez donc, Bhixus, et retenez-le bien et comme il faut. Je vais parler.

    Nous indiquons par le n° 12 bis ce développement spécial qui se trouve dans tous les récits de la deuxième décade et nous l’appelons le fruit des œuvres du Tathâgata.

  2. Développement qui revient dans plus de la moitié des récits.
  3. Ce développement se trouve dans tous les récits de la sixième décade avec les changements nécessités par la condition des divers personnages auxquels il est appliqué. Nous indiquons par des points la partie variable de cet exposé.
  4. Texte reproduit dans quarante-quatre récits, en particulier dans la deuxième et la septième décade tout entière (11-20 ; 24 ; 40 ; 47 ; 50, 56, 58-60 ; 61-70 ; 71-77 ; 82-88 ; 92).
  5. Texte reproduit dans toute la septième décade (61-70), et dans le premier récit de la huitième (71,
  6. Ce développement revient dans quatorze récits (3, 6, 13-15, 17, 18, 50, 56, 59, 80, 81, 92), avec quelques variantes ; nous mettrons entre crochets les membres de phrase qui ne se trouvent pas uniformément dans tous les récits.
  7. Ou règlements.
  8. Ce développement se trouve dans vingt récits, tous ceux de la première décade, deux de la deuxième et huit de la troisième.
  9. J’ai déjà donné ce développement dans le tome V des Annales du musée Guimet (p. 300-301) ; mais il était impossible de ne pas le redonner ici. Ce qui suit est nouveau.
  10. Phrase qui se trouve aux récits 1 à 10 et 20 où il est prédit que le héros du récit sera un Buddha. — Dans les récits 17 et 22-30 où il est prédit que le héros sera un Pratyêkabuddha, le texte se traduit ainsi : dans le cas dont il s’agit les rayons rentrèrent dans l’Urna.
  11. Les parties laissées en blanc varient suivant chaque récit : ce sont précisément ces parties qui seront reproduites dans les récits, le développement que nous mettons ici étant au contraire omis et représenté par quelques points.
  12. Dans les récits 17 et 22-30 où le Buddha prédit la Pratyêkabodhi, la formule est : par cette racine de vertu, par cette production d’intelligence conforme à la loi du sacrifice, il (ou elle) n’ira pas pendant quinze kalpas dans la mauvaise voie. Après avoir goûté le bonheur des dieux et des hommes, il (ou elle) sera le Pratyékabuddha N… Telle est la condition du sacrifice qu’il (ou elle) a fait, tel est le résultat de cette manifestation d’une bonne pensée envers moi.