Berceuse d’ombre

La bibliothèque libre.
Pour les autres utilisations de ce mot ou de ce titre, voir Berceuse.

XVI

BERCEUSE D’OMBRE


Des formes, des formes, des formes,
Blanche, bleue, et rose, et d’or,
Descendront, du haut des ormes,
Sur l’enfant qui se rendort.
Des formes !

Des plumes, des plumes, des plumes,
Pour composer un doux nid.
Midi sonne ; les enclumes
Cessent ; la rumeur finit…
Des plumes !

Des roses, des roses, des roses,
Pour embaumer son sommeil.
Vos pétales sont moroses,
Près du sourire vermeil,
Ô roses !


Des ailes, des ailes, des ailes,
Pour bourdonner à son front,
Abeilles et demoiselles,
Des rythmes qui berceront.
Des ailes !

Des branches, des branches, des branches,
Pour tresser un pavillon,
Par où les clartés, moins franches,
Descendront sur l’oisillon,
Des branches !

Des songes, des songes, des songes !
Dans ses pensers entr’ouverts
Glissez un peu de mensonges
À voir la vie au travers
Des songes.

Des fées, des fées, des fées,
Pour filer leurs écheveaux
De mirages, de bouffées,
Dans tous ces petits cerveaux.
Des fées !

Des anges, des anges, des anges,
Pour emporter dans l’éther
Les petits enfants étranges
Qui ne veulent pas rester
Nos anges !