Bible Ostervald 1867/Ecclésiaste

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Ecclésiaste
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Changements ordinaires dans les choses du monde. Peines qui accompagnent la science.


1 Les paroles de l’Ecclésiaste, fils de David, roi de Jérusalem.

2 Vanité des vanités, dit l’Ecclésiaste, vanité des vanités ; tout est vanité.

3 Quel avantage a l’homme de tout le travail qu’il fait sous le soleil ?

4 Une génération passe, et l’autre génération vient ; mais la terre demeure toujours ferme.

5 Le soleil se lève aussi, et le soleil se couche, et il aspire vers le lieu d’où il se lève.

6 Le vent va vers le midi, et tourne vers l’aquilon ; il tourne çà et là, et revient à ses circuits.

7 Tous les fleuves vont à la mer, et la mer n’en est point remplie ; les fleuves retournent au lieu d’où ils étaient partis, pour revenir dans la mer.

8 Toutes choses travaillent plus que l’homme ne saurait dire ; l’œil n’est jamais rassasié de voir, ni l’oreille lasse d’ouïr.

9 Ce qui a été, c’est ce qui sera ; ce qui a été fait, c’est ce qui se fera, et il n’y a rien de nouveau sous le soleil.

10 Y a-t-il quelque chose dont on puisse dire : Regarde, cela est nouveau ? Il a déjà été dans les siècles qui ont été avant nous.

11 On ne se souvient plus des choses qui ont précédé ; de même on ne se souviendra point des choses qui seront ci-après, parmi ceux qui viendront à l’avenir.

12 Moi, l’Ecclésiaste, j’ai été roi sur Israël à Jérusalem,

13 et j’ai appliqué mon cœur à rechercher et à sonder avec sagesse tout ce qui se faisait sous les cieux, ce qui est une occupation fâcheuse que Dieu a donnée aux hommes, afin qu’ils s’y occupent.

14 J’ai regardé tout ce qui se faisait sous le soleil, et voilà, tout est vanité et tourment d’esprit.

15 Ce qui est tortu ne se peut redresser, et les défauts ne se peuvent compter.

16 J’ai parlé en mon cœur, et j’ai dit : Voici, je me suis agrandi et accru en sagesse, par-dessus tous ceux qui ont été avant moi sur Jérusalem, et mon cœur a vu beaucoup de sagesse et de science.

17 Et j’ai appliqué mon cœur à connaître la sagesse, et à connaître les erreurs et la folie ; mais j’ai connu que cela était aussi un tourment d’esprit.

18 Car où il y a abondance de science, il y a abondance de chagrin, et celui qui s’accroît de la science, s’accroît de la douleur.



Vanité des plaisirs mondains.


1 J’ai dit en mon cœur : Allons, que je t’éprouve maintenant par la joie, et jouis du bien, mais voilà, cela est aussi une vanité.

2 J’ai dit touchant le ris : Il est insensé, et touchant la joie : De quoi sert-elle ?

3 J’ai recherché en mon cœur le moyen de me traiter délicatement, et que mon cœur cependant s’appliquât à la sagesse, et comprît ce que c’est que la folie jusqu’à ce que je visse ce qu’il est bon aux hommes de faire sous les cieux pendant les jours de leur vie.

4 Je me suis fait des choses magnifiques ; je me suis bâti des maisons ; je me suis planté des vignes ;

5 je me suis fait des jardins et des vergers, et j’y ai planté toutes sortes d’arbres fruitiers ;

6 je me suis fait des réservoirs d’eaux, pour en arroser le parc planté d’arbres ;

7 J’ai acquis des serviteurs et des servantes, et j’ai eu des serviteurs nés en ma maison, et j’ai eu plus de gros et de menu bétail que tous ceux qui ont été avant moi à Jérusalem ;

8 je me suis aussi amassé de l’argent et de l’or, et des plus précieux joyaux des rois et des provinces ; je me suis acquis des chanteurs et des chanteuses, et les délices des hommes, une harmonie d’instruments de musique, même plusieurs harmonies de toutes sortes d’instruments ;

9 je me suis agrandi et me suis accru plus que tous ceux qui ont été avant moi à Jérusalem, et avec cela ma sagesse est demeurée avec moi.

10 Enfin, je n’ai rien refusé à mes yeux de tout ce qu’ils ont demandé, et je n’ai épargné aucune joie à mon cœur ; car mon cœur s’est réjoui de tout mon travail, et ç’a été tout ce que j’ai eu de tout mon travail.

11 Mais ayant considéré tous mes ouvrages que mes mains avaient faits, et tout le travail auquel je m’étais occupé, voilà, tout était vanité et tourment d’esprit ; de sorte que l’homme n’a aucun avantage de ce qui est sous le soleil.

12 Puis je me suis mis à considérer tant la sagesse que les sottises et la folie, car qui est l’homme qui pourrait suivre un roi en ce qui a été déjà fait ?

13 Et j’ai vu que la sagesse a beaucoup d’avantages sur la folie, comme la lumière a beaucoup d’avantages sur les ténèbres.

14 Le sage a ses yeux en sa tête, et l’insensé marche dans les ténèbres ; mais j’ai bien connu aussi qu’un même accident leur arrive à tous.

15 C’est pourquoi j’ai dit en mon cœur : Il m’arrivera comme à l’insensé. Pourquoi donc ai-je été alors plus sage ? C’est pourquoi j’ai dit en mon cœur, que cela aussi était une vanité.

16 La mémoire du sage ne sera point éternelle, non plus que celle de l’insensé, parce que dans les jours à venir tout sera déjà oublié ; et pourquoi le sage meurt-il de même que l’insensé ?

17 C’est pourquoi j’ai haï cette vie, à cause que les choses qui se sont faites sous le soleil m’ont déplu, parce que tout est vanité et tourment d’esprit.

18 J’ai aussi haï tout mon travail qui a été fait sous le soleil, parce que je le laisserai à l’homme qui sera après moi.

19 Et qui sait s’il sera sage ou insensé ? Cependant, il sera maître de tout mon travail auquel je me suis occupé, et de ce que j’ai fait avec prudence sous le soleil. Cela aussi est une vanité.

20 C’est pourquoi je me suis tourné à n’espérer plus rien de tout le travail auquel je m’étais occupé sous le soleil.

21 Car il y a tel homme qui a travaillé avec sagesse, science et adresse, lequel néanmoins laisse tout à celui qui n’y a point travaillé, pour être sa portion. Cela aussi est une vanité et un grand mal.

22 Car qu’est-ce que l’homme a de tout son travail, et du tourment de son cœur, dont il se fatigue sous le soleil ?

23 Car tous ses jours ne sont que douleurs, et son occupation n’est que chagrin ; même la nuit, son cœur ne repose point. Cela aussi est une vanité.

24 N’est-ce donc pas le bien de l’homme, qu’il mange et qu’il boive, et qu’il fasse que son âme jouisse du fruit de son travail ? J’ai vu aussi que cela vient de la main de Dieu.

25 Car qui mangera, et qui se hâtera de jouir, plus que moi ?

26 Car Dieu donne à qui il lui plaît, de la sagesse, de la science et de la joie ; mais il donne au pécheur de l’occupation à recueillir et à assembler, afin que cela soit donné à celui qu’il plaira à Dieu. Cela aussi est une vanité et un tourment d’esprit.



Il y a un temps pour toutes choses.


1 A toute chose sa saison, et à toute affaire sous les cieux, son temps.

2 Il y a un temps de naître, et un temps de mourir ; un temps de planter, et un temps d’arracher ce qui est planté ;

3 un temps de tuer, et un temps de guérir ; un temps de démolir, et un temps de bâtir ;

4 un temps de pleurer, et un temps de rire ; un temps de lamenter, et un temps de sauter ;

5 un temps de jeter des pierres, et un temps de les ramasser ; un temps d’embrasser, et un temps de s’éloigner des embrassements ;

6 un temps de chercher, et un temps de laisser perdre ; un temps de conserver, et un temps de rejeter ;

7 un temps de déchirer, et un temps de rejoindre ; un temps de se taire, et un temps de parler ;

8 Un temps d’aimer, et un temps de haïr ; un temps de guerre, et un temps de paix ;

9 quel avantage celui qui travaille a-t-il de tout son travail ?

10 J’ai considéré cette occupation que Dieu a donnée aux hommes pour s’y occuper.

11 Il a fait toutes choses belles en leur temps ; aussi a-t-il mis le monde dans leur cœur, sans que l’homme toutefois puisse comprendre, depuis le commencement jusqu’à la fin, l’œuvre que Dieu a faite.

12 C’est pourquoi j’ai connu qu’il n’est rien de meilleur entre les hommes, que de se réjouir et de bien faire pendant sa vie ;

13 et même, que chacun mange et boive, et qu’il jouisse du bien de tout son travail ; c’est un don de Dieu.

14 J’ai connu que, quoi que Dieu fasse, il est toujours le même ; on ne saurait qu’y ajouter, ni qu’en diminuer ; et Dieu le fait afin qu’on le craigne.

15 Ce qui a été est maintenant, et ce qui doit être a déjà été, et Dieu rappelle ce qui est passé.

16 J’ai encore vu sous le soleil, que dans le lieu établi pour juger, il y a de la méchanceté, que dans le lieu établi pour faire justice, il y a de l’impiété.

17 Et j’ai dit en mon cœur : Dieu jugera le juste et l’injuste ; car il y a un temps pour tous les desseins des hommes et pour toutes leurs actions.

18 J’ai pensé en mon cœur sur l’état des hommes, que Dieu leur fera connaître et qu’ils verront qu’ils ne sont que des bêtes.

19 Car l’accident qui arrive aux hommes, et l’accident qui arrive aux bêtes, est un même accident ; telle qu’est la mort de l’un, telle est la mort de l’autre, et ils ont tous un même souffle, et l’homme n’a point d’avantage sur la bête ; car tout est vanité.

20 Tout va en un même lieu ; tout a été fait de la poudre, et tout retourne dans la poudre.

21 Qui est-ce qui connaît si l’esprit des hommes monte en haut, et si l’esprit de la bête descend en bas dans la terre ?

22 J’ai donc connu qu’il n’y a rien de meilleur à l’homme que de se réjouir en ce qu’il fait ; parce que c’est là sa portion, car qui est-ce qui le ramènera pour voir ce qui sera après lui ?



Réflexions sur l’envie et sur l’avarice.


1 Puis je me suis mis à considérer toutes les oppressions qui se font sous le soleil ; et voilà les larmes de ceux qu’on opprime, et qui n’ont point de consolateur ; et la force est du côté de ceux qui les oppriment ; ainsi ils n’ont point de consolateur.

2 C’est pourquoi j’estime plus les morts qui sont déjà morts, que les vivants qui sont encore en vie.

3 Même, j’estime celui qui n’a pas encore été, plus heureux que les uns et les autres ; car il n’a point vu les méchantes actions qui se font sous le soleil.

4 J’ai aussi regardé tout le travail et l’adresse de chaque métier, et j’ai vu que l’un porte envie à l’autre. Cela aussi est une vanité et un tourment d’esprit.

5 L’insensé tient ses mains pliées, et se consume soi-même, disant :

6 Plein le creux de la main avec du repos, vaut mieux que pleines les deux paumes, avec travail et tourment d’esprit.

7 Je me suis mis encore à regarder une vanité sous le soleil :

8 C’est qu’il y a tel homme qui est seul, et qui n’a point de second ; il n’a ni fils, ni frère, et toutefois, il ne met nulle fin à son travail ; même, son œil ne voit jamais assez de richesses ; et il ne se dit point en lui-même : Pour qui est-ce que je travaille, et que je me prive moi-même du bien ? Cela aussi est une vanité et une fâcheuse occupation.

9 Deux valent mieux qu’un ; car ils ont plus de récompense de leur travail.

10 Car si l’un tombe, l’autre relèvera son compagnon ; mais malheur à celui qui est seul, parce qu’étant tombé, il n’aura personne pour le relever.

11 Si aussi deux couchent ensemble, ils en auront plus de chaleur ; mais celui qui est seul, comment aura-t-il chaud ?

12 Que si quelqu’un est plus fort que l’un ou l’autre, les deux lui pourront résister, et la corde à trois cordons ne se rompt pas sitôt.

13 Un enfant pauvre et sage vaut mieux qu’un roi vieux et insensé, qui ne sait ce que c’est que d’être averti.

14 Car tel sort de prison pour régner ; et de même, tel étant né roi, devient pauvre.

15 J’ai vu tous les vivants qui marchent sous le soleil, autour d’un enfant, qui est la seconde personne après le roi, et qui le remplacera.

16 Le peuple qui a été devant ceux-ci, était sans nombre, et celui-ci ne sera pas la joie de ceux qui viendront après. Certainement, cela aussi est une vanité et un tourment d’esprit.



Moyens de parvenir à un vrai bonheur.


1 Quand tu entreras dans la maison de Dieu, prends garde à ton pied, et approche-toi pour écouter, plutôt que pour donner le sacrifice des insensés ; car ils ne considèrent pas le mal qu’ils font.

2 Ne te précipite point à parler, et que ton cœur ne se hâte point de prononcer aucune parole devant Dieu ; car Dieu est aux cieux, et toi, tu es sur la terre ; c’est pourquoi, use de peu de paroles.

3 Car comme un songe vient de la multitude des occupations, ainsi la voix des fous vient de la multitude des paroles.

4 Quand tu auras fait quelque vœu à Dieu ne diffère point de l’accomplir ; car il ne prend point de plaisir dans les insensés. Accomplis donc ce que tu auras voué.

5 Il vaut mieux que tu ne fasses point de vœux, que d’en faire et de ne pas les accomplir.

6 Ne permets pas que ta bouche te fasse pécher, et ne dis pas devant l’ange de Dieu, que c’est l’ignorance. Pourquoi l’Eternel se courroucerait-il à cause de ta parole, et détruirait-il l’ouvrage de tes mains ?

7 Car comme dans la multitude des songes il y a de la vanité, il y en a aussi beaucoup dans la multitude des paroles ; mais crains Dieu.

8 Si tu vois que dans la province on fasse tort au pauvre, et que le droit et la justice y soient violés, ne t’étonne point de cette manière d’agir, car il y en a un qui est élevé par-dessus celui qui est élevé, et qui y prend garde, et il y en a de plus élevés qu’eux.

9 La culture de la terre a un avantage par-dessus toutes choses. Le roi est assujetti au champ.

10 Celui qui aime l’argent n’est point rassasié par l’argent, et celui qui aime un grand train, n’en est pas nourri. Cela aussi est une vanité.

11 Où il y a beaucoup de bien, il y a beaucoup de gens qui le mangent ; et quel profit en a celui qui le possède, sinon qu’il le voit de ses yeux ?

12 Le sommeil de celui qui laboure est doux, soit qu’il mange peu ou beaucoup ; mais le rassasiement du riche ne le laisse pas dormir.

13 Il y a un mal fâcheux que j’ai vu sous le soleil, c’est que des richesses sont conservées pour le malheur de celui qui les possède.

14 Et ces richesses-là périssent par un mauvais trafic, de sorte qu’on aura mis au monde un enfant à qui il n’en parviendra rien.

15 Un tel homme s’en retournera nu, comme il est sorti du ventre de sa mère, s’en allant comme il est venu, il n’emportera rien de son travail auquel il a employé ses mains.

16 C’est aussi ici un mal fâcheux, que comme il est venu, aussi s’en va-t-il ; et quel avantage a-t-il d’avoir travaillé après du vent ?

17 Il mange aussi tous les jours de sa vie dans les ténèbres, et il se chagrine beaucoup, et son mal va jusqu’à la fureur.

18 Voici donc ce que j’ai reconnu ; c’est que c’est une chose bonne et agréable à l’homme, de manger et de boire, et de jouir du bien de tout son travail dont il s’occupe sous le soleil, durant les jours de sa vie que Dieu lui a donnés ; car c’est là sa portion.

19 En effet, ce que Dieu donne à tout homme, des richesses et des biens, dont il le fait maître pour en manger et pour en prendre sa part, et pour se réjouir de son travail, cela est un don de Dieu.

20 Car il ne se souviendra pas beaucoup des jours de sa vie, parce que Dieu lui répond par la joie de son cœur.



Les richesses sont périssables, et l’homme lui-même passe avec toute sa gloire.


1 Il y a un mal que j’ai vu sous le soleil, et qui est fréquent entre les hommes,

2 savoir, qu’il y a tel homme à qui Dieu donne des richesses, des biens et des honneurs, tellement que rien ne manque à son âme de tout ce qu’il saurait souhaiter ; mais Dieu ne l’en fait pas maître pour en manger ; mais un étranger le mangera. Cela est une vanité, et un mal fâcheux.

3 Quand un homme aurait mis au monde cent enfants, et vécu plusieurs années, de sorte qu’il eût multiplié les jours de ses années, néanmoins, si son âme ne s’est pas rassasiée de bien, et que même il n’ait point de sépulture, je dis qu’un avorton vaut mieux que lui.

4 Car il sera venu en vain, et s’en sera allé dans les ténèbres, et son nom aura été couvert de ténèbres.

5 Il aura même plus de repos que celui-là, parce qu’il n’aura point vu le soleil, ni rien connu.

6 Et quand il aurait vécu deux mille ans, s’il n’avait pas joui de ses biens, tous ne vont-ils pas en un même lieu ?

7 Tout le travail de l’homme est pour sa bouche, et toutefois, son désir n’est jamais rempli.

8 Car, qu’est-ce que le sage a de plus que l’insensé ? Ou, quel avantage a l’affligé qui sait se conduire parmi les vivants ?

9 Il vaut mieux voir de ses yeux, que d’avoir des désirs vagues. Cela aussi est une vanité et un tourment d’esprit.

10 Le nom de celui qui est, est déjà nommé ; on sait qu’il est homme, et qu’il ne peut contester avec celui qui est plus fort que lui.

11 Quand on a beaucoup, on a tant plus de vanité. Quel avantage en a l’homme ?

12 Car qui est-ce qui connaît ce qui est bon à l’homme en cette vie, pendant les jours de la vie de sa vanité, lesquels passent comme une ombre ? car qui est-ce qui déclarera à un homme ce qui sera après lui sous le soleil ?



Considérations sur la fin de l’homme. Eloge de la sagesse.


1 La bonne réputation vaut mieux que le bon parfum ; et le jour de la mort que le jour de la naissance.

2 Il vaut mieux aller à une maison de deuil, que d’aller à une maison de festin ; car on voit dans celle-là la fin de tout homme, et celui qui est vivant met cela dans son cœur.

3 La tristesse vaut mieux que le ris, parce que par la tristesse du visage le cœur devient joyeux.

4 Le cœur des sages est dans la maison de deuil ; mais le cœur des insensés est dans la maison de joie.

5 Il vaut mieux entendre la correction d’un homme sage, que d’ouïr la chanson des insensés.

6 Car tel qu’est le bruit des épines sous le chaudron, tel est le ris de l’insensé. Cela aussi est une vanité.

7 Certainement, l’oppression peut faire perdre le sens au sage ; et le présent aussi corrompt le cœur.

8 La fin d’une chose vaut mieux que son commencement ; et l’homme d’un esprit patient, mieux que l’homme d’un esprit hautain.

9 Ne te précipite point dans ton esprit pour te dépiter ; car le dépit repose dans le sein des insensés.

10 Ne dis point : Pourquoi les jours passés ont-ils été meilleurs que ceux-ci ? Car ce que tu t’enquiers de cela, ne vient point de la sagesse.

11 La sagesse est bonne avec un héritage, et ceux qui voient le soleil en reçoivent de l’avantage.

12 Car on est à couvert à l’ombre de la sagesse, et à l’ombre de l’argent ; toutefois, l’avantage de connaître la sagesse fait vivre celui qui en est doué.

13 Regarde l’œuvre de Dieu ; car qui est-ce qui pourra redresser ce qu’il aura renversé ?

14 Au jour du bien use du bien, et au jour de l’adversité prends-y garde ; aussi Dieu a fait l’un à l’opposite de l’autre, afin que l’homme ne trouve rien à redire après lui.

15 J’ai vu tout ceci pendant les jours de ma vanité. Il y a tel juste qui périt dans sa justice, et il y a tel méchant qui prolonge ses jours dans sa malice.

16 Ne te crois pas trop juste, et ne te fais pas trop sage ; pourquoi te perdrais-tu ?

17 Ne sois point remuant, et ne sois point insensé ; pourquoi mourrais-tu avant ton temps ?

18 Il est bon que tu retiennes ceci, et que tu ne négliges pas cela ; car qui craint Dieu, sort de tout.

19 La sagesse donne plus de force au sage que dix gouverneurs qui seraient dans une ville.

20 Certainement, il n’y a point d’homme juste sur la terre qui fasse bien et qui ne pèche.

21 N’applique point aussi ton cœur à toutes les paroles qu’on dira, de peur que tu n’entendes ton serviteur parler mal de toi.

22 Car tu sais dans ton cœur que tu as aussi mal parlé des autres, même plusieurs fois.

23 J’ai examiné tout ceci avec sagesse ; et j’ai dit : J’acquerrai de la sagesse ; mais elle s’est éloignée de moi.

24 Ce qui a été est bien loin, il est enfoncé fort bas : qui le trouvera ?

25 Moi et mon cœur, nous nous sommes tournés de tous côtés pour savoir, pour examiner et pour chercher la sagesse et la raison de tout, et pour connaître le mal de la folie, de l’imbécillité et de l’imprudence.

26 Et j’ai trouvé qu’une femme qui est comme un piége, et dont le cœur est comme des filets, et les mains comme des liens, est une chose plus amère que la mort ; celui qui est agréable à Dieu en échappera ; mais le pécheur y sera pris.

27 Voici, dit l’Ecclésiaste, ce que j’ai trouvé, cherchant la raison de toutes choses, l’une après l’autre :

28 c’est que jusqu’à présent mon âme a cherché, mais je n’ai point trouvé. J’ai bien trouvé un homme entre mille ; mais non pas une femme entre elles toutes.

29 Voici seulement ce que j’ai trouvé : c’est que Dieu a fait l’homme droit ; mais ils ont cherché beaucoup de discours.



La sagesse. La sentence contre les méchants est différée. Les méchants et les justes sont confondus durant cette vie.


1 Qui est tel que le sage ? Et qui sait ce que veulent dire les choses ? La sagesse de l’homme fait reluire sa face, et son regard sévère en est changé.

2 Observe, je te le dis, le commandement du roi, et la parole du serment fait à Dieu.

3 Ne te hâte point de te retirer de devant sa face, et ne persévère point dans une chose mauvaise ; car il fera tout ce qu’il lui plaira.

4 Où la parole du roi est, là est la puissance ; et qui lui dira : Que fais-tu ?

5 Celui qui garde le commandement ne sentira aucun mal, et le cœur du sage connaît le temps et la conduite qu’on doit tenir.

6 Car dans tout dessein il y a un temps et un moyen propre pour s’y conduire ; autrement il arrive bien du mal à l’homme.

7 Car il ne sait pas ce qui doit arriver, et qui est-ce qui lui déclarera quand ce sera ?

8 L’homme n’est point maître de son âme pour la pouvoir retenir, et n’a point de puissance sur le jour de la mort ; et il n’y a point de trêve dans cette guerre, et la malice ne délivrera point celui en qui elle se trouve.

9 J’ai vu tout cela, et j’ai appliqué mon cœur à tout le travail qui se fait sous le soleil. Il y a un temps auquel un homme domine sur l’autre à son malheur.

10 Et alors j’ai vu les méchants ensevelis, et puis retournés ; et ceux qui s’en étaient allés, et qui étaient venus du lieu saint, être oubliés dans la ville où ils avaient fait ce qui est droit. Cela est aussi une vanité.

11 Parce que la sentence contre les mauvaises actions ne s’exécute pas d’abord, à cause de cela, le cœur des hommes est plein d’envie de mal faire.

12 Car le pécheur fait mal cent fois, et Dieu lui donne du délai. Mais je connais aussi que ceux qui craignent Dieu, et qui révèrent sa face, seront heureux ;

13 Et que le méchant ne sera pas heureux, et qu’il ne prolongera pas ses jours plus que l’ombre, parce qu’il ne révère point la face de Dieu.

14 Il y a une vanité qui arrive sur la terre, c’est qu’il y a des justes auxquels il arrive selon l’œuvre des méchants ; et il y a aussi des méchants auxquels il arrive selon l’œuvre des justes. J’ai dit aussi que cela est une vanité.

15 C’est pourquoi j’ai prisé la joie, parce qu’il n’y a rien sous le soleil de meilleur à l’homme que de manger et de boire, et de se réjouir ; et c’est ce qui lui demeurera de son travail durant les jours de sa vie, que Dieu lui donne sous le soleil.

16 J’ai aussi appliqué mon cœur à connaître la sagesse, et à considérer les affaires qui se font sur la terre ; car l’homme ne donne point de repos à ses yeux, ni jour ni nuit.

17 Et j’ai reconnu dans toutes les œuvres de Dieu, que l’homme ne peut trouver la raison de ce qui se fait sous le soleil ; et que s’il travaille à la chercher, il ne la trouve pas ; et que même si le sage dit qu’il la sait, il ne la pourra pas trouver.



Les bons et les méchants sont soumis aux mêmes accidents. Avantages de la sagesse.


1 Certainement, j’ai appliqué mon cœur à tout cela, et pour éclaircir tout ceci, savoir, que les justes et les sages et leurs actions sont dans la main de Dieu, et l’amour et la haine, et que les hommes ne connaissent rien de tout ce qui est devant eux.

2 Tout arrive également à tous ; un même accident arrive au bon et au méchant, au juste et à l’injuste, au net et au souillé, à celui qui sacrifie et à celui qui ne sacrifie point ; le pécheur est à cet égard comme l’homme de bien ; celui qui jure, comme celui qui craint de jurer.

3 C’est ici une chose fâcheuse, entre toutes celles qui se font sous le soleil, qu’un même accident arrive à tous, et qu’aussi le cœur des hommes est rempli de maux, et qu’ils ont des folies dans leurs cœurs durant leur vie ; après quoi ils s’en vont vers les morts.

4 Car il y a de l’espérance pour tous ceux qui sont associés aux vivants ; et même un chien vivant vaut mieux qu’un lion mort.

5 Certainement, les vivants savent qu’ils mourront, mais les morts ne savent rien et ne gagnent plus rien ; car leur mémoire est mise en oubli.

6 Aussi leur amour, leur haine, leur envie a déjà péri, et ils n’ont plus aucune part au monde, dans tout ce qui se fait sous le soleil.

7 Va donc, mange ton pain avec joie, et bois gaiement ton vin, parce que Dieu a déjà tes œuvres pour agréables.

8 Que tes vêtements soient blancs en tout temps, et que le parfum ne manque point sur ta tête.

9 Vis joyeusement, tous les jours de la vie de ta vanité, avec la femme que tu as aimée, laquelle t’a été donnée sous le soleil pour tous les jours de ta vanité ; car c’est là ta portion dans cette vie, et ce qui te revient de ton travail, que tu fais sous le soleil.

10 Fais selon ton pouvoir tout ce que tu auras moyen de faire ; car dans le sépulcre, où tu vas, il n’y a ni œuvre, ni discours, ni science, ni sagesse.

11 Je me suis tourné ailleurs, et j’ai vu sous le soleil, que la course n’est pas toujours pour les plus légers, ni le combat pour les vaillants, ni le pain pour les sages, ni les richesses pour les prudents, ni la faveur pour les savants ; mais que le temps et l’occurrence échéent à tous.

12 Car l’homme même ne connaît pas son temps, non plus que les poissons qui sont pris au fatal filet, et que les oiseaux qui sont pris au lacet ; ainsi les hommes sont surpris par le temps de l’adversité, lorsque tout d’un coup elle tombe sur eux.

13 J’ai vu aussi cette sagesse sous le soleil, qui m’a semblé très grande :

14 C’est qu’il y avait une petite ville, et peu de gens dedans, contre laquelle est venu un grand roi, qui l’a investie, et qui a bâti de grands forts contre elle ;

15 mais il s’y est trouvé un homme qui était pauvre et sage, et qui l’a délivrée par sa sagesse ; et nul n’a eu mémoire de cet homme pauvre.

16 Alors j’ai dit : La sagesse vaut mieux que la force, et toutefois la sagesse du pauvre est méprisée, et on n’écoute point ses paroles.

17 Les paroles des gens sages doivent être écoutées plus paisiblement que le cri de celui qui domine parmi les insensés.

18 La sagesse vaut mieux que tous les instruments de guerre, et un seul homme pécheur fait perdre de grands biens.



Maux qu’enfante la folie.


1 Les mouches mortes font puer et exhaler les parfums du parfumeur ; un peu de folie fait la même chose à l’égard de celui qui est estimé pour sa sagesse et pour sa gloire.

2 Le sage a le cœur à sa droite ; mais le fou a le cœur à sa gauche.

3 Et même, quand l’insensé marche dans son chemin, le sens lui manque ; tandis qu’il dit de chacun : Il est insensé.

4 Si l’esprit de celui qui domine s’élève contre toi, ne quitte point ta condition ; car la douceur prévient de grandes fautes.

5 Il y a un mal que j’ai vu sous le soleil, comme une imprudence qui procède du prince :

6 c’est que la folie est mise aux lieux les plus élevés, et que les riches sont assis en bas.

7 J’ai vu les serviteurs à cheval, et les seigneurs marcher sur la terre comme des serviteurs.

8 Celui qui creuse la fosse y tombera, et le serpent mordra celui qui rompt la haie.

9 Celui qui remue des pierres en sera blessé ; et celui qui fend du bois en sera en danger,

10 si le fer est émoussé, et qu’il n’en ait pas aiguisé le tranchant, quand même il redoublerait ses efforts ; mais la sagesse est une excellente adresse.

11 Si le serpent mord, n’étant pas enchanté, le médisant ne vaut pas mieux.

12 Les paroles de la bouche du sage ne sont que grâce ; mais les lèvres du fou l’engloutissent.

13 Le commencement de ses paroles est une folie ; et ses dernières paroles une extravagance.

14 Or l’insensé multiplie ses paroles ; et, toutefois, l’homme ne sait ce qui arrivera ; et qui lui déclarera ce qui sera après lui ?

15 Le travail des insensés les lasse, car pas un d’eux ne sait le chemin qui mène à la ville.

16 Malheur à toi, terre, dont le roi est un enfant, et dont les gouverneurs mangent dès le matin.

17 Oh ! que tu es heureuse, terre, dont le roi est de race illustre, et dont les gouverneurs mangent quand il en est temps, pour se fortifier, et non dans la débauche.

18 A cause des mains paresseuses, le plancher s’affaisse ; et à cause des mains lâches, la maison a des gouttières.

19 On apprête la viande pour se réjouir, et le vin réjouit les vivants ; mais l’argent tient lieu de tout.

20 Ne dis point de mal du roi, pas même dans ta pensée ; ne dis point non plus de mal du riche dans la chambre de ton lit ; car les oiseaux des cieux en porteraient la voix, et ce qui vole en porterait les nouvelles.



Donner aux pauvres n’est pas perdre son bien.


1 Jette ton pain sur la face des eaux, et après plusieurs jours tu le trouveras.

2 Fais-en part a sept, et même à huit personnes ; car tu ne sais pas quel mal viendra sur la terre.

3 Lorsque les nuées sont pleines, elles répandent la pluie sur la terre ; et si un arbre tombe vers le midi, ou vers le septentrion, en quelque lieu qu’il soit tombé, il y demeurera.

4 Celui qui observe le vent ne sèmera point ; et celui qui observe les nuées, ne moissonnera point.

5 Comme tu ne sais pas quel est le chemin du vent, ni comment se forment les os dans le ventre de celle qui est enceinte ; ainsi tu ne connais pas l’œuvre de Dieu, qui a fait toutes choses.

6 Sème ta semence dès le matin, et ne laisse pas reposer tes mains le soir ; car tu ne sais pas lequel réussira le mieux, celui-ci ou celui-là, et si tous deux, seront également bons.

7 Il est vrai que la lumière est douce, et qu’il est agréable aux yeux de voir le soleil.

8 Mais si un homme vit beaucoup d’années, et qu’il se réjouisse tout le long de ces années-là, et qu’il réfléchisse aux jours qu’il passera dans les ténèbres, qui seront en grand nombre, tout ce qui lui sera arrivé se trouvera une vanité.



Exhortation aux jeunes gens à réfléchir aux infirmités de la vieillesse, à la mort et au jugement.


1 Jeune homme, réjouis-toi dans ton jeune âge, et que ton cœur te rende content aux jours de ta jeunesse, et marche comme ton cœur te mène, et selon le regard de tes yeux ; mais sache que pour toutes ces choses Dieu te fera venir en jugement.

2 Ote le chagrin de ton cœur, et éloigne de toi la malice ; car le jeune âge et l’adolescence ne sont que vanité.

3 Mais souviens-toi de ton créateur pendant les jours de ta jeunesse, avant que les jours mauvais viennent, et que les ans arrivent desquels tu diras : Je n’y prends point de plaisir ;

4 Avant que le soleil, la lumière, la lune et les étoiles s’obscurcissent, et que les nuées retournent après la pluie ;

5 lorsque les gardes de la maison trembleront, que les hommes forts se courberont, que celles qui meulent cesseront, parce qu’elles auront été diminuées, et lorsque celles qui regardent par les fenêtres, seront obscurcies ;

6 et lorsque les deux battants de la porte seront fermés vers la rue, avec abaissement du bruit de la meule ; qu’on se lèvera au chant de l’oiseau, et que tout ce qui sert au chant sera abattu ;

7 et que même ils craindront ce qui est élevé, qu’ils trembleront en marchant, que l’amandier fleurira, que la sauterelle deviendra pesante, et que l’appétit s’en ira ; car l’homme s’en va à la maison où il demeurera toujours, et ceux qui pleurent feront le tour par les rues ;

8 avant que la corde d’argent se rompe, que le vase d’or se casse, que la cruche se brise sur la fontaine, et que la roue se rompe sur la citerne ;

9 et que la poudre retourne dans la terre, comme elle y avait été ; et que l’esprit retourne à Dieu qui l’a donné.

10 Vanité des vanités, dit l’Ecclésiaste ; tout est vanité.

11 Et plus l’Ecclésiaste a été sage, plus il a enseigné la sagesse au peuple. Il a fait entendre, il a recherché et mis en ordre plusieurs sentences graves.

12 L’Ecclésiaste a cherché pour trouver des sentences agréables, et il a écrit avec droiture des paroles de vérité.

13 Les paroles des sages sont comme des aiguillons, et les maîtres qui en ont fait des recueils sont comme des clous enfoncés, et donnés par un même pasteur.

14 Mon fils, garde-toi de rien chercher outre ceci ; car il n’y a point de fin à faire beaucoup de livres ; et tant d’étude n’est que du travail qu’on se donne.

15 Le but de tout le discours qui a été entendu, c’est : Crains Dieu, et garde ses commandements ; car c’est là le tout de l’homme ;

16 car Dieu fera venir en jugement tout ce qu’on aura fait, avec tout ce qui est caché, soit bien, soit mal.


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