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Bibliographie critique de Marceline Desbordes-Valmore/07

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VII.

POÉSIES DE 1830



VII.

POÉSIES DE 1830 POÉSIES || DE MADAME || DESBORDES-VALMORE. || Paris. || A. Boulland, libraire-éditeur, || Rue Saint-Honoré, nº 199 ; || Librairie centrale, Palais Royal, || MDCCCXXX. Deux volumes in-8°. TOME I : 2 feuillets préliminaires non chiffrés (faux-titre orné d’une grande vignette sur bois gravée par Andrew d’après Henry Monnier, au verso duquel on lit : Paris. Imprimerie et fonderie de G. Doyen, Rue Saint-Jacques, n° 38 ; titre orné d’une vignette sur bois d’après Henry Monnier, au centre duquel est inscrite la tomaison), et 555 pages ; les 5 dernières sont occu- pées par la table. TOME II : 2 feuillets préliminaires non chiffrés (faux-titre et titre semblables à ceux du tome I), 510 pages (les quatre dernières sont occupées par la table) et 1 feuillet blanc. 4 figures hors-texte gravées sur acier et tirées sur Chine monté : " De l’air, de l’air au prisonnier…., , , gravée par Cousin d’après Tony Johannot (frontispice du tome 1) ; " Dans le demi sommeil où je tombe rêveuse… gravée par Durand d’après A. Deveria et datée de 1829 (en face de la page 295) ; “ Et le gravée par Frilley vieux prisonnier de la haute tourelle…. 113 88 POÉSIES DE 1830 d’après Abel Pujol (1) (frontispice du tome II) ; "Bon dogue, voulez-vous que je m’approche un peu ?, gravée par Frilley d’après Henry Monnier (en face de la page 90). Le texte, remarquablement imprimé, est orné d’initiales et de nombreux et jolis petits culs-de-lampe gravés sur bois qui se rapportent au texte. Couvertures ocre, ornées des vignettes des faux-titres dans un double encadrement de filets ; les seconds plats, ornés des mêmes encadrements, portent dans le bas le nom de l’impri- meur et au centre une petite vignette. Le papier n’est pas homogène de la première feuille à la dernière ; et dans tous les exemplaires du tome II, le dernier cahier est devenu complètement roux. Il a été tiré quelques exemplaires sur papier vélin fin. HISTOIRE DE L’ÉDITION BOULLAND. Dès l’année 1826, Marceline avait formé le projet de faire réimprimer par Ladvocat ses Elégies de 1825, auxquelles elle aurait adjoint des pièces nouvelles. Au mois de mars de cette même année, elle écrivait de Bordeaux à son oncle Constant : "Je viens de vous envoyer un gros rouleau de poésie par une occasion sûre, je le crois du moins. Vous le lirez, vous le jugerez, vous le remettrez ensuite aux soins de Monsieur de Latouche, qui s’est engagé à les livrer à Monsieur Ladvocat pour augmenter le dernier volume ou en faire disparaître de mauvaises choses. Obtenez-moi, je vous prie, des exemplaires, parce que beau- coup de personnes m’en demandent. Dites à Monsieur de La- touche qu’il ait cette bonté ; car pour moi, je ne connais pas le libraire, et je ne sais pas non plus à quoi je peux préten- dre pour le peu que je lui envoie, , (2). Le 21 juin 1826, ni Latouche ni Ladvocat n’avaient donné de leurs nouvelles, et Marceline reprenait la plume pour char- (1) Le peintre Abel de Pujol avait été le camarade de Constant Desbordes à l’atelier Gros. Il aimait beaucoup Marceline et composa pour quelques-uns de ses ouvrages d’assez jolis dessins. (2) Lettre publiée par Jacques Boulenger. POÉSIES DE 1830 89 ger son oncle Constant de s’occuper de ses vers et de leur impression : "On m’a dit que Monsieur de Latouche avait les vers que je destinais à l’impression et qu’il trouve mieux de garder pour une autre fois. Il ne nous écrit pas et je ne veux pas le fatiguer de nos lettres ; mais dites-lui, en le remerciant mieux que je ne ferais moi-même, qu’il devrait me faire en- voyer une épreuve pour que je regarde un peu comment on m’arrange:car ils font tout cela comme si j’étais morte (1). 12 Mais Ladvocat était pauvre, ce qui explique qu’il ait été plus prodigue de compliments que d’argent. Au mois d’avril 1827, il n’avait pas encore mis à l’impression les vers de Mar- celine; mais comme Pauline Duchambge et un certain M. Tissot lui demandaient son opinion sur le talent de la poétesse, il ouvrit un volume et, " lisant une pièce entière tout haut, il fit mille réflexions brusques et touchantes que Prosper Valmore eût été bien aise d’entendre…, (2). Ladvocat finit par offrir 2.000 écus (3) du manuscrit:du moins, c’est Marceline qui l’affirme; elle dit aussi qu’elle refusa cette offre à laquelle elle eût dû faire meilleur accueil. " Un nommé, Charles Durand, l’engagea, vers la fin de l’année, à traiter avec Mahler, " libraire très connu,. Alors commença pour Marceline une série d’aventures et d’infortunes que nous lui laisserons conter elle-même. Voici, d’ailleurs, ce qu’elle écri- vait de Lyon, le 27 janvier 1828, à son ami Duthillocul : "Dès le 15 décembre, j’avais vendu un manuscrit pour la somme de mille écus à M. Mahler, éditeur-libraire à Paris. J’en avais re- fusé 2.000, il y a huit mois à M. Ladvocat, Un homme, nommé Charles Durand, m’écrit de Paris, s’offre à me servir, me pro- pose son libraire (Mahler), me fait en ce nom très connu la proposition de 1.000 écus et me presse de lui envoyer sans délai mon manuscrit. Pleine de reconnaissance de ce souvenir d’un homme que j’avais vu deux fois à Lyon, je lui envoie ce (1) Publié par Arthur Pougin. (2) Lettre de Marceline à Prosper Valmore (Paris, 5 avril 1827). (3) A. Pougin croit qu’il faut lire " deux mille francs.. 90 POÉSIES DE 1830 qu’il me demande et j’attends… L’inquiétude succède par de- gré à ma confiance. J’entends mal parler de ce Durand. J’écris deux lettres à ce M. Malher ; pas de réponse. Notre député M. Jars part pour remplir sa mission et, plein de bonté pour nous, va chez les libraires. Il apprend que M. Malher, après avoir consenti au prix demandé, mais ne voulant traiter qu’avec moi, n’a plus revu ce chargé de mes pouvoirs dont il vient d’imprimer un cours d’éloquence. Enfin, c’est chez M. Ambroise Dupont que quelques renseignements le dirigent. Là, en effet, il a vendu le manuscrit pour mille francs et pour toujours. Cette somme reçue en billets à son ordre, il a disparu et je viens d’apprendre ce malheur, il y a trois jours, par M. Ambroise Dupont lui-même qui voyage dans le midi avec M. Tastu….. "Cet homme qui nous a tant trompés, a du talent. Il s’était fait le fondateur d’une Académie à Lyon. Il avait ouvert un cours d’éloquence. Il a l’air bon comme le pain, et il parle de la vertu avec des larmes dans les yeux. J’ai su de terribles détails depuis quelques jours. Il doit ici plus de 20.000 francs qu’il enlève d’une manière honteuse. J’avais encore le bonheur de croire que de tels êtres n’existaient pas. "M. Dupont, qui me paraît touché de ma confiance trop grande et par contre de la sienne propre, m’a offert 500 francs et la rupture de l’acte qui me lie pour la vie. Il fera une édi- tion à ses frais et me laissera ensuite la propriété des vers. J’en ai écrit à M. Jars que j’avais chargé de pouvoirs illimités, et son avis réglera ma conduite ; car c’est un homme de let- tres, et bon pour nous, comme vous, Monsieur, (1). Comme le libraire Ambroise Dupont ne se pressait pas de refaire le traité qu’il avait annulé, Marceline lui écrivit, le 29 mars 1828, pour lui rappeler sa promesse. Elle lui envoyait (1) Dans une lettre adressée de Lyon à Gergerès, le 6 avril 1828, Marceline donne une version quelque peu différente de cette histoire et en raconte le dé nouement. On notera que le manuscrit a été vendu 100 francs et non mille, comme dans la lettre à Duthilloul. " Le manuscrit est vendu pour toujours, à vil prix. Ce prix disparaît avec l’infortuné ; car il faut l’être pour en tromper d’autres. Enfin, j’attends. Je ne vois, après deux mois d’un silence accablant, qu’un libraire voyageur (Ambroise Dupont) qui vient en passant, me demande si j’ai reçu le prix… de ce traité, et il me montre cette triste conviction de ma doulouPOÉSIES DE 1830 91 des vers par la même occasion pour " les deux premiers vo- lumes qu’il était dans le dessein d’imprimer:il y en avait quatre cents que M. Jars se chargeait de classer (1). Nous n’avons pu savoir pourquoi Dupont n’avait pas donné suite à ses projets ; d’ailleurs cette période de la vie de Mar- celine est assez mal connue. L’éditeur Boulland finit par hé- riter des vers qui avaient changé de mains tant de fois; il publia deux éditions des Poésies de Marceline, qui sortirent des presses de l’imprimeur Doyen au mois de décembre 1829 (2), en même temps qu’un petit volume de vers pour les enfants, in- titulé : Album du jeune âge. - Au mois de septembre 1830, la faillite de Boulland fit perdre 1500 frs à Marceline, " somme immense, écrit-elle, pour le besoin que j’en ai, ,. Elle ne fit aucune démarche pour re- couvrir une partie de son dû et chargea simplement son ami Boitel, un pharmacien lyonnais qui habitait Paris, de reprendre au libraire qu’elle excuse et qu’elle plaint-la première partie d’une grande nouvelle en prose qu’elle terminait " en pleine sécurité, , (3). reuse aventure. Nous sommes restés aussi confondus l’un que l’autre. Mais comme c’est un homme d’honneur, il a rayé d’abord l’article pour toujours, au prix de cent francs et, de retour à Paris, il a dirigé la chose tout droit au Procureur du Roi. La famille du fugitif, alarmée de ses démarches dont les conséquences pou vaient être si graves pour un homme qui lui est cher, s’est jetée en avant du li- braire allumé et a rendu l’argent. On a excusé (ce que j’accepte de tout mon cœur) cet imprudent en parlant de distraction, de défaut d’ordre en affaires, et tout va à merveille présentement. (1) Lettre inédite envoyée de Lyon à Monsieur Ambroise Dupont, rue Vi vonne N° 16, à Paris, (Collection Gilbert Medioni). (2) Nous reparlerons de ces deux éditions (in-8° et in-16) à la fin de la notice consacrée aux Poésies de 1830. C’est l’édition in-8° qui est décrite en tête de cette notice. Voici comment elle a été annoncée à la Bibliographie de la France : 5 décembre 1829. N° 7243. Poésies de Madame Desbordes-Valmore. Vo- lume 11 (sic). In-8° de 32 feuilles 1 4, avec une planche. Impr. de Doyen, à Paris (1830).— A Paris, chez Boulland, rue Saint-Honoré, nº 199. Prix… 24 frs., " 19 décembre 1829, No 7000. Poésies de Madame Desbordes-Valmore. Tome Ier In-8° de 55 feuilles, plus une planche, Imprim. de Doyen, à Paris (1830). — A Paris, chez Boulland, rue Saint-Honore, no 199, Prix des deux volumes… 24 frs. Le deuxième volume a été annoncé sous le n° 7243., , (3) Lettre du dossier Mariéton analysée par Eugène Vial. 92 DÉPOUILLEMENT DE L’ÉDITION DE 1830. Elle contient 140 pièces qui avaient déjà paru dans les éditions antérieures et 64 pièces nouvelles. Les pièces qui avaient été imprimées dans les éditions de 1819, 1820, 1822 et 1825, sont les suivantes : La tristesse est rêveuse, et je rêve souvent (L’ARBRISSEAU). 16 IDYLLES : POÉSIES DE 1830 L’air était pur, la nuit régnait sans voiles (LES ROSES). Me voici… je respire à peine ! (LA JOURNÉE PERDUE). Dieu qu’il est tard ! quelle surprise ! (L’ADIEU DU SOIR). O quelle accablante chaleur ! (L’ORAGE). Viens, le jour va s’éteindre… il s’efface, et je pleure (LA NUIT). L’avez-vous rencontré ? guidez-moi, je vous prie (L’ABSENCE). Comme un enfant cruel tourmente la douceur (LE MIROIR). Que ce lieu me semble attristé ! (LE RETOUR AUX CHAMPS). Repris dans l’Almanach des Dames de 1834. Que fais-tu, pauvre Hélène, au bord de ce ruisseau ? (LES DEUX BER- GÈRES). Que je suis heureuse avec toi ! (LA JEUNE ÉPOUSE). Le soleil brûlait la plaine (LE RUISSEAU). Presse-toi, vieux berger, tout annonce l’orage (PHILIS). Et moi, je n’aime plus la fontaine d’eau vive (LA FONTAINE). Ce jour si beau, ma mère, était-ce un jour de fête ? (UNE JEUNE FILLE ET SA MÈRE). Eh quoi ! c’est donc ainsi que tu devais m’attendre ? (LA VISITE AU HAMEAU). Venez, mes chers petits ; venez, mes jeunes âmes (LE SOIR D’ÉTÉ). 51 ÉLÉGIES : Qu’est-ce donc qui me trouble, et qu’est-ce que j’attends ? (L’IN- QUIÉTUDE). POÉSIES DE 1830 93’Quelle soirée ! ô Dieul que j’ai souffert ! (LE CONCERT). Votre empire a troublé mon bonheur le plus doux (PRIÈRE AUX MUSES). Message inattendu, cache-toi sur mon cœur (LE BILLET). Repris dans les Femmes poètes, 1829. Je ne veux pas dormir, ô ma chère insomnie (L’INSOMNIE). Elle avait fui de mon âme offensée (SON IMAGE). Repris dans l’Alma- nach des Dames de 1827. Comme une fleur, à plaisir effeuillée (L’IMPRUDENCE). Inexplicable cœur, énigme de toi-même (LA PRIÈRE PERDUE). Reprends de ce bouquet les trompeuses couleurs (A L’AMOUR). Cette couleur autrefois adorée (LE RUBAN). Hélas que voulez-vous de moi (LES LETTRES). Qui m’appelle à cette heure, et par le temps qu’il fait ? (LA NUIT D’HIVER). Repris dans l’Almanach des Dames de 1827. Inconstance, affreux sentiment (L’INCONSTANCE). Du goût des vers pourquoi me faire un crime (A DÉLIE). Par un badinage enchanteur (A DÉLIE). Oui cette plainte échappe à ma douleur (A DÉLIE). Votre main bienfaisante et süre (LE SOUVENIR). Il est fini, ce long supplice ! (LA SÉPARATION). Adieu, mes fidèles amours ! (ADIEU, MES AMOURS). Te souvient-il, ô mon âme, ô ma vie (LA PROMENADE D’AUTOMNE). J’ai tout perdu ! mon enfant par la mort (LES REGRETS). Toi, dont jamais les larmes (A DÉLIE). Sombre douleur, dégoût du monde (LA DOULEUR). N’approchez pas d’une mère affligée (LES DEUX MÈRES). Repris dans l’Almanach des Dames de 1836. C’est en vain que l’on nomme erreur (LE PRESSENTIMENT). Repris dans le Tribut des Muses, 1825, dans les Femmes poètes, 1829 et dans la Perle s. d. J’étais à toi peut-être avant de t’avoir vu (ÉLÉGIE). Repris dans l’Alma- nach des Dames de 1831. Je m’ignorais encor, je n’avais pas aimé (ÉLÉGIE). Repris dans les Fem- mes poètes, 1829, sous l’ancien titre : les deux amours. Ma sœur, il est parti, ma sœur il m’abandonne (ÉLÉGIE), Repris dans l’Almanach des Dames de 1823 et dans l’Album des poètes contemporains, 1824. 1 94 POÉSIES DE 1830 Quoil les flots sont calmés et les vents sans colère (ÉLÉGIE). Peut-être un jour sa voix tendre et voilée (ÉLÉGIE). Qui, toi, mon bien-aimé, t’attacher à mon sort (ÉLÉGIE). Repris dans l’Al- manach des Dames de 1828. Le printemps est si beau. Sa chaleur embaumée (LE PRINTEMPS). Il m’aime. C’est alors que sa voix adorée (L’ATTENTE). Ne viens pas, non. Punis ton injuste maîtresse (L’IMPATIENCE). Dans la paix triste et profonde (L’INDISCRET). Pour la douzième fois, hier, sur ma demeure (LA FÊTE). Quoi, ce n’est plus pour lui, ce n’est plus pour l’attendre (L’ISOLEMENT). Mes yeux rendus à la lumière (L’ACCABLEMENT). Quand il pâlit un soir et que sa voix tremblante (SOUVENIR). Repris dans le Chansonnier des Grâces de 1826. Ah prends garde à l’amour ; il menace ta vie (A Mile GEORGINA NAIRAC). Son image, comme un songe (SOUVENIR). Que veux-tu ? je l’aimais. Lui seul savait me plaire (A MA SŒUR). Repris dans l’Almanach des Dames de 1826 et dans l’Almanach des Dames de 1838. Qu’ai-je appris ? Le sais-tu ? Sa vie est menacée (A MA SCEUR). Vous, dont l’austérité condamne la tendresse (POINT D’ADIEU). Toujours je pleure au nom de mon enfant (SOUVENIR). "Mère, petite mère., , Il m’appelait ainsi (LE RÊVE DE MON ENFANT). Que j’aimais à te voir, à t’attendre, Albertine (ALBERTINE). Te souvient-il, ma sœur, du rempart solitaire (LA GUIRLANDE DE ROSE-MARIE). Repris dans l’Almanach des Grâces de 1826 et dans la Cou- ronne des poètes vivants, 1827 (Sous les arbres vieillis du rempart solitaire..), puis dans l’Almanach des Dames de 1838. Vous dont la voix absente enhardit mon courage (A Mme SOPHIE GAY). On avait couronné la vierge moissonneuse (LE VIEUX CRIEUR DU RHÔNE). Repris dans la Guirlande des Dames de 1825 sous le titre : L’A- veugle ou le Crieur du Rhône, et dans le Choix de poésies contempo- raines, 1829. Le vieux crieur allait contant l’histoire (LA SUITE DU VIEUX CRIEUR DU RHÔNE). Repris dans l’Almanach des Dames de 1826, et dans le Choix de poésies contemporaines, 1829. 52 ROMANCES : POÉSIES DE 1830 C’était l’hiver, et la nature entière (LE SOMMEIL DE JULIEN). En vain, l’Aurore (LE SOIR). 95 Petit portrait, tourment de mon désir (LE PORTRAIT). Non, tu n’auras pas mon bouquet (LE BOUQUET). pour trouver le bonheur, je me ferais bergère (LE CHIEN D’OLIVIER). Viens, mon cher Olivier, j’ai deux mots à te dire (L’AVEU PERMIS). Repris dans la Guirlande des Dames de 1823, et dans les Femmes poètes, 1829. O ma vie (DORS, MA MÈRE). Repris dans la Guirlande des Dames de 1826. Idole de ma vie (LE SERMENT). Repris dans les Contemporaines de 1825. Sur ce lit de roseaux puis-je dormir encore ? (LE RÉVEIL). Repris dans la Guirlande des Dames de 1824 sous le titre : Romance. Quand je t’écris à l’ombre du mystère (LE BILLET). Repris dans le Sou venir des Ménestrels de 1828 ; dans la Guirlande des Dames de 1827, sous le titre : Je vous écris, et dans celle de 1829, sous le titre : Quand je t’écris, avec musique de X. Désargus. O délire d’une heure auprès de lui passée (LE SOUVENIR). Embellissez ma triste solitude (IL VA PARLER). Repris dans la Guirlande des Dames de 1825. O douce Poésie (A LA POÉSIE). Repris dans la Guirlande des Dames de 1826, sous le titre : La Rêverie. Comme un bouton près d’éclore (LES TROIS HEURES DU JOUR). Comme une vaine erreur (L’ESPÉRANCE). Adieu, douce Pensée (LA FLEUR RENVOYÉE). Repris dans le Souvenir des Ménestrels de 1829, avec musique de Castellacci, puis dans la Couronne de Flore, 1837, sous le titre : La Pensée. On sonne, on sonne, on sonne encore (JE DORMAIS). Quand l’Amitié tremblante (REPRENDS TON BIEN). Vous souvient-il de cette jeune amie (LE PREMIER AMOUR). Repris dans la Guirlande des Dames de 1827. Oui, je le sais, voilà des fleurs (L’EXILÉ.) Reparaîtra dans l’Almanach des Dames de 1836 (Oui, je le vois, voilà des fleurs). Avec ta gente mie (GARAT À BORDEAUX). Repris dans la Guirlande des Dames de 1824 et dans l’Almanach des Demoiselles de 1829 sous le titre : Le Troubadour en voyage. 96 POÉSIES DE 1830 Douce nuit, ton charme paisible (A LA NUIT). Rive enchantée (A LA SEINE). A ma belle patrie (LA FIANCÉE). Pèlerine, où vas-tu si tard ? (LA PÈLERINE). Repris dans la Guirlande des Dames de 1826. L’heure du bal, enfin, se fait entendre (LE BAL). Distraite et malheureuse (CLÉMENTINE). Repris dans la Guirlande des Dames de 1824 et dans l’Album lyrique, 1825 (signée : Dame Desbordes- Valmore). Cache-moi ton regard plein d’âme et de tristesse (LE REGARD). Ahl que le monde est difficile ! (L’ETRANGÈRE). Repris dans la Guir- lande des Dames de 1826 et dans l’Almanach des Demoiselles de 1826, avec musique de J. B. Woët. Adieu pour toujours (L’ADIEU). Viens, si tu veux rêver d’amour (LES SONGES ET LES FLEURS). Re- pris dans la Couronne de Flore, 1837. Dans la foule, Olivier, ne viens plus me surprendre (LE SECRET). Re- pris dans le Souvenir des Ménestrels de 1826, avec musique de E. Brugnière, et dans la Guirlande des Dames de 1826 et de 1829. Qu’as-tu fait d’un aveu doux à ton espérance ? (LA JALOUSIE). Repris dans le Chansonnier des Grâces de 1826. Il m’attend : je ne sais quelle mélancolie (LE RENDEZ-VOUS). Repris dans la Guirlande des Dames de 1826. Hélasl que les vieillards savent de tristes choses ! (LES SERMENTS). Il a demandé l’heure : Oh ! le triste présage ! (BONSOIR). Repris dans le Chansonnier des Grâces de 1833, avec musique de Mlle Lecomte. Dans sa course brûlante (L’ORAGE). Dis-moi, fera-t-il beau demain ? (QUE JE TE PLAINS). Il le faut, je renonce à toi (LA SÉPARATION). Si ta marche attristée (C’EST MOI). Repris dans le Souvenir des Ménes- trels de 1827, sous le titre : Me vois-tu, m’entends-tu ? avec musique de Lélu ; dans la Psyché, 1829, dans l’Almanach des Demoiselles de 1831 et dans la Revue des Deux-Mondes, 1822, avec musique de Mme Ménessier-Nodier. Un moment suffira pour payer une année (UN MOMENT). Hélas ! que je dois à vos soins ! (LA RECONNAISSANCE). Repris dans l’Almanach des Demoiselles de 1826 sous le titre : La pénible reconnaissance, avec musique de Romagnési. POÉSIES DE 1830 S’il avait su quelle âme il a blessée (S’IL AVAIT SU). Désirer sans espoir (ON ME L’A DIT). Sans l’oublier, on peut fuir ce qu’on aime (SANS L’OUBLIER). Repris dans le Souvenir des Ménestrels de 1828, sous le titre : Le souvenir, avec musique de A. Andrade ; dans la Guirlande des Dames de 1829, et dans le Chansonnier des Grâces de 1829. Heureuses pastourelles (CELLE QUI NE RIT PAS). Je ne sais plus d’où naissait ma colère (JE NE SAIS PLUS, JE NE 97 VEUX PLUS). Le soleil de la nuit éclaire la montagne (LA VEILLÉE DU NÈGRE). Re- pris dans la Corbeille de Fleurs, 1826 (signé par erreur : M. le chevalier Lablée). Bon captif, la fée Urgande (A M. DE BÉRANGER). Repris en 1829 dans la Couronne poétique de Béranger, sous le titre : Si j’étais petit oiseau. Il est un bosquet sombre où se cache la rose (CHANT D’UNE JEUNE ESCLAVE). Un barde a vu sa reine fugitive (UNE REINE). De Thalie (A Mile MARS). Repris dans le Chansonnier des Grâces de 1826 et dans la Corbeille des Muses, 1827. ET 21 POÉSIES DIVERSES : Qu’a-t-on fait du bocage où rêva mon enfance ? (LE BERCEAU D’HÉLÈNE). Il est deux amitiés comme il est deux amours (LES DEUX AMITIÉS). Prête à s’élancer joyeuse (L’HIRONDELLE ET LE ROSSIGNOL). Un seigneur d’aimable figure (L’ORPHELINE). Adieu, Muse ! on me marie (UN BEAU JOUR). A l’heure où s’éteignait le chant de l’alouette (LE PASTEUR). Toi qui reçus par artifice (LA MONTRE). On accourt, on veut voir la mère infortunée (UNE MÈRE). Repris dans l’Almanach des Muses de 1823 et dans l’Hommage aux Dames de 1823. Par mon baptême, ô ma mere (LE PETIT ARTHUR DE BRETAGNE À LA TOUR DE ROUEN). Repris dans l’Almanach des Demoiselles de 1823 et dans les Femmes poètes, 1829. Sous les arbres touffus, naïves pastourelles (LA NYMPHE TOULOUSAINE). C’était jadis pour un peu d’or (CONTE IMITÉ DE L’ARABE). Humble fille de l’air, mouche bleue et gentille (LA MOUCHE BLEUE). Un tout petit enfant s’en allait à l’école (L’ÉCOLIER). Repris dans l’Hom- Image aux Dames de 1823 et dans l’Almanach de 1827. G. Cavallucci— Bibliographie de Marceline Desbordes-Valmore 7 98 POÉSIES DE 1830 Il ne faut plus courir à travers les bruyères (CONTE D’ENFANT). Ohl qu’il ne fût, m’écrivait une amie (LE BILLET D’UNE AMIE). Tout perdu dans le soin de sa jeune famille (LE PÉLICAN, OU LES DEUX MÈRES). Venez bien près, plus près, qu’on ne puisse m’entendre (LE PETIT MENTEUR). Au fond d’une vallée où s’éveillaient les fleurs (LES DEUX ABEILLES). Tremblante, prise au piège et respirant à peine (LA SOURIS CHEZ UN JUGE). D’une sourde blessure encor faible et malade (FABLE IMITÉE DU RUSSE). Un bruit de fête agitait mes compagnes (LE BAL DES CHAMPS, OU LA CONVALESCENCE). Repris dans l’Almanach des Dames de 1830. La pièce de 1819 qui a été supprimée en 1820, n’a pas été reprise en 1830, non plus que les deux pièces de 1819 et 1820 supprimées en 1822. Seule l’une d’elles : Aimable chien, fidèle et bon Médor (MÉDOR) a reparu en 1836 dans l’Almanach des Dames. Sept pièces de 1822 on été également supprimées en 1830 : Adieu fauvette, adieu ton chant plein de douceur (A MA FAUVETTE). Reprise dans l’Almanach des Dames de 1830 et dans l’Almanach des Dames de 1836. Je me meurs, je succombe au destin qui m’accable (LE PARDON). Ce n’est plus une vague et trompeuse espérance (C’EST LE BONHEUR, C’EST TOI). Laure offrait à genoux (CLÉMENTINE À MARIE). Repris dans la Guir- lande des Dames de 1824 et dans les Femmes poètes, 1829 (sous le titre : Prière à Marie). Tout pour l’amour (L’ÉCHO). Reprise dans la Guirlande des Dames, 1823. Elle s’en va la douce pastourelle (LA PASTOURELLE). Reprise dans l’Al- manach des Demoiselles de 1829. Tes mépris, ton inconstance (A UN TROMPEUR). Quatre pièces de l’édition de 1825 ne se retrouvent pas non plus dans l’édition Boulland : J’eus en ma vie un si beau jour (LE BEAU JOUR). Seule avec toi dans ce bocage sombre (LE SOIR). Il était dans le monde une goutte d’eau pure (LA GOUTTE D’EAU). Salut, rivage aimé de ma timide enfance (LE RETOUR À BORDEAUX). PIÈCES NOUVELLES. POÉSIES DE 1830 SEPT ÉLÉGIES, disséminées parmi les pièces ci-dessus (1-7) : 1. Toi qui m’as tout repris jusqu’au bonheur d’attendre (ÉLÉGIE). 2. Il fait nuit, le vent souffle et passe dans ma lyre (ÉLÉGIE). Dans l’Album N° 9 de la Bibliothèque de Douai, cette élégie porte en sous-titre : "imitation d’anglais. „ 3. Il avait dit un jour : Que ne puis-je auprès d’elle (ÉLÉGIE). 4. Dicu ! créez à sa vie un objet plein de charmes (PRIÈRE POUR LUI). 5. Dusses-tu me punir de rompre la première (ÉLÉGIE). 6. O fleur du sol natal ! O verdure sauvage. A Monsieur D. (LA FLEUR DU SOL NATAL). Duthilloul, d’abord juge de paix, puis bibliothécaire de la ville de Douai, fut le protecteur infatigable de Félix, ce frère indigne et malheureux de Marceline. Je trouve une note d’Hip- polyte Valmore ainsi conçue : "En mai 1824 ma mère, alors à Bordeaux, reçut de Douai un petit panier rempli de mousse fraîche où s’étaient conservées des fleurs des champs cueillies sur les remparts de la ville à l’entrée de la porte Notre-Dame, Il était envoyé par M. Duthilloul., , (Pougin, La jeunesse de Madame Desbordes-Valmore). 99 En réponse à cet envoi gracieux, Marceline composa la présente élégie qui porte la dédicace : A Monsieur D. " Je n’avais, pas osé, écrit-elle à Duthilloul, mettre votre nom tout entier à la Fleur du sol natal., , (Lyon, 12 janvier 1830. Lettre inédite de la Bibliothèque de Douai). Cette poésie parut le 1 avril 1828 dans le Mémorial de la Scarpe, le journal de Duthilloul. Marceline se souvenait donc 100 POÉSIES DE 1830 des fleurs de Douai, quatre ans après avoir quitté Bordeaux ! Elle ne les avait pas encore oubliées en 1833, puisque, remer- ciant Duthilloul d’un article sur les Pleurs, elle lui écrivait : J’ai reçu les émotions que m’ont apportées à Bordeaux les fleurs de Douai (que j’ai toujours) et qui m’ont fait du bien jusqu’à m’en faire du mal, car j’en étais demeurée stupide de joie…., , (Lettre publiée par J. Boulenger). 7. Oui, nous allons encore essayer un voyage (A MES ENFANTS). Parue d’abord dans le Kaleidoscope, 1827, sous le titre : Le départ, cette poésie fut écrite par Marceline peu avant qu’elle ne quittât Bordeaux. Du printemps 1823 au printemps. 1827, elle y avait passé quatre années qui furent les plus tran- quilles, sinon les plus heureuses de sa vie. Le 5 décembre 1827, elle écrivait de Lyon à son fidèle ami Gergerès, qui était avocat et bibliothécaire à Bordeaux : "Adieu ! car bien que je vous aime, vous n’êtes pas le seul qui m’attiriez par la pensée à ce charmant Bordeaux, où il ne manque que des bancs hospitaliers dans les promena- des, des Savoyards ramoneurs surveillés par la ville, et de l’eau ! de l’eau ! de l’eau !… autre part que dans la rivière. Attendez, je vois cela, je crois, en latin : Onda ! Onda ! Onda ! Onda ! Onda ! Onda !… plus ou moins. Vous les arrangerez. Mais vos incendies glacent de terreur et d’étonnement, par le peu d’eau qui coule. Vous souvenez-vous de ce tapage d’artistes que nous fîmes, un soir, à vos oreilles, en criant : " Des bancs ! des Sa- voyards ! des pompes !, Je mourais de fatigue. 11 Marceline ne cesse de regretter Bordeaux. En 1829, elle écrit encore à Gergerès : "Votre Bordeaux m’a gâté toutes les autres villes. Malgré toutes les démarches qu’elle entreprit pour faire engager son mari au Grand Téâtre, les Valmore ne purent jamais retourner dans cette ville où ils avaient laissé tant d’amis ; et Marceline s’en plaint à nouveau en 1832, quand la famille se prépare à quitter Lyon pour Rouen : "Puisqu’il fallait enfin remettre cette frêle barque aux vents, pourquoi ne pas nous ramener à Bordeaux ?, , A défaut de la ville qu’elle POÉSIES DE 1830 101 ne peut revoir, il lui faut des nouvelles de la ville : "Je veux, écrit-elle de Lyon à Gergerès, le 17 janvier 1835, je veux, comme disent les rois ou les enfants malades, un détail de tout Bor- deaux, de Bordeaux illuminé de soleil, pavé de sable blanc et d’huîtres, et rose du reflet de son vin qui calme et anime l’es- prit., , En 1845, sa fille Inès, la petite bordelaise, est malade, et Marceline gémit encore de ne pouvoir revenir à Bordeaux : " Notre chère Inès est toujours si malade qu’un voyage seul à Bordeaux lui rendrait la santé perdue à l’ombre de mes chagrins…Nul changement ne survient dans la santé de ma chère Inès. Il lui faudrait Bordeaux et son soleil (Lettres re- cueillies et annotées par Hippolyte Valmore). A Bordeaux, Marceline menait ses enfants au jardin pu- blic, " vert comme poirée, grand, superbe et tranquille, ; elle leur apprenait, sous les grands arbres, les jeux de son en- fance, ceux auxquels elle avait elle-même joué à Douai. Elle leur enseignait à chanter : Inès avait une "voix mélodieuse, , , Ondine chantait "comme un rossignol (1). TRENTE-SEPT POÉSIES DIVERSES (8-44). 8. Minuit ! l’année expire, et l’année est éclose (LA PRE- MIÈRE HEURE DE L’ANNÉE). 9. D’où venez-vous, couple triste et charmant ? (LES DEUX RAMIERS). Publiée dans le Kaleidoscope, 1826 ; dans la Psyché, 1826 ; dans le Memorial de la Scarpe, 1826 ; et dans l’Almanach des Muses de 1831. Cette poésie se trouve dans l’Album N° 1 de la Biblio- thèque de Douai ; elle y est datée : "Paris, 13 avril 1823 „. (1) Le 14 décembre 1828, Marceline mandait de Lyon à Gergerès : "… Ces anges (ses enfant-) me font une petite cour d’amour, , où la poésie se glisse quel- quefois. Ils composent des vers à mourir de rire, et Valmore n’y tient pas. D’après tout ceci, vous jugerez qu’il y a mille moments heureux pour moi dans cette re- traite mélancolique… » 17 102 POÉSIES DE 1830 Peu après l’avoir écrite, Marceline l’envoya à Duthilloul en l’accompagnant d’un mot charmant : "…Je me dépêche, avant d’être alitée moi-même, de vous envoyer le tribut de cette tendresse que je nourris pour mon pays regretté. L’amour que je lui porte va souvent jusqu’à la douleur ; car je m’en sens si loin, si séparée… Enfin, Monsieur, je juge qu’au mi- lieu de votre doux et heureux ménage, Les ramiers que je vous envoie trouveront un gracieux accueil. Ce petit tableau d’une vraie amitié vous fera un moment sourire et quelqu’un vous répondra, (Lettres inédites de Douai). Trois ans après, Marceline reprenait ses vers et en don- nait une nouvelle version. En les adressant sous leur nouvelle forme à son oncle Constant, elle lui mandait : "Voilà ce que je vous envoie : cette lettre et Les deux ramiers que j’ai faits cet hiver d’après nature : ils étaient bien jolis et amoureux comme en plein été, , (Lettre publiée par A. Pougin). 10. Quand les cloches du soir dans leur lente volée (LES CLOCHES DU SOIR). Publiée d’abord dans le Kaleidoscope, 1829, sous la signa- ture : Mme Duboidet-Valmore (sic) ; cette pièce fut reprise dans le Chansonnier des Grâces de 1832. Frédéric Lepeytre, secrétaire de la Mairie de Marseille, avait promis à Marceline que sa fiancée, M¹le Blanc, mettrait cette poésie en musique. Lepeytre s’était marié, et Marceline attendait toujours la musique. Le nouveau marié s’en étant excusé, la poétesse lui fit cette réponse exquise : "Pourquoi dites-vous que je suis un peu fâchée contre les Cloches du soir en quoi que ce soit ? En vérité, Monsieur, quand je ne vous serais pas redevable d’un procédé qui me touche jus- qu’aux larmes pour notre pèlerin anglais (il s’agit ici de Williams, le professeur d’anglais de Marceline, à qui Lepeytre venait de donner de l’argent pour qu’il pût se rendre en Al-, gérie), quand je ne serais pas liée à votre ménage par cette action d’une éternelle et douce mémoire, me viendrait-il en pensée d’être surprise de ce que l’état nouveau de votre bien-aimée femme la dérobe un peu aux arts que moi-mêmə POÉSIES DE 1830 103 cultive si peu ?, (Lettre de Lyon, 6 mars 1831, publiée par H. Valmore). Lepeytre resta pour les Valmore l’ami le plus obligeant et, en maintes circonstances, leur rendit des services considé- rables. Sans l’argent qu’il leur envoya pendant leur malheureux voyage en Italie, ils n’auraient peut-être jamais pu rentrer en France. Et ce qu’il y a de plus extraordinaire dans tout ceci, c’est que cet ami dévoué n’entretint avec les Valmore que des rapports épistolaires et qu’il ne les vit jamais ! 11. Image de la mort, effroi du tendre amour (AU SOMMEIL). Publiée d’abord dans la Psyché 1827, et dans le Mémorial de la Scarpe, 1827. 12. D’où vient-il ce bouquet oublié sur la pierre ? (LE BOUQUET SOUS LA CROIX). Publiée d’abord dans le Kaléïdoscope, 1827 ; dans le Mémorial de la Scarpe, 1827 ; dans les Annales Romantiques, 1827-1828, où cette poésie est dédiée à H. de Latouche ; dans le Chansonnier des Dames de 1830, avec musique de Font- vanne, et dans le Chansonnier des Grâces de 1830. Elle a été réimprimée en 1837 dans la Couronne de Flore sous le titre : Rose et lilas blanc ou Le bouquet sous la croix. "Dans les mots que j’ai soulignés, écrit M. J. Boulenger (les trois derniers vers de la 4ème strophe et les deux derniers de la 5ème), on a voulu trouver des allusions, douteuses d’ailleurs, fort douteuses, sous prétexte que la pièce est dédiée à Latouche, (Marceline Desbordes-Valmore. Sa vie et son secret). Nous sommes de l’avis que Marceline songeait bien à Latouche quand elle a composé ces vers. Pour s’en convain- cre on n’a qu’à lire l’épigraphe de la poésie A Monsieur A. de L., signée " H. de Latouche, , et extraite de Clément XIV et Carlo Bertinazzi, le roman de Latouche paru en 1827, que Marceline préférait entre tous. "Quand je suis seul en voyage, et que sur ma route près d’un village, au carrefou 104 POÉSIES DE 1830 d’un bois, je rencontre une chapelle, une croix, une madone, j’y dépose un bouquet ou bien une prière pour toi ; je demande Le Bouquet sous la croix, écrit peu tout ce que tu désires après la publication de ce roman, reprend le sujet indiqué }}’par Latouche. Le Bouquet sous la croix fut mis en musique par un com- positeur douaisien, du nom de Colin : "Monsieur Colin, notre compatriote, écrivait Marceline le 25 janvier 1831, m’a fait parvenir une jolie romance de lui (Le bouquet sous la croix) et je lui ai témoigné tout le plaisir que j’en ai ressenti en lui envoyant en retour les Ailes d’ange, que je l’ai prié de vous remettre quand il en aura fait la musique (Lettre inédite à Duthilloul, Bibliothèque de Douai). 11° 13. Quand je me sens mourir du poids de ma pensée (L’ABSENCE). 14. Oui, je vais le revoir, je le sens, j’en suis sûre (LE PRÉSAGE). Publiée d’abord dans le Mercure du XIXe siècle, 1828 ; dans l’Almanach des Muses de 1829, où elle est signée:Mme Marceline Desbordes ; dans l’Almanach dédié aux Dames de 1829; dans les Annales Romantiques de 1829. Reprise dans l’Hommage aux Dames de 1831. Il suffit de jeter un coup d’œil sur la correspondance de Marceline pour être surpris de la foi absolue qu’elle avait dans les présages, les songes et la Providence. Voici, d’ail- leurs, en quels termes elle parle de ses songes à Mle Mars : "Mille causes m’ont rendue superstitieuse et confiante dans mes rêves ; ils ne m’ont jamais trompée,. (Lyon, 2 juin 1829). Mais feuilletons au hasard cette correspondance : Valmore, engagé à Bruxelles, avait reçu un accueil"brutal, de ce peuple que l’on ne peut aimer pour lui-même, ; Marceline le console et lui rappelle qu’elle " avait bien rêvé, en effet, qu’elle voyait des nuages sombres sur Bruxelles et qu’elle le lui avait fait remarquer, (Paris, 8 septembre 1840). Quelques POÉSIES DE 1830 105 jours après, elle écrit à son mari à propos de l’inondation de Lyon qui avait pris les proportions d’un désastre : "Si tu étais à Lyon seul ou avec nous, que serions-nous à présent ? La Providence nous en a éloignés à temps, (17 novembre 1840). Le surlendemain, elle mande à son mari : "J’ai un fond de sécurité qui ne peut venir que d’en haut, et ma tristesse plie au milieu de tous les événements, comme si je n’avais aucun fâcheux résultat à en redouter, (19 novembre 1840). Voici encore une citation empruntée aux lettres de novembre 1840 le lecteur aura remarqué que nous avons limité nos extraits à l’automne de cette année-là- : "Mon bon Prosper, je ne peux me défendre de pressentiments meilleurs. Tu seras à nous, nous à toi, , (Paris, 26 novembre 1840). Ce sentiment de l’amour qui peut influer sur les événe- ments de la vie, embellir et transformer tout ce qui nous entoure, Marceline l’avait déjà exprimé en 1833 dans son roman qui a pour titre:L’Atelier d’un peintre. Ondine a décou- vert qu’Yorick ne l’aimait pas et qu’il aimait une autre femme. Accablée de tristesse, elle regarde autour d’elle, dans cet atelier, ces mêmes objets si beaux, si animés hier, qu’elle retrouve à présent si voilés, si froids ! Les toits ruissellent de neige fondue, comme sous une avalanche ; les nuages pendent, on le dirait, à la hauteur du couvent, chargés d’une neige nou- velle, comme un large voile blanc étendu devant le soleil. Les dernières feuilles du treillage de la fenêtre d’Elisabeth s’envolent, jaunes et humides, dans un tourbillon de janvier; des frag- ments de nids d’hirondelles partent en lambeaux dans cette haleine destructive… (L’Atelier d’un peintre, tome II, ch.XV). 15. Le voilà cet écrit qu’ont demandé mes larmes (LE MESSAGE). 16. Parti ! Fut-elle donc pour moi seule charmante (ÉLÉGIE). Dans cette pièce la pauvre Marceline se demande pour- quoi son amant ne l’aime plus. Ne serait-ce point par son trop grand amour qu’elle aurait rebuté celui qu’elle aime, par cet amour qui croyait inutiles les artifices de la coquetterie ? 106 POÉSIES DE 1830 17. Un jour, écoute, un jour, j’étais bien malheureuse (ÉLÉGIE). 18. Il fait nuit. Le front triste et couvert de poussière… (LE PAUVRE PIERRE). Publiée d’abord dans le Mercure du XIX siècle, 1825, sous forme de fragments et avec un commentaire de H. de Latouche ; un nouveau fragment est publié dans le Mercure de 1826, sous le titre : La vallée d’Aoste. La pièce est publiée en entier dans l’Almanach des Dames de 1828, puis reprise dans l’Almanach des Dames de 1831 (Un soir d’automne au coucher du soleil). Le Docteur Alibert dans sa Physiologie des Passions, et précisément dans la chapitre sur le Courage, avait conté l’histoire du Pauvre Pierre, en prévenant le lecteur, au début de sa nouvelle, que le Pauvre Pierre avait réellement existé, que c’était un exalté, une espèce de philosophe stoïcien : "Dans son fol enthousiasme pour Zénon, il avait adopté la doctrine du stoïcisme… Par effet du hasard, l’hôpital Saint Louis servait alors de refuge à plusieurs gens de lettres, que d’amers souvenirs tourmentaient, aussi bien que les infirmités de la vieillesse. On remarquait, entre autres, parmi les indi- vidus qui assistaient aux leçons de notre philosophe, le labo- rieux traducteur de toutes les œeuvres de Bacon, un juriscon- sulte retiré depuis lontemps… Il y avait enfin un peintre assez habile et quelques artistes plus ou moins estimables Marceline reprend fidèlement, dans son poème, cette péni- ble histoire ; mais elle y ajoute deux personnages nouveaux, merveilleusement esquissés : le lépreux inspiré par le Lépreux de la cité d’Aoste de Xavier de Maistre, dont la première édition française avait paru en 1817, et la jeune fille malheu- reuse que le Pauvre Pierre rencontre souvent dans le jardin solitaire du saint hospice et pour qui Marceline n’est rede- vable à personne. POÉSIES DE 1830 107 Dans le numéro du Mercure du XIX siècle (1825, page 529) M. de Latouche publie des fragments encore inédits du poème avec ce commentaire : "C’est dans l’hôpital Saint Louis, vers la fin de l’année 1812, que le Pauvre Pierre fut accueilli. Son existence n’est point une fiction. Il employait l’éloquence de ses paroles à consoler les infirmes. Souvent dans le silence des nuits, ce mystérieux indigent, qui peut-être avait été un poète, élevait des plaintes touchantes… Pierre avait rencontré plus d’une fois dans les jardins de l’hospice une jeune fille qui avait coutume d’y cacher sa douleur. Cet épisode du poème en est le morceau le plus frappant. C’est là que l’auteur a ras- semblé toute la grâce et tout le pathétique qui sont le carac- tère de son beau talent… etc. Il faut remarquer que Latou- che révèle la date où se passe l’histoire du Pauvre Pierre vers la fin de 1812-tandis qu’Alibert ne donne pas ce détail. La connaissait-il ? L’avait-il apprise de Marceline ? On est sûr toufefois que la jeune fille qui traînait son secret dans l’humide solitude du cloître est la poétesse elle- même. C’est en effet vers la fin de 1812 que Marceline délaissée de son amant, repoussée par son oncle Constant, accablée de remords et de craintes, se rendait souvent à l’hôpi- tal Saint-Louis, où le bon docteur Alibert, médecin en chef, lui soignait le corps et l’âme. Connaissant le talect et le goût de la poétesse, Alibert l’avait introduite dans le cercle d’écri- vains et d’artistes qu’il avait abrité dans cet hospice. Ce fut peut-être la publication de la Physiologie des Passions, en 1825, qui l’aurait décidée à fixer dans des vers touchants le souvenir de ces tristes jours. M. Guégan dit à ce propos : " Comment pourrait-on expli- quer, si Latouche était l’amant, que Marceline l’eût prié de présenter cette histoire ? Comment pourrait-on expliquer qu’il l’eût accepté ?, , Nous nous permettons, cependant, de faire remarquer que Marceline, foncièrement bonne, avait déjà pardonné à son amant volage. Au Pauvre Pierre qui lui demande pour qui elle prie, la jeune femme répond : 108 POÉSIES DE 1830 81 … Pour l’auteur de mon crime ; Pour que Dieu soit content d’une seule victime ; Pour qu’un être si cher, entraîné par l’amour, Ne soit pas avec moi condamné sans retour. Latouche, dans son commentaire du Mercure, nous dit "ranimé sous aussi que le peintre Constant Valmore avait de nobles traits, le stoïcien du portique Saint-Louis, aux leçons duquel il avait peut-être assisté. Ce tableau fut offert à Victor Cousin par Marceline qui lui était reconnaissante pour un prêt de 500 frs. accordé à son oncle (Lettre de Marce- line à son mari, du 18 juillet 1839). Voici, maintenant, la lettre que Marceline écrivait de Bordeaux à son oncle, au sujet de cette pièce (28 février 1826): …J’ai prié M. Alibert de vous revoir. Je lui ai écrit, par occasion, en lui envoyant à la fin le Pauvre Pierre, auquel il ne pense plus. N’importe ! Il lui appartient ; bon ou mau- vais, il faut maintenant qu’il s’en contente. Vous le recevrez dans peu de jours, avec d’autres poésies dans lesquelles M. de Latouche, qui ne se lasse pas d’être toujours bien pour nous, choisira ce qu’il faut livrer à l’impression pour satis- faire à la demande de M. Ladvocat.. Je vous demande en grâce de ne pas rêver de punition trop terrible de la part de Dieu et pas plus pour vous que pour moi, qui en ai tant d’effroi. Comme homme, comme oncle, et j’ose presque dire comme père, vous m’avez pardonné. Croyez-vous que Dieu soit moins bon qu’un père ? qu’un oncle ? qu’un homme ? Oh ! mon oncle, c’est impossible à croire !….. Je n’ai qu’une chose à vous dire, c’est qu’il faut effacer ce que je croyais de mieux dans Pierre, parce que vous m’aviez dit vous-même qu’il par- donna au nom de Dieu ; car si cette idée m’abandonne encore une fois, je ne veux plus ni manger ni dormir; je ne veux plus de pension, car elle ne doit en effet appartenir qu’à la vertu sans un seul reproche. Si Dieu nous en voulait de haine, vous n’auriez pas une seconde de bonheur ni de bien dans ce qui rend la vie supportable. Il vous aime donc, mais il ne veut pas, je crois, de ces craintes excessives qui dénaturent ses promesses. POÉSIES DE 1830 109 Le 21 juin 1826, elle écrivait encore de Bordeaux, à son oncle : "Il faut qu’il (Latouche) obtienne de M. le libraire (Ladvocat) qu’il fasse mettre deux lignes en note au bas du Lépreux, que cette faible copie est un hommage, ou quelque chose comme cela, rendu à l’auteur du Lépreux de la cité d’Aoste. Et à propos, si le Pauvre Pierre n’est pas adressé à M. Alibert, croyez-vous qu’il soit content ? Arrangez cela selon son goût ; car d’un autre côté c’est bien peu de chose à lui offrir 19. Une autre le verra, tendre et triste auprès d’elle (LE PRESSENTIMENT). 20. Laisse ! j’ai vu tes yeux, dans leur douce lumière (LE REGARD). Publiée d’abord dans le Keepsake français, 1830. 21. Vous à peine entrevus au terrestre séjour (AUX ENFANTS QUI NE SONT PLUS). Publiée d’abord dans le Kaleidoscope, 1827. Se trouve aussi dans l’Album nº I de la Bibliothèque de Douai, avec ce sous- titre:Imité d’un sermon protestant; la pièce y est datée de (1 Bordeaux 1826 22. Avec l’aube toujours ta plainte me réveille (L’IDIOT). Publiée d’abord dans l’Almanach des Dames de 1828. 23. Des roses de Lormont, la rose la plus belle (REGRET). Publiée d’abord dans l’Abeille du Parnasse, sans date. Cette poésie a été écrite en souvenir de Georgina Nairac morte le 6 janvier 1825. Se reporter à la note qui commente la poésie intitulée : A Mile Georgina Nairac. 24. C’est ici… Pardonnez, je respire avec peine (LE RETOUR CHEZ DÉLIE). 110 POÉSIES DE 1830 Publiée d’abord dans les Annales Romantiques, 1827-1828. Un fragment en avait déjà été publié dans le Mémorial de la Scarpe (1826), avec un fac-similé de l’écriture de Mme Des- bordes-Valmore et cette note que nous transcrivons : "Lavater en voyant cette écriture aurait dit qu’elle était celle d’une personne douce et très sensible ; ce moëlleux que l’on remar- que dans les formes, lui aurait révélé de la facilité, de la grâce ; l’incertitude de certains traits lui aurait fait penser que l’ima- gination de l’écrivain pouvait avoir quelque chose de vague et de rêveur… « Les trois étés pendant lesquels Marceline » s’exila sur des rives sans fleurs écrit M. Bertrand Guégan, sont ceux des an- nées 1810 1811 1812. Marceline les passa à Rouen après la naissance de son fils (lettre à Félix du 24 décembre 1811), non loin de ses deux sœurs : Eugénie, dont le mari était con- tremaître dans une filature des Andelys, et Cécile, qui avait épousé un filateur à Charleval. Elle habita sans doute quelque temps, rue Ancrière, chez sa sœur Eugénie qui avait quitté les Andelys (voir dans les Poésies Posthumes la pièce intitulée : A Rouen, rue Ancrière) ; elle fit d’ailleurs plusieurs séjours aux Andelys et à Charleval, vint une fois à Paris à la fin de 1812 (voir la note du Pauvre Pierre), mais elle ne revint dé- finitivement à Paris qu’en mars 1813 ; le mois suivant, elle dé- butait à l’Odéon. 31 1 "Nous nous sommes souvent demandé, écrit M. Lucien Descaves dans le Frère de Marceline (Les Œuvres libres, jan- vier 1932), si cet enfant (le fils de Marceline), censément né à Paris et dont l’acte de naissance n’a jamais été produit, ne serait pas venu au monde à Rouen, soit dans les environs, où Marceline aurait caché sa grossesse, fait ses couches et séjourné trois ans durant. C’est peut-être alors que l’acteur Jeuclier aurait servi de père, pour rendre service à sa cama- rade de théâtre. Nos recherches sur la vie de Marceline nous avaient amené à la même conviction ; mais nous attendions d’avoir compulsé l’état-civil de Rouen et de quelques villages situés aux alentours des Andelys pour tâcher d’offrir à nos lecteurs une certitude au lieu d’une hypothèse. Nous n’avons POÉSIES DE 1830 111 pas encore eu la possibilité de faire ces recherches. Disons, cependant, qu’à notre avis, si Marceline séjourna chez Eugénie Drapier, elle dut faire ses couches chez sa sœeur Cécile. Une pièce des Poésies posthumes, dédiée à Cécile, nous paraît jus- tifier cette hypothèse : L’orage avait grondé, ma tête était brûlante, Et ma tête vers toi se tourna sans effort ; Tu ne m’avais pas dit : " Je veille sur ton sort ; l’entendis en moi dans cette heure accablante. Quand tous m’offraient leur vie en courant à la lète, Tu ne m’offris rien, toi, mais tu m’as tout donné. Après avoir donné le jour chez Cécile à son fils Marie- Eugène, Marceline aurait mis l’enfant en pension chez Eugénie (qui paraît avoir été la marraine), et, pendant trois ans, elle serait restée en Normandie, près de son fils,. (Bertrand Gué- gan, ouvrage cité, II, pp. 376-377). Dans une lettre à Lepeytre (15 février 1832) où Marceline se dépeint à cet ami qui ne la connaissait pas personnelle- ment, nous relevons ces lignes :….Quand je suis seule, j’ap- partiens au passé. Plus il me fait de mal, plus il me rentraîne, et plus il me fait peur de l’avenir qui se présente à moi comme inévitablement malheureux, errant, tout composé d’habitudes et de liens brisés….. Et puis j’ai des jours légers, radieux, inno- cemment fortunés, des jours d’enfance retrouvés. Heureuse d’un rien, jamais malheureuse à demi, ,. Cette dernière pensée était une réminiscence du vers 84 du Retour chez Délie. 25. Toi que l’on plaint, toi que j’envie (ÉLÉGIE). Cette pièce parut d’abord dans les Annales Romantiques de 1826, sous le titre : La vieille indigente ; puis, sous le même titre, dans l’Hommage aux Dames de 1828. Se trouve aussi dans l’Album non numéroté de Douai sous le titre : La vieille mendiante. 112 POÉSIES DE 1830 Cette poésie pourrait être celle à laquelle fait allusion Marceline dans une lettre inédite adressée " à M. Degeorge, aux bons soins de M. Pagnerre "…..Gardera-t-on La prière de la vieille femme ? Un seul mot à ce sujet, s’il vous plaît, et n’en soyez pas en peine : j’en ai le placement pour un recueil de jour de l’an ou un journal au mois 11° 26. Quand le fil de ma vie (hélas ! il tient à peine) (ÉLÉGIE). 27. Mon beau pays, mon frais berccau (LA VALLÉE DE LA SCARPE). Publiée par fragments dans le Mémorial de la Scarpe, en 1828 et 1830. Marceline s’adresse dans ce long poème à son frère Félix et lui rappelle un épisode de leur enfance qu’elle a raconté tout au long sous le titre : "Just et Agnès en voyage pour aller chercher la liberté,. Hippolyte Valmore, qui pré- para en 1865 l’édition des Contes et scènes de la vie de fa- mille, où ce récit figure, a fait précéder la nouvelle de sa mère de la note que l’on va lire : "Tout enfant, Marceline était, en effet, partie à pied pour aller chercher la liberté. C’était la divinité du moment que cette liberté. M. Desbordes, qui tenait cachés sous la pierre du foyer les titres de noblesse et de propriété d’une grande famille alors expatriée, parlait avec respect de la liberté, et cette grande figure était restée pure et sainte pour tous les siens. L’image qu’un paysan avait pu se faire autrefois d’une reine n’était pas plus fantastique que celle qui se présentait à l’esprit des enfants quand on leur parlait de la nouvelle Notre-Dame-de-Délivrance, vers qui tous les cœurs naïfs s’é- taient un moment tournés. Plus tard, dans un récit resté in- complet, Marceline a rappelé ce trait d’illusion charmante de ses jeunes jours. Elle avait déjà l’intelligence secrète de la vraie charité, la charité personnelle. Le dévouement qui la portait toute sa vie à voir un créancier dans un malheureux, remuait déjà sa poitrine et semblait la pousser en avant. "Voici le fragment, malheureusement bien court, de ce POÉSIES DE 1830 récit. Nous le donnons parce qu’il y a là un trait de caractère, et parce qu’il explique l’élégie dédiée à La vallée de la Scarpe. Elle et son frère, autre naïf, sont déjà en route et rencontrés par l’oncle Jean (le peintre Constant Desbordes. Dans le récit, Marceline s’appelle Agnès et donne le nom de Just à son frère Félix) : " —…Puis-je savoir ce qui me procure l’avantage de vous rencontrer à cette heure, en habits de voyage, hors des portes de la ville ? Toi Just, qui parais t’être mis à dessein sur la dé- fensive avec ton casque en papier d’or et ton baudrier de la même étoffe, parle. Voilà de plus un sabre de bois qui sent le soudard d’une lieue. A quelle intention, par ce temps ma- gnifique et sur cette route où l’on n’entend plus que les oi- seaux chanter ? 113 "-C’est pour Agnès qui est petite, mon oncle, et qui a peur des loups ; nous allons là-bas chercher la liberté. Dame. "-Ah ! diable ! dit l’oncle Jean qui avait fait son tour de France et qui savait à quoi s’en tenir sur la liberté en que- stion. Où croyez-vous donc qu’elle soit la liberté ? "-Elle est à Paris, mon oncle, et voilà son portrait, ré- pondit Just avec une entière confiance, en montrant le médaillon qui pendait au cou d’Agnès, tenu par un large ruban tricolore. "-Et vous y allez aussi, ma petite amie ? -Oui, mon oncle Jean. "-Vous me donnez vraiment envie d’en être, dit-il, et, regardant machinalement l’énorme médaillon, il vit en effet sous la figure enluminée le nom de l’artiste et celui de la rue où se trouvaient ces images à la mode. "-Et qu’en ferez-vous après l’avoir trouvée ? -Nous la rapporterons au prisonnier de la tour Notre- i "--Vous le connaissez ? -Oui, nous le voyons passer ses mains à travers les barres, et il nous envoie ses amitiés quand Agnès lui fait la révérence. "Le cœur d’Agnès commençait à se gonfler sans qu’elle pût articuler une parole. G. Cavallucci — Bibliographie de Marceline Desbordes-Valmore 8 114 POÉSIES DE 1830 "-Mais saurez-vous le chemin pour aller et revenir ? insista l’oncle Jean.. " —Nous demanderons, mon oncle, et si vous voulez ve- nir avec nous, vous nous ramenerez avant le coucher du soleil. "L’oncle Jean ne put se défendre d’être attendri des bon- nes intentions des voyageurs ; mais jugeant à propos de remet- tre l’exécution du projet à une autre fois, il songeait en lui- même au moyen d’en détourner les enfants sans les affliger, lorsqu’il aperçut un officier de hussards, cheminant à cheval sur la route et qui logeait, dans ce pays de guerre, chez le riche propriétaire du perron doré, père de Ferdinand. Le parti de l’oncle Jean fut pris à l’instant même. Conduisant les en- fants vers le colonel qui le saluait cordialement, il se décou- vrit, et lui raconta en ces termes le projet de voyage des pe- tits Flamands, et le motif qui le leur faisait entreprendre : "-Voici, dit-il, monsieur le colonel, deux enfants saisis de l’amour de la liberté, qui ont mis dans leur tête d’aller la chercher à Paris, où l’on assure qu’elle habite en ce moment. Vous devez savoir de plus que ces innocents n’ont pas d’autre intention, dans cette grande entreprise, que de rapporter la liberté à un pauvre diable enfermé dans la tour Notre-Dame, pour avoir manqué à l’appel : ce qui fend le cœur des petites créatures. Si j’osais comme votre humble voisin, et comme oncle du frère et de la sœur entraînés dans cette grande aven- ture, vous prier de faire sortir ce pauvre soldat, vous épar- gneriez un voyage lointain à ces jeunes chevaliers errants qui vont se perdre peut-être dans la capitale, sans un liard dans leur poche. Vous sauveriez de plus à madame Aldenhoff (c’est le nom que, dans ce récit, Marceline donne à sa mère, Ca- therine Desbordes) la surprise du départ de ses deux enfants, qu’elle doit déjà chercher en ce moment avec d’affreuses in- quiétudes. "Le colonel de hussards, que les enfants regardaient de tous leurs yeux, prit la main du jeune peintre et lui dit qu’il croyait pouvoir promettre la liberté du soldat, en considéra- tion de ses défenseurs. Sur ces propos qui les amusaient, en dépit de l’air grave des quatre auditeurs arrêtés sur la POÉSIES DE 1830 115 route, il souleva vant lui sur son doucement Agnès de terre, et la plaça de- cheval, la ramenant ainsi comme en triomphe à sa ville natale, mais au petit pas pour ne point s’éloigner de Jean qui tenait Just par la main. Just émerveillé de voir Agnès à cheval, et le soldat en bon train de sortir de la tour, marchait fièrement entre son oncle et le cheval dont il n’a- vait pas peur. "Le soleil dardait ses fils d’or brûlants sur leurs têtes et les cuisait ; la moisson s’inclinait devant eux ; Just, frôlant les tiges, égrenait les blés, et les paysans, en voyant luire l’épau- lette sur le cheval qui portait Agnès, enfonçaient leurs faucil- les dans la terre et soulevaient lentement leur chapeau, pen- sant mille choses du groupe qui s’en allait d’un pas solennel vers la ville. "Ah ! ah ! disait Just, le paysan voit que mon oncle connaît le colonel ; il voit que je suis le frère d’Agnès assise sur le cheval du colonel, et il ne courra plus sur moi avec sa fourche en l’air quand je traverserai le champ de pommes de terre pour m’amuser, ah ! ah ! "Il n’était pas mal ambitieux le petit Just. (Scènes et Contes de la Vie de famille, édit. Garnier, tome II, pp. 331 — 335). 28. J’étais enfant : l’enfance est écouteuse (A MES SŒURS). Marceline écrit dans Huit Femmes, recueil de nouvelles qu’elle publia en 1845 chez Chlendowski : "….Plus tard encore, ne pouvant rien faire de mieux que d’écouter, durant les longs jours d’une traversée tantôt ardente, tantôt brûmeuse, je lais- sais passer devant moi de nouveaux fantômes, vrais ou ima- ginaires, qui le sait ? Je les évoque à mon tour, altérés, mo- difiés, dans le sommeil de ma mémoire qui les a logés sans (tome I, p. 7, les bien connaître, mais qui les aime encore… " Mon retour en Europe). 29. Rentrons, mes chers enfants ; de la foule éplorée (UN JOUR DE DEUIL). 116 POÉSIES DE 1830 Marceline a dû composer cette pièce de circonstance à Bordeaux, peu après la mort du général Foy, survenue le 26 novembre 1826. On lit dans l’étude de M. Courteault : "En septembre 1825, Marceline avait vu passer à Bordeaux le gé- néral Foy, qui revenait avec sa femme des eaux des Pyrénées. Il descendit à l’hôtel de France… Il y reçut les hommages des libéraux bordelais, à qui il exprima ses regrets de la mort récente de Balguerie-Stuttenberg. Il visita incognito la ville. Mais sa présence ayant été connue, il fut l’objet, le 5 sep- tembre, d’une manifestation organisée en son honneur par les musiciens amateurs de la société du Muséum. Ils lui don- nèrent le soir, après le spectacle, une sérénade, et la foule cria : Vive le roi ! Vive la Charte ! Vive le général Foy ! tandis qu’on lui offrait une couronne de lauriers et d’immortelles. La police laissa faire. Le lendemain, le général et sa famille s’embar- quèrent sur le bâteau à vapeur la Marie-Thérèse. La foule se pressait sur le quai. Le général gagna le bateau à pied et fut l’objet d’une ovation enthousiaste. Les musiciens amateurs, placés sur le pont, jouèrent à son arrivée : Où peut-on être mieux qu’au sein de sa famille, tandis qu’on criait : Vive le général Foy ! L’ancre fut levée au son des symphonies qui retentirent dans toute la rade et annoncèrent le départ du héros législateur. 30. Vous voilà bien riant, mon amour. Quelle joie (LE PETIT OISELEUR). Publiée d’abord dans le Mercure du XIXe siècle, 1827, sous le titre : Le petit oiseleur et sa mère et dans le Kaléïdos- cope, 1827. 31. Quel bruit ! Quel triste bruit s’échappe de la ville ? (UN BRUIT D’AUTREFOIS). Cette piece parut d’abord dans le Kaleïdoscope, 1827, et le Mémorial de la Scarpe, 1827. Le comte de Peyronnet, ministre de Charles X, était l’au- teur de la loi sur la presse qui fit condamner Béranger, le 8 POÉSIES DE 1830 117 décembre 1821, à trois mois de prison et 500 francs d’amende. C’est sans doute à cette loi sur la presse que Marceline fait ici allusion. Peyronnet fut, d’ailleurs, condamné plus tard à six ans de prison qu’il fit au fort de Ham. 32. Quoi ! Béranger ! quoi ! l’ami de la France (LA PRE- MIÈRE CAPTIVITÉ DE BÉRANGER). Publiée d’abord dans le Kaleidoscope, 1827 (La poésie, non signée, y est suivie de cette note : "Ah ! que nous voudrions être l’auteur de cette pièce de vers !, , LA RÉDACTION). La Captivité est signée dans le Kaleidoscope de 1829. Cette poé- sie parut également, le 11 novembre 1828, dans le Mémorial de la Scarpe, sous le titre : " Béranger (inédit) mars 1822 ; la note suivante accompagne la pièce de Marceline : "La muse douaisienne nous envoie de Lyon ces vers touchants, qu’elle laissait depuis six ans dormir dans son portefeuille ; vers en tout dignes de Béranger. Les nouvelles poursuites exercées contre le premier poète de l’époque, donnent à ce morceau un air de nouveauté, qui accroîtra encore l’intérêt qu’il ne pouvait manquer d’inspirer à tout lecteur sensible. Nous reproduirons ci-dessous, d’après A. Pougin (La jeunesse de Mme Desbordes-Valmore), la lettre que Béranger écrivit à Marceline pour la remercier de ses vers : "Madame, Si j’avais conservé quelque ressentiment des persécutions qu’on m’a fait éprouver, il se dissiperait à la lecture des vers charmants que vous avez bien voulu m’adresser. Je suis tout glorieux d’avoir inspiré une muse aussi distinguée et dont les produc- tions m’avaient déjà fait passer de si doux instants. C’est en vers que je devrais et même que je veux répondre à des té- moignages si enivrants d’un intérêt que j’étais loin d’attendre. Mais il faut que j’encourage longtemps ma musette avant de la déterminer à traiter le sujet que la reconnaissance m’inspire. Il n’est pas facile d’exprimer tous les sentiments et il est des éloges d’autant moins aisés à faire qu’ils sont plus générale- ment sentis. N’attribuez donc, Madame, je vous prie, le retard que j’y mets qu’à l’admiration que j’ai pour vos ouvrages. Ne voyez pas dans ce mot un simple échange de choses flatteuses. 118 POÉSIES DE 1830 Le mérite de votre élégie et de votre romance est l’affaire de mon cœur ; mais bien précédemment mon amour pour le na- turel et pour la belle poésie m’avait rendu cher votre livre plein de grâce et de délicatesse. "Permettez-moi donc, Madame, de remettre à quelque bon moment de vous prouver de nouveau le plaisir et la re- connaissance que m’ont inspirés vos beaux vers. "J’ai l’honneur d’être, Madame, avec les sentiments les plus distingués d’estime et de dévouement, Votre très humble serviteur, BERANGER. 11 33. Un ministre du ciel courbé sous les offrandes (LE MENDIANT, imité de l’anglais). Publiée d’abord dans le Mercure du XIXe siècle, 1826, puis dans le Kaleidoscope, 1827. Autant Marceline aime les églises, autant elle éprouve d’a- version pour les prêtres et les cérémonies du culte. Elle ne parle que rarement des prêtres dans sa correspondance, elle en parle encore moins dans sa poésie, et ce n’est, chaque fois, que pour afficher un anticléricalisme indigne d’elle, mais bien dans la tradition des républicains de 1848. Rappelons ce vers saisissant : "Le prêtre est là marquant le prix des funérailles et l’histoire de l’abbé Goguillon que la révolution avait chassé de Douai. Ce dernier s’était enfui à Ypres. A demi mort de fatigue et d’inanition, il entre dans une église et implore la pitié d’un prêtre qui venait d’officier. " Celui-ci, raconte l’abbé Goguillon, se détourna pour serrer ses ornements et ses burettes d’argent, où il restait encore assez de vin pour ranimer mes forces épuisées. Puis, me faisant du doigt un signe empreint douloureusement dans ma mémoire, il me dit: Nous avons nos pauvres !, , (l’Atelier d’un peintre). Par contre, Marceline ne passe presque jamais devant une église sans y entrer; elle écrit à son frère : "Nous avons été bien malheureux, Félix. Cela rachètera-t-il quelques fautes assez POÉSIES DE 1830 119 amères déjà par elles-mêmes ? Demande cela, cher soldat blessé, à ton confesseur, en me mettant aussi à ses genoux. Moi, je ne me confesse ici qu’à Dieu. Je n’entre aux églises que quand elles sont désertes et profondes. J’y vais souvent à ce compte ; car toujours, tu le sais, le cœur m’y a poussée d’une manière irrésistible, et je n’en suis jamais loin, quand même je serais arrêtée par un travail moins pieux., (Lettre inédite du 22 avril 1849, conservée à la Bibliothèque de Douai). Dans son journal d’Italie, nous lisons encore sous la date du 19 juillet 1838 : " J’use de la liberté mélancolique d’errer, de parler, de pleurer, le long de ces rues désertes, de ces maisons inconnues, de ces églises hospitalières où je me pré- cipite comme si j’entrais par une porte dérobée dans la mai- son de mon père. Là, je suis bien sûre que l’on m’entend. Se mettre à genoux, signer son front et rester tristement sur quelque marbre d’où personne n’a le droit de vous éloigner, c’est une grande douceur que je partage avec toi ; car ton cœur est dans le mien., (Rivière. Fragment d’album inédit, Mercure de France, 1910). 34. Un ruisseau, frais enfant d’une source cachée (LE DERVICHE ET LE RUISSEAU). Publiée d’abord dans l’Almanach des Demoiselles de 1820 ; dans la Psyché, 1826 ; dans le Mémorial de la Scarpe, 1826 ; dans les Annales Romantiques de 1827-1828 et dans la Guir- lande des Dames de 1829. Cette pièce est imitée d’un Apologue oriental en prose, publié lui aussi sous le titre : "Le derviche et le ruisseau dans le Kaleïdoscope de 1825-1826. Voici le texte de cet apo- logue, signé Hoang-Kin-Pouf : "Dans une province de la la Chine (c’était, je crois, sous le règne du grand Scha-a-Baam) un Lettré publiait à la fin de chaque lune la revue exacte de ce qui s’était passé pendant la lune précédente. Le mandarin de la province, qui craignait sans doute de voir censurer les actes de son autorité, voulut inquiéter le Lettré pour lui faire abandonner son entreprise. 120 POÉSIES DE 1830 Celui-ci, loin de se décourager, fut trouver le fonctionnaire public. O mandarin, lui dit-il, écoutez un apologue : "Dans un bocage délicieux serpentait paisiblement un ruisseau dont les eaux limpides, roulant en flots argentés sur un fin gravier, portaient la vie et la fécondité dans les cam- pagnes d’alentour. Un derviche, dont la cellule était voisine et qui se désalterait chaque matin dans le cristal de la source, s’avisa un beau jour de trouver que le doux murmure de l’onde troublait son sommeil et ses pieuses méditations. Le ruisseau avait une pente trop prononcée pour qu’on pût songer à le faire changer de direction. L’anachorète, après avoir bien rêvé, crut avoir trouvé un excellent moyen de faire cesser le bruit qui l’importunait ; il souleva une grosse pierre et vint la poser juste au milieu du courant. Qu’arriva-t-il ? L’onde, arrêtée un instant par ce léger obstacle, l’eut bientôt franchi ; mais au lieu du faible murmure qu’elle faisait entendre auparavant, elle se précipita en cascade écumeuse, et son fracas fut tel qu’il força le der- viche désappointé à déserter sa paisible retraite. "Le mandarin avait de l’esprit, il comprit l’apologue ; mais les annales de la Chine ont oublié de dire s’il ne suscita pas d’autres tracasseries au pauvre Lettré., , 35. Juin parfumait la nuit, et la nuit transparente (LE VER LUISANT). Publiée d’abord dans le Kaleidoscope, 1826 ; dans la Psy- ché, 1826 ; dans le Mercure du XIXe siècle, 1829 ; dans la Guirlande des Dames, 1829 (L’été régnait aux champs, et la nuit transparente). Cette pièce a été réimprimée dans l’Hom- mage aux Dames de 1829, de 1830 et de 1832, avec la signa- ture : Dame Marceline Valmore. 36. Las des fleurs, épuisé de ces longues amours (LE PAPILLON MALADE). Publiée d’abord dans le Mercure du XIXe siècle, 1825, sous le titre : A un vieillard ; dans le Kaleidoscope, 1825-1826 (Un papillon dans sa vieillesse) ; puis dans l’Almanach des POÉSIES DE 1830 121 Muses de 1826, la Corbeille de Fleurs, 1826, l’Hommage aux Demoiselles de 1826, l’Almanach des Demoiselles de 1828 et les Femmes poètes, 1829. 37. Levez-vous de bonne heure, enfants, disait un sage (LE SAGE ET LES DORMEURS). Publiée d’abord dans le Kaleidoscope, 1828, et dans le Mémorial de la Scarpe, 1828. 38. Un enfant avait mis les bottes de son père (LE PETIT AMBITIEUX). Cette poésie a été écrite à Lyon, en novembre 1828 (Cf. la lettre publiée par l’Intermédiaire des Chercheurs). 39. Je sais lire, ô bonheur ! ô clarté ! Je sais lire (LE BILLET). Cette pièce a été réimprimée dans le Chansonnier des Grâces de 1831. 40. Viens mon jeune époux (L’EXIL). La pauvre Marceline n’a jamais cessé de se plaindre de la vie errante, à laquelle elle était condamnée et dont elle ne pouvait prendre son parti. Menacée de quitter Lyon (au mo- ment sans doute où elle composait l’Exil), elle écrivait à Du- thillul : " Vous n’imaginez pas comme c’est triste d’errer toujours. N’ayant rien de stable, rien à soi, c’est toujours vers sa ville mère que l’on se rejette,… comme si elle voulait de nous., , (Lyon, 2 mars 1829, lettre inédite conservée à la Bi- bliothèque de Douai). En 1831, elle écrit à Me Mars : "Les autorités, comme il arrive en province, ne prêtent nul appui aux artistes, et chacun a la triste liberté du grand chemin., , (Lyon, 5 mai 1831 ; dans Rivière, Correspondance intime). A peine installée dans une nouvelle ville, elle se préoc- cupe déjà du départ : " Tout me paraît encore une fois nou- veau, dans cette ville, écrit-elle de Rouen en 1832, et je cher122 POÉSIES DE 1830 che à m’appuyer avec cette arrière-pensée triste, que ce n’est ici, comme partout, qu’en passant., (Lettre du 7 septembre 1832, adressée à Lepeytre). Les voyages à cette époque étaient particulièrement péni- bles. En juillet 1835, Marceline se rendit de Grenoble à Saint- Jean-le-Vieux, pour rendre visite à son vieil ami le député Jars. "J’ai pensé mourir cette nuit-là, dit-elle à son mari. Nous étions huit dans l’intérieur. Inès et mes deux paniers sur les genoux, une femme du peuple étendue sur mon épaule, des arrosoirs, des balles de savon, six chapeaux pendus aux filets, des parapluies et des jambes de géants, partout, quinze personnes sur l’imperiale. Enfin, j’ai été forcée de descendre et de faire autant de chemin que possible à pied, pour ne pas étouffer dans cet affreux cabanon, Quand on arrive la nuit, il faut souvent attendre le jour dans une cour ou une auberge froide : "Nous sommes arri- vés cette nuit, la troisième, à trois heures et demie, après un temps déplorable qui coupait les yeux au pauvre postillon et aux chevaux… Personne n’était levé dans Paris à cette heure, et nous avons attendu jusqu’à huit, pour venir nous réchauf- fer au cœur et au feu de Caroline. (Lettre du 6 avril 1837). On comprend que Marceline ait écrit à Lepeytre : "Voya- gez peu, s’il est possible., , (Lyon, 30 mars 1829). 17 41. Quoi, Daniel ! à six ans vous faites le faux brave (LE PETIT PEUREUX). Publiée en 1830 dans le Mémorial de la Scarpe. En même temps que cette pièce, Mme Desbordes-Val- more envoyait la lettre suivante à une amie dont le nom ne nous est point connu : "Je vous envoie, Madame, Le petit Da- niel. Votre valeureux enfant me trouvera bien insolente d’avoir donné son nom au peureux qui se laisse mordre par derrière, lui qui a regardé, l’autre été, une couleuvre sans frémir. Mais vous lui direz que je n’ai pas voulu l’offenser, que je suis pleine d’estime pour son courage, comme je suis pleine d’amitié pour sa charmante mère. Votre humble servante Marceline. (Collection H. de Favreuil à Lille). 3 POÉSIES DE 1830 123 Une lettre inédite, qu’on peut lire à la Bibliothèque de Douai, nous apprend que le jeune enfant dont il est question dans Le petit peureux s’appelait Daniel Duphot, et que la lettre précédente était adressée à sa mère. Voici quelques passages de la lettre de Douai : "Lyon, 30 mai 1830. A Madame Duphot… L’aimable madame Favier change aussi et me paraît toucher plus au ciel qu’à la terre. Elle va quitter Lyon. Y resterai-je après elle ? Je l’ignore… J’aime toujours Daniel et son courage… " 11 42. Sous les mêmes zephyrs, sous les mêmes orages (LES DEUX PEUPLIERS). Publiée d’abord dans le Mémorial de la Scarpe, 1829, puis dans l’Almanach des Dames de 1830. Voici la lettre qui accompagnait l’envoi de cette poésie à Duthilloul : " Cher Monsieur, au nombre des vœux ardents que j’ai faits pour vous, en retour de vos bontés et nobles procédés, j’insiste pour que vous soyez bien heureux en amitié. Je dois à ma chère Albertine de Douai, de me l’avoir fait con- naître dans toute son étendue et sa pureté ; aussi je prie bien souvent pour elle et je sens aussi bien souvent que je l’ai perdue. "….Je vous envoie une petite romance ; c’est toujours un souvenir de mon pays qui me l’a fait écrire., , (Lyon, 2 mars 1829. Lettre inédite de la Bibliothèque de Douai). 32 Plus de vingt-cinq ans après avoir composé ces vers, Mar- celine se les rappelait encore, et elle écrivait à son amie Pau- line Duchambge : "…Tu sais la suite dont les mots m’échap- pent, mais qui devaient dire : "Nous pleurerons toujours, nous pardonnerons et nous tremblerons toujours. Nous sommes nées peupliers. (Lettre du 19 avril 1856 publiée par Boyer d’Agen). 43. Vois-tu, mon bel enfant, venir un pèlerin ? (L’EXILÉE). 44. Ne me fais pas mourir sous les glaces de l’âge (PRIÈRE). 124 POÉSIES DE 1830 VINGT ROMANCES (45-64) : 45. Je reviens à vos pieds, Marie (L’ORAISON). Publiée d’abord dans le Kaleidoscope, 1828, puis dans le Mémorial de la Scarpe, 1828. Repris dans le Chansonnier des Grâces de 1838, sous le titre : A Marie. 46. Hélas, je devrais le haïr ! (SON RETOUR). 47. De ses fuseaux légèrement blessée (LA PIQÛRE). Publiée d’abord dans le Chansonnier des Grâces de 1829 (Pour mon malheur, elle est coquette, Isaure). 48. Je vous défends, châtelaine (LA JEUNE CHÂTELAINE). Publiée d’abord dans la Psyché, 1826, sous le titre La châ- telaine ; dans le Kaleidoscope, 1826, et dans le Chansonnier des Dames de 1828. 49. Qu’attend-il sur la route (NOTRE-DAME D’AMOUR). Cette pièce parut dans le Mémorial de la Scarpe, 1828. 50. Non ! je ne verrai plus de si belle vallée (LA VALLÉE). 51. Tristesse amère (LA FIANCÉE DU MARIN). 52. Regarde-le, mais pas longtemps (REGARDE-LE). Publiée d’abord dans le Kaleidoscope de 1827. 53. Ma sœur, il ne faut me blâmer (JE L’AI VU). Publiée dans le Mémorial de la Scarpe, 1826. 54. Puisque tu vas, Angélique (LE CALVAIRE). Publiée dans le Mémorial de la Scarpe, 1828 ; dans le Mer- cure du XIX siècle, 1829 ; dans l’Almanach dédié aux DaPOÉSIES DE 1830 125 mes de 1830 ; dans l’Almanach des Muses de 1830, sous la si- gnature" Mme Marceline Valmore, , et dans les Annales Ro- mantiques de 1830. Cette poésie se trouve aussi dans l’Album n° 9 de la Bibliothèque de Douai ; elle y est suivie de la men- tion : "Lyon, 30 mars, dimanche des Rameaux, 1828., , Mar- celine a intercalé cette romance dans Violette, le roman qu’elle publia en 1839 chez l’éditeur Dumont. 55. Que ce rameau béni protège ta demeure (L’ANGE ET LE RAMEAU). Publiée d’abord dans le Mémorial de la Scarpe, 1827 ; dans le Mercure du XIX siècle, 1828 ; dans l’Almanach des Muses de 1829 ; dans l’Almanach dédié aux Dames de 1829 ; dans le Chansonnier des Grâces de 1829. Cette poésie a été reprise dans la Couronne de Flore, 1837, sous le titre:Le rameau (Respect). 56. Ermite, votre chapelle (LE BON ERMITE). Publiée d’abord dans le Kaleidoscope, 1826 ; dans le Mémo- rial de la Scarpe, 1826 ; dans le Souvenir des Ménestrels, 1827 avec musique de A. Andrade ; dans le Chansonnier des Grâces de 1827 ; dans la Guirlande des Dames de 1828 et de 1829, avec la même musique. 57. Pour aller en Galice (PÈLERINAGE). Cette pièce parut d’abord dans le Kaleidoscope, 1827 ; dans le Mémorial de la Scarpe, 1827 ; dans le Mercure du XIXe siècle, 1827 ; dans l’Almanach des Demoiselles de 1829; dans l’Al- manach des Dames de 1829. Cette romance, qui a été repro- duite dans le Keepsake américain, 1831, se trouve encore dans Violette (Paris, Dumont, 1839). 58. Je voudrais aimer autrement (L’ESPOIR). 59. Une jeune et blanche novice (LA NOVICE, imité de Moore). 126 POÉSIES DE 1830 Publiée d’abord dans le Kaleïdoscope, 1826 ; dans la Psyché, 1826 ; dans le Mercure du XIX siècle, 1826 ; dans l’Alma- nach des Muses de 1827 ; dans le Chansonnier des Grâces de 1827 et dans l’Almanach dédié aux Dames de 1828. 60. Vous demandez si l’amour rend heureuse (L’AMOUR). 61. Eglantine ! humble fleur comme moi solitaire (ÉGLAN- TINE). Publiée dans la Guirlande des roses, 1830 ; dans le Chanson- nier des Grâces de 1831 ; dans la Couronne de Flore, 1837 (Vous persuadez mon cœur). 62. Tu t’en vas ? Reste encore (LE PRISONNIER DE GUERRE). Publiée dans le Mémorial de la Scarpe, 1829. 63. T’ai-je vu chez mon père (RÉPONDS-MOI). Dans l’Album n°9 de la Bibliothèque de Douai, cette poésie est datée du "Lundi 20 juillet 1829. Sainte Marguerite 64. Mon seul amour ! embrasse-moi (LE DERNIER RENDEZ- VOUS). Publiée dans le Mémorial de la Scarpe, 1829.