Bibliothèque historique et militaire/Essai sur la tactique des Grecs/Préface

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Essai sur la tactique des Grecs
Anselin (1p. 7-8).


Si vis pacem para bellum.


C’est la première fois que l’on essaie de réunir dans une même collection les meilleurs ouvrages qui traitent de l’art militaire. Ce travail est fait par deux hommes de lettres ; et comme ils ne sont étrangers ni l’un ni l’autre à la science des armes, ils comprennent tout ce que cette tâche offre de difficile, tout ce qu’il y a d’honorable pour eux à la remplir convenablement. Les témoignages flatteurs qu’ils reçoivent chaque jour, et dont ils feraient un volume, prouvent assez qu’ils ont deviné un des besoins de l’époque, et que les encouragemens des gens éclairés ne leur manqueront pas. Jamais, on peut le dire, publication n’aura paru sous des auspices plus favorables.

Il n’est peut-être pas inutile de répéter ici que les anciens ont été nos maîtres dans l’art de la guerre, cette science sublime qui embrasse à elle seule la philosophie, la morale, la politique, l’histoire, les mathématiques et l’astronomie. C’est à cette vieille école que se sont formés les plus grands capitaines, et l’on verra que la différence qui existe entre nos armes et celles dont les anciens faisaient usage, n’a pas apporté dans les méthodes, des changemens aussi considérables qu’on le pense communément. Les ouvrages qu’ils nous ont laissés, et dans lesquels les grandes opérations de l’offensive et de la défensive sont développées avec un ordre admirable, offrent une lecture aussi instructive qu’intéressante. Xénophon, Polybe, César, Arrien, animent pour ainsi dire les mouvemens qu’ils décrivent, tant ils le font avec justesse ; les harangues de Périclès, dans Thucydide, suffiraient seules pour former un homme d’état.

Les feuilles qui précèdent ces livres immortels, sont le relevé de quelques notes écrites par l’un des éditeurs, et pour son usage, vers une époque déjà éloignée. On doit les considérer comme une simple préface, ou si l’on veut comme une introduction. Les personnes qui ont fait quelque étude des historiens militaires, et pour qui ces notes deviennent une réminiscence, comprendront encore les motifs qui ont pu engager à les placer ici, et surtout pourquoi l’on s’est attaché de préférence aux ordres de bataille. Cette matière n’est certainement pas neuve ; toutefois on sait qu’en fait de livre de science, il ne s’agit pas de reconnaître si l’auteur répète ce qu’on a dit avant lui, mais bien s’il en présente une application juste, s’il sait le rendre plus lumineux, s’il y a joint enfin quelques vues nouvelles.


Charles LISKENNE.