Bibliothèque historique et militaire/Histoire générale/Préface de l’éditeur

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Histoire générale
Texte établi par Jean-Baptiste Sauvan, François Charles LiskenneAsselin (Volume 2p. 343-344).

Polybe avait composé : 1o la Vie de Philopœmen ; 2o Une Histoire de la guerre de Numance ; 3o Un livre sur la Tactique ; 4o Un Traité sur les habitans de l’Équateur ; 5o enfin une Histoire générale en quarante livres.

De tous ces ouvrages, il ne reste que le dernier, et encore n’en possédons-nous que les cinq premiers livres qui soient tels que Polybe les avait écrits. Au dixième siècle, lorsque cette histoire existait encore dans son entier, Constantin Porphyrogénète en fit faire un extrait pour l’insérer dans ses Pandectes politiques, vaste compilation qui comprenait, sous des classifications diverses, tout ce que les anciens écrivains avaient produit de plus important. Ce dessein, qui semblait devoir étendre le cercle de nos connaissances, nous devint funeste ; on négligea bientôt de copier les originaux quand on put recourir à ces abrégés.

Les années 220 et 167 avant notre ère sont les limites de l’espace qui se trouve parcouru dans cette histoire ; c’est-à-dire qu’elle s’étend depuis le commencement des guerres puniques jusqu’à la fin de celle de Macédoine. Les deux premiers livres, sorte d’introduction, présentent en résumé le tableau des événements antérieurs à l’année 220.

On n’a retrouvé que deux titres des extraits de Constantin Porphyrogénète, les Ambassades et les Exemples de vices et de vertus. Ils concourent, ainsi que plusieurs fragmens, à remplir, cette déplorable lacune du cinquième livre au quarantième. Ces fragmens, rassemblés avec soin, ont été beaucoup augmentés par le savant Schweighæuser qui donna en 1789 l’édition la plus complète de Polybe. L’abbé Mai a fait depuis de nouvelles additions ; car les débris de Polybe sont des trésors pour ceux qui savent le comprendre, et l’on s’est occupé de rechercher les passages de cet historien cités par les auteurs dont les ouvrages nous sont parvenus. Cette édition contiendra de plus un document curieux, imprimé à Londres il y a trente ans, et sur lequel nous nous expliquerons ailleurs.

Polybe, né à Mégalopolis, ville d’Arcadie (552 de Rome, 202 avant notre ère), était fils de Lycortas qu’on avait nommé chef de la ligue Achéenne, après Aratus et Philopœmen. Plutarque nous apprend que Polybe fut formé aux fonctions publiques par les leçons et les exemples de Philopœmen, et qu’aux funérailles de ce grand homme, il porta l’urne qui renfermait ses cendres.

Lorsque la guerre éclata entre les Romains et Persée, roi de Macédoine, il fut d’abord d’avis de garder la neutralité ; il prit néanmoins le commandement d’un corps de cavalerie achéenne envoyé au secours des Romains.

En 166, il vint à Rome avec mille de ses compatriotes accusés, ainsi que lui, de s’être montrés peu dévoués à la cause des Romains dans cette même guerre de Macédoine. Grâce aux bons offices des deux fils de Paul-Émile, Polybe put rester à Rome auprès d’eux ; plus tard, il obtint la liberté de ses compagnons d’infortune dispersés dans l’Italie.

Il accompagnait, au siége de Carthage, le second Scipion l’Africain, dont il était devenu le maître et l’ami, lorsqu’il accourut en Grèce pour sauver sa patrie du désastre qui la menaçait. Il eut la douleur de n’arriver qu’après la prise de Corinthe.

On trouve dans Lucien ces paroles qui forment le seul renseignement que nous possédions sur la mort de ce grand historien : « Polybe, fils de Lycortas, Mégalopolitain, revenait de la campagne ; il tomba de cheval, fut malade et cessa de vivre à l’âge de quatre-vingt-deux ans. » Nous devons ajouter que ses concitoyens lui élevèrent des statues.

La traduction que nous publions est celle de dom Thuillier. On sait qu’il y travailla sous les yeux de Folard, et il faut avouer qu’avec l’aide d’un pareil guide, le docte bénédictin devait produire un chef-d’œuvre en ce genre, si l’esprit systématique de Folard ne l’eût souvent égaré.

Nous avons profité de toutes les critiques ; nous y avons joint nos faibles lumières, et, si cette traduction n’est pas exempte de défauts, au moins pouvons-nous dire avec confiance qu’elle s’est beaucoup améliorée.