Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850/O

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OCHER DE BEAUPRÉ (André-François)[modifier]

né aux Sables-d’Olonne le 22 novembre 1776 il fit partie à 16 ans (1793) d’un bataillon de première réquisition du département de la Vendée, en qualité de sous-lieutenant. Il quitta le service à l’incorporation de ces corps, et y rentra en 1799 comme sous-lieu tenant de la Légion de la Loire ; fut aide-de-camp du général d’Houdetot et chef de bataillon au 82e d’infanterie ; servit à la Martinique, où il se distingua contre les Anglais en 1815, sous les ordres du général Lauriston, et mérita le grade de chef de bataillon au 82e régiment. Prisonnier de guerre avec toute la garnison de l’île à la capitulation du 24 février 1809, il fut conduit sur les pontons d’Angleterre, et pendant cinq ans y souffrit les plus affreuses privations.

Rendu à sa patrie à la paix de 1814, le commandant Ocher de Beaupré, replacé au 43e de ligne, reçut la croix de la Légion-d’Honneur et servit comme adjoint à l’état-major du 2e corps d’armée en 1815.

À Waterloo, M. Ocher de Beaupré était aide-de-camp du prince Jérôme Bonaparte, ex-roi de Westphalie. En 1827, il avait été lieutenant-colonel aux 4e et 49e de ligne, il fut nommé colonel du 51e qu’il laissa à la Guadeloupe, puis du 30e, à la tète duquel il fit, en 1830, partie de l’expédition d’Alger ; sous ses ordres, ce brave régiment, que Paris possède aujourd’hui (1850) dans ses murs, prit part au combat de Sidi-Kalef et aux opérations qui précédèrent la prise d’Alger, ainsi qu’aux combats de Blidah et de Médéah, qui valurent à son chef la croix de commandeur le 27 décembre 1830.

En 1831, il fut promu au grade de maréchal de camp (2 avril). De retour en France, il commanda en cette qualité les départements du Tarn-et-Garonne et celui de Loir-et-Cher.

Placé dans la section de réserve en 1839 et admis à la retraite en avril 1848, il s’était retiré dans sa famille, à Blois, où il est mort le 8 février 1850. Le général Ocher de Beaupré était frère de l’officier général d’artillerie de ce nom et beau-frère de l’amiral Duperré.

OLIVIER (Jean-Baptiste), baron[modifier]

né sous les drapeaux du régiment, à Strasbourg (Bas-Rhin), le 25 décembre 1765.

Entré dans la carrière des armes le 1er juillet 1770, en qualité de soldat dans le 35e régiment, ci-devant Aquitaine, il fut fait caporaï le 1er janvier 1782, sergent le 15 juin 1785, adjudant-major au 4e bataillon de la Moselle le 25 août 1791, chef de bataillon le 15 juin 1792, et général de brigade le 19 septembre 1793. Le 26 juin 1794, il monta dans le premier aérostat qui fut lancé avant la bataille de Fleurus, commanda une brigade pendant cette journée, et y mérita de tels éloges, que, pour en conserver le souvenir, il fit donner à son fils le nom de Fleurus. Le général Olivier commanda en l’an IV la cavalerie de la division Grenier.

Au nombre des faits d’armes qui lui ont fait bien mériter de la patrie, on cite le passage de la Lahn, où il chargea l’arrière-garde ennemie, la culbuta, la poursuivit avec impétuosité et lui fit 130 prisonniers ; le combat de Rauch-Eberach où, chargé par le général Jourdan de débusquer un corps ennemi, il se précipita à l’instant sur lui, le battit et le mit en fuite ; la prise et le combat de Subbach, où il s’établit, puis contraignit l’ennemi de se retirer el d’aller chercher un refuge derrière les rochers. On cite la brillante défense de la tête du pont de Neuwied, qu’il fit à l’armée de Moselle en octobre 1796 ; la prise audacieuse des redoutes et du village de Bendorff, où il se signala en avril 1797, à l’armée de Sambre-et-Meuse, celle plus importante et plus difficile de Vetzlar, qu’il fit avec sa brigade seule, aussi en avril 1797. Ce dernier fait d’armes lui valut le grade de général de division. On cite encore les succès qu’il obtint avec sa division en 1798, sur les rebelles de la Calabre, qu’il battit et dispersa complètement après leur avoir pris 35.000 fusils ; et les services qu’il rendit à l’armée lors de la retraite dirigée par Macdonald. Le 24 prairial an XII, il rencontra un parti autrichien à San-Veneizo, le chargea jusqu’à un mille de Modène, le culbuta et lui fit un grand nombre de prisonniers. Le 30, il fut blessé en combattant courageusement près de Plaisance ; on cite enfin les prodiges de valeur que fit le général Olivier à la bataille de la Trébia où sa division appuyait la gauche de la ligne de bataille, et où il eut une jambe emportée par le dernier boulet français au moment où il prodiguait ses soins aux blessés sur le champ de bataille.

Lorsqu’il fut de retour en France et en état de reprendre du service, le premier Consul lui confia une inspection générale (21 pluviôse an VIII), et il s’acquitta de ces nouvelles fonctions depuis 1800 jusqu’à la suppression du comité central des revues en 1806. Il a développé dans ce comité le caractère franc, ferme et judicieux qu’il a toujours eu, et il s’y est acquis l’estime et l’attachement de ses collègues et de ses subordonnés.

Dans le mois de floréal an X, il partit pour l’Étrurie, se rendit dans la République italienne en l’an XII, fut mis en disponibilité en l’an XIII et commanda la 20e division militaire.

Le général Olivier était à cette époque baron de l’Empire, grand officier de la Légion-d’Honneur, chevalier de l’ordre de la Couronne de Fer.

Le 4 avril 1809, il reçut le commandement de la 16e division militaire, fut employé près du corps d’armée rassemblé sur l’Escaut le 8 août, servit à l’armée du Nord le 26 septembre de la même année, et se rendit à Lille, chef-lieu de son gouvernement. Il était en tournée pour le service de sa division lorsqu’il mourut au château de Saint-André, à Witernesse, le 21 octobre 1813, emportant dans la tombe l’estime et les regrets de tous. La ville entière accompagna ses restes à sa dernière demeure.


ORDENER (Michel), comte[modifier]

né le 2 septembre 1755, à Saint-Avold (Moselle), entra dans les dragons de la légion de Condé le 1er janvier 1773, brigadier le 7 novembre 1776 ; il passa, le 9 décembre, avec son grade et un escadron, après la suppression de la légion, dans les dragons de Boufflers, et repassa, avec le même escadron, au 4e de chasseurs à cheval, devenu 10e.

Ordener obtint tout son avancement dans ce corps ; maréchal-des-logis le 1er septembre 1785, adjudant le 23 mai 1787, sous-lieutenant le 25 janvier 1792, lieutenant le 23 mai suivant, capitaine le 1er mai 1793, chef d’escadron le 9 thermidor an II, et chef de brigade le 30 fructidor an IV ; il fit les campagnes des années 1792 et 1793 à l’armée du Rhin et de la Moselle, et donna des preuves multipliées d’une brillante valeur dans les guerres de l’an II à l’an VIII aux armées du Rhin, des Alpes, d’Italie, d’Angleterre et du Danube.

Nommé chef de brigade des grenadiers à cheval de la garde des Consuls, le 29 messidor an VIII, il fut souvent cité avec éloges par les divers généraux commandant les divisions dont son régiment fit partie.

Dans cette campagne, l’intrépide Ordener fit environ 6.000 prisonniers, prit 26 bouches à feu, la majeure partie de leurs caissons, 7 drapeaux ou étendards, environ 200 chariots chargés d’équipages, au moins 2.400 chevaux ; il eut 7 chevaux tués sous lui, reçut huit coups de sabre, dont cinq sur la tête, à l’affaire de Valevau, le 27 thermidor an VII, et trois coups de feu qui, quoique assez graves, ne le mirent pas hors d’état de pouvoir continuer ses services : le seul inconvénient qui résulta de ses blessures fut une surdité périodique provenant d’un coup de boulet qui lui enleva la face droite.

Promu général de brigade le 11 fructidor an XI, membre de la Légion-d’Honneur le 19 frimaire an XII, il reçut du ministre de la guerre, le 20 ventôse, l’ordre de se porter sur la ville d’Ettenheim pour y opérer l’arrestation du duc d’Enghien. Le général Ordener y arriva le 25, et fit cerner, de concert avec le général Fririon. la maison du prince, par un détachement de gendarmerie et une partie du 22e de dragons. À cinq heures et demie, les portes furent enfoncées et le duc emmené au moulin près la Tuilerie ; on enleva ses papiers, on les cacheta, et l’on conduisit le prince dans une charrette, entre deux haies de fusiliers, jusqu’au Rhin.

Voici l’ordre que reçut à ce sujet le général Ordener du ministre de la guerre :

Paris, le 20 ventôse an XII.

« En conséquence des dispositions du gouvernement qui met le général Ordener à celles du ministre de la guerre, il lui est ordonné de partir en poste de Paris, aussitôt après la réception du présent ordre, pour se rendre le plus rapidement possible, et sans s’arrêter un instant, à Strasbourg. Il voyagera sous un autre nom que le sien. Arrivé à Strasbourg, il verra le général de la division. Le but de la mission est de se porter sur Ettenheim, de cerner la ville, d’enlever le duc d’Enghien, Dumouriez, un colonel anglais et tout autre individu qui serait à leur suite. Le général commandant la 5e division, le maréchal-des-logis qui a été reconnaître Ettenheim, ainsi que le commissaire de police, lui donneront tous les renseignements nécessaires.

« Le général Ordener donnera ordre de faire partir de Schelestadt 300 hommes du 26e de dragons qui se rendront à Rheinau, où ils arriveront à huit heures du soir. Le commandant de la 5e division enverra 11 pontonniers à Rheinau, qui y arriveront également à huit heures du soir, et qui, à cet effet, partiront en poste sur les chevaux d’artillerie légère. Indépendamment du bac, il se sera assuré qu’il y avait là quatre ou cinq grands bateaux, de manière à pouvoir passer d’un seul voyage 300 chevaux. Les troupes prendront du pain pour quatre jours, et se muniront d’une quantité de cartouches suffisante. Le général de la division y joindra un capitaine, un lieutenant de gendarmerie et une trentaine de gendarmes. Dès que le général Ordener aura passé le Rhin, il se dirigera droit à Ettenheim, marchera droit à la maison du duc d’Enghien et à celle de Dumouriez. Après cette expédition terminée, il fera son retour sur Strasbourg.

« En passant à Lunéville, le général Ordener donnera ordre que l’officier de carabiniers, qui aura commandé le dépôt à Ettenheim, se rende à Strasbourg, en poste, pour y attendre ses ordres. Le général Ordener, arrivé à Strasbourg, fera partir, bien secrètement, deux agents soit civils, soit militaires, et s’entendra avec eux pour qu’ils viennent à sa rencontre. Le général Ordener est prévenu que le général Caulaincourt doit partir avec lui pour agir de son côté. Le général Ordener aura soin que la plus grande discipline règne, que les troupes n’exigent rien des habitants. S’il arrivait que le général Ordener ne pût pas remplir sa mission, et qu’il eût l’espoir, en séjournant trois ou quatre jours et en faisant des patrouilles, de réussir, il est autorisé à le faire. Il fera connaître au bailli de la ville, que, s’il continue à donner asile aux ennemis de la France, il s’attirera de grands malheurs. Il donnera l’ordre au commandant de Neuf-Brisac de faire passer 100 hommes sur la rive droite du Rhin, avec deux pièces de canon. Les postes de Kehl, ainsi que ceux de la rive droite, seront évacués aussitôt que les deux détachements auront fait leur retour.

« Le général Ordener, le général Caulaincourt, le général commandant de la 5e division, tiendront conseil et feront les changements qu’ils croiront convenables aux présentes dispositions. S’il arrivait qu’il n’y eût plus à Ettenheim, ni Dumouriez, ni le duc d’Enghien, le général Ordener me rendra compte, par un courrier extraordinaire de l’état-des choses, et il attendra de nouveaux ordres. Le général Ordener requerra le commandant de la 5e division de faire arrêter le maître de poste de Kehl, et les autres individus qui pourraient donner des renseignements.

« Je remets au général Ordener une somme de 12.000 francs, pour lui et le général Caulaincourt. Vous demanderez au général commandant la 5e division militaire que, dans le temps où vous et le général Caulaincourt ferez votre expédition, il fasse passer 300 hommes de cavalerie à Kehl avec quatre pièces d’artillerie légère. Il enverra aussi un poste de cavalerie légère à Wilstadt, point intermédiaire entre les deux routes.

« ALEX. BERTHIER. »

Cet ordre que le ministre de la guerre envoyait au général Ordener était la copie, presque littérale de celui qu’il avait lui-même reçu du premier Consul, sous la date du 19 ventôse.

Après avoir opéré l’arrestation du duc d’Enghien, Ordener ne prit aucune part soit directe soit indirecte au jugement et à l’exécution de ce prince. On lit dans le tome II des Mémoires de Sainte-Hélène cette note écrite de la main de Napoléon- : « Caulaincourt, mon aide-de-camp, a dû obéir aux instructions que Berthier et Talleyrand, ministre des relations extérieures, étaient chargés de lui donner pour la mission qui lui était confiée : 1° de confondre les trames ourdies par les ministres anglais sur la rive droite du Rhin ; 2° s’assurer de la personne et des papiers de la baronne de Reich et de ses complices, qui tramaient à Offenbourg le renversement du gouvernement consulaire et la mort du premier Consul ; 3° inspecter et activer l’armement de la flottille ; 4° faire remettre à la cour de Bade des explications sur la violation de son territoire, aussitôt qu’Ordener se serait saisi du duc d’Enghien. Ordener a dû obéir à l’ordre de passer le Rhin avec 300 dragons et d’enlever le prince. »

Nommé commandeur de la Légion-d’Honneur le 25 prairial an XII, Ordener fit, avec la cavalerie de la garde, la campagne de l’an XIII sur les côtes de l’Océan, et passa, en vendémiaire, à la grande armée. Dans la guerre d’Autriche, ce général soutint sa réputation, et fit des prodiges de valeur à la bataille d’Austerlitz.

Promu général de division le 4 nivôse an XIV, il continua à commander les grenadiers à cheval de la Garde. Appelé au Sénat le 20 mai 1806, et nommé commandant de l’ordre de la Couronne de Fer, il obtint sa retraite le 25 octobre suivant.

Napoléon créa le général Ordener comte de l’Empire en 1808, et le nomma gouverneur du palais impérial de Compiègne l’année suivante. Il y mourut, cette année même, dans l’exercice de ses fonctions le 30 août 1811.

Son nom est inscrit sur l’arc de triomphe de l’Étoile, côté Ouest.


ORDONNEAU (Louis), baron[modifier]

né le 25 juillet 1770 à Saint-Maurice (Charente-Inférieure), appartient à une famille de cultivateurs de la Saintonge. Il exerçait la profession de commis-marchand, lorsqu’il entra, le 14 juillet 1789, dans la garde nationale de Bordeaux, d’où il fut congédié le 6 septembre 1791.

Il vint à Paris, reprit du service comme grenadier dans le 1er bataillon de la Butte des Moulins, le 5 septembre 1792, et passa, le 29 octobre, dans les chasseurs à pied de Mormal, où il fut nommé sergent-major le 11 novembre suivant.

Ce bataillon forma, le 16 du même mois, le 4e bataillon franc qui fut incorporé plus tard dans la 32e demi-brigade d’infanterie légère.

De 1792 à l’an IX, Ordonneau fit toutes les campagnes de la Révolution aux armées du Nord, de Sambre-et-Meuse, des côtes de Brest et de Cherbourg, des Alpes, d’Italie, de Naples et Gallo-Bataves.

Il fut proclamé sous-lieutenant par le choix de ses camarades le 7 février 1793, devint lieutenant à l’ancienneté le 22 vendémiaire an II, et passa, le 1er nivôse suivant, en qualité d’aide-de-camp, auprès du général Duhesme, qui, dans sa réponse du 5 ventôse an III, aux renseignements exigés par le décret de la Convention nationale du 29 frimaire de la même année, s’exprimait ainsi sur le compte du lieutenant Ordonneau : « Est bon républicain, patriote attaché à la Révolution, connaît les manœuvres de l’infanterie et surtout le service des avant-postes ; a un coup-d’œil exercé aux positions et beaucoup d’activité. Sait lire, écrire et calculer, a en outre de la capacité, de l’intelligence et de la bravoure dans le service d’aide-de-camp, qu’il fait auprès de moi depuis le 20 octobre 1793 (vieux style). »

Le 2 prairial an II, devant Prischy, Ordonneau traversa l’armée ennemie pour aller porter un ordre ; son escorte fut tuée ou prise, mais, bravant le danger qui le menaçait, il traversa seul la ligne ennemie pour venir rendre compte de sa mission.

Le 12, devant Landrecies, il fut blessé d’un coup de biscaïen à la jambe droite, et reçut, le 10 messidor suivant, à l’affaire de Braine-le-Comte, un coup de feu à la tête et eut son cheval tué sous lui.

Dans la nuit du 9 au 10 brumaire an III, à la tête d’un escadron du 3e régiment de chasseurs à cheval, il reprit sur l’ennemi, devant le fort Saint-Pierre, une batterie de canons, fit 90 prisonniers, et eut un cheval tué sous lui par cinq coups de feu.

Capitaine le 25 frimaire an IV, il fut nommé, sur la demande du général Championnet, chef d’escadron le 27 pluviôse de la même année.

À l’attaque d’Andria, le 3 germinal suivant, il monta à l’assaut à la tète de la colonne du centre qu’il commandait. Le 7 brumaire an VIII, à l’attaque que le général Duhesme fit faire du camp retranché de Bussolino, près de Suze, le commandant Ordonneau tourna la position par le sommet des montagnes avec les grenadiers des 25e, 26e et 107e demi-brigades. Il arriva avec tant de promptitude sur les derrières de l’ennemi, qu’il détermina le succès de la journée et la déroute d’une colonne de 4.000 Autrichiens, après avoir fait prisonniers 400 hommes qui défendaient une redoute dont il s’empara.

À l’affaire de Neukerchen, le 30 frimaire an IX, il rendit de grands services. La division Duhesme, alors peu nombreuse, tenait, en avant de ce bourg, une position où elle combattait avec opiniâtreté depuis quatre ou cinq jours. Le général autrichien Kleneau, qui avait éprouvé un échec à Nuremberg, se contenta de laisser quelques troupes devant la division du général Barbou, et joignit la majeure partie de ses forces à celles qui se trouvaient en présence de la division Duhesme. Une colonne de 5.000 hommes fut alors détachée pour tourner cette division, tandis que le corps principal devait l’attaquer de front. Le peu de cavalerie qu’avait le général Duhesme ne lui permettait pas de s’éclairer au loin, de sorte que la colonne ennemie qui filait en silence sur ses derrières, était déjà maîtresse d’Etzel et interceptait les communications avec Fortheim, lorsqu’on l’aperçut. Le commandant Ordonneau, avec 150 hommes de la 29e légère, se porta aussitôt à la rencontre de cette colonne. Ce mouvement fut exécuté avec tant d’audace et d’intrépidité qu’il déconcerta l’ennemi, le força à rebrousser chemin pendant une demi-heure et donna le temps au général Duhesme de faire ses dispositions et de se retirer en bon ordre. Cette manœuvre hardie empêcha la division française, forte seulement de 3.500 hommes, d’être entamée ou forcée par un corps ennemi de 14 à, 15.000 hommes, qui, avant l’action, l’avait presque entièrement tournée.

Par arrêté du 29 prairial an X, le premier Consul décerna un sabre d’honneur au commandant Ordonneau.

Employé dans la 19e division militaire, de l’an X à l’an XII, cet officier supérieur fut classé comme membre de droit dans la 12e cohorte de la Légion-d’Honneur, et en fut nommé officier le 25 prairial an XII.

L’Empereur le désigna, en outre, pour faire partie du collège électoral du département de Saône-et-Loire.

Il fut, de l’an XIV à 1807, en Italie, et fut nommé, le 23 août de cette dernière année, au grade d’adjudant-commandant.

Employé à l’armée de Catalogne de 1808 à 1813, il s’y distingua encore au siège de Tarragone et aux affaires du col d’Ordal et de Villa Franca.

Promu au grade de général de brigade le 28 juin 1813, et maintenu à l’armée de Catalogne par décision du 1er septembre de la même année, il attaqua et dispersa, près de San Estevan, les corps de Manso et de Calatrava.

Rappelé en France en 1814, il prit le commandement d’une des brigades de la division Meunier, à l’armée de Lyon. Le 19 février. À la prise de Bourg (Ain), il fut blessé d’un coup de feu à la jambe droite, et reçut une forte contusion à l’épaule droite le 11 mars suivant devant Maçon.

Après l’abdication de l’Empereur, le général Ordonneau fut fait chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis le 29 juillet 1814, et fut nommé commandant supérieur de l’île de Ré le 31 août suivant. Louis XVIII lui accorda des lettres de noblesse et le titre de baron au mois de janvier 1815, et le 14 février suivant il le fit commandeur de la Légion-d’Honneur. Le général Ordonneau qui avait conservé son commandement pendant les Cent-jours, fut mis en disponibilité le 29 octobre 1817 ; mais il fut bientôt rappelé à l’activité et employé comme commandant de la lre subdivision de la 19e division militaire. Il fut promu au grade de grand officier de la Légion-d’Honneur le 1er mai 1821.

Commandant de la 3e brigade de la 3e division du 2e corps de l’armée des Pyrénées, il fit la campagne d’Espagne en 1823, fut nommé lieutenant-général le 3 octobre, et reçut la plaque de 4e classe de l’ordre de Saint-Ferdinand le 22 novembre de la même année.

Nommé commandeur de Saint-Louis le 29 octobre 1826, il commanda en 1828 une division au camp de Saint-Omer et fut mis en disponibilité en 1829.

En 1835, le baron Ordonneau a été placé dans le cadre de vétérance des officiers généraux, et il fait aujourd’hui partie de celui de réserve créé par la loi de 1839.


ORLÉANS (Ferdinand-Philippe-Louis-Charles-Henri-Joseph) de BOURBON, duc d'[modifier]

fils aîné de Louis-Philippe, roi des Français, et de Marie-Amélie, fille de Ferdinand IV, roi des Deux-Siciles ; il naquit à Palerme le 3 septembre 1810 et reçut en naissant le titre de duc de Chartres. Le jeune prince avait 3 ans au moment de la chute de Napoléon ; son père le confia d’abord aux soins du très-estimable M. de Boismilon, puis il le plaça au collège de Henri IV en 1819 ; il voulut qu’il reçût une éducation libérale, sur le pied de la plus complète égalité avec les autres élèves. Il fit de brillantes études et suivit les cours de l’École polytechnique ; après un voyage en Angleterre et en Écosse en 1819, il alla rejoindre à Lunéville le 1er régiment de hussards, dont il venait d’être nommé colonel par Charles X. Il était en garnison à Joigny quand éclata la Révolution de 1830 ; le duc de Chartres fit arborer la cocarde tricolore à son régiment et l’amena en toute hâte au secours des Parisiens insurgés ; arrêté provisoirement à Montrouge, et bientôt relâché, mais après avoir couru les plus grands dangers, il entra le 3 août dans Paris à la tête de son régiment, et devint bientôt duc d’Orléans et Prince royal. Un an après, il partit résolument avec son jeune frère le duc de Nemours, pour aller faire ses premières armes sous le maréchal Gérard ; on sait du reste que cette campagne ne fut guère qu’une promenade militaire. Entrés en Belgique en 1831, les princes s’empressèrent de visiter la plaine de Jemmapes, où leur père avait combattu en 1792.

Lors de l’insurrection de Lyon en novembre 1831, le prince royal alla avec le maréchal Soult au sein de cette ville ensanglantée, pour ramener à des sentiments d’ordre les populations ouvrières exaspérées par la misère. Il était à peine de retour à Paris que l’invasion du choléra lui offrit une nouvelle occasion de dévouement ; il paya de sa personne et se rendit à l’Hôtel-de-Ville au moment où le fléau sévissait avec le plus d’intensité ; cet acte de courage lui valut une médaille que lui décerna le conseil municipal de Paris.

Quelques mois plus tard, le duc d’Orléans rentra en Belgique avec le commandement de la brigade d’avant-garde de l’armée du Nord. Le 20 novembre 1832, il était devant la citadelle d’Anvers ; il commanda la tranchée dans la nuit du 29 au 30 novembre, et son nom fut cité avec un éloge mérité dans le bulletin du lendemain. À l’attaque meurtrière de la lunette Saint-Laurent, il s’élança sur le parapet au milieu d’une grêle de projectiles de toute espèce pour diriger l’action et stimuler le courage de nos soldats.

Le duc d’Orléans se rendit en 1835 sur la terre d’Afrique, fit avec éclat la rude campagne de cette année et prit une part glorieuse au combat de l’Habrah, où il fut blessé, et à la prise de Mascara.

En 1836, il fit avec son frère Nemours, un voyage en Prusse ; c’est à la suite de ce voyage qu’il devint l’époux de la duchesse Hélène-Louise-Élisabeth de Mecklembourg-Schwerin, née le 24 janvier 1814, et fille de Frédéric-Louis, grand-duc héréditaire de Mecklembourg—Schwerin. Cette union fut célébrée le 30 mai 1837 ; des fêtes brillantes furent commencées. On sait l’affreuse catastrophe qui vint les interrompre. Le jeune prince consacra plus de 500.000 francs à soulager toutes les infortunes qui lui furent signalées.

Malgré mille résistances qu’il eut à vaincre, il retourna en Afrique et y fit une nouvelle campagne. L’armée sous ses ordres, passa à Djimilah les Portes de Fer, réputées infranchissables, et offrit à son jeune général cet arc de triomphe jeté par les Romains au milieu du désert. En mars 1840, le duc d’Orléans partit encore une fois pour l’Algérie, emmenant avec lui le duc d’Aumale, son jeune frère, dont il devait diriger les premiers travaux militaires. Aux combats de l’Affroun, de Londger, du bois des Oliviers, il déploya une intrépidité peu commune : chargé de diriger les dispositions d’attaque à la prise du Teniah de Mouzaïa, il commanda en personne la colonne attaquant la position de front, et eut la gloire de planter sur ces hauteurs la bannière tricolore de la France.

Rappelé en France après cette campagne, le duc d’Orléans consacra ses soins à l’agrandissement des forces militaires du pays et à l’amélioration physique et morale des soldats. Il organisa à Saint-Omer les chasseurs de Vincennes, devenus chasseurs d’Orléans et redevenus chasseurs de Vincennes à pied. Il jeta les bases d’une Histoire des Régiments, entreprise par ordre du ministre de la guerre, et écrivit en partie celle de deux régiments qui s’étaient trouvés sous ses ordres. Les arts et les lettres occupaient également ses loisirs, et trouvaient en lui un protecteur intelligent.

Une affreuse catastrophe brisa tout à coup cette existence si noblement remplie. De retour de Plombières, où il venait de conduire la duchesse d’Orléans, le prince royal se disposait à partir pour Saint-Omer, où il devait passer en revue une partie de l’armée d’opération sur la Marne, dont il venait de recevoir le commandement en chef, quand il se rendit le 13 juillet 1842 à Neuilly pour faire ses adieux à sa famille. Les chevaux de sa calèche s’étant emportés, le prince voulut s’élancer de la voiture et se brisa la tête sur le pavé ; quelques heures après il rendait le dernier soupir.

De son mariage avec la princesse Hélène sont nés : Louis-Philippe-Albert d’Orléans, comte de Paris, prince royal, le 24 août 1838, et Robert-Philippe-Louis-Eugène-Ferdinand d’Orléans, duc de Chartres, le 9 novembre 1840.


OSTEN (Pierre-Jacques)[modifier]

naquit à Menin, dans la Flandre Occidentale, le 4 avril 1759. Lorsque les Belges, armés pour la défense de leurs droits, opposèrent toutes leurs forces aux troupes de l’empereur d’Autriche, il prit une part active aux mouvements qui agitaient les Pays-Bas autrichiens, et fut fait sous-lieutenant au ler régiment des chasseurs de Namur par les États assemblés, le 21 novembre 1789.

Employé à l’armée de Brabant, sous les ordres de Vandermersch, Osten s’y fit remarquer et y devint capitaine le 1er avril 1790. Au premier cri de guerre qui se fit entendre sur nos frontières menacées par les coalisés, Osten quitta sa patrie. Ce fut la France qu’il choisit pour la remplacer : et ce fut dans les rangs de ses frères adoptifs qu’il alla combattre les Autrichiens à l’armée du Nord, commandée par Lucker.

Le 3 août 1792, on le nomma chef de bataillon des chasseurs français, ci-devant belges, dans la division du général Rozières.

À la tête de 400 de ces chasseurs et de 100 hussards d’Esterhazy, il se rendit maître successivement de Pont-Rouge, Warneton, Commines et Werwick, sur la rive gauche de la Lys (pays autrichien), puis, s’empara du pont de cette dernière place, selon les intentions du maréchal, qui le traversa au point du jour avec son armée. Le chef de bataillon Osten eut ordre de se rendre à la division Valence, concourut à la prise de Courtrai, et enleva avec son détachement la première pièce de canon qui fut prise pendant la campagne.

Passé dans la division Jarry, il s’y fit bientôt remarquer en emportant les villages de Harlebek, de Kurne, et en brûlant le pont sur la Lys, position qu’il occupa jusqu’au 1er juillet. Il servit ensuite sous les ordres du général Labourdonnaie. Pendant le bombardement de Lille, il reprit le Quesnoy sur la Deule, marcha sur Deulémont et Pont-Rouge, dont il s’empara, et s’y maintint malgré les différentes attaques de l’ennemi. Le 4 novembre de la même année, Osten partit du camp de Cisoing, rentra dans la Belgique pour la seconde fois, reprit Werwick, passa par le Pont-Rouge, et arriva devant la place de Warneton où il attaqua l’ennemi, le mit en déroute et lui fit 40 prisonniers.

Nommé chef de brigade de deux bataillons de chasseurs belges le 1er janvier 1793, il commanda, à l’époque de l’invasion de la Belgique, les troupes du général Lamarlière. Après la reddition du château d’Anvers, au siège duquel il avait combattu, il passa avec ses troupes sous les ordres du général Berneron, concourut à la prise de Klunder et assista au bombardement de Willemstadt. Chargé du commandement de l’arrière-garde, lors de la retraite de l’armée, le chef de brigade Osten prit position à Steeinworden, près Cassel, du 1er au 2 avril. Employé successivement sous les ordres des généraux O’Moran, Dampierre, Lamarche, Custine et Houchard, il donna dans toutes les circonstances des preuves d’une grande valeur.

Le 2 brumaire an II, il fit une forte reconnaissance sur le camp de Cisoing pour favoriser l’attaque du général Souham sur Menin. Il combattit pendant cinq jours avec acharnement, força le camp du duc d’Yorck, le contraignit de se retirer sur Tournai, et chargea ensuite la cavalerie impériale. Assailli pendant l’action par deux dragons ennemis, il en tua un, mit l’autre en fuite, reçut une blessure à la main, puis eut un cheval tué sous lui.

Élevé au grade de général de brigade, Osten marcha sur Ath avec ses troupes, comme flanqueurs de la droite de l’armée, le 22 messidor.

Pichegru l’ayant chargé d’aller bloquer Condé et Valenciennes, il exécuta l’ordre qu’il avait reçu malgré les attaques réitérées de l’ennemi. À l’arrivée du général Scherer, qui venait de faire le siège du Quesnoy, il partit pour aller assiéger la citadelle de Valenciennes. Trois fortes redoutes situées sur les glacis défendaient cette forteresse. Le 10 fructidor, après avoir facilité à l’ingénieur les moyens d’ouvrir la tranchée, il attaqua la redoute du centre, enleva le village à la baïonnette, se précipita le premier dans le fossé, arracha les premières palissades et s’empara des trois redoutes et du village d’Anzin.

S’étant rendu à l’armée du Nord, en Hollande, le 22 fructidor, on le vit, dans les premiers jours de vendémiaire an III, refouler jusque dans la place l’ennemi qui était campé devant Grave.

Le 1er brumaire, le général Osten franchit la Meuse à Lith, culbuta les colonnes qui lui étaient opposées, prit position sur la rive gauche du Wal, et enleva à la baïonnette, le 6 brumaire, le village d’Herwaerden et les redoutes qui couvraient le fort Saint-André. Le 7 nivôse, il se rendit maître des lignes de Hollande, des postes retranchés qui composaient ces lignes, de 36 bouches à feu, des munitions, des bagages et d’un grand nombre de prisonniers. Cette action fut mise à l’ordre du jour de l’armée.

Le 23, il s’empara, devant Gorcum, d’une batterie composée de 9 bouches à feu. Le 28, le village d’Hartimsweld tomba en son pouvoir : une pièce de six, avec ses caissons et 12 chevaux, fut le prix de cette attaque. Le 30, il occupa Dortha, où l’on trouva 600 bouches à feu, 20.000 fusils, 15 bâtiments de transport anglais ; força le 1er pluviôse les redoutes de Daalem, en avant de Gorcum. Lœvestein et Worcum se rendirent à la première sommation. À la fin de fructidor, le général Osten fut envoyé en Zélande.

Employé pendant les ans IV, V et VT, sous les ordres des généraux en chef Moreau, Beurnonville, Joubert et Hatry, il se rendit, le 4 brumaire an VI, à l’armée de Batavie, où il servit pendant les ans VII, VIII, IX et X. Il devait revenir en France lors de la réduction de l’état—major de cette armée, le 21 ventôse an XI, quand le gouvernement lui ordonna de rester en Batavie le 24 germinal. Il faisait partie du camp de Compiègne le 23 floréal de la même année.

Créé membre de la Légion-d’Honneur le 19 frimaire an XII, il devint commandeur de l’Ordre le 25 prairial suivant. Le général Osten retourna en Hollande, où il était encore le 10 thermidor an XIV, lorsqu’il prit le commandement provisoire de Flessingue et de l’île de Walcheren le 20 novembre 1806.

L’année suivante, il adressa une proclamation énergique aux habitants de l’île de Zélande pour les engager à s’armer et à former une légion destinée à la défendre contre l’attaque des Anglais dont ils étaient menacés.

En 1809, l’île de Walcheren fut envahie par 30.000 Anglais commandés par lord Chatam. Le général Osten combattit avec la plus grande bravoure à la tête d’une poignée de braves ; mais il succomba, accablé par le nombre, et fut contraint de se rendre prisonnier de guerre. Lord Chatam lui donna d’abord des témoignages publics de son estime pour sa conduite militaire, ce qui ne l’empêcha pas de le faire embarquer pour l’Angleterre où il resta prisonnier. Après avoir brisé ses fers, il se sauva sur une barque ouverte, qui atteignit heureusement les côtes de France.

Mis en jugement en Angleterre, et déclaré coupable par les juges du ban du roi, il ne put obtenir, lors de son arrivée à Paris, une audience de l’Empereur, qui avait d’abord approuvé ce jugement. Il parvint cependant à se justifier auprès de ce souverain, et prouva qu’il n’avait point donné sa parole ni contracté aucun engagement qui pût l’empêcher de saisir la première occasion de recouvrer sa liberté.

Rentré en faveur, il fut envoyé à l’armée d’Illyrie le 26 septembre 1810, obtint un commandement dans la 17e division militaire le 14 novembre 1811, passa dans la 1re division de la grande armée le 17 janvier 1812, fit partie du corps d’observation du Bas-Rhin en 1813, et commanda enfin une subdivision dans la 32e division militaire le 24 février 1813.

Le prince d’Eckmùhl lui ayant donné l’ordre de se rendre à Hambourg, le général Osten retourna à Brême pour reprendre le commandement du département des Bouches-du-Weser le 21 septembre, revint encore une fois à Hambourg le 2 novembre suivant, fut attaché à la 50e division d’infanterie, et mourut à Hambourg, en 1814, des suites d’une blessure qu’il avait reçue, le 27 février de cette année, dans l’île de Wilhemsbourg, entre Hambourg et Haarbourg.


OUDINOT (Charles-Nicolas)[modifier]

duc de Reggio, maréchal de France, né le 2 août 1767 à Bar-sur-Ornain. Il s’enrôla en 1784 dans le régiment de Médoc, le quitta au bout de quelques années, mais reprit du service quand éclata la Révolution, et fut nommé en 1791 chef de bataillon des volontaires de la Meuse. Il se distingua en septembre 1792 par une belle défense du château de Bitche, et obtint le régiment de Picardie dont le colonel venait d’émigrer. Le corps des officiers allait suivre cet exemple : une harangue d’Oudinot les retint au poste de l’honneur. En juin 1794, attaqué près de Moclauter par 10.000 ennemis, il résista pendant dix heures avec un seul régiment, opéra ensuite sa retraite sans être entamé, et pour prix de cette conduite, il fut fait général de brigade. Au mois de juillet suivant il s’empara de Trèves par une manœuvre hardie et y commanda jusqu’en août 1795. Passé alors à l’armée de Moselle, il fut en octobre attaqué de nuit à Neckerau, blessé de cinq coups de sabre, pris et envoyé en Allemagne.

Échangé au bout de cinq mois, il enleva à l’ennemi, dès son retour à l’armée, Nordlingue, Donauwerth et Neubourg. Au blocus d’Ingolstadt, où il eut à lutter contre des forces décuples, il reçut une balle à la cuisse, trois coups de sabre sur les bras et un sur le cou ; cependant, sans attendre que sa guérison fût complète, il rejoignit sa division à Ettenheim et chargea l’ennemi le bras en écharpe. L’affaire du pont de Manheim, la bataille de Feldkirch et la prise de Constance, que défendait le prince de Condé, lui valurent le grade de général divisionnaire. Blessé de nouveau à la bataille de Zurich, il devint chef d’état-major de Masséna qu’il suivit en Italie et avec lequel il soutint le glorieux siège de Gênes. Conservé par Brune dans les fonctions de chef d’état-major de l’armée d’Italie, il se distingua à toutes les affaires dont les rives du Mincio furent le théâtre, et fut chargé de porter à Paris la nouvelle de la paix bientôt signée à Trévise. Grand Aigle de la Légion-d’Honneur en 1805, il part du camp de Boulogne à la tête de 10.000 grenadiers, s’empare de Vienne comme en passant, au bout de 45 jours de marche, se présente au pont du Danube que défendent 180 pièces de canon, arrache la mèche du premier canonnier autrichien, passe le fleuve, occupe la rive opposée avec sa division, et force à capituler toutes les troupes ennemies qu’il rencontre. Après avoir participé aux combats de Wertingen et d’Armstetten, Oudinot, blessé encore une fois à celui de Juncersdorff, assista, quoique convalescent, à la bataille d’Austerlitz, où il cueillit de nouveaux lauriers. En 1806 il prit possession des comtés de Neuchâtel et de Valengen, puis il entra à Berlin.

Au commencement de 1807 il gagna en Pologne la bataille d’Ostrolenka qui lui valut le titre de comte et une dotation d’un million. Il alla ensuite avec une forte division renforcer le corps du maréchal Lefebvre qui assiégeait Dantzig et amena la capitulation de cette place. Le 14 juin, attaqué à une heure du matin par 80.000 Russes dans la plaine de Friedland, il résista jusqu’à midi, et alors Napoléon survenant avec le reste de l’armée, remporta cette sanglante victoire qui fut suivie bientôt de la paix de Tilsitt.

Gouverneur d’Erfurth en 1808, pendant la réunion des souverains, Oudinot continua de commander en 1809 les grenadiers réunis. Cette formidable avant-garde, partout victorieuse, battit les Autrichiens à Pfaffenhofen le 19 avril, entra le 13 mai à Vienne, concourut à la victoire de Wagram, et valut à son digne chef les titres de maréchal et de duc de Reggio.

En 1810, il s’empara, sans coup férir, du royaume de Hollande, et y commanda jusqu’à l’ouverture de la campagne de Russie. Placé alors à la tête du 2e corps de la grande armée, il se rendit à Berlin, dont il fut deux mois gouverneur, et participa ensuite aux affaires les plus mémorables, jusqu’à ce que, grièvement blessé à celle de Polotsk, il dut remettre son commandement au général Gouvion-Saint-Cyr. Toutefois, en apprenant bientôt l’évacuation de Moscou, nos premiers désastres et la blessure de son successeur, il se hâta, quoiqu’à peine guéri, de rejoindre son corps, concourut, avec les maréchaux Ney, Mortier et Victor, à assurer aux débris de l’armée française le passage de la Bérésina, et fut encore blessé.

En 1813 Oudinot combattit glorieusement à Bautzen, mais il essuya un rude échec à Gross-Beeren, et partagea, peu après, celui de Ney à Dennewitz.

À Leipzig il combattit encore ; mais quelques jours avant la bataille de Hanau, il tomba malade et fut emporté mourant du théâtre de la guerre. Cependant il prit part aux plus terribles affaires de la campagne de France en 1814, aux combats de Brienne et de Champ-Aubert, ainsi qu’aux revers de Bar et de La Ferté-sur-Aube.

Après la capitulation de Paris et la déchéance de Napoléon, le duc de Reggio se voua tout entier au service de Louis XVIII, qui le nomma colonel général des grenadiers et chasseurs royaux, et gouverneur de Metz. Mais tous ses efforts ne purent contenir que jusqu’à Troyes l’impatience de ses troupes qui l’abandonnèrent pour aller au-devant de Napoléon. Il passa les Cent-Jours dans sa campagne de Montmorency, et après la seconde Restauration, il fut nommé commandant en chef de la garde nationale parisienne, major-général de la garde royale, Pair de France, ministre d’État, grand-croix de l’ordre royal de Saint-Louis, et enfin chevalier du Saint-Esprit. Dans la guerre d’Espagne de 1823, le maréchal Oudinot, à la tête d’un corps d’armée, entra sans coup férir à Madrid, reçut du prince généralissime le commandement de cette capitale, et jusqu’à son départ pour Paris, il s’appliqua à contenir une populace féroce et fanatisée.

Quand éclata la révolution de Juillet 1830, Oudinot était encore un des quatre majors généraux de la Garde royale. Il prêta serment au gouvernement nouveau, mais il parut le bouder pendant quelques années ; puis, en 1837, il accepta le poste de grand chancelier de la Légion-d’Honneur, qu’il n’a quitté, en 1842, que pour passer à celui de gouverneur des Invalides.

Le maréchal Oudinot est mort dans l’exercice de ces dernières fonctions le 13 septembre 1847, à six heures du soir.


OUDINOT (Nicolas-Charles-Victor)[modifier]

Le marquis Victor Oudinot, fils aîné du maréchal duc de Reggio, est né à Bar-le-Duc le 3 novembre 1791. Il est du petit nombre de ceux qui, encore aujourd’hui dans la force de l’âge, ont fait les principales guerres de l’Empire. Les vétérans de la République se rappellent l’avoir vu dans les Guides de Masséna, pendant la campagne de Zurich.

En 1805, l’Empereur le nomma son premier page au congrès d’Erfurth. Il fit, en cette qualité, la campagne de 1809, pendant laquelle, de trois champs de bataille différents, Napoléon l’envoya en France rendre compte au Sénat de la situation de l’armée.

Nommé successivement lieutenant au 5e de hussards et aide-de-camp de Masséna pendant la campagne de Portugal, il rentra en France en 1811 et fut incorporé dans la Garde. C’est dans ce corps d’élite qu’il fit les campagnes de Russie, de Saxe et de France.

En 1814, l’Empereur, au moment de quitter Fontainebleau, remit au maréchal Oudinot, pour son fils, un brevet de colonel. Louis XVIII confirma cette nomination le 27 avril, et chargea le colonel Oudinot d’organiser le régiment des hussards du roi.

Il resta étranger à tout commandement pendant les Cent-Jours. — En septembre 1815, il forma à Lille le régiment des hussards du Nord, dont il conserva le commandement jusqu’en 1822, époque où il fut mis à la tête du 1er régiment de grenadiers à cheval de la Garde royale.

Maréchal de camp en 1824, il prit le commandement d’une brigade au camp de Lunéville, et y fit apprécier bientôt ses capacités militaires.

Le roi lui confia le soin de réorganiser à Saumur, sur de plus larges bases, l’école de cavalerie, licenciée quelques années auparavant. Cet établissement comptait à peine cinq années d’existence sous ses ordres, que déjà toutes les puissances militaires y avaient envoyé des officiers chargés d’étudier l’institution de cavalerie la plus complète de l’Europe.

Survint la révolution de Juillet, elle n’altéra pas la discipline de l’École ; mais rien ne put décider Oudinot à garder son commandement ; il écrivit au ministre de la guerre la lettre suivante :

« Conformément à vos ordres, je passerai l’inspection générale de l’École avant de quitter Saumur ; mais, plein de respect pour de hautes infortunes, il ne peut me convenir de me perpétuer dans le poste dont je suis redevable au pouvoir qui m’avait revêtu de sa confiance. Je ne brise pas mon épée ; j’espère même que le jour n’est pas éloigné où je pourrai m’en servir contre les ennemis de mon pays. »

En 1835, son frère, colonel du 2e des chasseurs à cheval d’Afrique, fut frappé à mort au moment où, par une charge vigoureuse, à la tête de l’avant-garde, il forçait le défilé de Muley-Ismaël. Quelques mois après, le marquis Oudinot reçoit l’ordre de partir pour Oran et de prendre le commandement de la 1re brigade du corps expéditionnaire de Mascara. Nous avions un échec à réparer ; et le général venait, en outre, redemander à l’Afrique la dépouille mortelle de son frère. Chargé d’une dangereuse expédition par le maréchal Clausel, il reçut une grave blessure et fut obligé de rentrer en France pour se rétablir.

Le 31 décembre 1815, il fut promu au grade de lieutenant-général.

Élu député en 1842, il siégea à gauche, et se montra, dès son début, ennemi du favoritisme qui récompense les nullités complaisantes et délaisse le mérite indépendant. Les intérêts de l’armée, de l’Algérie, des haras, des remontes, le Code pénal militaire, l’ont fait monter à la tribune.

Le général Oudinot est l’un de nos officiers généraux les plus distingués. Il a consacré ses loisirs à des études d’un ordre sérieux ; il a fait paraître des ouvrages qui dénotent une grande élévation de vues et qui ont obtenu les suffrages des hommes spéciaux, en France et à l’étranger. On remarque les suivants : de l’Italie et de ses forces militaires ; Considérations sur l’emploi des troupes aux grands travaux d’utilité publique, etc.

M. le général de division Oudinot, commandeur de la Légion-d’Honneur, membre de l’Assemblée constituante, commandant en chef le corps expéditionnaire de la Méditerranée, membre de l’Assemblé législative, vient de s’illustrer par un fait d’armes de la plus haute importance. Il a pris la ville de Rome devenue le siège d’un gouvernement révolutionnaire et rétabli le pouvoir pontifical.

Partie de Marseille le 28 avril 1849, sous le commandement du général en chef Oudinot de Reggio, l’armée française débarqua le 25 à Civita-Vecchia et occupa la ville sans coup férir. Le 30, 6.000 de nos soldats se présentèrent devant Rome, et rencontrèrent sous ses murs une résistance imprévue ; 200 hommes du 20e de ligne emportés par leur ardeur entrèrent par la porte Saint-Pancrace et furent retenus prisonniers. La première attaque contre les fortifications de la place eut lieu le 3 juin. Les opérations se continuèrent pendant tout le mois avec d’autant plus de lenteur que le général Oudinot, pour ménager les monuments, dirigeait les attaques du côté où ceux-ci étaient moins exposés au feu de nos batteries. Le 28 juin, un vigoureux combat d’artillerie ouvrit la brèche qui fut praticable le 29. Après deux assauts livrés, la municipalité romaine se présenta le 30 juin au soir au quartier général, demandant une capitulation dont les termes sont débattus le 1er et le 2 juillet. Le 2 au soir, la ville renonce à fixer des conditions et ouvre ses portes. Le 3 juillet, le général Oudinot entre vainqueur dans Rome ; le 5, il prend possession du fort Saint-Ange.

Le général Oudinot, rentré en France peu après cette expédition, revint reprendre sa place à l’Assemblée législative. Le bruit court en ce moment (1850) de sa prochaine promotion au titre de maréchal de France.

N Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850 P