Biographie nationale de Belgique/Tome 1/AUVERLOT, Albert

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AUVERLOT (Albert), naquit à Tournai, le 8 juillet 1762, dans les rangs les plus humbles de la société. Il n’en eut que plus de mérite à conquérir une position indépendante dans un temps où l’on avait plus de peine qu’aujourd’hui à devenir quelque chose quand on n’était rien. Après avoir fait ses humanités au collége de sa ville natale, il entra comme clerc chez un procureur dont il fut bientôt le confrère. À cette époque, les Pays-Bas se ressentaient déjà de la contagion de la fièvre révolutionnaire qui s’allumait en France. Auverlot embrassa avec ardeur les idées de progrès que nourrissait chez nous une minorité intelligente et passionnée. Lorsque les troupes républicaines entrèrent à Tournai, le 8 novembre 1792, les habitants furent convoqués en assemblées primaires pour élire une administration provisoire (9 janvier 1793). Neuf noms étaient sortis d’une élection plus ou moins libre. Les commissaires de la nation, par un de ces coups d’autorité familiers au régime de l’époque, crurent bon de renforcer la nouvelle régence en y adjoignant onze individus non désignés par les électeurs. Auverlot fut du nombre : preuve assez claire qu’on avait distingué la solidité et la ferveur de ses convictions. Cependant, dès le 30 mars, la retraite précipitée des Français, trahis par la victoire, fit rentrer pour trois mois dans le néant les nouveaux administrateurs. La victoire de Fleurus leur rendit le pouvoir : Auverlot fut promu alors aux fonctions de fiscal et d’accusateur public de la commune (1794). Ses connaissances juridiques le désignèrent, la même année, au choix de l’administration centrale de la ci-devant Belgique, pour faire partie de la commission provisoire de justice, destinée à remplacer, jusqu’à la constitution des nouveaux tribunaux, l’ancienne organisation judiciaire, balayée par la tourmente. En le nommant ensuite commissaire du pouvoir exécutif près la municipalité de Tournai, le directoire témoignait la confiance la plus étendue dans son énergie et dans son civisme. Un trait de sa carrière administrative nous fait estimer en lui un de ces hommes que leur présence d’esprit et leur décision rendent si précieux aux jours d’orage ; un de ces citoyens dévoués qui, sous la domination étrangère, ne se laissent pas aller à une égoïste abstention, et aiment mieux accepter les chances redoutables de l’autorité que de la laisser tomber en des mains indignes et devenir un instrument d’anarchie. Après le coup d’État de fructidor, il y eut un retour de terreur, avec le cortége ordinaire d’aveugle vandalisme. Les saints de pierre qui peuplent le large portique de la vieille cathédrale couraient le danger d’être septembrisés. Auverlot, pour protéger ces hôtes inoffensifs, n’hésita pas à faire murer les baies ogivales donnant accès dans le saint lieu. Les Tournaisiens ne se montrèrent pas ingrats envers l’intrépide commissaire. Élu en 1798, membre du conseil des Cinq-Cents, il alla ensuite siéger au Corps législatif jusqu’en l’an xii (1803). Une mort subite mit fin, en 1820, à une carrière si bien remplie : ses dernières années s’étaient passées dans l’exercice paisible d’une charge de notaire qu’il possédait depuis l’an V.

F. Hennebert.

Hoverlant, Histoire de Tournai. — Chotin, Histoire de Tournai. — Documents inédits.