Biographie nationale de Belgique/Tome 2/BENING, Alexandre

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BENING (Alexandre) ou BENINC, dessinateur à la plume et enlumineur, florissait à Gand et à Bruges, de 1469 à 1500 ; il mourut à Gand en 1519. Un acte passé par-devant les échevins du chef-collége gantois, le 19 janvier 1468, style de Flandre (1469 n. s.), nous apprend qu’Alexandre Bening s’affilia, vers cette date, à la corporation des peintres et sculpteurs à Gand, afin d’y obtenir la franchise de profession. Il dut se soumettre aux conditions imposées par le métier plastique, en vertu de l’ordonnance scabinale du 13 juin 1463, et se reconnut débiteur du quart de la taxe ordinaire d’admission des peintres et des miniaturistes. Jadis, les calligraphes rubricateurs, les dessinateurs à la plume et les enlumineurs d’images avaient exercé en pleine indépendance, libres de tout lien de métier, leur état spécial, leur talent semi-artistique, quelquefois remarquable ; mais lorsque, dans leur travail, le pinceau, qu’ils n’employaient primitivement qu’aux rehauts de leurs tracés et dessins à la plume, se substitua presque entièrement à celle-ci, les réclamations des peintres et des miniaturistes surgirent contre cette pratique. Le magistrat communal, faisant droit à leurs doléances, mit un terme à cet empiétement illicite. Les enlumineurs furent dès lors astreints à l’achat de la maîtrise : à Bruges, en 1454, à Gand, en 1463. Ce fut comme enlumineur, exécutant l’imagerie à la plume et au pinceau, qu’Alex. Bening fut admis dans la corporation de Gand, en 1469, et non comme miniaturiste, travaillant pour les missels et les manuscrits. La miniature y fut de tout temps assimilée à la peinture. Parmi les répondants qui, selon l’usage, se portèrent les cautions d’Alexandre Bening, figurait l’éminent peintre gantois Hughes Vander Goes, dont il épousa une sœur un une parente du même nom patronymique ; Catherine Vander Goes.

Dix-sept ans après, en 1486, la matricule de la gilde de Saint-Luc et Saint- Eloi, à Bruges (métier des peintres, sculpteurs et selliers), enregistrait aussi Alex. Bening, en qualité de confrère. Il y paya la contribution annuelle en 1486, 1487 et 1500. Il revint ensuite à Gand, où il est mort en l’année échevinale 1518-1519 (du 15 août 1518 au 15 août 1519). Sa veuve, Catherine Vander Goes, et ses fils : Mre Simon Bening, le miniaturiste ; Mre Paul Bening, sur lequel on n’a aucune notion biographique, et leur sœur Cornelie Bening, unie en premières noces à André Haliberton, à Anvers, et y remariée avec le médecin Mre Jean Vanden Gheere, se portèrent héritiers ; les enfants d’Alex. Bening payèrent le droit d’issue sur la moitié de la succession paternelle, à cause de leur non résidence à Gand. Peu de temps après, Catherine Vander Goes suivit son époux dans la tombe. Mre Simon Bening et sa sœur Cornélie, seuls héritiers, soldèrent le droit des étrangers sur la succession maternelle. Leur frère, Mre Paul Bening, n’y participa point. Ces particularités sont consignées dans les comptes de la ville de Gand, manuscrits contemporains. La comptabilité du métier artistique de Bruges, année 1519-1520, mentionne, sans préciser la date, qu’il a été pavé, en acquit de la dette mortuaire de Mre Alex. Bening, engagement souscrit par la plupart des confrères, à leur admission aux prérogatives professionnelles, une somme de quatre escalins et deux deniers de gros de Flandre, employée en partie aux frais de la messe funèbre célébrée, pour lui, par la gilde brugeoise. En 1514 il fut, avec son fils Simon et le peintre Gosuin Vander Weyden, co-tuteur des enfants de sa fille Cornelie ; il intervint, à Anvers, dans un acte de la mortuaire de leur père André Haliberton, mais il n’habita point cette ville, et n’y fut pas inscrit parmi les francs peintres de la corporation de Saint-Luc.

L’on n’a connaissance, aujourd’hui, d’aucune production de la plume ou du pinceau d’Alexandre Bening. Et pourtant, il a dû travailler activement, durant une carrière d’un demi-siècle, carrière marquée par une double affiliation artistique, à Gand et à Bruges, où il acquit ainsi le privilége d’exercer son talent. Il fut probablement le maître de son fils Simon, l’habile enlumineur-miniaturiste.

Il est peu de nos anciens artistes dont le nom ait été plus diversifié ou plus estropié dans son orthographe et sa forme linguistique, que celui des Bening. La matricule d’admission et les comptes de la gilde de Saint-Luc et Saint-Eloi, à Bruges, nous donnent alternativement, de 1486 à 1519 : Benin, Benyn et Bening, pour Mre Alexandre ; de 1508 à 1554 : Benin, Benyn, Benyng, Benyngh, Bennyngh, Benit, Benig, Benycg, Byeninc, Beninc et le plus souvent Bening, pour Mre Simon. — Les documents de Gand n’ont, de 1469 à 1519, que les variantes Bening, Benyn, Benning et Bennings ; les actes anversois, de 1512 à 1514 : Benninck et Bennincx. Enfin, dans d’autres documents, les scribes contemporains ou les transcripteurs ont écrit : Bering, Berning, Bernic et Berninck. Les biographes modernes se sont naturellement égarés au milieu de ces variantes.

Edm. De Busscher.

Comptes et actes échevinaux de Gand et de Bruges, xve et xvie siècles. — Archives de la corporation artistique de Bruges : Le Beffroi (arts, héraldique et archéologie, W.-H.-J. Weale). Bruges, 1865 — Biographie des hommes remarquables de la Flandre occidentale. — Archives des arts : Messager des Sciences historiques, (Alex. Pinchart), Gand, 1860. — Leven en werken van de hollandsche en vlaamsche schilders, etc. (Chrét. Kramm), Amsterdam, 1857-1864.