Biographie nationale de Belgique/Tome 2/BOISOT, Louis

La bibliothèque libre.
◄  Tome 1 Tome 2 Tome 3  ►



BOISOT (Louis), frère du précédent, amiral de Zélande, né à Bruxelles, mort en 1576. Après avoir servi d’abord sur les flottes hispano-belges, il se rangea en 1566 du côté des confédérés et leur demeura fidèle, malgré les efforts de Marguerite de Parme pour le ramener sous la bannière royale. Proscrit comme son frère, il devint aussi un des agents les plus zélés du prince d’Orange. En 1572, il se trouvait à Paris pendant le massacre de la Saint-Barthélemy; jeté en prison, il n’échappa à la mort que par l’intervention miséricordieuse de quelques moines. Arrêté de nouveau à Mézières, il confessa que c’était lui qui avait fait entrer les soldats du Taciturne dans Ruremonde et qui avait incité les habitants de Malines à prendre également parti pour Guillaume de Nassau. En 1573 nous le trouvons parmi les gueux de mer, dont il devient bientôt le chef principal. En effet, le prince d’Orange, voulant récompenser sa vaillance et ses services, le nomma, après la mort de Bouwen Ewoutz, amiral de Zélande. Avec l’aide des garnisons de Walcheren, commandées par son frère, Louis Boisot se rend maître du château de Rammekens. Quelques semaines après il s’empare également de Romerswael, dans l’île de Sud-Beveland. Puis, le 29 janvier 1574, il détruit près de cette ville, après un combat terrible, la flotte royaliste qui venait au secours de Middelbourg; comme il abordait le vaisseau amiral, il reçut en plein visage une arquebusade qui lui fit perdre un œil. Cette blessure ne ralentit point son zèle. Le jour de la Pentecôte, il remporta une nouvelle victoire navale, non loin d’Anvers. Il prépare ensuite l’expédition qui doit rendre son nom impérissable dans les annales des Pays-Bas. Au mois de septembre, il conduit au secours de Leyde les terribles marins de la Zélande. Il traverse avec sa flotte le pays submergé par la rupture des digues et, en dépit de tous les obstacles, s’avance victorieusement vers la ville assiégée. Le 26 septembre, un pigeon apporte à Jean Vanderdoes, l’héroïque défenseur de Leyde, un billet par lequel l’amiral de Zélande lui fait savoir que, pour secourir tant de gens d’honneur, il n’épargnera sa personne ni sa vie. Boisot tint parole. Le 3 octobre, il entre en libérateur dans Leyde. Pour témoigner leur gratitude au vaillant amiral, les états de Hollande lui décernèrent une chaîne d’or. Mais d’autre part, le grand commandeur Requesens, successeur du duc d’Albe, se vengea de l’intrépide gentilhomme bruxellois en confisquant ses biens situés dans le Brabant, où il possédait, entre autres, la seigneurie de Ruart. Louis Boisot donna également sa vie pour la liberté des Pays-Bas. Le 27 mai 1576, il s’était dirigé avec sa flotte vers Zierikzée, assiégée par les Espagnols. Or le vaisseau amiral, qui portait trois cents hommes, après avoir été canonné avec furie, s’entr’ouvrit et s’abîma. Lorsque Guillaume le Taciturne connut ce désastre, il écrivit à son frère Jean de Nassau que c’était Louis Boisot qu’il regrettait surtout « pour l’avoir trouvé vaillant gentilhomme, disait-il, et dévoué au bien de la cause commune. »

Th. Juste.