Biographie universelle ancienne et moderne/2e éd., 1843/CICÉRON (Quintus)

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Texte établi par Michaud, A. Thoisnier Desplaces (Tome 8p. 289-290).

CICERON (Quintus), frère du précédent, et beau-frère de Pomponius Atticus. Après avoir été prêteur, il obtint, en l’année 692, le gouvernement de l’Asie[1]. Lorsqu’il revint à Rome, pendant l’exil de Cicéron, toute la ville alla au-devant de lui, avec les plus grandes démonstrations de respect et d’intérêt. Les fureurs de Clodius mirent sa vie en danger. Des gladiateurs à la solde de ce fougueux tribun poursuivirent Quintus l’épée à la main : il aurait été tué s’il ne se fut caché sous un monceau de citoyens et d’esclaves massacrés autour de lui, et n’y fût resté jusqu’à la fin de l’émeute. Quand Cicéron, après son rappel, se fut lié avec César, qui commandait alors dans les Gaules, Quintus devint le lieutenant de ce général. Il le suivit en cette qualité dans son expédition en Bretagne (l’Angleterre), et ne le quitta que pour être le lieutenant de Cicéron en Cilicie. Dans la guerre entre César et Pompée, lorsque ce dernier abandonna l’Italie, Quintus s’embarqua avec Cicéron pour se rendre à son camp ; mais après la bataille de Pharsale, il s’enfuit en Asie avec son fils, et sollicita son pardon du vainqueur, en mettant tous les torts sur le compte de son frère. Il fut proscrit et tué avec son fils, l’an 43 avant J.-C. Dion rapporte que celui-ci ayant été maltraité cruellement pour n’avoir pas voulu découvrir le lien où son père était caché, Quintus, qui en fut instruit, sortit de sa retraite et se présenta aux assassins. Il s’éleva alors une dispute touchante, aucun d’eux ne voulant survivre à l’autre ; mais on les mit d’accord en les égorgeant tous les deux à la fois. M. T. Cicéron fut mis a mort quelque temps après. Quintus Cicéron est auteur de la lettre de Petitione consulatus insérée dans les œuvres de son frère, et traduite séparément par Adry, à la suite de l’édition des traités de la Vieillesse et de l’Amitié, par Barrett, Paris, 1809, in-12. (Voy. Cicéron.) M. Eusèbe Salverte avait publié une autre traduction de cette lettre dans le Magasin encyclopédique de mai 1806. Il reste encore une autre lettre de Quintus à Marcus Cicéron, et trois à Tiron, affranchi de ce dernier. Quintus avait du talent et du goût pour la poésie. Il avait projeté un poème sur l’expédition de Jules-César dans la Grande-Bretagne, et invité son frère à concourir à cet ouvrage. On avait de loi plusieurs tragédies imitées ou traduites du grec, et dont il ne nous est rien parvenu, entre autres : Electre, la Troade et Erigone. Enfin on trouve vingt vers de Quintus sur les douze signes du zodiaque, dans le recueil de Maittaire, intitulé : Opera et Fragmenta veter. latin. Poet., Londres, 1713, in-fol. Q-R-y.

CICERON (Quintus), fils du précédent, fut élevé avec son cousin Marcus, qui était à peu près au même âge que lui, sous les yeux de M. T. Cicéron, et l’on dit que ce grand homme ne dédaignait pas de leur servir quelquefois de précepteur. Chacun d’eux cependant en avait un particulier. Celui de Quintus était un rhéteur nommé Paconius, qui s’attachait surtout à la déclamation, tandis que l’affranchi Denys, précepteur de Marcus Cicéron, habituait beaucoup plus son élève à bien penser qu’a bien dire. Grâce a la trop grande indulgence de son père, Quintus s’abandonna de bonne heure à toute la fougue de son caractère, aussi embrasse-t-il le parti de César, moins pour se faire un nom dans les armes, que pour se soustraire à l’autorité de sa famille. Il poussa plus tard l’ingratitude envers son oncle jusqu’à écrire des libelles contre lui, et à le dénoncer à César. Il se jeta aussi dans-la débauche, et se comporta si mal avec sa mère, que son père se vit contraint de le chasser de chez lui. Quintus Cicéron s’attacha ensuite à Marc-Antoine, qu’il ne tarda pas à quitter pour se rendre auprès de Brutus, affectant alors autant de zèle pour les intérêts de la république, qu’il avait d’abord montré d’indifférence. Proscrit avec son père par les triumvirs, il tomba comme lui entre les mains de leurs satellites, qui les égorgèrent en même temps.(Voy. l’art. précéd.) Quintus Cicéron déploya dans ses derniers moments une générosité et un courage qui rachètent en partie les fautes et les faiblesses de sa vie. Ch-s.

  1. En se rendant à ce gouvernement, il passa par Athènes, où il se brouilla avec Pomponius Atticus, son beau-frère et l’ami intime de M. T. Cicéron. Ce dernier écrivit immédiatement à Atticus, pour lui témoigner ses regrets de la conduite de Quintus, qu’il représente comme un homme aussi inconstant dans ses amitiés que dans ses haines. (Voy. Epis. ad. Attic., l. 1, ep. 15, 17 et 19.) Ce grand homme reproche aussi à son frère (Epist. ad Quint. frat., t. 1, ep. 2), de se laisser dominer par Statius, son affranchi, et de gouverner lui-même trop despotiquement.Ch-s.