Biographie universelle ancienne et moderne/2e éd., 1843/CICCARELLI (Alphonse)

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Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843
Tome 8 page 275

CICCARELLI (Alphonse)


CICCARELLI (Alphonse), de Bévagna, dans l’ombrie, médecin de profession, acquit dans le 16e siècle une honteuse et triste célébrité par les fourberies littéraires les plus insignes et par leur juste châtiment. Après avoir donné une Histoire d’Orviète, remplie de faits controuvés et d’impostures, il publia, en 1580, à Ascoli, l’Istoria di cosa Monaldesca, où il eut l’audace d’insérer des monuments et des titres de sa façon, qu’il prétendit avoir tirés des archives publiques et particulières. Il y citait, comme autorités, des auteurs qui n’avaient jamais existé. Il en avait fait autant des 1504, en publiant à Padoue un opuscule intitulé : de Clitumno Flumine, avec un traité de Tuberibus. C’est sans doute encore du même genre qu’était une Storia della casa Conti, que l’on trouve citée parmi les manuscrits du baron de Stosch, Catalogue, p. 6. Il ne se bornait pas à des falsifications purement historiques ; il fabriquait des titres et des actes au profit ou aux dépens des familles. Il flattait l’orgueil des grands par des généalogies fabuleuses. Il tendit un de ces pièges au marquis Albéric Cybo, et entreprit de lui prouver, par de faux titres, que l’ancienneté de sa famille datait de cinq ou six siècles de plus. Albéric, qui était homme d’esprit, s’aperçut de la ruse, et fut le premier à éventer les fraudes de Ciccarelli. D’autres accusations s’élevèrent contre lui ; enfin il fut arrêté par ordre du pape Grégoire XIII ; on lui fit son procès, et, convaincu de faux et de supposition de titres, dans les intentions les plus coupables, il fut condamné à avoir la main coupée et à être ensuite pendu en place publique ; ce qui fut exécuté en 1580. L’Allacri a mis à la fin de ses Observations sur les antiquités étrusques d’Inghirami, un petit traité où il entre dans beaucoup de détails sur les impostures de Ciccarelli, et sur les artifices qu’il employait pour les accréditer. On y voit que Fanusius Campanus, Joannes Selinus, et d’autres écrivains souvent cités par ce faussaire à l’appui de ses assertions, sont de prétendus auteurs qui n’ont jamais existé que dans son imagination, ou, que du moins, quant au premier, s’il exista et s’il écrivit réellement, Ciccarelli a falsifié et altéré toutes les pièces qu’il prétendit avoir empruntées de lui. Tiraboschi avait rassemblé beaucoup de matériaux pour une dissertation sur les impostures de ce misérable, sur Fanusius, Campanus, Selinus, Corellus, et d’autres pseudo historiens mis au jour et cités par lui, par ses imitateurs et par ses dupes. Il avait annoncé ce projet dans sa Storia della Litterat. Ital., t. 3, part. 3, 349, 1re édition de Modéne, mais il est mort sans l’avoir exécuté. G-É.