Biographie universelle ancienne et moderne/2e éd., 1843/EYRINI D’EYRINIS
EYRINI D’EYRINIS, docteur en médecine, né en
Russie dans le 17e siècle, vint s’établir au comté de
Neuchâtel et y professa la langue grecque. Il découvrit
en 1710 une mine d’asphalte, dans la partie
du comté nommée le Val de Travers. C’est une
substance bitumineuse, impénétrable à l’eau et
dont les anciens ont fait usage comme d’un ciment
indissoluble. Eyrini, après avoir constaté,
par plusieurs expériences, les propriétés de l’asphalte
qu’il venait de découvrir, céda ses droits
sur cette mine à un Français nommé la Sablonière,
qui obtint, en 1720, un arrêt du conseil
d’État par lequel il était autorisé à introduire
cette substance dans le royaume, pour l’employer
à tels usages qu’il trouverait convenir. L’huile
qu’on retire de l’asphalte est utile dans le traitement
des maladies de la peau ; et l’odeur qu’elle
répand lorsqu’on la brûle suffit pour faire périr
les insectes dans une chambre. On lit, dans les
mémoires de Trévoux, que la Sablonière fit hommage
au roi d’un vase d’asphalte de deux couleurs,
orné de bas-reliefs d’un goût exquis, représentant
les éléments. On connaît d’Eyrini : 1o Dissertation sur l’asphalte ou ciment naturel, avec la manière de l’employer, et les utilités de l’huile qu’on en tire, Paris,
1721, in-12 de 48 pages ; 2o Description des lois des mines, latin et français, Besançon, 1721, in-12
de 80 pages ; 3o Avis sur l’usage des asphaltes, etc.,
sans date, in-12 de 60 pages. Le Journal des Savants
(avril 1722) ayant rendu un compte peu favorable
de la première de ces brochures, l’auteur
y répondit par une nouvelle brochure in-12, imprimée
à Besançon sous ce titre bizarre : 4o Réponse à un Extrait du Journal des Savants, p. 110, hébraïque, grecque, latine et française ; Asphastasphalia prima, seu invertibilis bituminis veritas ac securitas, cum aliis Asphastasphaliis et alytisteria, ou véritable histoire de la découverte de la mine d’asphalte, sans date (1722), in-12. Eyrini avait, dès 1718,
publié en allemand plusieurs opuscules sur le
même sujet. Au reste, la découverte d’autres mines
d’asphalte, trouvées sur les rives du Rhin et du
Rhône, a depuis lors rendu celle du Val-Travers
moins importante pour la France. W—s.