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Biographie universelle ancienne et moderne/2e éd., 1843/GAULLYER (Denis)

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Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843
Tome 16 page 28 à 29

GAULLYER (Denis)


GAULLYER (Denis) naquit le 2 février 1688, dans ce bourg de Cléry en Orléanais que la dévotion de Louis XI et d’Henri III a rendu célèbre. Après ses premières études au collége d’Orléans, Gaullyer fit à Paris son cours de philosophie, à la fin duquel il reçut le degré de maître ès arts. Dès lors il se fixa à ce qu’il regardait comme sa véritable vocation ; car il se crut appelé exclusivement à l’étude de la grammaire, des humanités, de tout ce qui peut semer de fleurs la carrière dans laquelle le jeune ami des lettres fait ses premiers pas. Ses écrits tendirent uniquement vers ce but. Les encouragements, ou plutôt les éloges qu’on lui prodigue, l’égarèrent au point que dans l’université de Paris il se crut seul en droit de traiter de la grammaire, de l’éloquence et de la poésie. Dans l’avertissement placé à la tête de son Abrégé de grammaire françoise, il parle de ses prétentions avec une naïveté véritablement rare. L’université de Paris le crut sur parole ; car, non contente d’adopter ses ouvrages, elle l’admit au nombre de ses membres, comme récompense de son zèle à faciliter les travaux des jeunes étudiants. De professeur de cinquième, au collége du Plessis, il parvint à la chaire de seconde, qu’il occupait lorsque son caractère impétueux devint une frénésie tellement violente qu’on fut obligé de le déposer à l’hospice de Charenton, où il mourut le 24 avril 1736. Il nous reste de Denis Gaullyer : 1o Règles pour la langue latine et françoise à l’usage des collège de l’université, Paris, 1716, 1719, 5 part. in-12. L’abbé Goujet prétend que la cinquième partie de cet ouvrage, intitulée : Règles pour traduire le latin en français, tient au système de Gaspar de Tende, également connu sous le masque du sieur de l’Étang. 2o Poëmes de St-Grégoire de Nazianze, traduits en latin, avec des notes grammaticales, 1718, in-12 ; 3o Recueil des fables d’Ésope et de la Fontaine, qui ont rapport les unes aux autres, avec de petites notes françoises, 1721 ; réimprimé en 1728 avec des augmentations utiles ; 4o Lettres de Cicéron à ses amis, rangées par ordre chronologique ; 5o Recueil des pièces de vers les plus belles et les plus faciles, tirées des poëtes latins, 1722 ; Abrégé de l’Epigrammatum delectus, augmenté de quelques épigrammes d’Owen et autres modernes. Des notes de Gaullyer, les unes sont grammaticales, les autres historiques, suivant la marche uniforme adoptée dans tous ses écrits. 6o Cornelius Népos, avec des notes françoises ; 7o Abrégé de la grammaire françoise, comprenant la syntaxe, les règles de la prononciation, de l’orthographe et de la versification, Paris, 1722, in-12 ; 8o Traduction des épigrammes de Martial, en vers et en prose. Gaullyer y met à contribution tous les poëtes français ; il recourut à des amis pour le complément de sa traduction, Paris, 1738. 9o Règles poétiques, tirées d’Aristote, de Despréaux et autres célèbres auteurs, Paris, 1728, in-12. Cet ouvrage passe pour le meilleur qui soit sorti des mains de ce laborieux écrivain ; l’ordre et la méthode y rachètent ce que le style a souvent de trop lourd. La publication de ces règles de poétique occasionna de longues discussions entre l’auteur et le célèbre Rollin, qui proscrivait des premières études la lecture de Térence, qu’autorisait Gaullyer. L’université prit parti contre ce dernier. 10o Térence, Cicéron, César, Salluste, etc., justifiés contre la censure de M. Rollin, avec des remarques sur le Traité des études ; Paris, 1728, 1 vol. in-12. en trois parties, et de plus de 600 pages ; 11o Selecta carmina, orationesque quorumdam in universitate Parisiensi professorum. Paris, 1727, 2 vol. in-12. L’édition de ce recueil valut de nouveaux ennemis au rédacteur. Les journalistes de Trévoux s’en moquèrent en prenant le ton le plus ironique pour en annoncer la publication. « Ce sont, disaient-ils, en trois cent cinquante pages, environ quatre-vingt-quinze petites pièces de vers, et quinze à vingt hymnes, composées en cinquante ans par dix-sept fameux professeurs de l’université de Paris. » Gaullyer relève énergiquement cette mauvaise plaisanterie, en renvoyant ses critiques aux épigrammes, alors si multipliées, contre les jésuites. 12o Méthode de M. Lefevre pour les humanités, avec des notes par M. Gaullyer ; 13o Florus, avec des notes et une traduction ; première partie, Florus, avec des notes. Paris, 1733, in-12, de 16 et 248 pages. Les notes ne sont autre chose que la traduction d’environ la moitié du texte, c’est-à-dire des passages les plus difficiles, renvoyée à la fin du volume. Il se promettait de donner une nouvelle édition de l’Apparatus Ciceronis ; déjà même il en avait publié le prospectus, quand sa mort en empêcha l’exécution. P-d.