Biographie universelle ancienne et moderne/2e éd., 1843/SAVONAROLA (Jean-Michel)

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Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843
Tome 38 page 149 à 150

SAVONAROLA (Jean-Michel)


SAVONAROLA (Jean-Michel), médecin, né à Padoue en 1384, fut d’abord chevalier de Rhodes ; mais le goût des lettres lui fit abandonner les armes pour se livrer à l’étude de la médecine. Reçu docteur dans sa ville natale, il entreprit divers voyages aux écoles les plus renommées. Il visita Salerne, Naples, Rome, Plaisance, Montpellier, Paris et une partie de l’Allemagne ; s’adonna à l’étude de la chimie et recueillit des notes sur les eaux minérales de divers pays. Il fut nommé lecteur de l’université de Padoue à son retour, et, en 1436, il y expliquait les ouvrages d’Avicenne, seul auteur qui servit alors de base à l’enseignement médical. Quelques années après, la ville de Ferrare le choisit pour occuper sa chaire de médecine pratique. Cette ville était au plus haut degré de splendeur, et la cour brillante et éclairée des princes d’Este en faisait le séjour le plus agréable de l’Italie. Le duc accorda sa confiance et son amitié à Savonarola, qui se fixa pour le reste de ses jours à Ferrare, et y mourut en 1462. Les écrits de ce professeur, et surtout son Compendium de médecine, sont remplis de subtilités scolastiques. Sa méthode curative est toujours fondée sur la prédominance de quelque humeur élémentaire ou de telle ou telle température particulière. Néanmoins on y trouve des observations importantes et certaines idées singulières qui annoncent une grande liberté d’expression. L’auteur ne craignit point de dire qu’il n’avait aucune confiance dans les préceptes d’Averroès, le grand maître par excellence des écoles de ce temps-là. Parmi les observations curieuses qu’il cite on remarque les suivantes. Après l’épouvantable peste de 1348, les enfants qui vinrent au monde n’eurent plus que vingt-deux ou vingt-quatre dents au lieu de trente-deux, et ce phénomène subsista durant la génération de cette époque. Les femmes, dans le temps de la grossesse, acquirent parfois de nouvelles dents. Un homme né avec une luette double avait néanmoins la voix claire et chantait supérieurement. Malgré des idées superstitieuses touchant les propriétés des pierres précieuses et sur les sortilèges, Savonarola sut distinguer l’influence des âges, des tempéraments et des climats sur les maladies. Il indiqua mieux qu’on ne l’avait fait avant lui les règles à suivre pour examiner le pouls ; il fut, pour ainsi dire, le premier auteur et le fondateur de la doctrine sphygmique. Il a laissé un grand nombre d’ouvrages qui jouirent d’une telle réputation que l’un d’eux (le Speculum physiognomiœ) fut traduit en grec par Théodore de Gaza. Nous indiquerons :

  1. 1e De balneis et thermis naturelibus omnibus Italiae, sicque totius orbis, proprietatibusque eorum, Ferrare. 1685, in-fol. ;
  2. 2e Practica de œgritudinibus a capite usque ad pedes, Pavie, 1486, in-fol. : Venise, 1498 et 1560, sous le titre de Practica major ;
  3. 3e Practica canonica de febribus, pulsibus, urinis, egestionibus, balneus Italiae et vermibus, Venise, 1498, 1503, 1554, in-fol. : Lyon. 1560. in-8o ;
  4. 4e De arte conficiendi aquam ritœ simplicem et compositam libellus, Haguenau, 1532 ;
  5. 5e In medicinam practicam introductio, sive de compositione medicinarum liber ; item catalogus continens tam simplicium quam compositorum medicamentorum nomenclaturas, usum et summam, Strasbourg, 1533 ;
  6. 6e Libro della natura e virtu delle cose che nutriscono, orrero trattati de i grani, delle erbe, radici, agrumi, frutti, vini, degli animali, pesci, etc., Venezia, 1576, in-4o ;
  7. 7e De magnificis ornamentis regia civitatis Paduœ, inséré par Muratori dans le tome 20 des Scriptores rerum Italicae.

Z.