Blanqui

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Chants révolutionnairesAu bureau du Comité Pottier (p. 7).


BLANQUI



Contre une classe sans entrailles,
Luttant pour le peuple sans pain,
Il eut, vivant, quatre murailles,
Mort, quatre planches de sapin !


À Eudes, membre de la Commune.


La chambre mortuaire était au quatrième ;
Et la foule, à pas lents, gravissait l’escalier :
Le Paris du travail, en blouse d’atelier,
Des femmes, des enfants ; plus d’un visage blême.

Ce grand deuil prévalait sur le soin journalier
Du pain de la famille ; il eut, trois jours, la même
Affluence d’amis pour cet adieu suprême.
― Moi, j’attendais mon tour, rêvant sur le palier.

Ce cœur qui ne bat plus battait pour une idée :
L’Égalité !… Gens sourds ! Terre, esclave ridée
Qui tournes dans ta cage ainsi que l’écureuil,

À présent qu’il est mort, tu l’entendras… peut-être !
Ce combattant, passant de la geôle au cercueil,
Du fond de son silence, il dit : Ni Dieu, ni Maître !


4 janvier 1881.