Bons dieux, qui la voyez pensivement blesmie

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Seconde partie des Muses françoises, Texte établi par Despinelle, chez Matthieu Guillemot (p. 234).


SONNET.

Bons dieux, qui la voyez pensiuemẽt bleſmie,
Marchant à pas comptez, les yeux fichez en bas,
N’eſcoutés la mauuaiſe, elle tẽd des appac,
Des gluaux & des rets pour me priuer de vie :
 Cent mille Amours legers lui tiennent compagnie
Aiguiſans dans ses yeux l’ardeur de leurs combas :
Bons dieux, deſarmez-la, ou ne l’eſcoutez pas,
Priuez-la de pouuoir ou bien de tyrannie.
 Mais ſi par cy apres tendre à mon amitié
Elle arrouſe mon feu de l’eau de ſa pitié,
Bons Dieux ne deſtournez arriere voſtre face :
 Que ſi la cruauté s’affermit dans ſon cœur,
Puniſſez son deſdain d’vne iuste rigueur.
 Qui n’a pitié d’autrui, ne merite point grace.


A. D. V.