Cahier de chansons populaires/Prenez-garde aux bergères

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Prenez garde aux bergères

I

Bergère assise dessus l’herbette,
Dessus le bord du grand chemin,
Un quevalier enfin
Voyant l’éclat de son joli visage
Un quevalier enfin
Lui offrit son tendre bien.

II

— La belle, si tu voulais,
J’ai cinq cents francs
Dans une bourse
Si tu voulais m’aimer
Je te les donnerais
Et je t’épouserais.

III

— Monsieur, c’est un bon bien
Vous pouvez le dire ;
Vous pouvez vous en dédire :
On voit bien à vos yeux
Que vous n’êtes qu’un trompeux
Vous êtes trop vite amoureux ;

IV

Le garçon mit le pied à terre
Tout en faisant ses embarras ;

Il attachit son cheval
À la barrière d’une hâ[1]
Croyant ben caresser
Cette tant jolie beauté.

V

La fille fut prompte et hardi,
Elle s’est approchée du cheval
A mis le pied dans l’étrier,
Adroitement comme un quevalier
Donnit le coup de l’éperon
Comme un maître dragon.

VI

— Où vas-tu, la belle, sans malice ?
Dit le galant en soupirant,
Rends-moi mes cinq cents francs,
Mon beau manteau et ma valisse.
Rends-moi mes cinq cents francs,
C’est tout mon bien valant.

VII

— Restez, beau galant, dans ma place,
Vous serez un fort bon ouvrier
Mon maître a de bon bien
Il vous nourrira bien
Vous nourrira de pain et de fromage
Du lait et du pain bis pour vous rafraîchî.

VIII

— Oh ! que les filles ont de malice !
Dit le garçon en soupirant,
Elles m’ont pris mes cinq cents francs,
Mon beau manteau et ma valisse.
Oh ! maudit soit l’amour
Qui m’a joué ce vilain tour !

(BAULON).

  1. Haie.