Cantilène (Émile Van Arenbergh)

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Parnasse de la Jeune BelgiqueLéon Vanier, éditeur (p. 28).


Cantilène


Ô mon cœur, faible cœur, ô cœur né de la femme,
Tu t’éclaires parfois d’un jour surnaturel,
Tout rayonnant d’amour, fait de soleil et d’âme :
C’est comme une aube d’or qui rêve au bord du ciel.

Et tu vibres alors d’une intime musique
Qui te berce d’ivresse ainsi qu’un vin subtil ;
Tu sens en toi fleurir une rose mystique,
Qui t’embaume soudain et t’apporte l’avril.

Cette pure lumière en ta nuit infinie,
C’est le reflet en toi de la blanche beauté,
Son souffle est ton parfum, sa voix ton harmonie ;

Pour que tu sois ainsi chant, arôme et clarté,
Il suffit, ô mon cœur, cœur qui te crois rebelle,
D’une vierge qui passe, — et tu te remplis d’elle !