Carnets de voyage, 1897/De Marseille à Lyon (1863)

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Librairie Hachette et Cie (p. 121-122).
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1863


DE MARSEILLE À LYON


Des oliviers d’abord, puis des mûriers, bien verts et jolis, sur des vignes.

Puis le Rhône, blafard et fougueux, le long d’un mur de montagnes ravinées, pelées, horriblement laides et lourdes, sans caractère ni expression. C’est le commencement des Cévennes. Elles sont trop près pour être bleuies par la distance. On y démêle de misérables plaques verdâtres, des lits de torrents blanchis.

Sur la plaine ensablée, engravée par les inondations du Rhône, les jardins et les oseraies essayent de s’étendre. — La nudité des montagnes diminue un peu ; la vigne, les crus célèbres de l’Ermitage étayés de petits murs, commencent à grimper sur les pierres. — À droite, les Alpes du Dauphiné, dentelées, mais semblables à une traînée ardoisée de nuages.

La vallée est trop étroite, trop encaissée, trop livrée aux effondrements et aux ravages du fleuve. C’est un corridor pour les nuages et les ruisseaux des montagnes. — Presque aussitôt après Tarascon, les nuages ont commencé ; le ciel se salit d’une brume grisâtre et triste. Tout le paysage devient lugubre ; les Cévennes ont un air désolé, repoussant. Que le Midi est beau par comparaison ! J’entends le vrai Midi, celui de Marseille et de l’Italie, non celui du Languedoc et de Toulouse.

Enfin apparaît Lyon, brumeux, avec ses hautes rues étroites. — On ne voit pas clair à midi dans notre hôtel.