Chansons populaires de la Basse-Bretagne/François le Nové

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FRANÇOISE LE NOVÉ
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   Le marchand nouveau disait
A ses matelots, alors :

   — Amarrez ma chaloupe au quai,
Que j’aille voir Françoise le Nové ;

   Que j’aille voir Françoise le Nové,
Et lui porter un habit neuf...

   — Bonjour à vous, Françoise le Nové,
Me voici venu vous voir aujourd’hui ;

   Me voici venu vous voir aujourd’hui
Et vous apporter un habit neuf.

   — Et (bonjour) à vous, dit-elle, marchand nouveau,
Nous avons un fils beau comme le jour ;

   Nous avons un fils, depuis quatre mois,
Quand vous voudrez maintenant, nous nous marierons.

   — Vous épouser, Françoise, je ne puis pas ;
A une fille d’Angleterre je suis fiancé.

   — Si tu es fiancé à une fille d’Angleterre,
Je te donne mes cent mille malédictions,

   Et, en plus, celle du Seigneur Dieu,
Aussi bien sur mer que sur terre, partout où tu iras.

   — Taisez-vous, Françoise, ne dites pas cela,
Nous irons tous deux aux aires neuves.

   Le marchand nouveau disait
A ses matelots, alors :

   — Désamarrez ma chaloupe du quai,
J’ai eu la malédiction de Françoise le Nové ;

   J’ai eu la malédiction de Françoise le Nové
Et, en outre, celle du Seigneur Dieu ;

   Et, en outre, celle du Seigneur Dieu,
Aussi bien sur mer que sur terre, partout où j’irai.


   Il n’avait pas achevé de parler,
Que son navire neuf a sombré ;

   Que son navire neuf a sombré,
Et tout son bien, et ses matelots.

   — La chapelle de Notre-Dame de Kerfot,
Au dire de tous, est un lieu de dévotion...

   Si vous voulez me conserver la vie,
Je vous élèverai une chapelle neuve ;

   Je vous élèverai une chapelle neuve
En bois de sapin, en terre-neuve.

   Et moi j’irai maintenant à Bulat,
Nu-pieds, nu-tête, et à pied ;

   Nu-pieds, nu-tête, et à pied,
Sur mes genoux nus, si je peux durer.

   Si Françoise le Nové arrive ici,
Allez, matelots, la saluer,

   Et dites-lui : bonjour ma bonne maîtresse !
Votre amour est allé à Bulat ;

   Votre amour est allé à Bulat,
Nu-pieds, nu-tête, et à pied,

   Et s’il peut revenir à la maison en vie,
Il vous épousera, Françoise le Nové !..,


Chanté par Marie Yanno, journalière
à Kercabin, sept. 1888.


Une autre leçon débute ainsi :


   Aussi belles que la fleur des poiriers,
Ou que les roses du néflier ;

   Ou que les roses du néflier
Sont les filles des environs de Tréguier,

   Particulièrement Françoise Labbé,
Qui a eu cette année fraîche nouvelle ;

   Qui a eu un petit garçon
D’un marchand de Rouen...

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