Chansons populaires de la Basse-Bretagne/La fillette de Bois-Rouan

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LA FILLETTE DE BOIS-ROUEN
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   Autrefois, quand j’étais à Bois-Rouan,
Moi, je ne marchais pas (à pied), toute seule :

   Ou en carrosse, ou à cheval, (oui),
Mais toute seule (à pied) je ne marchais pas.

   Autrefois, moi j’avais des souliers
Dont vous n’auriez pu voir les talons ;

   Dont vous n’auriez pu voir les talons,
Tant il y avait de rubans à les couvrir ;

   Des rubans d’argent et d’or,
Mais, à présent, hélas ! je suis pauvre.

   Je m’imaginais que, quand je me marierais,
Nulle autre besogne je n’aurais à faire,

   Que me laver les mains, toutes deux,
Aller au pardon, casser des noix.

   Mais, à présent, il faut que je fasse pire (travail),
Piler l’ajonc avec mes pieds nus ;

   Piler l’ajonc avec mes pieds nus,
Encore ai-je souvent le festin du bâton !

   Les jeunes gens, quand ils se marient,
Doivent louer un jardin,


   Et y mettre quatre espèces de plantes :
Mélancolie, jalousie et tourment ;

   Et l’herbe de la patience,
Et aller souvent la visiter.

   Les jeunes gens s’imaginent
Qu’il tombe de l’or jaune du haut des arbres ;

   Qu’il tombe de l’or jaune du haut des arbres,
Quand ce sont les feuilles jaunies ;

   Quand ce sont les feuilles jaunies
(Qui tombent), pour faire place aux feuilles nouvelles.


Chanté par Joseph Le Braz, Pleyben. — sept. 1889.
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