Chants et chansons politiques/L’Écritoire d’argent
L’ÉCRITOIRE D’ARGENT
Quelle belle écritoire d’argent
Quelle belle écritoire :[1]
Dit Laboulaye en y logeant
L’encre d’un pître de la foire ;
Quelle belle écritoire d’argent
Quelle belle écritoire.
Je tiens cette écritoire d’argent
Je tiens cette écritoire,
De Strasbourg, pays indulgent
Pour mon peu de verve oratoire ;
Je tiens cette écritoire d’argent,
Je tiens cette écritoire.
Rendez-nous l’écritoire d’argent
Rendez-nous l’écritoire,
Dit Strasbourg, car, en y songeant,
Votre civisme est illusoire ;
Rendez-nous l’écritoire d’argent,
Rendez-nous l’écritoire.
Rendez-nous l’écritoire d’argent
Rendez-nous l’écritoire,
Ollivier en vous protégeant
Vous a fait tourner, c’est notoire ;[2]
Rendez-nous l’écritoire d’argent,
Rendez-nous l’écritoire.
Rendez-nous l’écritoire d’argent,
Rendez-nous l’écritoire,
Car vous n’irez plus propageant
L’instruction obligatoire ;
Rendez nous l’écritoire d’argent,
Rendez-nous l’écritoire.
Rendez-nous l’écritoire d’argent ;
Rendez-nous l’écritoire,
Entrez au Sénat, c’est urgent,
Si vous voulez un auditoire ;[3]
Rendez-nous l’écritoire d’argent.
Rendez-nous l’écritoire.
Rendez-nous l’écritoire d’argent
Rendez-nous l’écritoire,
Là, vous aurez en émargeant.
Trente mille francs de pourboire ;
Rendez-nous l’écritoire d’argent,
Rendez-nous l’écritoire.
Je garde l’écritoire d’argent
Je garde l’écritoire,
Répond Laboulaye en rageant,
Ma conduite est très-méritoire ;
Je garde l’écritoire d’argent,
Je garde l’écritoire.
Je garde l’écritoire d’argent
Je garde l’écritoire,
Sous l’empire on est arrangeant,
L’apostasis est une gloire !
Je garde l’écritoire d’argent,
Je garde l’écritoire.
- ↑ La ville de Strasbourg, pour indemniser M. E. Laboulaye des frais de sa candidature républicaine dans le Bas-Rhin, lui envoya un encrier en argent, véritable objet d’art, estimé 10,000 francs.
- ↑ M. Laboulaye, sur la promesse de devenir ministre de l’instruction publique dans une nouvelle combinaison ministérielle de M. É. Ollivier, fit une circulaire pour engager ses concitoyens à voter oui pour le plébiscite du 8 mai 1870.
- ↑ M. Laboulaye, après s’être rallié à l’empire, fut obligé de suspendre le cours qu’il faisait au collège de