Chants et chansons politiques/La Société des Gourdins-réunis

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G. Guérin, libraire (p. 51-53).


LA SOCIÉTÉ DES GOURDINS-RÉUNIS

Air : Veillons au salut de l’empire.


Veillons au salut de l’empire,
Veillons au maintien des Gandins ;
On aura beau faire et beau dire :
L’empire a besoin de gourdins.
Rallions-nous au chant des Pompiers de Nanterre ;[1]
Ce chant patriotique est bien digne de nous !
Vous verrez, à ce cri de guerre,
Paris succomber sous nos coups, (bis)

Saint-Gourdin il faut que tu croies
À nos privilèges sauvés ;
Le Capitule avait ses oies,
L’empire a ses petits-crevés.
Rallions-nous, etc.

Remplaçons la gendarmerie,
Par nos bons gourdins-réunis,
Basile est de la confrérie ;
Nous irons tous en paradis.
Rallions-nous, etc.

Figaro porte la soutane
Et révère Saint-Chassepot,
Depuis qu’il met sa tête d’âne
Dans le chapeau rond de Veuillot.
Rallions-nous, etc.

Le bon Veuillot, cet honnête homme,
A foi dans Saint-Martin-Bâton ;
S’il nous revient jamais de Rome,[2]
Nous le mettrons dans du coton.
Rallions-nous, etc.

Villemessant, en politique,
Est une personnalité
Qui vaut bien la statue antique
Qu’on appelle la Probité.
Rallions-nous, etc.

Par zèle, dans les cas extrêmes,
Nous parcourrons les boulevards ;
Nous nous ferons mouchards nous-mêmes
Pour mieux moucharder les mouchards.
Rallions-nous, etc.

Et dans notre rousse nouvelle
Nous mettrons Cochin, Janicot,
Coquille et toute leur séquelle
Pour graisser la patte à Jocko.[3]
Rallions-nous, etc.

Faisons grand pour sauver l’empire[4]
Son docteur le dit au plus bas ;
Si le ridicule conspire
L’empire n’en reviendra pas.
Rallions-nous, etc.

Guizot, Thiers et les deux chambres
Au moribond tâtent le pouls ;
Pour le saigner aux quatre membres
Il ne manque plus que Falloux.[5]
Rallions-nous, etc.

9 mars 1870.



  1. Chanson que les orgues de barbarie rendirent populaire. (1869.)
  2. Louis Veuillot alla à Rome, y resta pendant le concile œcuménique pour soutenir l’infaillibilité du pape (1870). Il s’est toujours posé en paladin de l’Eglise et n’en a jamais été que le baladin
  3. Jocko, singe habitant le palais des Tuileries, que S. M. l’impératrice avait rapporté d’Égypte, lors de son voyage à l’inauguration du canal de Suez, en 1869.
  4. L’expression faire grand fut mise à la mode par M. Clément Duvernois en parlant de l’empire. Ce monsieur, de républicain socialiste, devint le confident du chef de l’État. Il est connu sous le nom de l’Égérie des Tuileries. — Il a pris la fuite, après la débâcle de Sedan. Londres eut le bonheur de lui donner asile.
  5. Clérical fieffé.