Chants et chansons politiques/Le Bon Bourgeois

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G. Guérin, libraire (p. 15-17).


LE BON BOURGEOIS

AIR : Toto, Carabo.


Sous le céleste empire
De Napoléon trois
Le bourgeois,
Pousse jusqu’au délire

Le respect et l’honneur,
Il a peur.
Quel Béotien !
Quel Arcadien ![1]
Il ne s’oppose à rien.
Tout est très-bien,
Tout est fort bien
Pour ce bon citoyen.

A-t-il faim quand il mange ?
A-t-il soif quand il boit ?
Non, ma foi !
Sa maîtresse est un ange,
Qui n’aime en lui souvent
Que l’argent.
Quel Béotien ! etc.

Ami de la routine,
Il voit dans le progrès
Des excès ;
Il maudit Lamartine,

Mais il pendrait Proudhon
Pour de bon !
Quel Béotien ! etc.

S’il arrive à la Chambre,
Il met la liberté
De côté ;
Du héros de Décembre
Il vote sans regret
Le budget.
Quel Béotien ! etc.

Pour instruire sa femme,
Il prend un confesseur
Directeur ;
Qui le fait, là, mais dame !
De par saint Escobar
Bien cornard.
Quel Béotien ! etc.

Le mot de République
Lui donne, en sa maison,
Le frisson ;
Si grande est sa panique,
Qu’il voit dans l’empereur
Un sauveur !
Quel Béotien ! etc.

  1. Une partie des membres de la Chambre des députés, la plupart bourgeois, avait ses réunions privées rue de l’Arcade. De là, le surnom d’Arcadiens. La réaction était son drapeau. (Session de 1868-1869). — Elle avait pour chef de file M. Granier de Cassagnac, qui touchait 160,000 fr. par an sur les fonds secrets, pour insulter les républicains. (Voyez les pièces trouvées aux Tuileries, après le 4 septembre 1870).