Chorège

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Chez Léon Vanier, éditeur (p. 61-62).


CHORÈGE


À Monsieur Jean Rameau,
littérateur français.


« La dernière fois que je le vis, ce fut, si je ne me trompe, chez une comtesse de la rue Saint-Honoré, et l’on raconte qu’une autre comtesse qui demeure dans les environs de la gare Saint-Lazare, et très suspecte de basbleuisme, hélas ! le comptait parmi ses fidèles. »
Des œuvres complètes de M. Jean Rameau. Lettre à l’Écho de Paris du 10 mars 1891.



Claudicator ayant découvert qu’il existe
Des comtesses ailleurs qu’aux romans de Balzac,
A chaussé des gants paille et revêtu le frac :
On le prendrait, tant il est beau, pour un dentiste.

Jadis potard, expert à triturer les bols,
Il rêvait, dédaignant le nom d’apothicaire,
À des in-folios connus d’Upsal au Caire.
— Et ses dormirs furent hantés par les Kobolds.


Maintenant, l’œil féroce et la bouche crispée,
Il récite devant l’indulgence attroupée
Des vieilles dames aux appas gélatineux :

Et, surprenant effet des rimes qu’il accole,
Nonobstant la rigueur des corsets et des nœuds,
Sa voix fait tressaillir tous ces baquets de colle.