Aller au contenu

Chronique de Guillaume de Nangis/Année 1184

La bibliothèque libre.
Règne de Philippe II Auguste (1180-1223)

◄   1183 1184 1185   ►



[1184]


Il s’éleva une dissension entre Philippe, roi de France, et Philippe, comte de Flandre, au sujet de la terre et du comte de Vermandois. Ledit comte avait pendant long-temps, du vivant du roi Louis, père dudit roi Philippe, après la mort de Raoul, comte de Vermandois, possédé cette terre en paix et tranquillité, quoiqu’injustement, et s’opiniâtrait encore à la vouloir retenir. C’est pourquoi le roi Philippe rassembla une armée près de la ville d’Amiens ; mais le comte, craignant sa puissance et le grand nombre de ses troupes, lui rendit tout le Vermandois ; il demanda cependant qu’on lui laissât, pendant sa vie seulement, les châteaux de Saint-Quentin et Péronne, et obtint ce qu’il desirait.

Héraclius, patriarche de Jérusalem, se rendit en France, avec le prieur de l’Hôpital, auprès du roi Philippe, qui leur rendit beaucoup d’honneurs, pour lui demander de secourir la Terre-Sainte. Comme le roi n’avait pas alors d’héritier, par le conseil des prélats et des grands, il envoya pour le secours de la Terre-Sainte une grande multitude de chevaliers et d’hommes de pied, leur fournissant sur ses propres revenus des sommes suffisantes.

Philippe, roi de France fit paver de dures et fortes pierres toutes les rues de Paris, s’efforçant par là de faire perdre à cette ville son ancien nom, car elle avait été appelé autrefois Lutèce par quelques hommes, à cause de la boue dont elle était empuantie. Elle avait été fondée autrefois par les Troyens sortis de la Sicambrie avec Ybor, leur prince, huit cent quatre-vingt-cinq ans avant l’Incarnation du Seigneur, et ils lui avaient donné le nom de Paris, et avaient pris celui de Parisiens, d’Alexandre Paris, fils de Priam, roi de la ville de Troie, détruite sous son règne.