Cocardasse et Passepoil/II/11

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Librairie Ollendorff (p. 159-164).


XI

BAVARDAGE IMPRUDENT


C’était un grand point pour le comte de connaître la demeure et le déguisement des assassins de Nevers, de savoir que des gens comme Nocé et La Vallade avaient assez fait litière de leur dignité pour s’abaisser au rôle de saltimbanques, et aussi d’être renseigné sur l’arrivée imminente du reste de la bande.

De tout cela, il allait faire son profit. En attendant, il se demandait sous quelle forme allaient se présenter les roués qui manquaient encore à l’appel.

De même que les autres, ils ne pouvaient rentrer à Paris à visage découvert et si, quant à lui-même, leur transformation lui importait peu, il n’en était pas de même pour ce qui concernait les prévôts.

Lagardère, dans la lutte décisive qu’il allait avoir à soutenir, avait conscience de la valeur de ses auxiliaires. S’il était disposé à ne pas ménager leur vie plus que la sienne, du moins jugeait-il inopportun de les exposer à des dangers inutiles ou inconnus.

Il ne fallait pas songer, en effet, à revêtir Cocardasse, Passepoil, — et le Berrichon par surcroît, — d’accoutrements qui pussent les priver de leur épée, dont ils n’avaient jamais eu tant besoin qu’en ce moment. D’un autre côté, en les laissant tels quels, c’étaient les mettre dans un état d’infériorité constante vis-à-vis de leurs adversaires masqués.

Ne savait-il pas maintenant que Nocé et son compagnon en avaient déjà profité, car, reconnaissant immédiatement les deux maîtres, ils s’étaient empressés de s’acharner à leur perte. Les autres ne pourraient moins faire que d’imiter ce bel exemple, peut-être isolément, peut-être ensemble, à un moment où lui-même ne serait pas là pour les prévenir ou leur porter aide ?

— À Dieu va ! se dit-il après de longues réflexions. Les gaillards sont chatouilleux au possible et de taille à se tirer à leur honneur de toutes les embuscades ; ils m’en voudraient d’en douter. Nous verrons bien venir les événements.

Sur cette conclusion, très optimiste, le petit escholier entra dans la boutique d’un boucher pour y faire emplette de viande saignante.

— Quoi, lui demanda l’étalier qui semblait le connaître, te voilà encore à jeun à cette heure ? va-t’en vite souper, mon pauvre ami, tu as besoin de faire bonne chère pour te remettre un peu de sang aux joues.

Lagardère sourit, glissa sa marchandise dans la poche de son pourpoint et alla, de son pas tranquille, vers la petite rue de Nevers, proche le Pont-Neuf, où il avait son logis.

C’était une simple petite chambre sous les toits, une mansarde dont il vivait la clef sur lui. Il referma la porte sur ses talons, jeta dans un coin ses volumineux bouquins et se débarrassa de son justaucorps, ce qui veut dire qu’il reparut en son état naturel, droit comme un I, ferme sur ses jambes et souple comme une épée.

Contrairement aux suppositions du boucher, il ne s’occupa point de vaquer à quelque besogne de cuisine. Rien, d’ailleurs, dans la pièce mansardée, n’eût pu servir à ses fins et Lagardère s’était largement garni l’estomac avant de se rendre au café Procope.

Cela ne l’empêchait pas d’avoir un convive de fort bon appétit, à en juger par la quantité de viande qui lui était destinée.

D’étrange nature, ce convive, car Henri l’alla chercher dans la fameuse besace que nous avons vue déjà plusieurs fois s’agiter sur son dos. Pour l’instant, elle se livrait à une danse effrénée, qui l’eût peut-être été davantage encore si la courroie qui la retenait n’eût été solidement attachée au pied de la table.

L’odeur de la chair n’y était certainement pas étrangère, car il suffit au comte de la retirer de sa poche pour provoquer un redoublement de bonds de la part du sac mystérieux.

Avant de s’en approcher, Lagardère alla s’assurer que la clef, mise en dedans, obstruait parfaitement le trou de la serrure et qu’un œil indiscret ne pouvait surprendre son secret. S’il ne désirait pas qu’on le connût à ce moment, force nous est à nous-mêmes de remettre à plus tard pour le dire.

Ce qu’il y a de certain, c’est qu’une heure après le comte dormait profondément et son convive de même, car le sac de toile était devenu complètement immobile.

À l’hôtel de Nevers, Morphée ne se montrait pas si clément pour Cocardasse et Passepoil auxquels, malgré les fatigues et les émotions de la journées il fut impossible de fermer l’œil au moins pendant une bonne partie de la nuit.

Couchés dans cette chambre que nous connaissons déjà, ils avaient beau appeler le sommeil ; dès que l’un fermait les paupières, l’autre le réveillait par une exclamation :

— Té ! ma caillou !… s’écriait tout à coup Cocardasse en se retournant, quelle joie d’avoir retrouvé notre Lagardère !…

— Parbleu ! mon noble ami… J’allais m’endormir…

— Ver ?… Est-ce qu’on dort quand on songe que le Petit Parisien il devrait être ici, sous ce toit, et que Mlle Aurore elle ne devrait pas dormir non plus, parce qu’elle serait heureuse qu’il soit de retour ?

— Crois-tu donc qu’elle a les yeux fermés à cette heure ?… Ah ! ventre de biche ! il est bien plus probable qu’elle pleure…

— Serait-elle tant chagrine, la minionnette ?

— Ah ! Cocardasse !… on voit bien que tu ne sais pas ce que c’est qu’une femme qui aime !…

Sur cette constatation pleine de reproches du sensible Normand, les deux prévôts s’attendrirent et il s’en fallut de fort peu qu’ils se missent à larmoyer eux-mêmes.

Amable poussa un grand soupir :

— Peut-être que Mathurine me pleure aussi, dans le silence de la nuit ?… Où est-elle, ma pauvre Mathurine ?…

Le Gascon, bien qu’il méprisât profondément les bêtises du cœur, respecta cet élan de tendresse de son compagnon et, pendant un instant, ils se turent tous deux.

Les paupières de l’amoureux Falaisien s’alourdissaient déjà, lorsque Cocardasse reprit :

— Oïmé ! pendant que nous sommes là bien douillettement dedans la plume et nos matelas de laine, où penses-tu qu’il soit, lui ?

— Je n’en sais rien…

— Il faudrait peut-être le savoir, ma caillou ! fit sévèrement le Toulousain révolté par cette apparente insouciance. Les rues de Paris elles ne sont pas sûres pendant la nuit et nous n’aurions pas dû le quitter.

— Puisqu’il nous en a donné l’ordre… Si nous étions constamment à ses côtés, cela suffirait à le faire reconnaître.

Cette logique n’était pas pour contrarier son compagnon qui poursuivit :

— Té !… comme tu sais raisonner juste, mon brave Amable… Quelle drôle d’idée il a aussi de se cacher quand il pourrait aller dans tout Paris et à la cour, le front haut, comme un gentilhomme,… et l’un des premiers après le Régent.

— Ses idées ne nous regardent pas, Cocardasse.

Celui-ci allait parler de nouveau, mais il s’arrêta net, s’assit sur son lit et prêta l’oreille.

— Qu’as-tu ? lui demanda le Normand.

— Mon bon, il me semble avoir entendu du bruit près de la porte.

— Tu rêves ! il n’y a personne debout dans l’hôtel à cette heure.

Ils continrent leur respiration pour mieux écouter, mais le bruit ne s’étant pas reproduit, la conversation reprit de plus belle.

— Sandiéou ! ce secret me pèse… Comment ferons-nous pour voir chaque jour la tristesse de Mlle Aurore sans lui dire que le comte il est à deux pas d’ici ?… Il ne faudrait qu’un mot, ma caillou, un tout petit mot pour qu’elle soit si heureuse…

— Ta langue te perdra, Cocardasse !…

— Moins vite que les cotillons ne te feront tourner en bourrique, Amable.

— Mon intention n’était pas de te froisser, mon noble ami. Je constate seulement qu’on ne peut te confier un secret sans qu’il te prenne l’envie d’aller le chanter sur les toits… S’il s’agissait d’autre chose, passe encore, mais le secret de notre Lagardère est sacré.

— Ce n’est pas pour le mal que je…

— Qu’importe !…

— Qu’est-ce que cela fait ?… Le comte nous a dit : « Je vous défends de faire connaître à qui que ce soit ma présence ici, surtout à Mlle de Nevers… »

On me mettrait à la torture, on brûlerait devant moi Mathurine à petit feu que je ne dirais rien… Cocardasse, tu vas me jurer sur…

— Sur quoi, ma caillou ?… Moi, je n’ai pas de passion…

Frère Amable réfléchit un instant :

— Sur Pétronille, fit-il, jure-moi sur la nouvelle Pétronille que tu seras muet comme une carpe.

La lune filtrait à travers les vitres enchâssées dans les cadres de plomb, et sa pâle clarté tombait juste sur le lit du Gascon. Son compagnon le vit décrocher son épée, étendre la main dans un geste théâtral :

— Foi de Cocardasse junior ! articula le prévôt, je jure sur ma Pétronille n° 2 de dire…

— De dire quoi ? coupa Passepoil.

— Té !… mon bon, de dire que le comte Henri il n’est pas à Paris…

Le Normand haussa les épaules :

— Pauvre ami, prononça-t-il sur un ton de pitié, ce n’est pas cela… Répète après moi… Je jure…

— Je jure…

— De ne dire à personne que j’ai vu le comte de Lagardère, de ne pas prononcer un mot qui puisse le faire supposer, surtout devant Mlle de Nevers ou quelqu’un qui pourrait le lui répéter, et cela, tant qu’il ne m’aura pas lui-même délié de mon serment.

Cocardasse répéta mot à mot chaque membre de phrase et, quand ce fut fini, poussa un ouf ! de satisfaction. Si bavard qu’il fut, sa langue était maintenant clouée par un serment, il le tiendrait !

— Eh donc ! ma caillou, il me tarde d’être au jour pour le revoir…

— Moi de même…

Sur ce souhait, la conscience en repos, ils s’endormirent et un bruit semblable à un concert de tuyaux d’orgues ne tarda pas à troubler seul le silence.

De l’autre côté de la porte, dans le couloir, deux formes blanches et légères s’étaient tenues aux écoutes pendant tout ce dialogue. Dès que le double et sonore ronflement eut remplacé la conversation, indiquant que les prévôts étaient partis pour le pays des songes, d’un commun accord elles s’éloignèrent glissant sans bruit sur le parquet.

Cocardasse n’avait pas rêvé. Tout ce qu’il venait de dire avait été entendu.

Qui donc osait espionner jusque dans l’hôtel de la veuve de Nevers ?… Des ennemis ?… On faisait trop bonne garde autour d’Aurore de Nevers pour qu’il pût s’en glisser un seul… Alors ?

C’était doña Cruz et Jacinta.

Celle-ci avait veillé tard et regagnait sa chambre avec rapidité, mais sans faire gémir les lames du plancher, qu’effleurait à peine son pas élastique de montagnarde, lorsqu’en passant devant la chambre occupée par les maîtres d’armes, un bruit de voix vint frapper son oreille…

Surprise qu’il y eût encore quelqu’un d’éveillé, elle s’arrêta comme par instinct. Elle avait l’ouïe fine et les premiers mots du Gascon la clouèrent sur place, non point curieuse, mais anxieuse.

Il ne lui fallait pas un bien grand effort pour comprendre aussitôt de quoi il s’agissait.

Une seconde elle hésita.

Fallait-il tout entendre pour aller ensuite rapporter la conversation à Aurore, ou ne valait-il pas mieux lui donner les moyens d’entendre elle-même ?


Car, en aucun cas, elle ne voulait être seule à bénéficier du hasard qui lui révélait une chose d’une importance capitale pour sa maîtresse.

Alors, la réflexion lui ayant fait comprendre que l’émotion serait peut-être trop forte pour la jeune fille, elle gagna en deux bonds la porte de Flor, dont elle-même avait la clef.

Celle-ci dormait ; la Basquaise la réveilla doucement, lui fit signe de se lever, et, lui ayant jeté une grande mante de soie sur les épaules, l’entraîna dans le corridor en appuyant un doigt sur ses lèvres.

Elles se glissèrent ainsi jusqu’à la porte des prévôts.

Retenant leur respiration, elles écoutèrent et ne songèrent à rire, ni de l’évocation de Passepoil à Mathurine, ni du serment de Cocardasse.

— Braves gens ! dit doña Cruz dès qu’elle eût regagné son lit, où elle se blottit toute frileuse.

— Ceux-là sont de vrais cœurs ! approuva Jacinta. Qu’allons-nous faire de leur secret ?

— Le garder… Il ne nous appartient pas et je n’ai pas besoin de te faire jurer le silence… Enfin, nous savons qu’Henri est revenu d’Espagne, qu’il poursuit, qu’il va peut-être achever son œuvre.

— Dieu veuille qu’il le puisse bientôt, pour Mlle Aurore et pour vous !

— Ma pauvre Aurore !… Je vais donc pouvoir, plus forte moi-même, ranimer son courage, lui faire partager mon espoir dans la prochaine consécration de notre bonheur… Merci à toi, ma bonne Jacinta, de m’en avoir fourni le moyen.

— Hélas ! que ne puis-je vous le ramener ?

— Va… il reviendra bientôt, je le sens, j’en ai maintenant la conviction…

Cependant elle pencha sa belle tête brune et murmura avec tristesse :

— Il va encore avoir bien des dangers à courir, peut-être… Fasse le ciel qu’il en triomphe et qu’il n’échoue pas si près du port… J’espère, car je sais à présent qu’il n’est plus seul et que ses pires ennemis sont loin… Pourtant, il n’a pas tué Gonzague, sans quoi il serait revenu ici… Ma tête s’y perd, ma pauvre Jacinta !… Avant de te coucher, prie pour lui, pour Aurore, pour nous tous…

Avant de se retirer, la Basquaise lui posa encore une question :

— Ne direz-vous rien de ceci à M. de Chaverny ?

— À personne… C’est le secret d’Henri, nous ne pouvons en disposer en faveur de qui que ce soit… Adieu, Jacinta, embrasse-moi et va te reposer un peu.

Elle-même essaya vainement de se rendormir. Mille suppositions traversaient son cerveau, mille projets aussitôt détruits qu’ils étaient nés.

Elle en vint même à regretter ce qu’elle avait appris, tant il lui semblait qu’à elle, comme à Cocardasse, ce secret allait être lourd à porter.

Ce fut elle, au matin qui alla réveiller Mlle de Nevers. Elle lui passa ses bras autour du cou, baisa ses cheveux blonds.

— Que veut dire ceci ? demanda Aurore avec surprise. Te voilà debout avec le soleil et tu n’as point coutume de venir m’embrasser si tôt.

C’était vrai. Flor ne s’apercevait pas de ce que sa joie avait de singulier, au contraire de ce qui se passait les autres matins, quand les jeunes filles, en s’embrassant avec tristesse, ne pouvaient s’empêcher de songer qu’un jour se levait encore où nulle joie ne leur serait apportés, où aucune nouvelle ne leur viendrait de l’absent sur qui reposait leur sort.

Et voilà qu’elle était gaie, enjouée. Toutes les sombres pensées qui s’étaient heurtées dans sa tête à la fin de la nuit s’étaient évanouies avec la lumière, avec le soleil. Elle débordait d’espérance, toute prête à la communiquer à son amie, ne comprenant même pas que celle-ci ne l’eût pas déjà devinée.

Cependant Mlle de Nevers la regardait dans les yeux, où elle avait si bien l’habitude de lire.

— Flor, dit-elle tout à coup, tu me caches quelque chose et ta gaieté me dit que c’est quelque chose d’heureux. Parle, parle vite… Qu’as-tu appris ?

— Rien, ma pauvre mignonne… Je me suis levée ainsi, ce matin, plus joyeuse que de coutume… C’est peut-être un pressentiment, que veux-tu ?…

Mais je ne puis rien te dire, sinon que je me sens beaucoup d’espoir et que je voudrais te voir de même.

— Hélas !… soupira Aurore, moi aussi j’essaie quelquefois d’espérer ; à quoi bon ?… Chaque jour ramène la même peine, la même incertitude, et cette incertitude me brise… Où est-il ?… Que fait-il ?… Pourquoi ne revient-il pas ?

— Il va venir…

— Qui te l’a dit ? s’écria Mlle de Nevers en se dressant sur son lit. Flor !… je te le répète, tu sais quelque chose…

— Et moi je te répète que je ne puis rien te dire… Espère, espère et prie, je suis sûre que Dieu t’exaucera…

— J’ai usé mes genoux sur des dalles de la chapelle… À quoi cela a-t-il servi ?

— À hâter l’heure !… Prie encore aujourd’hui : peut-être demain sera-t-il le jour heureux ; prie demain pour le jour qui suivra et ne perds pas courage… Moi j’ai foi dans un événement prochain…

— Tu as sans doute fait un rêve ? demanda Aurore. Quelquefois tes songes se font réalisés et je sais que tu as toute croyance en eux… Flor, ma chérie, qu’as-tu donc rêvé cette nuit ?

Doña Cruz saisit cette occasion de donner plus de poids à ses assertions sans manquer à la promesse qu’elle s’était faite. Jusque-là elle n’avait pas menti en affirmant à son amie qu’elle ne pouvait rien lui dire. En mettant la question sur le compte d’un rêve, il lui serait possible d’aller plus loin, de mieux communiquer sa conviction.

— Eh bien ! c’est vrai ! avoua-t-elle sans rougir de son mensonge, j’ai rêvé. Des voix connues parvenaient jusqu’à mon oreille et parlaient d’Henri. Elles disaient qu’il était en chemin pour revenir, que peut-être il était là, pas bien loin, et qu’un léger obstacle l’empêchait d’arriver plus vite.

Aurore, les mains jointes, écoutait avec attention. Une prière montait de son cœur pour que cette fiction fût une réalité et que son amie, la jugeant suffisamment préparée à la joie, en vînt à lui dire :

« Non, ma chérie, ce n’est point un rêve ; si j’ai tant tardé à te le dire, c’est pour t’éviter une émotion trop vive… il va venir, il est là ! »

Mais Flor ne prononça point ces paroles qu’elle attendait et la pauvre enfant baissa la tête, tandis qu’une larme humectait sa paupière.

— Et quelles étaient ces voix ? demanda-t-elle.

— Celles de ses prévôts, Cocardasse et Passepoil.

Aurore eut un geste de découragement.

— Ce n’est pas eux, murmura-t-elle, qui me le ramèneront. Quand tu les verras, dis-leur qu’ils ne s’absentent pas l’après-midi ; ils auront à nous conduire à l’hôtel de Saint-Aignan.

— Crois-moi, Aurore, laisse-les libres aujourd’hui, et demain, tant qu’ils le voudront, dussions-nous ne pas sortir. Si tu voyais Henri revenir avec eux, tu n’aurais pas à t’en repentir.

— Soit, répondit Mlle de Nevers, mais je n’en crois rien.

Doña Cruz la quitta, assurée qu’elle venait de faire un bon usage du secret qu’elle détenait depuis quelques heures.