Comment je cours sur la route/VIII

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Librairie de l'auto (p. 26-27).

L’équipement.

J’ai parlé tout à l’heure de mon système de cartouchière portative. J’y reviens pour vous dire les raisons qui me l’ont fait adopter.

Autrefois, je mettais tout mon bagage — et il en faut pour un Tour de France — dans ma sacoche. J’ai trouvé le procédé incommode. Je portais, en effet, un poids considérable sur ma roue d’avant. La moindre chute, avec ce poids, pouvait m’être funeste. Vous comprenez bien que plus une machine pèse lourd, et plus elle a de chance, en sas de choc violent, de se briser.

Et puis, avec une sacoche beurrée, une sacoche devant contenir, indépendamment des outils indispensables, quelques morceaux de sucre, du chocolat, deux bouteilles de liquide, café et thé sucré, vous comprenez bien qu’il n’était guère facile de trouver instantanément l’outil convenable. D’où énervement bien compréhensible, et perte de temps très appréciable.

Avec ma cartouchière portative, aucune hésitation. Je sais y trouver ce qu’il me faut : mon jeu de clefs Peugeot, deux axes de pédales, une lime, un tournevis de la graisse consistante, des billes, que sais-je encore ? Je ne place sur mon cadre que les rayons de rechange solidement fixés avec du chatterton, et le chatterton qui, en cas de crevaison, me permettra provisoirement de coller l’un des deux boyaux de rechange que je porte toujours en bandoulière.

Le procédé du collage au chatterton est assez primitif, mais il donne, momentanément du moins, d’excellents résultats.

Et l’on conçoit aisément, quand on connaît les dangereuses descentes des Alpes qu’on ne saurait les aborder sans pneumatiques collés. Au premier virage, si l’on ne prenait cette précaution, la chute serait inévitable…