Consommation de la glace dans Paris

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CONSOMMATION DE LA GLACE DANS PARIS


Il y a peu d’années encore, la fourniture de la glace nécessaire à la consommation de Paris était monopolisée par deux propriétaires auxquels appartenaient les glacières de Saint-Ouen et Gentilly, et celles de Ville-Neuve-l’Étang ; aujourd’hui que la ville a fait construire des glacières, il n’en est plus ainsi, c’est entre les fortifications et le chemin de fer de Passy, non loin des lacs qui doivent les approvisionner, que ces immenses dépôts ont été organisés.

On aura une idée de leur importance lorsque l’on saura que l’intérieur de la glacière est de mètres, et qu’elle a été divisée en dix compartiments formant des cubes de mètres de côté, et contenant chacun million de kilogrammes de glace, soit millions pour l’ensemble ; mais comme on admet un déchet de pour on ne compte que millions livrables.

Ces chambres, placées sur deux rangs, séparées entre elles et du roc qui les enveloppe par un double mur renfermant une couche d’air isolante, sont voûtées et recouvertes d’une couche de mètre de terre placée au-dessus du niveau du sol. De vastes hangars s’élevant au-dessus empêchent les pluies d’humecter le sol et le soleil de l’échauffer.

Les voitures destinées au transport des glaces dans Paris sont amenées dans une chambre isolante réunissant les quatre couvertures de quatre glacières adjacentes, puis descendues au moyen d’un treuil dans la galerie elle-même.

Là ont été préparés d’avance des paniers contenant chacun kilog. de glace, afin de pouvoir en livrer  ; le déchet dans le transport est évalué à un sixième.

Ces paniers sont disposés dans des voitures construites ad hoc, puis, au moment du départ, celles-ci sont extraites de la glacière et livrent au consommateur les paniers tout préparés, sans perte de temps et sans manipulation à l’air libre.

Cette quantité de kilog. au prix de fr. étant encore très-considérable pour la consommation directe des habitants, on a fractionné des livraisons en paniers de fr. et même de fr., dans lesquels ont met et kilog. de glace.

La construction des glacières à Passy n’a pas seulement pour objet le voisinage du bois de Boulogne ; elle a eu aussi en vue le cas possible d’un hiver exceptionnel, contraignant l’administration à demander son approvisionnement aux contrées du Nord, et la proximité d’un chemin de fer pour faciliter les transports.

La consommation de glace à Paris est de millions de kil. par an, livrés au commerce au prix de et centimes le kilog. En établissant elle-même des glacières, l’administration municipale a voulu empêcher le monopole d’augmenter le prix de la glace en gros et faire diminuer le prix de la glace en détail, en la vendant centimes le kilog.

Chaque kilogramme de glace paye centimes à l’octroi, de sorte que, si, en abaissant le prix de la glace détaillée, on en augmente la consommation, la ville gagne centimes par chaque kilog. qui entre en plus dans cette consommation, soit fr. par chaque million de kilog., soit fr. pour les millions de kilog. qu’elle s’est mise en mesure de pouvoir livrer.

Eh bien, malgré ces réserves immenses, ces agglomérations d’eau congelée provenant de plusieurs hivers, il y a eu presque disette de glace à Paris cet été, qui, comme on sait, a été exceptionnellement chaud et long. Les restaurateurs et les limonadiers n’en délivrèrent aux consommateurs qu’avec parcimonie, parce que la ville avait réduit sa fourniture au chiffre de l’abonnement, qui n’est en général que le quart de ce que ces établissements consomment.

Louis de Kérazo.