Correspondance (Diderot)/21

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Correspondance générale, Texte établi par J. Assézat et M. TourneuxGarnierXIX (p. 453-454).


XXI

AU MÊME[1].
14 juin 1758.

Si je veux de vos articles, monsieur et cher maître, est-ce qu’il peut y avoir de doute à cela ? Est-ce qu’il ne faudrait pas faire le voyage de Genève et aller vous les demander à genoux, si on ne pouvait les obtenir qu’à ce prix ? Choisissez, écrivez, envoyez, envoyez souvent. Je n’ai pu accepter vos offres plus tôt ; mon arrangement avec les libraires est à peine conclu. Nous avons fait ensemble un beau traité, comme celui du diable et du paysan de La Fontaine. Les feuilles sont pour moi, le grain est pour eux ; mais au moins ces feuilles me seront assurées. Voilà ce que j’ai gagné à la désertion de mon collègue. Vous savez, sans doute, qu’il continuera de donner sa partie mathématique. Il n’a pas dépendu de moi qu’il ne fît mieux. Je croyais l’avoir ébranlé ; mais il faut qu’il se promène. Il est tourmenté du désir de voir l’Italie. Qu’il aille donc en Italie ; je serai content de lui s’il revient heureux, etc.



  1. Le 19 mai 1758, Voltaire s’était plaint à d’Argental du silence de Diderot : « J’ai fait, dit-il, des recherches très-pénibles pour rendre les articles Histoire et Idolâtrie intéressants et instructifs… Je vous demande en grâce d’exiger de Diderot une réponse catégorique et prompte. Je ne sais s’il entend les arts et métiers et s’il a le temps d’entendre le monde… »