Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 2/0300

La bibliothèque libre.
Louis Conard (Volume 2p. 337).

300. À LOUISE COLET.
1 heure du matin.

La Banque que j’avais projetée échoue ; mon compte fait et ma place payée il me restera 3 francs. Il m’en aurait fallu au moins une dizaine. J’en suis vexé. Enfin ! c’eût été de l’argent agréablement jeté par la fenêtre ! et j’en ai tant jeté sottement.

Adieu, pauvre cœur, adieu. J’ai entendu tout à l’heure le bruit de tes deux portes se refermer. Demain soir je serai là-bas ; je ne sortira plus de chez toi comme tous ces jours-ci. Quand tu liras ce billet je serai déjà rentré dans ma longue vie habituelle.

Adieu, ne te décourage pas. Grandis de plus en plus. L’orgueil est un dur consolateur, mais il console.

Adieu encore, je embrasse de tous mes membres et de toute mon âme.