Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 5/0733

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Louis Conard (Volume 5p. 39-40).

733. À ALFRED BAUDRY (?)[1].
Vichy, samedi [23 août 1862].

J’attendais toujours pour vous écrire, mon cher vieux, que j’eusse quelque chose de neuf à vous narrer.

Or, ce matin, en même temps que votre lettre, j’en recevais une autre de Bouilhet où il me dit que Lévy accepte toutes mes conditions.

C’est-à-dire que j’ai :

1o Une édition in-8o ;

2o Pas d’illustrations ;

Et 3o La somme de dix mille francs net, sans que le ms ait été lu.

Maintenant, je vous prie de garder pour vous l’énoncé de ce chiffre, parce que le dit Lévy se propose de faire avec Salammbô un boucan infernal et de répandre dans les feuilles qu’il me l’a achetée trente mille francs, ce qui lui donne les gants d’un homme généreux. Voilà. Donc, motus, dites seulement que j’ai vendu à des conditions très avantageuses.

Dans quelques jours on m’envoie la copie du traité et je n’aurai plus qu’à le signer à Paris.

J’y arriverai probablement d’aujourd’hui en quinze ; il me faudrait encore une huitaine pour relire une dernière fois le ms. Dès le 15 ou le 18, je commencerai à imprimer, afin de paraître vers le 20 octobre.

Donc, je ne reviendrai pas à Croisset cette année.

Ma mère se trouve très bien des eaux de Vichy… quant au pays, mon cher vieux, il est stupide et peuplé de figures pauvres à faire peur ; voilà tout ce que j’en puis dire.

Je lis toujours le Cabinet des Fées, lecture peu amusante.

Adieu, je vous embrasse. Vestrissimo.


  1. Destinataire présumé.