Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 5/0735

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Louis Conard (Volume 5p. 42-43).

735. À ERNEST DUPLAN.
Vendredi [29 août 1862, Vichy].
Mon cher Ami,

Votre projet de traité me semble aussi bien que possible et je n’y vois rien à redire. Il me reste à m’incliner et à vous bénir.

J’appellerai néanmoins votre attention sur le § 2e de la 1re page. Je désire que Lévy indique les éditions qu’il fera, qu’il mette (comme c’est la coutume), sur le titre, le chiffre de l’édition, 2e, 3e, etc.

Demandez-lui pourquoi il n’a pas suivi cet usage dans la Bovary ? Un auteur aime à savoir où il en est avec le public. Lévy n’a jamais voulu me dire combien il avait vendu d’exemplaires de mon 1er roman. Je ne trouve pas cela gentil. A-t-il peur que je ne sois jaloux de l’argent qu’il gagne ? C’est me connaître bien peu. Je lui souhaite un million avec Salammbô.

Je partirai d’ici pour Clermont, probablement lundi ou mardi prochain au plus tard, et je serai à Paris le lundi 8 septembre, certainement.

Si Lévy tient à ce que je signe le traité tout de suite, envoyez-le-moi immédiatement, ou bien je le signerai dès le lundi 8 dans la soirée.

Au delà de lundi prochain, envoyez-moi vos lettres (si lettres il y a) à Clermont (Puy-De-Dôme), chez M. Bardoux, avocat.

Insistez pour qu’il indique les éditions ; je ne demande aucune blague, mais la déclaration de la vérité pure et simple.

Tout à vous.

D’où vient la petite farce signée Aurélien Scholl dans le Figaro d’hier ? Au reste, c’est peu important[1].


  1. Le Figaro du 28 août, sous la signature d’Aurélien Scholl, avait écrit : « M. Flaubert a demandé à M. Lévy 30 000 francs de son roman carthaginois de Salammbô, dont le manuscrit est déposé chez un notaire. M. Lévy ne comprend rien à la spéculation, les manuscrits ne produisant pas d’intérêts chez les notaires. »