Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 5/0750

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Louis Conard (Volume 5p. 74-75).

750. À GEORGE SAND.
[Janvier 1863.]
Chère madame,

Je ne vous sais pas gré d’avoir rempli ce que vous appelez un devoir. La bonté de votre cœur m’a attendri et votre sympathie m’a rendu fier. Voilà tout.

Votre lettre, que je viens de recevoir, ajoute encore à votre article[1] et le dépasse, et je ne sais que vous dire, si ce n’est que je vous aime bien franchement.

Ce n’est point moi qui vous ai envoyé, au mois de septembre, une petite fleur dans une enveloppe. Mais ce qu’il y a d’étrange, c’est qu’à la même époque j’ai reçu de la même façon une feuille d’arbre.

Quant à votre invitation si cordiale, je ne vous réponds ni oui ni non, en vrai Normand. J’irai peut-être, un jour, vous surprendre, cet été. Car j’ai grande envie de vous voir et de causer avec vous.

Il me serait bien doux d’avoir votre portrait pour l’accrocher à la muraille dans mon cabinet, à la campagne, où je passe souvent de longs mois tout seul. La demande est-elle indiscrète ? Sinon, mille remerciements d’avance. Prenez ceux-là avec les autres que je réitère.


  1. Lettre sur Salammbô (janvier 1863) reproduite dans Questions d’art et de littérature (Paris, 1878), p. 305.312.