Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 5/0962

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Louis Conard (Volume 5p. 365-366).

962. À LA PRINCESSE MATHILDE.
Samedi soir [1868].

Comment ! « des excuses », Princesse ? Et de quoi donc ? « Si vous l’avez encore » (cette lettre). Je crois bien ! Et les autres aussi ! Rien de vous n’est à perdre.

D’ailleurs, voici la phrase en question, que je m’étonne maintenant de n’avoir pas lue couramment : « Je suis sûre que la vue de ce ménage[1] vous laissera la sécurité pour leur avenir ; mais ne sommes-nous pas curieux ? qu’en pensez-vous ? »

Quant à l’incident nouveau, je trouve que ce bon Sainte-Beuve n’a pas été très philosophe. Il me semble qu’à sa place j’en aurais ri. Je me vante peut-être ; mais il y avait, je crois, mieux à faire qu’à se fâcher.

Je voudrais vous retrouver dans la correspondance de Voltaire une lettre qu’il envoyait à Thiriot dans une circonstance analogue. M. du Deffant le déchirait, en arrière, tout en lui faisant des cajoleries. On l’avertit de la chose, et il répond là-dessus d’un ton supérieur, le ton d’un homme qui connaît les hommes et les femmes.

L’aventure est entièrement comique, du reste, et m’a fait rire. Je vous remercie de me l’avoir communiquée. Elle rappelle un peu la scène des billets, dans le dernier acte du Misanthrope. Mais quelle étourderie ! C’est inexplicable !

Quant aux conseils pratiques que vous donnez, Princesse, je vous en suis très reconnaissant et j’en ferai mon profit.

Nous en causerons. C’est une raison de plus pour désirer être auprès de vous.

Je me mets à vos pieds et suis votre très

affectionné et dévoué.
G. Flaubert.

  1. M. et Mme Taine.