Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 5/0973

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Louis Conard (Volume 5p. 381-382).

973. À SA NIÈCE CAROLINE.
Croisset, mardi, 3 heures [30 juin 1868].
Mon Loulou,

Ta grand’mère me charge de te dire que : jeudi prochain (après-demain), elle compte partir de Rouen à 11 h. 45 et espère te voir à la gare.

J’aurais bien du plaisir à l’accompagner, pour bécoter ta fraîche mine, mais le sacerdoce me retient.

Quand je reviendrai de Paris, je pousserai tout droit jusqu’à Dieppe, afin d’aller jouir un peu de ton hospitalité dans ta « délicieuse villa ». Ce ne sera pas, je crois, avant le milieu du mois d’août.

Tu sais que nous avons eu hier, à dîner, Censier[1] et le ménage Lapierre[2]. Eh bien ! Cette petite fête de famille a été réellement charmante. On n’était pas stupide comme la dernière fois. Au contraire ! et ce bon Didier n’a même dit de mal de personne. De qui a-t-on dit du bien ? De ma belle nièce ! Les oreilles ont dû t’en corner, mon Loulou. Je n’ai encore aucun détail sur la représentation dramatique de dimanche dernier, chez ton ami Pinel. Fortin m’a l’air perdu par le théâtre. Sérieusement, il a le bourrichon très monté.

Je viens de voir ton ancien modèle, Valentine, passer en canot sous ma fenêtre. Elle pêchait avec son papa. Voilà toutes les nouvelles.

Et quel beau temps ! Je pense à toi, ma Caro, et je te regrette.

Je trouve que ta grand’mère va beaucoup mieux physiquement, et moralement surtout.

Tu me donneras de ses nouvelles fréquemment. Je compte sur toi pour cela.


  1. Conseiller à la cour de Rouen.
  2. Directeur du Nouvelliste de Rouen.