Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 6/1104

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Louis Conard (Volume 6p. 121-122).

1104. À GEORGE SAND.
Dimanche, 26 juin 1870.

On oublie son troubadour qui vient encore d’enterrer un ami ! De sept que nous étions au début des dîners Magny, nous ne sommes plus que trois ! Je suis gorgé de cercueils comme un vieux cimetière ! J’en ai assez, franchement.

Et au milieu de tout cela je continue à travailler ! J’ai fini hier, vaille que vaille, la notice de mon pauvre Bouilhet. Je vais voir s’il n’y a pas moyen de recaler une comédie de lui, en prose, le Sexe faible. Après quoi, je me mettrai à Saint Antoine.

Et vous, chère maître, que devenez-vous avec tous les vôtres ? Ma nièce est dans les Pyrénées et je vis seul avec ma mère qui devient de plus en plus sourde, de sorte que mon existence manque de folichonnerie absolument. J’aurais besoin d’aller dormir sur une plage chaude. Mais pour cela il me manque le temps et l’argent. Donc, il faut pousser ses ratures et piocher le plus possible.

J’irai à Paris au commencement d’août. Puis j’y passerai tout le mois d’octobre pour les répétitions d’Aïssé. Mes vacances se borneront à une huitaine de jours passés à Dieppe vers la fin d’août. Voilà mes projets.

C’était lamentable, l’enterrement de Jules de Goncourt. Théo y pleurait à seaux.