Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 6/1168

La bibliothèque libre.
Louis Conard (Volume 6p. 222-223).

1168. À SA NIÈCE CAROLINE.
Croisset mardi soir, 6 heures. [18 avril 1871].

Trois jours sans lettres ! Il me semble que la correspondance entre Neuville et Croisset se ralentit, car je n’ai pas eu de vos nouvelles depuis samedi matin.

Je m’attendais à avoir ce matin un mot de notre vieille, me disant ce qu’elle pense de sa nouvelle femme de chambre, c’est-à-dire comment elle l’a trouvée.

J’ai eu, dimanche, la visite de neuf personnes à la fois : Raoul-Duval et ses trois enfants ; Mme Perrot avec sa fille et sa petite-fille ; Mme Brainne avec son gamin, et le sieur Dubois, du Mont-de-Piété. Les enfants ont couru dans les cours et fait des bouquets d’herbes sauvages. Ma maison est si peu bien montée que j’ai été obligé, pour leur collation, d’emprunter un pot de confitures au jardinier. Toute la société, néanmoins, a eu l’air très satisfait de sa petite promenade.

La mère Lebret a vendu son mobilier et m’a apporté 225 francs.

C’est bien gentil, mon pauvre loulou, les encouragements que tu me donnes sur Saint Antoine. Je commence à croire, en effet, que ça pourra être bon. Quel dommage que nous ne soyons pas toujours ensemble ! J’aime tant ta compagnie !

Ton vieux.

L’issue de l’insurrection parisienne est retardée parce qu’on emploie des moyens politiques pour éviter l’effusion du sang. Les Prussiens n’y entreront pas (dans Paris) : c’est un épouvantail de M. Thiers.