Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 6/1231

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Louis Conard (Volume 6p. 314-315).

1231. À ÉMILE ZOLA.
[Paris]. Vendredi soir [1er décembre 1871].

Je viens de finir votre atroce et beau livre[1] ! J’en suis encore étourdi. C’est fort ! Très fort !

Je n’en blâme que la préface. Selon moi, elle gâte votre œuvre qui est si impartiale et si haute. Vous y dites votre secret, ce qui est trop candide, et vous exprimez votre opinion, chose que, dans ma poétique (à moi), un romancier n’a pas le droit de faire.

Voilà toutes mes restrictions.

Mais vous avez un fier talent et vous êtes un brave homme !

Dites-moi, par un petit mot, quand je puis aller vous voir, pour causer longuement de votre bouquin.

Je vous serre la main très cordialement, et suis vôtre.

Rue Murillo, 4.


  1. La Fortune des Rougon, publiée le 14 octobre 1871.