Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 7/1525

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Louis Conard (Volume 7p. 230-231).

1525. À SA NIÈCE CAROLINE.
Croisset, dimanche, 2 heures [3 janvier 1875].

Je n’ai pas encore reçu ta lettre de mercredi ! Le télégramme d’Ernest, parti de Paris hier à 3 heures et arrivé à Rouen à 6, ne m’est parvenu qu’à 10 !

L’absence de toute nouvelle m’a bien tourmenté pendant trois jours. Quand on a, comme ton vieil oncle, une sensibilité exaspérée et une imagination déplorable, on va loin dans les hypothèses funèbres. Espérons que demain matin j’aurai de toi une autre lettre !

Il n’y a plus qu’une distribution par jour. Et le furet ne marchant pas, la levée de la boîte se fait de midi à 4 heures, ad libitum.

Je n’ai rien à t’apprendre, bien entendu, vivant toujours dans une austère solitude. Hier pourtant j’ai eu une visite : celle de Mme Brainne. Elle m’avait écrit mercredi dernier pour me souhaiter la bonne année, et je n’ai pas encore reçu sa lettre !

Jolie administration !

Dans huit ou dix jours je ne serai pas loin d’avoir fini mon chapitre !

Adieu, pauvre chat. Je t’embrasse bien tendrement.

Vieux.