Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 8-9/1910

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Louis Conard (Volume 8p. 325-326).

1910. À GUY DE MAUPASSANT.
[Mardi, 25 novembre 1879].
Mon Bon,

Je viens d’écrire à Mme Adam une lettre chaude en lui annonçant l’envoi de votre manuscrit qu’elle doit recevoir demain soir. Je n’ai pas parlé d’argent. Quand elle aura reçu votre poème, nous verrons. Les républicains sont généralement si pudiques que je ne suis pas sans inquiétude sur la réception. Mais je crois que le côté goethique séduira la dame.

Vous savez que Pouchet est son grand ami. Parlez-en audit sieur et à Tourgueneff aussi.

C’est très bien votre Vénus. Je n’y vois rien à reprendre que deux petites incorrections grammaticales, mais elles peuvent se défendre. Dormez sur vos deux oreilles. C’est bon.

Connaissez-vous Theuriet ? Il a publié des vers dans le papier de Mme Adam. En sachant combien il a reçu, ce sera une base pour demander.

Que dites-vous de ce bon Bergerat qui ne répond pas à mes lettres ? Et de Lemerre se privant de m’expédier les premières épreuves des poésies de Bouilhet, que je devais avoir la « semaine prochaine » ? Quelles quantités de m… molles on rencontre à chaque pas que l’on fait, mon pauvre ami !

Ma religion (Exégèse et apologétique chrétiennes) m’exténue ! Je n’aurai pas fini au jour de l’an. Il faut en prendre son parti. J’ai peur d’être terminé moi-même avant la terminaison de mon roman. Quel fardeau qu’un pareil bouquin !