Correspondance de Pascal et de M. de Ribeyre

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Texte établi par Léon Brunschvicg et Pierre BoutrouxHachette (p. 475-509).




XXXIX


CORRESPONDANCE DE PASCAL

ET DE M. DE RIBEYRE

Juillet-août 1651.

La première lettre d'après l'imprimé conservé dans le recueil de la Bibliothèque nationale, ms. f. fr, 12 449, f° 875 — Réponses de M. de Ribeyre et de Pascal d'après les copies de la Bibliothèque nationale, ms. f. fr. 12988, p. 398.

Œuvres de Blaise Pascal, II
Œuvres de Blaise Pascal, II

LETTRE DE M. PASCAL, LE FILS, ADDRESSANTE A M. LE PREMIER PRESIDENT DE LA COUR DES AYDES DE CLERMONT FERRAND,[1]

Sur le sujet de ce qui s'est passé en sa présence dans le Collège des Jésuites de Montferrand, aux Thèses De Philosophie qui luy ont esté dédiées et qui ont esté soubstenuës le 25 juin 1651.

M. DC. LI.
A Monsieur,
Monsieur Ribeyre, seigneur de Travers et de S. Sandoux, conseiller du Roy en ses Conseils, premier président en la Cour des aydes de Clermont-Fer- rand.
De Paris ce 12. juillet 1651.

Je prens la liberté de vous escrire sur le subjet des Thèses qui furent dernièrement proposées dans le Collège de Montferrand, et qui vous ont esté dédiées, où il se fit un certain prologue, dont le principal dessein estoit d’imposer à toute l’assistance que je m’estois voulu dire l’auteur d’une expérience très fameuse qui n’est pas de mon invention. Voicy les termes de ce prologue, qui furent recueillis à l’heure mesme, et qui m’ont esté envoyez en substance :

Il y a de certaines personnes aymans la nouveauté, qui se veulent dire les Inventeurs d’une certaine experience dont Toricelli est l’Auteur, qui a esté faite en Pologne ; et nonobstant cela, [2][ces] personnes se la voulans attribuer, après l’avoir faicte en Normandie, sont venues là publier en Auvergne[3].

Vous voyez, Monsieur, que c’est moy dont on a parlé, et qu’on m’a particulièrement designé, en spécifiant les Provinces de Normandie et d’Auvergne.

Je ne vous cele point Monsieur, que je fus merveilleusement surpris d’apprendre que ce Pere, que je n’ay point l’honneur de cognoistre, dont j’ignore le nom, que je n’ay aucune mémoire d’avoir jamais

. veu seulement, avec qui je n'ay rien du tout de commun, ny directement, ny indirectement, neuf ou dix mois après que j'ay quitté la Province, quand j'en suis esloigné de cent lieuës, et lors que je ne pense à rien moins, m'ayt choisi pour le subjet de son entretien.

Je sçay bien que ces sortes de contentions sont si peu importantes, qu'elles ne méritent pas une sérieuse reflection, et neantmoins, Monsieur, si vous prenez la peine de considérer toutes les circonstances de ce procédé, dont je n'exprime pas le detal, vous jugerez sans doute qu'il est capable d'exciter quelque ressentiment. Car je présume qu'il est difficile que ceux qui ont esté presens à cet Acte, ayent refusé de croire une chose de faict, prononcée publiquement, composée par un Père Jésuite qu'on ne peut soubçonner d'aucune animosité contre moy. Toutes ces particularitez rendent cette supposition très croyable. Mais comme j'aurois un grand desplaisir que vous, Monsieur, que j'honore particulièrement, eussiez de moy cette pensée, je m'adresse à vous plustost qu'à tout autre, pour vous esclaircir de la vérité, pour deux raisons : l'une pour le mesme respect que je vous porte, l'autre, parce que vous avez esté protecteur de cet Acte en tant qu'il vous a esté dédié, et que partant c'est à vous, Monsieur, à réprimer le dessein de ceux qui ont entrepris d'y blesser la vérité.

Ainsi, Monsieur, comme vous avez donné une après dinée entière à l'entretien que ce Pere vous a fourny, je vous conjure de vouloir donner au mien l’espace d’un quart d’heure seulement, et que vous ayez agréable que cette Lettre que je vous escris soit randuë aussi publique que les Theses que vous avez receuës.

Pour vous esclaircir pleinement de tout ce desmelé, vous remarquerez, s’il vous plaist, Monsieur, que ce bon Pere vous a fait entendre deux choses : l’une, que je m’estois dit l’Auteur de l’expérience de Toricelli ; l’autre, que je ne l’avois faite en Normandie qu’après qu’elle avoit esté faite en Pologne.

Si ce bon Père avoit dessein de m’imposer quelque chose, il pouvoit avoir fait un choix plus heureux. Car il y a de certaines calomnies, dont il est difficile de prouver la fausseté, au lieu qu’il se rencontre icy mal’heureusement pour luy, que j’ay en main de quoy ruiner si certainement tout ce qu’il a avancé, que vous ne pourrez, sans un extrême estonnement, considérer d’une mesme veuë la hardiesse avec laquelle il a débité ses suppositions, et la certitude que je vous donneray du contraire.

C’est ce que vous verrez sur l’un et sur l’autre de ces deux poincts, s’il vous plaist d’en prendre la patience.

Le premier poinct donc est qu’il m’accuse de m’estre fait Auteur de l’Expérience de Toricelli. Pour vous satisfaire sur ce poinct, il suffiroit, Monsieur, de vous dire en un mot, que toutes les fois que l’occasion s’en est présentée, je n’ay jamais manqué de dire que cette Expérience est venue d’Italie, et qu’elle est de l’invention de Toricelli. [4]C’est ainsi que j’en ay usé à Paris, et en tous les lieux où je me suis trouvé, et particulièrement en Auvergne, où je l’ay publiée, soit dans les discours particuliers, soit dans nos conferances publiques, comme tous ces Messieurs, avec qui j’avois l’honneur de converser plus familièrement, le peuvent tesmoigner.

Mais pour vous en esclaircir plus à fonds, permettez moy, s’il vous plaist, Monsieur, de vous dire comment la chose s’est passée dés son commancement. C’est une histoire que plusieurs seront peut estre bien aise de sçavoir. En l’année 1644, on escrivit d’Italie au R. P. Mersenne, Minyme à Paris, que cette Experience dont il s’agist y avoist esté faite, sans spécifier en aucune sorte qui en estoit l’Auteur, si bien que cela demeura incogneu entre nous.

Le Père Mersenne essaya de la repeter à Paris, et n’y ayant pas entièrement réussi, il la quitta et n’y pensa plus.

Depuis, ayant esté à Rome pour d’autres affaires, et s’estant exactement informé du moyen de l’executer, il en revient plainement instruit.

Ces nouvelles nous ayant esté en l’année 1646. portées à Rouën, où j’estois alors, nous y fismes cette Experience d’Italie sur les Mémoires du P. Mersenne, laquelle ayant très bien-reussi, je la repetay plusieurs fois ; et par cette fréquente répétition, m’estant asseuré de sa verité, j’en tiray des consequences, pour la preuve desquelles je fis de nouvelles Experiences très différentes de celles la, en présence de plus de cinq cent personnes de toutes sortes de conditions, et entre autres de cinq ou six Pères Iesuites du Collège de Rouën.

Le bruit de mes Experiences estant respandu dans Paris, on les confondit avec celle d’Italie ; et dans ce meslange les uns, me faisant un honneur qui ne m’estoit pas deub, m’attribuoient cette Experience d’Italie ; et les autres, par une injustice contraire, m’ostoient celles que j’avois faites.

Pour rendre aux autres et à moy mesme la Justice qui nous estoit deuë, je fis imprimer, en l’année 1647, les Experiences qu’un an auparavant j’avois faites en Normandie : et afin qu’on ne les confondit plus avec celles d’Italie, j’enonçay celles d’Italie, non pas dans le corps du discours qui contient les miennes, mais à part dans l’advis que j’adresse au Lecteur, et de plus en caractères Italiques, au lieu que les miennes sont en Romain ; et ne m’estant pas contenté de les distinguer par toutes ces marques, j’ay declaré en mots exprès, dans cet advis au Lecteur. Que je ne suis pas l'Inventeur de celle la ; qu'elle a esté faite en Italie quatre ans avant les miennes ; que mesmes elle a esté l’occasion qui me les a fait entreprendre. Voicy mes propres termes :

« Mon cher Lecteur : quelques considérations m’empeschant de donner a présent un traicté entier, ou j’ay rapporté quantité d’experiences nouvelles que j’ay faites touchant le vuide, et les consequances que j’en ay tirées, j’ay voulu faire un récit des principalles dans cet abrégé, où vous verrez par advance le dessein de tout l’ouvrage. L’occasion de ces Experiences est telle. Il y a environ quatre ans qu’en Italie on éprouva qu’un Tuyau de verre de quatre pieds, dont un bout est ouvert, et l’autre scellé hermétiquement, estant remply de vif argent, puis l’ouverture bouchée avec le doigt ou autrement, et le Tuyau disposé perpendiculairement à l’horison, l’ouverture bouchée estant vers le bas, et plongée deux ou trois doigts dans d’autre vif argent, contenu en un vaisseau moitié plein de vif argent, et l’autre moitié d’eau, si on le desbouche (l’ouverture demeurant enfoncée dans le vif argent du vaisseau), le vif argent du Tuyau descent en partie, laissant au haut du Tuyau un espace vuide en apparance, le bas du mesme Tuyau demeurant plein du mesme vif argent jusqu’à une certaine hauteur. Et si on hausse un peu le Tuyau jusqu’à ce que son ouverture, qui trempoit auparavant dans le vif argent du vaisseau, sortant de ce vif argent, arrive à la région de l’eau, le vif argent du tuyau monte jusqu’en haut avec l’eau, et ces deux liqueurs se brouillent dans le tuyau ; mais enfin tout le vif-argent tombe, et le tuyau se trouve tout plein d’eau. »

Voila, Monsieur, la mesme Expérience que ce bon Père prétend que je me suis attribuée, et laquelle, au contraire, je déclare avoir esté faite en Italie quatre ans avant les miennes.

Mais les paroles par lesquelles je concluds cet advis au Lecteur sont encore plus expresses ; les voicy : « Et comme les honnestes gens joignent à l’inclination générale qu’ont tous les hommes de se maintenir dans leurs justes possessions, celle de refuser l’honneur qui ne leur est pas deu, vous approuverez sans doute que je me deffende esgallement, et de ceux qui voudroient m'oster quelques unes des Experiences que je vous donne icy, et que je vous promets dans le traicté entier, puisqu’elles sont de mon invention, et de ceux qui voudroient m’attribuer celle d’Italie, dont je vous ay parlé, puisqu’elle n’en est pas. Car encore que je l'aye faite en plus de façons qu'aucun autre, et avec des tuyaux de 12. et mesmes de 15. pieds de long, neantmoins je n’en parleray pas seulement dans cet escript, parce que je n’en suis pas l’Inventeur, n'ayant dessein de donner que celles qui me sont particulieres et de mon propre génie. »

Voyez, Monsieur, s’il est possible d’expliquer plus clairement et plus nettement que je ne suis pas l’Auteur de cette Experience d’Italie.

Mais afin que vous ne croyez pas que cette vérité aye esté tenuë secrette, je ne dois pas vous taire que j’envoyay des Exemplaires de ce petit livret à tous nos Amis de Paris, et entre autres aux R. R. P. P. Iesuites (qui certainement me font l’honneur de me traitter d’une manière tout autre que celuy de Montferrand). Quelques uns mesmes d’entr’eux prirent subjet d’en escrire[5]  ; et le R. P. Noël, lors recteur du Collège de Clermont, en fit un livret qu’il intitula : le Plein de vuide, où il rapporte mot à mot la plus part de mes Experiences.

Je ne me contentay pas d’en envoyer à nos Amis de Paris ; j’en fis tenir en toutes les villes de France où j’avois l’honneur de cognoistre des personnes curieuses de ces matières.

Et j’en envoyai mesme 15. ou 30. en la seule Ville de Clermont, où je ne doute pas qu’il ne s’en trouve encores ; et c’est ce qui me donne lieu de prier Monsieur le Conseiller Perier, mon beau frère, par une lettre que je luy escripts, de prendre la peine d’en chercher un pour vous le donner avec la présente ; et s’il n’en trouve point, je luy en envoyerai un d’icy pour vous le présenter.

Et enfin le P. Mersenne, ne se contentant pas d’en voir par toute la France, m’en demanda plusieurs pour les envoyer, comme il fit, en Suede, en Hollande, en Pologne, en Allemagne, en Italie, et de tous les costez.

De sorte que je crois que ce bon Père de Montferrand est le seul entre les curieux de toute l’Europe qui n’en a point eu de cognoissance, Je ne sçay par quel mal’heur, si ce n’est qu’il fuye le commerce et la communication des sçavans, pour des raisons que je ne pénètre pas.

Vous voyez. Monsieur, que, bien loin de m’attribuer une gloire qui ne m’est pas deuë, j’ay fait tous mes efforts pour la refuser, lorsqu’on me l’a voulue donner.

Et je croy mesmes que sans cet adveu public que j’en ay fait, elle auroit passé pour estre de mon invention, car les advis qu’on en avoit receus d’Italie avoient beaucoup moins esclatté que mes Experiences faites à Rouën en présence de tant de personnes.

Que si vous desirez sçavoir pourquoy je n’ay pas déclaré dans mon petit livret le nom de l’Auteur de cette Experience, je vous diray, Monsieur, que la raison en est, que nous n’en avions pas alors eu cognoissance, comme je l’ay déjà dit : si bien que n’en sachant pas le véritable Auteur, et voulant faire sçavoir cependant à tout le monde que je ne l’estois pas, je fis ce qui estoit en moy, en déclarant, comme vous avez veu, que Je n’en suis pas l’Inventeur, et quelle avoit esté faicte en Italie quatre ans avant mon escrit.

Mais comme nous estions tous dans l’impatience de sçavoir qui en étoit l’Inventeur, nous en escrivimes à Rome au cavalier Del Posso, lequel nous manda (long temps après mon imprimé), qu’elle est véritablement du grand Toricelli, professeur du duc de Florence aux Mathematiques[6]. Nousfusmes ravis d’apprendre qu’elle venoit d’un Génie si illustre, et dont nous avions déjà receu des productions en Geometrie, qui surpassent toutes celles de l’Antiquité. Je ne crains pas d’estre desadvoüé de cet éloge par aucun de ceux qui sont capables d’en juger[7].

Depuis que nous avons eu cette cognoissance, Nous avons tous publié, et moy comme les autres, que Toricelli en est l’Auteur ; et je suis certain que ce bon Père n’a jamais ouy dire de moy le contraire, et véritablement je ne suis pas assez imprudent pour me l’estre attribuée, ayant moy mesme envoyé de toutes parts un si grand nombre d’exemplaires de ce livret, où je dis le contraire si punctuellement.

Aussi, si ce bon Père de Montferrand avoit un peu plus de commerce avec Paris, il sçauroit que c’est une chose qui y est si cognuë, qu’il seroit aussi peu possible de s’attribuer l’Expérience de Toricelli, que l’invention des lunettes d’aproche ; et qu’il est si peu à craindre que personne prenne cette fantasie, qu’il est mesme ridicule d’en soubçonner qui que ce soit.

J’estime, Monsieur, que vous estes maintenant satisfait sur le premier poinct, et que vous voyez évidemment que je n’ai eu aucun[8] [prurit] de m’attribuer l’invention de cette Experience. Et quant au second poinct, je vous y satisferay aussi pleinement.

Ce second poinct est, que ce bon Père prétend que cette expérience a esté faite en Pologne avant que je la fisse en Normandie. C’est ce qu’il a advancé hardiment et sans hésiter : mais le bon homme est aussi mal instruit sur ce poinct que sur le précèdent.

Pour vous le tesmoigner, Monsieur, je metz en faict qu’il ne sçait aucune particularité de l’histoire de ces Experiences, et que si vous prenez la peine de luy demander seulement le nom de celuy qui a fait cette Expérience en Pologne, il n’y sçauroit respondre ; et que, si vous luy demandez encore en quel temps j’ay fait les miennes, et en quel temps ont esté faites celles de Pologne, vous verrez un homme très honteux et très embarrassé et cependant il s’ingère d’advancer hardiment que les miennes sont postérieures.

Pour l’en mieux informer, et luy donner moyen de paroistre plus intelligent qu’il n’est dans ce qui se passe parmy les personnes de lettres, il sçaura :

En premier lieu, que celuy qui a fait en Pologne les Expériences dont il a voulu parler, est un Père capucin, nommé Valerien Magni, et dans ces livres latins faicts sur ce sujet, Valerianus Magnus.

Il sçaura, en second lieu, que le Père Valerien n’a fait aucune chose que repeter l’Experience de Toricelli, sans y rien adjouster de nouveau.

Il sçaura, en troisiesme lieu, qu’il n’a fait en Pologne cette Experience dont il s’agist que long-temps après moy ; et pour luy dire combien de temps après, il saura que je fis cette expérience en l’année 1646 ; que cette mesme année j’y en adjoutay beaucoup d’autres ; qu’en 1647. je fis imprimer le récit de toutes ; que mon imprimé fut envoyé en Pologne comme ailleurs en la mesme année 1647. et qu’un an après mon escript imprimé, le Père Valerien fit en Pologne cette Experience de Toricelli[9]. Si ce bon Père Iesuite a cognoissance de mon escript et de celuy du Père Capucin (ce que je ne crois pas), qu’il prenne la peine de les confronter, il verra la vérité de ce que je dis.

Il sçaura, en quatriesme lieu, que ce bon Père Valerien fit imprimer le récit de cette Experience qu’il avoit faite : que cet imprimé nous fut envoyé incontinent après sa production ; et que nous fusmes très surpris d’y voir que ce bon Père s’attribuoit cette mesme Experience de Toricelli.

Et enfin, pour comble de conviction, ce bon Père Iesuite sçaura, en dernier lieu, que la prétention du P. Valerien fut incontinant repoussée par chacun de nous, et particulièrement par Monsieur de Roberval, professeur aux Mathematiques, qui se servit de mon imprimé comme d’une preuve indubitable pour le convaincre, comme il fit par une belle lettre latine imprimée qu’il luy addressa[10], par laquelle il luy fit passer cette desmangeaison, en luy mandant qu’il ne reussiroit pas dans sa prétention : que dès l’année 1644. on sçavoit en France que cette Experience avoit esté faite en Italie ; qu’en 1646. elle avoit esté faite en France par plusieurs personnes et en plusieurs lieux ; qu’en la mesme année j’y en avois adjousté plusieurs autres ; qu’en 1647. j’en avois fait imprimer le récit, dans lequel j’avois énoncé cette mesme Experience comme faite en Italie 4 ans auparavant ; que mes imprimés avoient esté veus dés la mesme année 1647. en toute l’Europe, et mesmes en Pologne ; qu’en fin il estoit indubitable qu’il ne l’avoit faite que sur l'enonciation qu’il en avoit veuë dans mon imprimé envoyé en Pologne ; et qu’ainsi si long-temps après mon escrit, il n’estoit pas supportable de s’en dire l’Auteur[11]. Cette lettre lui ayant esté envoyée par l’entremise de Monsieur Desnoyers, Secrétaire des commandemens de la Reyne de Pologne, homme très sçavant et très digne de la place qu’il tient auprès de cette grande princesse[12], ce bon Père n’y fit aucune responce[13] et se désista de cette prétention, de sorte qu’on n’en a plus ouy parler depuis[14].

Ainsi, Monsieur, vous remarquerez, s’il vous plaist, combien il est peu véritable, ny que j'aye voulu m’approprier l’Experience de Toricelli, ny que je l’aye faite après le Pere Valerien (qui sont les deux poincts que ce Père Iesuite m’impose), puis que c’est de mes Experiences et de mon escript où elles sont énoncées, que Monsieur de Roberval a tiré sa principale conviction contre le Père Valerien, quand il a voulu s’attribuer la gloire de cette invention.

Si ce Père Iesuite de Montferrand cognoist Monsieur de Roberval, il n'est pas nécessaire que j’accompagne son nom des éloges qui lui sont deubs, et s’il ne le cognoist pas, il se doit abstenir de parler de ces matières, puis que c’est une preuve indubitable qu’il n’a aucune entrée aux hautes cognoissances, ny de la physique, ny de la géométrie.

Apres tous ces tesmoignages, j’espère, Monsieur, que vous agreerez la tres-humble prière que je vous faits, que par vostre moyen et par l’autorité que ce bon Père Iesuite vous a luy mesme donné sur luy, en ce subjet, quand il vous a dedié ses Theses, je puisse apprendre d’où luy viennent ces impressions qu’il a prises de moy.

Car il est indubitable, ou que c’est l’effect du rapport de quelques personnes qu’il a creuës dignes de foy, ou que c’est l’ouvrage de son propre esprit.

Si c’est le premier, je vous supplieray, Monsieur, d’avoir la bonté pour ce bon Père de luy remonstrer l’importance de la légèreté de sa créance.

Et si c’est le second, je prie Dieu dés à présent de luy pardonner cette offence, et je l’en prie d’aussi bon cœur que je la luy pardonne moy mesme ; et je supplie tous ceux qui en ont esté tesmoins, et vous-mesmes, Monsieur, de la luy pardonner pareillement.

Maintenant, Monsieur, sans plus parler de tout ce différend, que je veux oublier, je vous acheveray la suitte de cette histoire ; et vous diray que dés l’année 1647 nous fusmes advertis d’une très belle pensée qu’eust Toricelli, touchant la cause de tous les effetz qu’on a jusqu’à présent attribués à l’horreur du vuide. Mais comme ce n’estoit qu’une simple conjecture, et dont on n’avoit aucune preuve pour en recognoistre ou la vérité, ou la fausseté, je meditay dés-lors une Experience que vous sçavez avoir esté faite en 1648. par Monsieur Perier au haut et au bas du Puy de Domme, dont on a aussi envoyé des exemplaires de toutes parts, où elle a esté receuë avec joye, comme elle avoit esté attendue avec impatience.

Il est véritable, Monsieur, et je vous le dis hardiment, que cette Experience est de mon invention ; et partant, je puis dire que la nouvelle cognoissance qu’elle nous a descouverte, est entièrement de moy[15].

Les conséquences en sont très belles et très utiles. Je ne m’arresteray pas à les desduire en ce lieu, esperant que vous les verrez bien tost, Dieu aydant, dans un traicté que j’achève, et que j’ay desja communiqué à plusieurs de nos Amis, où l’on cognoistra quelle est la véritable cause de tous les effects qu’on a attribuez à l’horreur du vuide, et où, par occasion, on verra distinctement qui sont les véritables Auteurs de toutes les nouvelles veritez qui ont esté descouvertes en cette matière. Et dans ce detal, on trouvera exactement et séparément ce qui est de l’invention de Galilée, ce qui est de celle du grand Toricelli, et ce qui est de la mienne. Et enfin il paroistra par quels degrez on est arrivé aux cognoissances que nous avons maintenant sur ce subjet, et que cette dernière Experience du Puy de domme fait le dernier de ses degrez.

Et comme je suis certain que Galilée et Toricelli eussent esté ravis d’apprendre de leur temps qu’on eut passé outre la cognoissance qu’ils ont euë, je vous proteste, Monsieur, que je n’auray jamais plus de joye que de voir que quelqu’un passe outre celle que j’ay donnée.

Aussi-tost que ce traité sera en estat, je ne manqueray pas de vous en faire offrir, pour recognoistre en quelque sorte l’obligation que je vous ay, d’avoir souffert l’importunité que je vous donne, et pour vous servir de tesmoignage de l’extrême désir que j’ay d’estre, toute ma vie.

Monsieur,

Vostre trés-humble et trés-obeissant serviteur.

Pascal.

RÉPONSE DE M. DE RIBEYRE A LA LETTRE
PRÉCÉDENTE

Monsieur,
Je vous advouë que ce ne fut pas sans quelque sorte d’estonnement que j’ouïs le Préambule qui fut fait par l’Ecolier qui m’avoit dédié ses Thèses sous la direction d’un Pere Iesuite, qui m’estoit jusqu’alors inconnu, et qu’il ne fut pas malaisé à ceux qui ont l’honneur de vous connoistre, de juger par son discours qu’il entendoit parler de vous, en désignant une personne qui, après avoir fait des experiences touchant le vuide en Normandie, les avoit encore faites en Auvergne. Mais expliquant benignement ce discours, auquel d’ailleurs je ne remarquay rien d’offensant, je le voulus attribuer à une émulation pardonnable entre les sçavans, plus tost qu’à aucun dessein qu’il eust d’invectiver contre vous. Il est vray, monsieur, que j’avois interest d’excuser cette faute, soit par l’honneur qui m’estoit fait par la dédicace de ces Theses, soit par celle que j’aurois commise en vostre endroit, si j’avois souffert qu’en ma présence on donnat quelqu’atteinte à la réputation d’un personne que j’ay sujet d’honorer par ses propres mérites, et par l’attachement d’une amitié que j’ay contractée avec le Pere et le fils depuis plusieurs années. Donc, pour esloigner de moy ce reproche, que vous auriez droit de me faire, si j’avois souffert qu’en cette occasion, où j’avois la plus grande part, puisqu’elle m’estoit dédiée, on vous eut fait la moindre injure, je vous puis asseurer, Monsieur, que, s’il y a eu quelque témérité
à vous[16] marquer dans ce discours, au moins ne passa telle

pas fort avant, et que ny le Maistre ni l’Ecolier n’apportèrent aucune aigreur dans la suite. Et je pense, pour vous dire le vray, que ce bon Pere ne fut porté à étaler cette proposition que par une démangeaison qu’il avoit de produire quelques expériences qu’il nous dit, après que l’assemblée fut levée, avoir imaginées, par lesquelles il pretendoit destruire les vostres. Mais il fut bien trompé ; car, aiant exposé à la veuë des assistants un tableau qui contenoit quelques figures de ses expériences, et aiant, tant par le tableau que par l’argument de cette action, fait un espèce de défit sur cette matière, il arriva que personne ne l’attaqua sur ce sujet, et qu’il luy fallut garder ce coup de pistolet qu’il avoit préparé, pour en faire la descharge en quelqu’autre rencontre. Neantmoins, monsieur, j’asseurerois qu’il n’a eu aucun dessein malicieux, et cela m’a paru par son ingénuité, lors que je le suis allé veoir après la reception de la vostre, où il m’a asseuré qu’il n’avoit rien fait dans cette action par un dessein prémédité de vous attaquer ; qu’il ne vous avoit point accusé d’aucune affectation que vous eussiez eue de vous aproprier la gloire d’une invention qui fut d’un autre ; qu’il estoit prest d’en faire telle declaration que vous désireriez, et qu’au contraire, lors qu’il avoit donné des escrits à des Ecoliers sut cette matière, il avoit parlé de vous fort honorablement en ces termes, comme il me fit voir sur-le-champ : quam rem multum auxit et illastravit cum suis amicis dominus Pascalius Claromontensis, ut patet ex libellis[17] hanc in rem ab eo editis, etc. Et, pour vous dire le vray, je ne remarquay pas, dans ce Preambule qu’il vous accusast d’introduire des nouveautez, ny de vouloir vous attribuer la gloire des inventions d’autruy ; et m’en estant voulu mieux asseurer par les tesmoignages de ceux qui y estoient presens, j’ay encore prié les Peres Dorane et Meghemont de l’ordre des Iacobins qui estoient presens à cette dispute de rappeler leur mémoire la dessus, et ils m’ont asseuré qu’ils n’avoient nullement remarqué qu’il s’y fust rien dit à votre desavantage, sinon que ce Pere se pouvoit bien passer de faire aucune mention de vous en cette declamation, qui n’estoit pas une chose assez sérieuse pour vous y nommer ou designer. De quoy je vous puis asseurer, Monsieur : c’est que le discours de cet Ecolier ou l’autorité de ce Regent n’estoient point capables de donner aucune impression à ceux qui les escoutoient qui peust faire aucun préjudice à l’estime que fait de vous toute la compagnie qui estoit lors présente ; et je crois que les paroles qui y furent dites sont plus dignes de mepris, que d’estre relevées avec le soin qu’il vous plaist d’y apporter. C’est pour cela que j’ay fait mes efforts auprès de M. le Conseiller Perier pour l’empescher de mettre sous presse la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’escrire, affin de ne point donner ouverture à une contestation où ce bon Pere pourroit tousjours tirer cet avantage de vostre victoire, quod cum victus erit, tecum certasse feretur. Neantmoins j’ay trouvé Mr Perier si exact et si ponctuel à suivre les ordres que Mr votre Pere et vous luy donnez, que je n’ay peu obtenir cette grace de luy, quoy que je le priasse seulement de differer jusques à vostre réponse, après laquelle il eust eu liberté de faire ce qui luy eust plu, en cas que vous perseverassiez dans la mesme volonté ; et s’il n’estoit question que de rendre votre justification aussi publique (ainsi que vous tesmoignez le souhaitter) que cette declamation, je vous puis asseurer, Monsieur. que vous avez obtenu en ce point ce que vous desirez, et que vostre lettre est venue à la connoissance de plus de personnes que le Pere n’en avoit informé par ce discours. Que si d’un costé je me puis dire malheureux de m’estre trouvé aune action qui vous a peu déplaire, j’en tire d’ailleurs beaucoup d’avantage par l’honneur de la lettre qu’il vous a plû m’escrire, par la satisfaction qui me revient de la beauté de son expression, et de l’esperance que vous me donnez de me faire part de l’ouvrage que vous méditez de mettre en lumière. Mais vous m’auriez fait tort, monsieur, si vous aviez crû que vous eussiez besoin de justification en mon endroit : vostre candeur et vostre sincérité me sont trop connues pour croire que vous puissiez estre convaincu d’avoir fait quelque chose contre la vertu dont vous faites profession, et qui paroist dans toutes vos actions et dans vos mœurs. Je l’honore et la révère en vous plus que votre science ; et comme en l’une et l’autre vous esgalez les plus fameux du siecle, ne trouvez pas estrange si, ajoutant à l’estime commune des autres hommes l’obligation d’une amitié contractée depuis longues années avec Mr votre pere, je me dis plus que personne, monsieur, vostre, etc.

de Ribeyre.
De Clermont, 26 juillet 1651.


RÉPONSE DE Mr PASCAL LE FILS A MONSIEUR
DE RIBEYRE

de Paris, ce 8 aoust 1651.
Monsieur,
Je me sens tellement honoré de la lettre qu’il vous a plu m’escrire, que, bien loin de conserver quelque reste de déplaisir de l’occasion qui m’a procuré cet honneur, je souhaiterois, au contraire, qu’il s’en offrit souvent de pareilles, pourveu qu’elles fussent suivies d’un succez aussy favorable. Je vous proteste, Monsieur, que le seul regret que j’en ay, après celuy de la peine que vous en avez reçeüe est de veoir que l’affaire devienne plus publique que vous n’auriez desiré, et que M. Perier et moy en soyons cause, sans toutefois que ny l’un ny l’autre ayons eu le moindre dessein de manquer au respect et obéissance que nous vous devons. Aussy, Monsieur, il ne me sera pas difficile d’excuser envers vous l’un et l’autre ; et c’est ce que je vous prie d’agréer que je fasse par cette lettre.

Avant toutes choses, je vous suplie tres-humblement, Monsieur, de tenir pour constant qu’il n’y a personne au monde qui puisse vous honorer plus parfaitement que nous faisons, et qu’il faudroit que nous eussions perdu tout respect pour Mr mon père, contre l’exemple et l’instruction qu’il nous en a toujours donnée, si nous manquions jamais à ce devoir.

Sur ce fondement, je vous conjure. Monsieur, de considérer, pour ce qui me regarde, que parmi toutes les personnes qui font profession de lettres, ce n’est pas un moindre crime de s’attribuer une invention etrangere qu’en la Societé Civile d’usurper les possessions d’autruy ; et qu’encore que personne ne soit obligé d’estre sçavant non plus que d’estre riche, personne n’est dispensé d’estre sincère : de sorte que le reproche de l’ignorance, n’a rien d’injurieux que pour celuy qui le profère ; mais celuy de larcin est de telle nature, qu’un homme d’honneur ne doit point souffrir de s’en voir accuser, sans s’exposer au péril que son silence tienne lieu de conviction. Ainsy, estant très ponctuellement averty comme j’estois, non seulement des paroles, mais encore des gestes et de toutes les circonstances de cet acte, jugez, Monsieur, si je pouvois m’en taire à mon honneur ; et, puis que cet acte avoit esté public, si je ne devois pas repousser cette injure de la mesme manière.

Je vous avoue, monsieur, que dans le ressentiment où j’estois lors, je n’eus aucune pensée que vous auriez la bonté de désirer que cette affaire fut assoupie : de sorte que, laissant agir mon genie, et considérant d’ailleurs que ma lettre perdroit sa grâce et sa force en différant de la publier, je priay Mr Perier, avec grande instance et grande précision, d’en haster l’impression ; et je fortifiay mesme ma prière par celle que je fis à mon père d’y joindre la sienne. Mais je puis vous protester véritablement, Monsieur, que si j’eusse preveu ce que votre lettre m’a appris, j’eusse agi d’une autre sorte, et que j’aurois donné avec joye mon interest à vostre satisfaction. Voila, Monsieur, la vérité naïve pour ce qui me regarde. Et pour ce qui concerne Mr Perier, si vous aviez vu la lettre qu’il nous en a escrite, où il tesmoigne le déplaisir qu’il a eu en cette occasion, je m’asseure que vous plaindriez la violence qu’il a souffert, quand il s’est veu, d’une part, sollicité par la prière d’une personne qu’il honore et qu’il respecte comme vous ; et, de l’autre part, il s’est veu engagé à exécuter les ordres qui lui avoient esté donnés par une personne qui lui tient lieu d’un autre pere.

Apres cela, Monsieur, j’espère que vous n’imputerez qu’à la distance des lieux et à la difficulté de la communication, cette petite conjoncture, et il ne me reste qu’à vous conjurer de vouloir m’honorer de la continuation des sentimens avantageux que vous tesmoignez avoir pour moy et quoy que je n’aye rien en moy qui les mérite, j’en espère neantmoins la durée parce que je m’asseure bien plus sur vostre bonté, à qui je les dois, qu’à aucune qualité qui soit en moy ; car je suis également éloigné de les pouvoir mériter et de les pouvoir reconnoistre. Mais j’espère, Monsieur, que le mesme esprit qui vous fait veoir des vertus dans mes propres deffauts, vous fera remarquer l’extrême désir que j’ay de vous honorer toute ma vie dans ce foible tesmoignage que je vous en donne, en vous asseurant que je suis,

Monsieur,
Vostre très humble et très obéissant serviteur,
Pascal.

APPENDICE


I

De Inveniione artis exhibendi Vacuum Narratio Apologetica Valeriani Magni Fratris Capuccini ad Nobilem et Clarissimum Virum A E. P. de Roberval.

Quod hoc anno 1647. 12 Julii, Warsaviæ Typo vulgaverim, me esse primum, qui publicavi Vacuum, exhibitum in fistula vitrea, vertis, Vir doctissime, defectui candoris : quippe quod hoc ipsum ab anno 1643. in Italia vulgatum sit, præcipuè vero Romæ, et Florentiæ ; ac ea de re disputatum inter doctissimos viros Evang. Torricellum, et Angelum Ricci, cujus epistolam de ea quæstione A. R. P. Mersennus Ord. Minimorum miserit Parisios : Ego vero illis temporibus, quibus haec agebantur, fuerim Romæ, conscius omnium, et conversatus cum doctis illis. Hiscè adjungis experimenta Vacui, eodem artificio celebrata Rothomagi a Nobilissimo viro D. de Paschal mense Januario, et Februario labentis anni 1647, ac demum Parisiis tua industrià non solùm exhibita, verùm etiam aucta observationibus accuratioribus. Hiscè me agis reum laudis usurpatæ, quæ non mihi, sed aliis debeatur : Ego vero te redarguentem sic interpello.

Veni Romam 28. Aprilis anni 1642. Inde discessi prima Maii 1643 : et eo ipso anno menses Junium, et Juhum exegi Florentiæ : inde concessi in Germaniam primum, deinde in Poloniam ; ac demum redii ad Urbem ineunte anno 1645. unde discessi eodem anno mense Septembri, redux in Poloniam.

Romæ non vidi, neque unquam novi ex nomine Angelum Ricci ; Florentiæ Evang. Torricellum nec vidi, nec nomine tenus unquam cognovi : non quia viris illis desit claritas nominis, sed quod ego sim obscurus illis. Florentiæ habui commemorationem frequentem etiam cum Serenissimo Principe Leopoldo de pertinacia Peripatetus in sententia Aristotelis contra ipsum visum, et tactum : imo quaesitum ibi, an consultum foret meæ Philosophiæ, si ea ex illa Civitate, sub auspiciis Serenissimi Magni Ducis Ætruriae, prodiret in lucem, nec tamen aliquando sonuit mihi in illa Urbe vox ista, Vacuum.

Romæ A. R. P. Mersennus anno 1645. nil mecum contulit de hoc experimento :

Cæterum, nil de hoc experimento vidi, aut typo, aut scripto exaratum, aut per epistolam inter amicos communicatum. Consilium ergo de superanda impossibilitate Vacui, incidit mihi apud Galilæum, quod aqua nequeat per attractionem ascendere in fistula ultra cubitum decimum octavum. et ab usu libræ Archimedis, quam Cracoviæ anno 1644 dono accepi a Tito Linio Buratino, viro erudito in Mathematicis : qua occasione cognovi proportionem gravitatis inter aquam, et mercurium esse 1. ad 13. proximè : nec fuit tanti acuminis intellexisse, tubum cubitorum viginti, si aquà repleatur, redditurum duos : sin vero contineat argentum vivum, retenturum tertiam decimam partem cubitorum octodecim. Anni sunt octo, quibus, variè præpeditus, frustra dispono fabricam fistulæ, altæ ultra cubitos octodecim, et quatuor (scilicet ab usu libræ Archimedis) quibus quæro tubum vitreum altitudinis trium cubitorum. Biennium est elapsum à prima diligentia : nec tamen officina vitrearia prope Cracoviam aut voluit, aut potuit dare fistulam, congruam operi disposito. Adhibui ligneam, quam etiam num habeo, cernente inter alios Nobili viro Domino Hyeronimo Pinocci, liberalium artium cultori eximio. Verùm Mercurius stetit in illa, longe infrà altitudinem debitam, eamque per singulas vices variabat, pro varia copia aëris attracti per poros ligni : quibus tamen non obstantibus, alia fistula ex eodem ligno fabricata, cujus longitudo non æquabat quinque partes quartas cubiti, nil mercurii, quo fuerat repleta, reddidit unquam : et expertus sum, pondus Mercurii ex fistula, pervia aëri, premere digitum obturantis orificium infernum conatu pêne incredibili : secus, mercurio in fistula vitrea suspenso a virtute prohibitiva vacui.

Demum, cum Gaspar Brunorius Venetus, qui apud Reges Angliæ, Daniæ, et Sueciæ suam in fabrica vitri celebravit artem, evocatus Dantisco à Serenissimo Rege Poloniæ, venit Warsaviam, ab illo humanissime accepi plures diversæ altitudinis et diametri tubos, ex quibus aliquos, quorum altera extremitatum protuberat : promiseratque Regi alios longitiidinis cubitorum triginta : sed Brunorio coacto alio transferre fornacem, adhibui interea metallicum.

Iis ergo exhibui experimenta Vacui, Typo evulgata, non tamen in eum finem, ut docerem possibilitatem Vacui, sed ut inde arguerem falsitatis prima principia Physicæ Aristotelicæ : quapropter gaudeo, experimenta hæc esse antiquiora inter vestrates, firmarique vestra quoque auctoritate. Vitam quæro ex veritate, non laudem : et nolim ex inde vituperium primæ inventionis, mihi arrogatæ contra meam conscientiam : in quem finem attexo dua fragmenta Epistolarum…[18]

Accedit D. Alexander Mazzi Medices, vir præcipuæ nobilitatis, qui mense Augusto præterito, concitus famà exhibiti spectaculi, me hîc Warsaviæ accessit, ac rogavit, ut iliud ipsum repeterem eo spectante, postulavitque exemplaria meæ Demonstrationis, et Epistolam meam ad Serenissimum Principem Leopoldum, gaudebatque fore se nuncium tantæ novi talis.

Biennio ab hinc R. P. Joannes Baptista Adrianus Societatis Jesu discessit Româ, ubi docuerat Rhetoricam, venitque Warsaviam, ibique spectavit experimenta Vacui, velut inaudita : Ergo Capuccinum nescivisse quid Romæ innovatur in Philosophia, est possibile : siquidem id ignoravit Collegium Romanum Societatis Jesu.

Quid plura ? sunt apud nos plures Galli, ex quibus multi ingenio, et eruditione clari, qui Demonstrationem meam [laudarunt] præcipue a novitate. Ignoscat ergo Tua Prudentia Valeriano, si id, quod suopté judicio adinvenit, et perfecit, ignoravit fuisse prius factitatum ab aliis. Meus textus excipit privatam scientiam de hoc arcano cujus non me dico auctorem. Sum fortassis primus, qui eam Typo publicam feci, distractis exemplaribus per majorem, melioremque Europæ partem : non aucupaturus laudem a demonstrato Vacuo, sed præparaturus duriora quorundam Peripateticorum ingenia ad tolerandam minus acerbe Philosophiam meam, luci proximam. Dominus de Noyers vidit allegata documenta, scilicet, librum Galilæi, libram Archimedis, tubos ligneos, epistolas duas : testis insuper oculatus omnium, quæ hic Warsaviæ contigere in demonstratione vacui. Vale, Vir, quem dudum amo, et veneror, tibi licet ignotus.

Warsaviae, Non. November. 1647


II

Le P. Magni avait poussé le scrupule jusqu’à faire précéder sa Réponse d’une réimpression de sa Demonstratio ocularis et de la lettre même de Roberval. Ces trois pièces sont suivies d’un traité de Aitheismo Aristotelis qui est dédié au Père Mersenne[19], et d’une courte réponse au P. Kolekowicz de Cracovie[20] où le P. Valerien Magni appuie sa défense sur l’autorité même de Roberval et de Pascal : « Dico, numerari inter vituperatos Novatores, ac sectarios Valerianum Fratrem Cappuccinum. Admodum Reverend. P. Mersennnum Ordinis Minimorum Theologum : D. de Roberval Mathem. scient. in Collegio Regio Franciæ Professorem : D. de Paschal præcipaæ nobilitatis virum : D. Evang. Toricellum magni Duc. Æturiæ Math. scientiarum Professorem primarium, Viros clarissimos.[21] »

Valeriano Magni ne s’en tint pas là. M. Jacoli dans un article fort documenté du Bulletino di Bibliografia e science mathematiche (année 1875, t. VIII, p. 236) a fait connaître un écrit intitulé Vacuum pleno suppletum. Suivant son habitude le P. Magni en donne la date exacte : Scribebam Viennæ die 14 August. 1650. Nous y avons relevé trois passages concernant Pascal.

1° « Lectori : Antequam, Amice Lector, aggrediare lectionem hujus opusculi, te monendum duxi, quod Evangelista Torricellus, Magni Ducis Hætruriæ Mathematicus, exhibuit per Hydrargyrum illa expérimenta de Vacuo, de quibus toto pene orbe acerrime disputatur. Huic experimento accessit illud ipsum, exhibitum etiam per aquam a D. de Paschal, quo ipso anno P. Valerianus Magnus Capuccinus, inscius horum, suopte ingenio edidit utrumque spectaculum Serenissimo Régi Poloniæ. »

2° Puis le début de l’Ecrit : « Numero tres annos a prima exhibitione meorum experimentorum de possibilitate Vacui quæ toto hoc tempore exercuerunt ingénia multorum, et inaudio prodiisse de argumento tam nobili lucubrationes illustres, quarum tamen nullam vidi præter publicatas à P. Mersenno, a D. de Paschal, a D. de Roberval Gallis, et ab authore anonymo ad Magnum Amicum, consciis ejusdem experimenti primo exhibiti in Italia, à Torricello Magni Ducis Hætruriæ Mathematico. »

3° Enfin Valeriano Magni aborde le problème des variations que la pression atmosphérique peut entraîner dans la hauteur de la colonne mercurielle : « Memini me legisse apud P. Mersennum, quod ipse et plerique, inter quos Gassendus et non-nulli PP. Jesuitæ ignorantes causam, cur altitudo staturæ Mercurii in tubo variat, eam pervestigabant studio ingenii : sed en illam conspicuam oculis scilicet, statura Mercurii crescit, si tubus descendat minus : decrescit, si descendat magis. Non commemoro alias ejusdem variationis causas. — Laudat Mersennus Torricellum, quod sentiat Mercurium elevari in tubo ab aere, premente Mercurium, qui continetur in vase cui tubus mergitur. — Hinc D. de Paschal vir inter Gallos præcipuæ nobilitatis, post deprehensam staturam Mercurii altiorem in Valle, quam in vertice montis, aut turris, edidit anno 1648 tractatum de Magno experimento æquipondii liquorum, in quo asserit staturam Mercurii non erigi in tuboa Natura formidante vacuum, sed ab æquilibrante cylindrum Mercurii cum cylindro aeris. »

En 1652, à la demande de son libraire, le P. Valeriano Magni réédite ses opuscules sur le Vide, y compris encore la lettre de Roberval à des Noyers sur les expériences de Pascal. Il y ajoute cette nouvelle question : Utrum lumen prodactum in vacuo detrahat creationem Deo, et miracula Sanctissimo Eucharistiæ Sacramento ? Et dans un court avertissement au lecteur écrit à Cologne le 22 Février 1652, il mentionne encore les récentes expériences faites par lui et par d’autres, « particulièrement en France [22]. »

  1. I. Prosper Faugère avait acquis en 1868 une lettre du fils de Domat à Brossette, « avocat au Parlement rue du Bœuf à Lion », qui contient des détails intéressants sur le séjour de Pascal en Auvergne et qui fait mention de M. Ribeyre : « Le Père de Mr Pascal l'esprit estoit intendant en Normandie et originaire d'Auvergne où il vint avec Mr son fils, âgé de 18 à 19 ans (sic). Il prenoit un soin extraor- dinaire de luy. Comme on faisoit des conférences sur les sciences chez Mr le P. P. Ribeyre grand père à celuy d'aujourd'huy, mon père s'y trouvoit comme aussy Mrs Pascal, qui concourent une si grande incli- nation pour luy que Mr Pascal père demanda à mon père son amitié pour luy et pour son fils. Elle fut liée en mesme temps, et ils se sont aymez tendrement jusqu'à la mort. Mr Pascal fit environ ce temps la cette Roue Pascaline dont vous avez sans doute ouy parler et par le moyen de laquelle l'on fait sans peine toutes les règles d'arithméti- que. Ces conférences continuèrent longtemps et entretenoient à mer- veilles leur liaison, outre qu’il y avoit de la parenté assés proche. Comme ils aymoient beaucoup l’un et l’autre les mathématiques, ils en faisoient aussi des estudes particulières et des expériences sur le vuide, etc. » (Lettre écrite de Clermont, le 13 mars 1702, Bibliothèque Mazarine, 4551)
  2. L’imprimé donne ses.
  3. Ces thèses n’ont pas été retrouvées ; M. Elie Jaloustre, qui a entrepris des recherches approfondies sur les Anciennes Écoles d’Auvergne (Académie des Sciences et Belles Lettres de Clermont, 1881), estime, dans une communication bienveillante qu’il m’a faite, qu’elles sont perdues.
  4. Vide supra, p. 56, note 2.
  5. Peut-être est-ce un de ces Pères Jésuites qui aurait publié un écrit anonyme : Resolution des Experiences nouvelles touchant le Vuide, à Paris, chez Pierre Deshayes ; privilège du 24 mars 1648.
  6. La lettre de 1644, où Torricelli décrivait l'expérience, n’indiquait pas expressément qui en était l’auteur ; Marc-Antoine Dominicy avait, comme nous l’avons vu, prétendu à la fin de 1647 que Galilée en avait eu l’initiative (t. I, p. 326). Nous n’avons pas la lettre de del Pozzo. Nous avons seulement un passage d’une lettre de Mersenne à Hevelius qui montre qu’à la date indiquée par Pascal, il venait de recevoir d’Italie des renseignements relatifs à Torricelli : « Nunc vero Roma litteras recipio, quibus testatur Ricius Torricellum defunctum semi hyperbolæ quadraturam invenisse. » Lettre du i5 mars 1648, Bibl. Nat., f. lat. 10347, f° 167.
  7. Allusion aux Opéra Geometrica Evangelistœ Torricelli qui parurent à Florence, en 1644. Vide infra, t. III, p. 166.
  8. L’imprimé original donne, par erreur : profit. Bossut a imprimé projet, qui est médiocrement satisfaisant. La leçon prurit est une correction manuscrite que M. Strowski a bien voulu relever pour moi, en marge de l’exemplaire de la Bibliothèque municipale de Bordeaux, et qu’il estime contemporaine de la publication. Le mot prurit est l’équivalent de démangeaison que nous retrouvons plus loin sous la plume de Pascal, p. 491.
  9. La chronologie de Pascal est tout à fait inexacte. L’expérience du P. Magni est de 1647, et de trois mois au moins antérieure à l’imprimé de Pascal. La seule publication sur les expériences de Pascal, que le P. Magni aurait pu, sans invraisemblance, être soupçonné d’avoir connu, est la dissertation latine de Jacob Pierius : An detur vacimm in natura. Voir notre introduction à la première Narration de Roberval, p. 5.
  10. La lettre de Roberval est datée du 20 septembre 1647 ; le permis d’imprimer pour l’écrit de Pascal est du 8 octobre. Mais l’exemple de la seconde Narration donne à penser que la date inscrite par Roberval marque le jour où il a commencé à écrire son récit ; d’autre part, la rédaction de Pascal pourrait bien être de plusieurs semaines antérieure à la délivrance du Permis.
  11. Le texte de la lettre de Roberval (supra, t. II, p 21), ne justifie nullement les paroles de Pascal. Il semble que Pascal, en parlant de Roberval, ait eu dans la pensée la publication de la lettre de Petit, qui suivit la publication des Experiences nouvelles. Le passage visé par Pascal est celui où Marc-Antoine Dominicy, après avoir publié la lettre de Petit à Chanut (vide supra, t. I, p. 329), annonce à son lecteur qu’il y joint la reproduction « du livre venu de Pologne qu’on m’a commandé de faire aussi imprimer, tant pour la curiosité dont est question, que pour justifier qu’on n’a fait en ces pays-là qu’en Juillet de la présente année, ce qui est escrit et fait en France neuf mois auparavant, pendant lesquels on en pourroit avoir porté les nouvelles à la Chine. Et vray-semblablement, si ce bon Père en eust esté plustost adverty, ou l’eust appris en Italie, il n’auroit pas esté si long-temps à s’esclaircir de cette expérience, et à la divulguer. Voicy donc, termine Dominicy, ce qu’il en a dit en Latin, pour n’altérer point ses pensées par une traduction Françoise. »
  12. « Cette grande princesse » fut, comme on sait, une amie fervente de Port-Royal en correspondance continue avec la Mère Angélique (Voir le Nécrologe de 1723, p. 188, et Sainte-Beuve, Port-Royal, 5e édit., t. II, p. 208-211).
  13. Cette réponse existait pourtant, et elle eût été la meilleure justification de Pascal. Il est sur qu’elle a été envoyée à Mersenne ; elle figure dans un recueil imprimé de la Bibliothèque des Minimes. Mais il est fort possible que le recueil ne soit arrivé à Paris qu’après la mort de Mersenne. (Voir la lettre d’Hevelius du 31 août 1648, infra, p. 507, n. 1). En tout cas il paraît bien que la lettre n’a pas été connue dans l’entourage direct de Mersenne ; il est à noter, en effet, que dans l’une des dernières lettres que Mersenne a pu recevoir, l’ami intime de Pascal, Adrien Auzoult lui écrivait (Bibl. Nat. nouv. acq. fr. 6 204, f° 356) : « Mon Père, obligez moy de… me mander quelles nouvelles M. Roberval a eu du voleur de Pologne. » Post-Scriptum d’une lettre datée d’Azé (Azay-le-Rideau), le 21 août 1648 ; Mersenne est mort le 1er septembre. — Nos lecteurs trouveront la Reponse de Valeriano Magni dans un Appendice, infra p. 503.
  14. L’année suivante, le P. Valeriano Magni, à la suite de la publication de son livre sur la conversion du prince Ernest, landgrave de Hesse Rheinsfeld (Acta Rheinsfeldentia, Cologne, 1652) s’engagera dans une violente querelle avec les Jésuites. Pascal entendra parler alors du P. Valeriano Magni ; il recueillera dans la Quinzième Provinciale l’apostrophe de Magni à l’un de ses adversaires : Mentiris impudentissime.
  15. C’est tout-à-fait gratuitement, et pour répondre à leur propre préoccupation, que les historiens de Pascal ont vu dans cette phrase une allusion aux réclamations de Descartes. Il est clair, par le contexte, que si Pascal revendique ici l’invention de l’expérience du Puy-de-Dôme, c’est que l’on sait à Clermont qu’elle a été exécutée par Florin Perier et ses amis. Et en effet, comme le remarque M. Mathieu (Revue de Paris, 1er mai 1906, p. 194), elle est assez souvent désignée dans les écrits du xviie siècle sous le nom d’expérience de Perier.
  16. Bossut imprime manquer.
  17. L’Abrégé de 1647 et le Récit de 1648.
  18. Suivent deux fragments, l’un traduit en latin, d’une lettre du 7 septembre, est du Commissaire de l’Ordre, procureur général à Rome. « Simplicianus à Mediolano m, de la famille des Vicomtes ; l’autre d’une lettre d’un docteur en Theologie de l’ordre des Dominicains, « Petrus Martyr Vistarinus », du même mois de septembre. Ils témoignent que tout le monde à Rome a reçu la Demonstratio ocularis comme chose nouvelle, qui parut même ridicule au premier abord, sans qu’on eût entendu parler de la discussion entre Torricelli et Ricci.
  19. 13 kal. decemb. anno 1647.
  20. Les cinq écrits forment un recueil de 60 p. in-12, sous ce titre : Admiranda de vacuo et Aristotelis philosophia. Cum licentia superiorum Varsoviæ in officina Petri Elbert S. R. M. Typographi. — On est tenté de rapporter à cet écrit, plutôt qu’à la Demonstratio ocularis. ce passage suivant d’une lettre de des Noyers à Mersenne (29 février 1648) « Je vous envoye celuy [le livre] du pere Valeriano Magni, il m’a prié afin d’en avoir ensuitte votre advis, et le Libraire qui l’a imprimé m’a aussy prié de savoir s’il en envoyoit 30 ou 40 douzaines en France, s’il en auroit le débit. Je vous prie de le savoir de quelques Libraires de vos connoissances. Je n’en envoyé point à Monsr de Roberval, vous le luy ferez voir s’il vous plaist ». Bibliothèque Nationale, Ms. nouv. acq. fr. 6204, p. 260. On trouve dans le même recueil, p. 68, une lettre du P. Valeriano Magni écrivant à Mersenne qu’il lui enverra par des Noyers la liste de ses ouvrages imprimés (Cf. la lettre de des Noyers, du 21 mai, ibid, p. 265). Mais Hevelius, qui le 21 avril ne mentionne que l'Athéisme d’Aristote, écrit le 31 août 1648 à Mersenne, en parlant du P. Magni et du Vide : « Ediditque nuper varios de hac re tractactus de quibus aliquot, qui fuere ad manus, tibi transmitto. » (Bib. Nat. mss. f, lat. 10347, f° 176). Si la réponse du P. Magni figurait parmi ces derniers traités, elle ne serait parvenue à Paris qu’après la mort de Mersenne ; elle aurait été recueillie par la Bibliothèque des Minimes de la place Royale, sans être communiquée aux savants de Paris. (Vide infra, t. XI, p. 351).
  21. Ibid., p. 57. Dans cet écrit : Oculus ratione correctus id est demonstratio ocularis cum admirandis de Vacuo a peripatetico vilnensi per demonstrationem Rationis rejecta. Superiorum permissu Vilnæ Typis Acad. Vilnen. Soc. Iesu, 1648, un chapitre était consacré, d’après la lettre de Roberval, aux observations de Rouen et de Paris. Cf. Strowski, Histoire de Pascal, p. 84.
  22. Voir Valeriani Magni, Principia et spécimen Philosophiæ (Bibliothèque Mazarine 14120), p. 68.