Correspondance de Victor Hugo/1854

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1854.


À Gustave Flaubert.


Marine-Terrace, 12 janvier [1854].

Je voudrais bien, monsieur, trouver le moyen de vous envoyer le volume entier[1]. Ne le pouvant, je vous l’adresse page à page. Notre amie m’écrit qu’elle vous a transmis l’Expiation.

Je vous envoie ceci pour elle. Quand pourrai-je reconnaître vos bonnes grâces autrement que par de stériles remerciements ?

Je vous serre cordialement la main.

Victor Hugo[2].
À Louise Colet.


Marine-Terrace, 12 janvier [1854].

Le conseil que vous me demandez veut une prompte réponse, car je sais comme l’Académie est traître. C’est une tortue qui a des coups de foudre. On dort sur la foi du fauteuil. Crac ! c’est fini. Plus rien à faire. Donc je me hâte. Le concours est peut-être déjà en examen. Oui, prenez M. de Vigny. C’est un beau talent et un noble esprit. Seulement, quelquefois, il se croit obligé par la dignité à la froideur. Tâchez d’avoir quelqu’un du côté Mignet-Barante-Patin[3]. Il y a une excellente âme : c’est Pongerville[4]. S’il n’était pas jusqu’au cou et jusqu’au licou dans le 2 décembre, je lui écrirais. Mais je crois que vous pouvez l’avoir aisément. C’est dommage aussi que Leb.[5] soit sénateur. Quant à Mérimée, le Sénat lui va. J’écrirai certainement à Villemain quand et comme vous voudrez. Je serai charmé d’avoir son livre. Paul Meurice me le ferait parvenir.

Savez-vous que maintenant me voilà plus intéressé au prix que vous-même ! Vous viendriez à Londres ? — à Jersey peut-être ! Que l’été se comporte comme il voudra, me voilà sûr du soleil.

Sûr ? Hélas ! il faut encore que l’Académie y consente. Quelle drôle de chose ! il faut l’exeat de ces bons 39 pour que la poésie vienne visiter l’exil !

Remerciez Pelletan de sa future lettre. Dites-lui bien que je l’attends, que je la veux. Et, puisque je ne puis serrer sa main, permettez-lui de baiser la vôtre. Comme le Castillan, debo a un maravedi, do a un doblon.

Envoyez-moi une adresse intermédiaire sûre. J’y ferai déposer le livre, et vous pourrez l’y faire prendre. En attendant, voici encore quelques vers.

Noble et chère et charmante femme, continuez d’avoir foi. Où sera la foi, où sera l’espérance, si ce n’est dans les âmes pleines de lumière comme la vôtre ? Ce que vous dites du peuple est bien, mais on lui mettra l’aiguillon au flanc, à ce taureau.

Puisque ceci est une page blanche, pourquoi n’y pas écrire un mot ? Je cause avec vous jusque sur le dernier bout de papier, comme ces gens qui vous retiennent par le bouton de l’habit sur le pas de la porte. Figurez-vous qu’en ce moment on veut pendre un homme à Guernesey, et que je ne veux pas. L’homme, un assassin[6], est peu intéressant, mais le gibet l’est encore moins. J’ai donc écrit une lettre aux habitants de Guernesey[7] — mon épître aux corinthiens — pour leur dire : ne pendez pas. Je vous enverrai cette lettre un de ces jours. Elle paraît demain dans les neuf journaux de l’archipel. Qu’adviendra-t-il ? Qui sera vaincu ? Sera-ce le progrès ? Sera-ce le gibet ? Les guernesiais sont très montés contre leur pendu. Tout ceci fait une grande émotion dans nos îles. Priez pour mon misérable client ![8]


À Paul Meurice[9].


17 janvier [1854].

Pardonnez-moi, mon doux poëte, de vous écrire sur l’enveloppe. Ce paquet est si gros et si indiscret que je fais tout, même une sottise, pour l’amincir.

Est-ce que vous seriez assez bon pour faire remettre ces lettres à leur adresse ? La lettre Marescq peut être jetée à la poste sans inconvénient.

J’ai reçu, grâce à vous, le charmant petit livre de M. E. de Mirecourt. Je lui dis, mais redites-lui, comme j’en ai été touché. Il y a là telle ligne de quelques mots toute grosse de cordialité et d’affection. Dites-lui que je sens cela, et bien profondément.

Je vous envoie mon speech du 29 novembre[10], édition tirée à 100 000. Mais la douane veille. Cela entrera-t-il ? J’envoie à M. de Mirecourt un autre speech pour sauver un condamné à mort qu’on veut pendre à Guernesey. Je vous le ferai parvenir prochainement dans l’édition complète de tous mes discours de l’exil. C’est le titre.

J’attends toujours les adresses que je vous ai demandées. Puis, vous serez tout de suite servi. Marine-Terrace fait mille tendresses à l’avenue Frochot. À quand le Roi nocturne ?[11] Ceci est comme une prophétie. Tous les rois seront bientôt nocturnes.

Tuus.


À Paul Meurice[13].


Dimanche 22 janvier [1854].

Nos deux dernières lettres se sont croisées, cher doux poëte, il serait possible que vous reçussiez ces jours-ci un bon de cent francs à payer pour M. Luthereau. Je vous serai obligé d’y faire honneur. Puisque vous n’y voyez pas d’inconvénient, vous recevrez chez vous un de ces matins les Œuvres oratoires. Vous m’avez écrit sur le livre une bien charmante et bien bonne page. Je sais, du reste, qu’il filtre, et je reçois de toutes parts d’excellentes nouvelles. En attendant, je me suis mis en tête de gouverner ici, moi proscrit, par l’idée de progrès ; on veut pendre un homme à Guernesey. Je m’y oppose. Qu’en dites-vous ? et si je réussissais, est-ce que ce ne serait pas un grand pas fait à tous les points de vue. Or, cher ami, j’espère réussir. L’île s’est émue, une pétition a été signée, et à cette heure, un sursis est accordé. C’est un grand pas. J’envoie toutes les pièces à Girardin. Si vous avez occasion de le voir, engagez-le à les publier. Nul péril. Ce n’est pas politique. Les journaux anglais nous aident. Un peu d’aide des journaux français (Presse et Siècle) nous ferait grand bien. Si vous voyez Jourdan[14], parlez-lui en. Le packet va partir. Je n’ai plus que le temps de vous dire que nous vous aimons tous, ce que vous savez bien, mais c’est égal[15].


À Charras[16].


Marine-Terrace, 24 janvier [1854].

Vous vous connaissez en bataille, mon intrépide et cher ami. Aussi rien ne m’est plus doux que d’entendre votre voix mâle et forte qui me crie — courage — dans la fumée de mon combat. Cela me rappelle ce bon temps de lutte où vous étiez assis derrière moi à l’Assemblée, où j’applaudissais vos magiques et vaillantes escarmouches, et où, quand je revenais de la tribune, je trouvais votre main qui serrait la mienne. — Nous sommes loin l’un de l’autre aujourd’hui, mais nos pensées s’entendent toujours, mais nos âmes sont voisines, mais, si nos mains ne se serrent plus, nos cœurs se touchent. Je suis heureux que vous ayez lu ce livre[17], je suis fier de votre joie, je m’en fais une gloire. Si vous saviez comme je pense à vous, à vous tous, et à vous en particulier, Charras, dans cette sévère solitude où je suis ! Je me rappelle toutes nos douces heures de Bruxelles, douces même dans l’exil, à cause de l’amitié, nos soirées, nos rêves en commun, nos causeries. C’était encore de la France ! — Hélas ! — je n’en ai plus. Je vis dans un champ, séparé de la ville par les pluies et les brouillards, face à face avec la mer qui est grande et avec Dieu qui sourit. — Cela suffit du reste. Ce sourire de Dieu, c’est la conscience satisfaite.

J’ajoute que c’est l’avenir promis. Je ne sais pas si nous les hommes qui vivons en ce moment, les combattants de cette génération, nous triompherons ; mais je sais que nos idées vaincront, et c’est assez pour moi. Pourvu que la statue du progrès s’élève et rayonne, peu m’importe que ma tombe soit une des pierres du piédestal.

Je dis plus : — Si ma tombe est une de ces pierres, tant mieux !

Charles vous remercie de votre cordial souvenir. Tout le petit groupe de Marine-Terrace vous aime. Je travaille beaucoup. En ce moment je fais effort pour dénouer le nœud coulant déjà serré autour du cou d’un homme à Guernesey. Je tâche de le sauver. Je l’espère même. Occupation de buveur de sang.

À vous. Ex imo[18].


À Paul Meurice[19].


Marine-Terrace, 31 janvier [1854].

Vous trouverez sous ce pli, cher et doux poëte, une prose un peu sœur de votre poésie. C’est ce que j’appelle mon épître aux Guernesiais[20]. Il s’agit, comme vous savez, de faire donner signe de vie à la démocratie en renversant le gibet et en sauvant un homme. Je vous envoie ce speech, qui vous parviendra, je pense, vu qu’il ne touche en rien le 2 décembre. Il se prépare une édition moins laide que je voulais vous adresser, mais il fendrait attendre encore. Va donc pour ce papier à sucre et ces têtes de clous. Maintenant voici : — le flegme guernesiais s’est ému sur mon speech ; les pétitions pullulent. Un sursis est obtenu. Nous espérons gagner le procès. Ce serait un grand fait. Mais il nous faudrait un coup de collier parisien. J’ai fait envoyer (avec des lettres de moi) le speech au Siècle et à la Presse. Si vous voyez par bonne aventure Girardin ou Havin[21], parlez-leur-en. Un mot des deux journaux aiderait beaucoup et piquerait d’honneur les anglais. — Du reste, nul péril. Cela ne touche pas à la politique. On peut bien, je crois, sauver la vie d’un homme en Angleterre sans que M. Bonaparte le trouve mauvais.

À l’autre affaire à présent. J’ai vu les propositions de ces messieurs. En l’état, elles sont peu admissibles. Je consentirais à toutes les conditions de détail qu’ils indiquent, mais se sont-ils bien rendu compte de cette énorme réduction de prix, qui est presque un rabais de moitié ? Je m’adresse à leur conscience en laquelle j’ai confiance entière. Cela ne semblerait-il pas abuser un peu de la situation ? Qu’ils calculent, frais, prix, etc. et qu’ils voient la part qu’ils se réservent. Je les sais tous très honnêtes, et je me borne à faire cet appel à leur propre jugement. Déjà, le traité de 1832 étant un rachat de traités antérieurs, le prix stipulé était un rabais. Rabattre aujourd’hui sur ce rabais, n’est-ce pas un peu excessif ? Je les fais juges eux-mêmes. S’ils persistaient dans cette dépréciation des deux volumes de poésie, il n’y aurait plus qu’à exécuter purement et simplement le traité de 1832. Mais voyons. Ne puis-je point faire moi-même de concessions ? Si vraiment.

J’admettrais, vu la réduction des deux volumes à 12 fr., un rabais — et même un rabais d’un quart. Je consentirais à 9 000 fr. payés comme il est dit au traité. Je consentirais aux autres conditions indiquées, en leur nom, dans votre lettre. Chaque volume contiendrait autant de vers que les feuilles d’automne. Si cela leur va, je suis prêt à signer. Sinon, tenons-nous-en à l’ancienne convention. — Dans ce dernier cas, seriez-vous assez bon pour prier M. Gosselin de m’écrire lui-même (il est homme de trop bonne compagnie pour oublier que je lui ai écrit) si lui et ses associés sont prêts à exécuter le traité de 1832 cette année ; car, s’ils n’étaient pas prêts, la conséquence serait qu’ils consentiraient tout naturellement à me laisser publier mon premier roman en dehors d’eux et à reporter leur privilège (du traité 1832) sur mon deuxième roman. S’ils sont prêts, mon premier roman publié leur appartient. Veuillez, je vous prie, lire ma lettre à M. Gosselin dont je connais toute la bonne grâce et lui répéter que je le prie de vouloir bien m’écrire lui-même la réponse, ce qui est même nécessaire en sa qualité de signataire du traité.

Je prendrai un parti selon ce qu’il m’écrira.

Du reste, si ces MM. fixent, d’accord avec moi dans ce cas spécial, le prix des deux volumes de poésie (nombre du traité 1832) à 9 000 fr., je suis prêt à conclure la convention nouvelle. Mais il faudrait qu’ils eussent la bonté de se hâter dans l’intérêt même de l’affaire, car il me faudra toujours bien au moins trois mois pour finir et mettre en ordre les deux volumes. — Que de peines je vous donne ! Comment vous remercier ? en vous aimant.

V.

J’écris à la hâte. S’il y a quelque chose à adoucir dans ma lettre adoucissez. Je veux les formes les meilleures[22].


Au révérend Pearce[23].


Marine-Terrace, 19 février 1854.

... Je vais faire rectifier l’édition spéciale des deux lettres et de mes autres paroles de l’exil qui se fait en ce moment... Je suis heureux, monsieur, et fier d’avoir été pour quelque chose dans votre généreuse et chrétienne pensée de combattre la peine de mort…

Faites cet écrit et ayez courage. Ceux qui sont avec l’humanité, Dieu est avec eux. Je ne comprends pas les objections bibliques contre ce grand progrès en présence du texte descendu du Sinaï : tu ne tueras point. Pas d’exception à ceci dit, et de si haut ; tout est dit ; dans ce texte il y a la fin de la guerre comme la fin de l’échafaud. Dieu s’étant réservé la naissance, se réserve aussi la mort. Tout gibet blasphème. Voilà, monsieur, du moins pour moi, et avec une irrésistible évidence, le point de vue religieux, qui, dans cette grande question humanitaire et divine, s’identifie avec le point de vue

démocratique[24].
À Louise Colet.


Marine-Terrace, 19 mars [1854].

Votre lettre du 6 m’arrive. Que de retards ! que de circuits ! J’y réponds bien vite et en hâte, et, pour que ceci parte par le courrier d’aujourd’hui, vous aurez une lettre bien courte. Je prendrai ma revanche la prochaine fois. Mais ne doutez donc jamais de moi, je vous prie ! Si vous saviez toutes les choses auxquelles je suis forcé de faire face ! Vous ne vous doutez pas de cela à Paris ? il y a des moments où le sort de ce gros continent stupide gravite autour de la poignée de proscrits et où toute l’Europe a pour pivot, sans s’en douter, une maison d’un faubourg de Londres ou une baraque de la côte de Jersey. De là des préoccupations. Excusez-les.

Je vous envoie la lettre pour Villemain. Lisez-la et mettez-la sous enveloppe. Envoyez-moi votre adresse (numéro bien exact) ; huit jours après, les Châtiments seront déposés à votre porte. Je suis tout heureux de ce que vous m’en dites. Chose étrange ! j’ai forgé ces vers sur la vieille enclume de Juvénal et d’Isaïe, je les ai bourrés de foudre, je les ai trempés dans tout ce que la justice a de plus implacable et de plus sinistre, et ma récompense est le sourire d’une femme !

Savez-vous que vous ne me promettez rien en disant : j’irai à Londres ! C’est Jersey qu’il faut dire. Il m’est très difficile d’aller à Londres, car, depuis l’entente cordiale, la police Bonaparte-Palmerston[25] nous guette et, au besoin, l’honnête presse anglaise nous dénonce.

Or, ma présence à Londres, texte et commentaires, pourrait nuire à certaines solutions qui ont besoin de secret pour aboutir. Venez donc à Jersey. Velléda y est bien venue !

Parlons de vous. Il faut que vous ayez le prix. Je dis : il le faut. Si j’étais là, il me semble que vous l’auriez. Je consentirais pour cela à passer un quart d’heure dans cette fange. Voilà un superlatif qui vous dit à quel point je vous veux cette couronne. Couronne ! on appelle donc cela une couronne ! J’avoue que notre insolence d’académiciens m’humilie. Voici le prix, et vous voilà : je regarde cette couronne, et je regarde ce front, et je me demande en quoi donc l’un a-t-il besoin de l’autre ? Si c’est pour que vous puissiez venir à Jersey, je comprendrai.

Continuez de m’aimer un peu, noble et charmante femme. Grondez Pelletan et Nefftzer que j’aime, et qui ne m’écrivent pas. Écrivez-moi de longues lettres. Savez-vous que vous avez un grand talent, poëte, ce qui ne vous empêche pas d’être pleine d’esprit, madame.

Je vous envoie Harmodius[26] et quelques mots dits le 24 février[27].

Victor Hugo[28].


À Villemain[29].


19 mars 1854.

J’ai besoin de vous remercier, cher ami ; j’ai su, car tout finit par arriver aux solitudes, votre démêlé au sujet d’un article où vous aviez mis mon nom. J’en ai été fier et heureux : ce que vous faites est digne de ce que vous êtes. Le courage et la hauteur de cœur vous vont.

Votre souvenir m’a charmé ; il ne m’a pas consolé : je n’en ai pas besoin. J’ai la même affliction que vous pour la chute de la liberté, la honte de la France ; voilà toute ma douleur, je n’en ai pas d’autre. Je n’ai pas de grief personnel. Je remercie Dieu de ce qu’il a bien voulu faire de moi, de l’épreuve que je subis, de la ruine où je médite. Je trouve bonne l’adversité, bonne l’injustice, bonne la haine, bonne la calomnie qui se glisse comme le ver dans le sépulcre. Si toutes ces choses qu’on est convenu d’appeler le malheur et qui sont sur moi, pèsent le poids d’un caillou dans le progrès humain, je bénis la destinée.

J’ai tort pourtant de dire que je n’ai pas besoin d’être consolé, car quel abaissement, cher ami ! Comme on se rue dans l’abjection ! ces juges ! ces prêtres ! et cela en France ! et quelle fange après tant de gloire ! mais je regarde l’avenir, et je dis encore : tout est bien.

Si j’étais à Paris en ce moment, savez-vous où j’irais ? J’irais à l’Académie, d’abord pour vous serrer la main, puis pour tâcher de faire couronner la poésie, quel que soit le scandale, en plein Institut. Vous rappelez-vous comme je me débattais, il y a trois ans, avant le déluge, pour ce poëme sur Mettray ? L’Académie a fini par le couronner, et il a bien fait. Je lutterais encore aujourd’hui (les bonnes et douces luttes, hélas !) pour le même talent, pour le même poëte, pour la même poésie. Oui, je tâcherais de renouveler cet esclandre : le poëte glorifié par l’Académie, l’imagination couronnée par le dictionnaire ! Vous qui avez l’imagination de bel écrivain, ce qui ne vous empêche pas de gouverner souverainement le dictionnaire, cher Villemain, permettez que je vous recommande mon numéro 42. Vous y retrouverez tout ce que vous avez applaudi dans le poëme sur Mettray, la couleur, la pureté, l’éclat, la vie, une certaine force qui est si féminine, tant elle est mêlée à la grâce, de beaux vers à chaque instant, je ne sais quoi d’élevé qui touche à l’idéal, un grand souffle, et l’on envoie tout cela à l’Académie ! Oui, pardieu, et quand la poésie couronnée d’auréoles, vêtue de sa pourpre, semée d’étoiles, se présente à l’Institut, l’Académie lui fermerait la porte au nez ! non, vous êtes là, et vous avez la clef.

Mon illustre confrère, on me promet un livre de vous. Vous jugez de mon impatience. Si vous avez toujours la bonne pensée de me l’envoyer, faites-le remettre, je vous prie, chez M. Paul Meurice, rue Laval, 26, avenue Frochot, lequel me le transmettra à Jersey.

Savez-vous ce que c’est que Jersey ? Prenez une carte de l’Archipel, et cherchez-y Lemnos. Lemnos, c’est Jersey. Par le plus capricieux hasard du monde. Dieu a fait deux fois la même île ; il a donné l’une aux grecs, l’autre aux celtes. Jersey, appliquée sur Lemnos, s’y superposerait presque exactement.

C’est de là que je vous écris, non de l’île où l’on fait la foudre, mais de l’île où on l’attend.

Car sur de telles choses et sur de tels hommes, le tonnerre finira bien par tomber.

Cher ami, vous reverrai-je jamais ? Je vous serre tendrement la main.

Victor Hugo.

Ma femme et ma fille vous envoient leur plus cordial souvenir[30].


À Mademoiselle Louise Bertin.


Marine-Terrace, 21 mars 1854.

Votre lettre, mademoiselle, nous a touchés au fond de l’âme. Ces deux hommes qui sont près de moi, et que vous appelez avec tant de bonté vos enfants, l’ont lue et relue, et il leur semblait entendre toutes les douces voix de l’enfance restées sous les grands arbres des Roches. L’ancien Charles et l’ancien Toto se sont mis à parler de « Louise » comme d’une mère pendant que, moi, j’en parlais comme d’un esprit. Tout ce beau passé est revenu rayonner au milieu de nous, et il m’a semblé un moment que Marine-Terrace était à quatre lieues de Paris et à deux années de 1830.

Je vous remercie de nous avoir donné, avec quelques lignes, ce charmant éblouissement.

Vous avez été visités tous, ce mois-ci, par le bonheur, par cette aube qu’on appelle le mariage ; vous avez revu, au milieu de vos deuils, de la joie et de jeunes fronts radieux. Soyez assez bonne pour féliciter de notre part les nouveaux mariés[31] qui vont recommencer et refaire une famille autour de vous. Nous aimons dans notre solitude cette fête qui environne nos anciens amis. Les exilés sont bons pour souffrir avec ceux qui souffrent et pour sourire à ceux qui sont heureux.

J’envie les Roches toujours vertes et où vous chantez toujours. Ici j’ai le vent, j’ai la mer ; mais tout ce grand murmure ne vaut pas pour mon oreille les doux chuchotements du passé.

Serrez pour moi, je vous prie, la main d’Édouard et la main de Janin. Ma femme et vos enfants vous embrassent. Je mets mon dévouement et mon respect à vos pieds.

V. H.[32]


À M. Coppens[33].


Marine-Terrace, 26 mars [1854].

Vous avez raison, cher et honorable co-proscrit ; on n’oublie pas les grandes luttes qu’on a traversées ensemble ; votre souvenir est mêlé pour moi à ces sombres et mémorables heures de décembre ; aussi quand il me vient de vous un serrement de main, j’en suis heureux.

Nous avons en effet la pensée d’aller quelqu’un de ces jours chercher le midi, si le midi ne nous est pas interdit. Proscrits et pestiférés que nous sommes, les gouvernements n’osent nous accueillir sans la permission du maître brigand des Tuileries ; l’horizon, ouvert à tous, est fermé pour nous, et M. Bonaparte en a les clefs à sa ceinture.

Si donc le Portugal ou l’Espagne n’ont pas trop peur de moi, je compte y aller regarder d’un peu moins loin le soleil. Dans tous les cas, ce ne serait pas, je suppose, avant l’automne. Vous voyez que si vous aviez la bonne pensée de venir voir Jersey, vous nous y trouveriez encore tout l’été. Ce serait une vraie joie pour nous.

Mettez-moi aux pieds de madame Coppens, et croyez-moi bien cordialement à vous.

Victor Hugo[34].


À David d’Angers.


Marine-Terrace, 16 avril 1854.

Cher grand David, j’ai reçu votre bonne et noble lettre, avec la page si intéressante qu’elle contenait. Je suis heureux que ce livre[35] ait été à votre cœur. Cher ami, enviez-moi, enviez-moi tous ; ma proscription est bonne, et j’en remercie la destinée. En ces temps-ci, je ne sais pas si proscription est souffrance, mais je sais que proscription est honneur. Ô mon sculpteur, un jour vous m’avez mis une couronne sur la tête, et je vous ai dit : Pourquoi ? — Vous deviniez la proscription.

À ce propos, ce chef-d’œuvre, je vous le remets et vous le confie. Je n’ai plus de chez moi, le buste est chassé comme l’homme. Ouvrez-lui votre porte. J’espère qu’un de ces jours, bientôt peut-être, j’irai le chercher chez vous. En attendant gardez-le-moi. Gardez-moi aussi votre vaillante et généreuse amitié.

Je vous serre la main, poëte du marbre.

Victor Hugo.

Mettez-moi aux pieds de votre courageuse et charmante femme. Ma femme et ma fille l’embrassent[36].


À Mme de Girardin.


Marine-Terrace, 2 mai 1854.

Puisqu’il pleut, je pense à vous, et je me fais du soleil comme cela, à travers les froides larmes de l’averse qui inonde les vitres de mes fenêtres-guillotines, j’évoque votre beau sourire, madame, votre grâce souveraine, votre esprit éclatant, votre conversation pleine d’un rayonnement d’Olympe, vous m’apparaissez déesse, vous me parlez femme, vous m’enchantez esprit, et je me fiche de la mauvaise humeur du mois de mai.

Ah ! ça, ne me dites donc pas que vous m’écrivez des lettres de huit pages, pour ne pas me les envoyer. À l’instant même, d’affamé que j’étais, je deviens goulu, et les quatre petites pages que j’ai dans les mains, si exquises et si ravissantes qu’elles soient, ne me suffisent plus. Tel est l’exilé, depuis Adam, notre ancien, à nous bannis. Conclusion : écrivez-moi douze pages la prochaine fois.

Comment ! vous me faites cette question : « Faut-il vous envoyer, etc. ? » — Est-ce que je suis de ceux à qui « la joie fait peur » ? Je veux, oui, madame, je veux mon exemplaire. C’est déjà bien assez de n’avoir pas eu ma loge. Meurice me le fera parvenir. Remettez-le lui. Je sais déjà de la Joie fait peur deux choses : l’idée qui m’a charmé et le succès qui m’a ravi. — Retournez cette tête de phrase, je vous prie, car l’idée m’a fait encore plus de plaisir que le succès.

Donc, on a dit que j’étais à Paris, à l’Opéra, en domino, et que probablement je m’étais mis un faux nez pour ressembler à M. Bonaparte. Vous avez eu raison de répondre : « Il serait venu chez moi ». Ajoutez-leur ceci : que je ne me mettrai pas derrière un masque le jour où je me mettrai derrière une barricade. — En attendant, dans la Baltique et dans la Mer Noire, l’Anglo-France jette un triste fulmi-coton.

Ce que vous me dites du livre en question m’enchante. Ce genre de succès est le bon ; c’est une lettre de change tirée sur l’avenir. Vous rappelez-vous le temps où ces gros dindons d’hommes dits d’État (ce dindondomdéta fait harmonie imitative) où ces dindons se moquaient des poëtes et disaient : « À quoi cela sert-il » ? — Cela sert d’abord à être exilé. Ensuite cela sert à leur mettre l’écriteau au cou, quand par hasard ces dindons s’avisent de devenir vautours. Voilà à quoi cela sert.

Quand la littérature empoigne la politique, voilà ce qui se passe. Nous serrons bien et nous serrons ferme.

Oh ! que je voudrais avoir ici une de ces merveilleuses glaces allemandes dont vous me parlez ! comme je sais bien quelle figure j’y ferais paraître ! Je me redonnerais à toute heure la splendide et douce vision du 6 septembre 1853, ce jour où, entrant dans ma serre, je dis : Tiens ! et où vous me dîtes : Oui ! — Je relis le livre Solution d’Orient. Entrez, je vous prie, chez le grand penseur d’à côté, et dites-lui de ma part que c’est un beau et profond livre. Je voudrais qu’il y eût au bout de vos doigts une tache de votre encre pour la baiser.

Quand vous verrez Th. Gautier et Cabarrus[37], dites-leur que je les aime.

Marine-Terrace f. vous embrasse, et Marine-Terrace m. se met à vos pieds. (Voir pour les abréviations le dictionnaire.)[38].


À Madame Luthereau, à Bruxelles.


Lundi 8 mai [1854].

Dites, je vous prie, madame, à M. Luthereau que Jersey l’aime bien. et vous aussi, vous le savez, mais je ne vous le répète pas ; vous avez là quatre charmantes pages dont chaque mot vous le dit[39]. Voilà tout à l’heure deux ans, madame, que je ne monte plus les bonnes marches de la galerie du Prince, que je ne tire plus ma petite clef de ma poche pour entrer au n° 10 et que Miss ne vient plus me souhaiter le bonjour sur l’escalier en remuant la queue de l’air le plus tendre. Deux ans, madame. C’est long, hélas ! Voilà que Bruxelles se perd dans le lointain bleu, et commence à me faire l’effet de Paris. J’en suis presque à prendre Sainte-Gudule pour Notre-Dame et à confondre le passage Saint-Hubert avec la galerie Vivienne. Il me semble qu’on n’est pas exilé où vous êtes. Je me rappelle votre bonne table si cordiale et si gaie, le poêle où je me plongeais jusqu’à la ceinture pour corriger le mal de tête par le brûlement des pieds, et le bon petit magot de Vive l’amour qui faisait faire à madame Raybaud un chef d’œuvre. Dites à tous ces souvenirs que je les aime. Parlez de moi à notre charmant Deschanel, à notre bien cher Yvan, si vous l’avez, à mon toujours aimé poëte van Hasselt, et dites à votre excellent mari de vous embrasser en mon nom de la façon qui vous plaît le mieux.

À vos pieds, madame.

On déposera chez vous de ma part un machin intitulé Discours de l’exil[40].


À Émile Deschanel, à Bruxelles.


Marine-Terrace, dimanche 28 mai [1854].

Vous voilà heureux, cher doux poëte[41] ; et, quoiqu’il pleuve et vente sur ma tête, quoique la brume ait collé du papier gris sur le ciel et sur la mer, quoique je ne voie dans mon jardin, envahi par la basse-cour voisine, que des oies et pas un oiseau, quoique ces horribles oies soient en train en ce moment même de déterrer et de manger pour sept shellings de haricots que j’ai fait semer la semaine passée, au milieu de toutes ces laideurs et de tous ces désastres je sens votre bonheur qui me réchauffe et qui me sourit de là-bas, et j’en ai le cœur plein de joie.

Sitôt cette lettre reçue et lue, prenez, je vous prie, votre charmante petite femme sur vos genoux, et dites-lui : — Il y a quelque part, dans un coin, très loin d’ici, une espèce d’être grognon et fauve, un songeur, un donneur de coups de bec à droite et à gauche, un hibou vrai, ennemi des faux aigles ; ce monsieur vous remercie, madame. — Votre femme dira : Et de quoi ? — Vous répondrez : De mon bonheur.

Oui, madame (je reprends la parole), je vous remercie d’aimer ce bon cœur, ce charmant esprit, ce penseur libre, ce généreux poëte ; je vous remercie de vous être aperçue de tout ce qu’il vaut, et de vous être dit : Rien ne lui manque ; il est proscrit.

Votre lettre, cher poëte, nous est arrivée le mardi même, le 23. Je me suis dit : Il n’y a pas moyen d’y aller dîner. — Et, ma foi ! pour me venger, j’ai bu, nous avons tous bu à votre santé. Ma femme embrasse la vôtre.

Vous êtes bien gentil de m’avoir donné un souvenir en terminant votre Cours. La réouverture se fera à la Grande Place. Que je voudrais être encore au numéro 16 ! Mais, hélas ! Napoléon-le-petit m’a chassé de Bruxelles. C’est jusqu’à présent son unique exploit. — Et qui sait si je ne serai pas un de ceux qui le chasseront de Paris ?

Je veux finir sur cette bonne pensée, et en vous embrassant sur les deux joues, c’est-à-dire sur la vôtre et sur celle de madame Deschanel.

V. H.

Vite ! vite ! vite ! le petit Deschanel promis ![42]


Via London.


Monsieur Henri Samuel,
7, rue des Secours, Bruxelles, par Ostende.


M. T. jeudi [18 juin 1854].

Est-ce que par hasard vous m’auriez pris au mot, mon excellent et cher éditeur ? Est-ce que ma lâche économie de ports de lettres vous paraîtrait sérieuse ? Elle me paraîtrait lugubre, à moi, si elle devait amener de telles lacunes dans nos bonnes causeries. Écrivez-moi donc, je vous prie, qu’il y ait du nouveau ou non, comme je fais, ne fût-ce que pour dire : Vale et nos ama. Je n’ose vous parler aujourd’hui de l’excursion à Jersey, car ce serait vous inviter au déluge ; pluie nuit et jour, averses sur le toit, brumes à la vitre, jardin noyé, boue jusqu’aux genoux, voilà notre idylle en ce moment. Depuis le grand mensonge de 1851, le soleil, lui aussi, ne fait plus que mentir ; la lumière copie les ténèbres ; voilà deux fois de suite que juin manque à sa parole d’honneur ; ces étés Bonapartes me deviennent odieux, surtout s’ils allaient jusqu’à nous priver de vous voir ainsi que madame Samuel ; mais j’espère. Juillet et août nous restent. Un rayon viendra bien, que diable !

Voulez-vous faire circuler notre circulaire ?[43] Je vous l’envoie. Hélas ! nous en sommes à sonner la cloche d’alarme. Et les discours de l’exil ? Point de nouvelles de Freunt ? — Je ne reçois rien. — Je serre vos bonnes et courageuses mains.



À la Junte de Salut, en Espagne.


Citoyens de la junte de salut.

Je ne veux pas tarder un instant à vous exprimer ma reconnaissance.

Les journaux de Madrid du 8 et du 9 m’annoncent la demande que la Junte de salut a bien voulu faire pour moi au gouvernement, sur la noble initiative spontanément prise par deux honorables citoyens espagnols, MM. Fernandez de los Rios et Coello.

J’apprends que le gouvernement a adhéré au désir exprimé par la Junte. Je vous remercie, citoyens, de m’ouvrir les portes de l’Espagne et de me les ouvrir le lendemain d’une révolution. L’air du midi est nécessaire à ma santé, et l’air de la liberté est nécessaire à ma vie. J’ajoute que l’Espagne est pour moi comme une patrie. J’ai passé à Madrid une partie de mon enfance ; la langue, le passé et l’histoire de l’Espagne sont mêlés à ma pensée depuis mon plus jeune âge, et par moments je crois avoir deux mères : la France et l’Espagne.

Je serais parti sur-le-champ et je serais arrivé à Madrid en même temps que cette lettre, si je n’étais en ce moment retenu à Jersey par les soins d’une publication littéraire commencée. Sitôt que je serai dégagé de cette publication, dans fort peu de temps, j’espère, je m’empresserai de profiter de votre invitation gracieuse que je regarde comme un glorieux appel.

Ce qui ajoute à mes yeux un prix inestimable à cette hospitalité, si noblement offerte, c’est qu’elle ne m’est pas exclusivement personnelle, c’est que l’Espagne a déclaré, par votre organe, par la voix de la presse et par la bouche de son gouvernement, qu’elle l’étendait à tous les autres proscrits. Quel pays plus digne que l’Espagne d’être la grande terre d’asile ? L’Espagne a compris, et c’est ainsi que nous nous traduisons les paroles de son gouvernement, que, loin d’être un obstacle aux bonnes relations internationales, l’asile accordé par un peuple aux proscrits du droit et de la liberté lui créait un titre à la reconnaissance de toutes les nations. Dès aujourd’hui, on peut le dire, — et ici nous proscrits, nous disparaissons, car il s’agit de l’humanité entière, — dès aujourd’hui, en présence des grandes choses que l’Espagne a faites et des grandes choses qu’elle prépare, le peuple français remercie le peuple espagnol.

Courage, citoyens. Achevez ce que vous avez si admirablement commencé. Le monde civilisé a les yeux sur vous. Dans la situation où est aujourd’hui le continent, on peut dire que la révolution espagnole a charge de peuples. Espagnols, vous replacez votre illustre pays dans la lumière ; l’aube se lève chez vous. Soyez glorifiés ! Vous prouvez que la terre qui a produit les grands poëtes et les grands capitaines, sait aussi produire les grands citoyens. Et, à nous proscrits, qui vivons dans l’espérance inébranlable, permettez-nous d’applaudir du fond de l’âme votre belle révolution, commencement, glorieux prélude de la révolution suprême que les penseurs entrevoient, que l’avenir attend, qui sera la fin des despotismes et des guerres, et qui cimentera dans la démocratie pure la grande et fraternelle fédération des Peuples-Unis d’Europe.

J’offre à la Junte de salut mes sentiments de vive reconnaissance et de profonde fraternité.

V. H.
Marine-Terrace. — 17 août 1854[45].


Au colonel Charras.


18 août 1854, Marine-Terrace.

Mon vaillant et cher collègue, il y a deux ans, presque à pareille époque, vous me conduisiez à la frontière belge, quelle joie c’eût été pour moi de venir vous recevoir à la frontière anglaise[46] ! Je dis joie, quoique ce soit pour vous une épreuve de plus ; mais vous n’en êtes pas à compter avec les sacrifices, et vous êtes de ces hommes que l’adversité réjouit, parce qu’elle les grandit. Je vous félicite donc de cette nouvelle persécution qui est venue vous chercher ; nos persécutions sont bonnes, elles sont les consécrations de l’épreuve et les affirmations du droit.

Cher proscrit, vous n’êtes pas moins intrépide sur la brèche civile que sur la brèche militaire.

Je vous serre la main.

Victor Hugo[47].


À Paul Meurice[48].


Marine-Terrace, 21 août [1854].

Votre bon petit paquet de lettres nous a charmés. Je n’y avais que deux pages, mais qu’elles étaient charmantes ! Et puis je tiens votre lettre à ma femme pour mienne. Le dialogue avec Th. Gautier a eu un prodigieux succès. Hélas ! vous m’aimez donc toujours un peu là-bas. Je vous le rends bien, je vous assure. Le souvenir dans l’exil a des échos sans fin. Je ne comprends rien à ce que vous m’avez pris dans Schamyl ?[49] Qu’est-ce donc ? On m’applaudit, dites-vous. Quand on vous applaudit, cher poëte, il me semble que c’est moi ; et c’est ainsi que je le comprends.

Les journaux d’Espagne, répétés par les journaux anglais, donnent le texte d’une délibération spontanée de la Junte de Madrid qui m’ouvre l’Espagne. Il n’y a jamais eu de demande de ma part, comme Conailhac paraît le croire. Je reçois la chose avec reconnaissance, mais sans l’avoir personnellement demandée. La conduite de la Junte à mon égard est admirable. Si vous voyez Girardin, expliquez-lui cela. Rapprochez cette façon d’agir de la Belgique expulsant Charras.

Mme d’Aunet vous présentera un bon de 500 francs que je vous serai obligé de lui payer ; je vais tirer en outre 500 francs sur vous par Godfray. Ceci vous arrivera avant la traite.

Je n’ai plus que la place de vous embrasser et de me mettre aux pieds de madame Meurice qui sont assez petits pour tenir dans ce bout de papier.

Voudriez-vous faire remettre ce mot chez Mme d’Aunet ?

Mes plus tendres cordialités à Gautier, à Limayrac[50], à Pelletan, à Jourdan, à Boulanger, à tous ceux qui m’aiment.


À T. M. Duché[52].


24, York Place. London.
Jersey, 12 septembre [1854].

Merci, mon cher et excellent collègue. Votre adhésion si cordiale me touche vivement. Je ne suis rien qu’un combattant, mais la grande cause fait grand le combat. Que Dieu nous aide et que le peuple se réveille, nous vaincrons.

Quant à moi, je n’ai jamais eu plus de foi et plus d’espoir. La proscription et l’exil ne sont que des veilles à travers les guerres. Je vois distinctement le triomphe de la république, de la démocratie et de la civilisation.

Je vous serre fraternellement la main.

Victor Hugo[53].


À Paul Meurice[54]


20 7bre.

Schamyl a fait le tour de Marine-Terrace — triomphalement. Il a gagné la bataille près de Hot sea bath comme au mont Darbula, comme à la Porte Saint-Martin. Quel beau poëme, cher poëte ! J’ai vu l’endroit où nous avons été applaudis côte à côte, et j’ai été tout fier et tout heureux de retrouver quelque chose de moi dans cette belle prose généreuse et éclatante. Savez-vous que nous sommes destinés à nous rencontrer ? J’ai tressailli en lisant la dernière ligne de votre note sur Mélingue[55]. Dans les Contemplations il y a cette fin de vers :

Le devoir, fatalité de l’homme.
cette fois, vous aurez la priorité. Je me suis donné une magnifique représentation de votre splendide drame, en lisant le livre et en le jouant sous

mon crâne, dans mon jardin, avec la mer pour décor, le ciel pour rideau, l’ouragan pour orchestre, et toutes sortes de fleurs au parterre. — Je vous assure que c’était bien beau ainsi, et bien charmant, et bien grand.

En somme, soyez loué. Vous avez fait jouer sous ce régime de mise au cachot, de servitude et d’ombre, une œuvre d’affranchissement, de liberté et de lumière. Voilà ce que nous pensons tous ici.

Madame Meurice, dans la plus gracieuse lettre du monde, nous promet votre venue pour novembre. Vous l’amènerez, n’est-ce pas ? Quelle douce et bonne petite fête dans ce pays d’hiver et dans cette maison d’exil ! Nous vous rendrons votre chambre, et vous nous rendrez le soleil. Les Contemplations n’auront pas encore paru. Je vous en lirai des vers. Mais si vraiment !

Vous pourrez me rendre service. Si ce livre, poésie pure, paraît par aventure à Paris, vous veillerez un peu, n’est-ce pas, cher poëte ? sur ce pauvre oiseau farouche envolé de la Grève d’Azette, à travers des tourbillons d’écume, et allant s’abattre parmi des bouffées de cigare au boulevard des Italiens. — Nos pauvres souffrants vous remercient ainsi que notre noble et cher poëte Laurent Pichat. Dites-le lui. Je tire sur vous par Godfray fin 7bre, cette traite de 100 francs dont notre caisse a grand besoin. Mlle Rivière vous présentera en outre un bon de 240 fr.

Malgré les enthousiasmes de l’appel qu’on m’adresse, j’ajourne un peu l’Espagne ; il faut voir ce que cette quasi révolution devient.

Tuus. Tuus. Tuus.

Mille amitiés à Gautier, Janin, Limayrac, Pelletan, Jourdan, Nefftzer, — à tous[56].


À Mme de Girardin.


[28 septembre 1854.][57]

J’ai lu la Joie fait peur. Quelle ravissante chose ! Je me la suis jouée et j’en ai eu dans la pensée une représentation exquise. Savez-vous comment ? Je me suis tout bêtement figuré vous la lisant. Votre sourire faisait la rampe, vos yeux étaient le lustre, votre son de voix était la musique de toutes ces âmes. Moi je faisais foule, et j’applaudissais. Quelle idée de femme que cette pièce ! Et quelle idée de poëte ! Je m’aperçois que je radote de ce bijou, et que je ne vous parle pas du tout de ce qui devrait remplir cette dernière page. Ah ! ça, est-ce que vous ne reviendrez pas cette année à Jersey ? Je mets mon île dans un cornet de papier et je vous l’offre. Daignez accepter ce bouquet.

Nous avons acquis quelques talents depuis l’an passé. Si vous veniez vous nous trouveriez montant à cheval et galopant le long de la mer. L’autre jour le colonel Téléki[58], après un quart d’heure de vif galop, s’est tourné vers nous et nous a dit : Bravo, cosaques ! Voilà un compliment. Je mets cette gloire à vos pieds[59].


À M. G. N. Sanders[60].


Marine-Terrace, 31 octobre 1854.

Quand vous écrivez, monsieur, c’est votre âme qui écrit, une âme haute et libre. Vous êtes digne de parler à la France, et de parler au nom de l’Amérique. À quelques égards nos points de vue diffèrent, et c’est tout simple. Mais le fond de nos cœurs est le même ; vous voulez ce que nous voulons, la dignité de l’homme et la liberté du monde. Je vous applaudis jusqu’à vous aimer. Vous vous êtes donné à vous-même une noble mission ; continuez-la. Continuez votre beau et saint travail de propagande ; dites la vérité à tous, à la France esclave qui a jadis aidé l’Amérique, à l’Amérique libre qui doit aujourd’hui aider la France. Ni vous ni moi, permettez-moi de rapprocher mon nom du vôtre, ne sommes gens à flatter les peuples. Disons-leur donc leurs vérités afin de leur rendre leurs grandeurs. Le jour où l’Amérique voudra, la France pourra ; le jour où la France pourra, le monde vivra.

Cher concitoyen de la grande république unique, je serre cordialement votre main loyale.

Victor Hugo[61].
À Alexandre Dumas.


Marine-Terrace, 17 novembre 1854.
Mon cher Dumas,

Un ami coupe dans un numéro de votre Mousquetaire quatre lignes et me les envoie.

Dans ces quatre lignes vous avez su mettre deux grandes choses, votre esprit et votre cœur.

Je vous remercie de me dédier votre drame, la Conscience[62]. Ma solitude avait quelque droit à ce souvenir. Cette dédicace, si noble et si touchante, me fait l’effet d’une rentrée dans mon foyer. C’est une joie pour moi de penser que je suis en ce moment à Paris, et présent dans un succès d’Alexandre Dumas.

On m’écrit que le succès est grand et que l’œuvre est profonde. L’œuvre et le succès ressemblent à mon amitié pour vous.

Cher compagnon de luttes, grand et glorieux confrère, je vous serre dans mes bras[63].


À Jules Janin.


Marine-Terrace, 26 décembre 1854.

Vous avez fait un livre[64] où il y a ce que Cicéron appelait le quid divinum. Prenez-en votre parti ; c’est tout simplement un livre adorable. Ce sont des confessions, ce sont des confidences, c’est un testament, c’est un hymne, c’est une chanson, c’est un poëme. La splendeur y est grâce et la grâce y est splendeur. Cela va, vient, court, revient, pense, sourit, pleure, creuse et s’envole. C’est l’histoire de notre cœur, de notre esprit, de notre bonheur, de notre deuil, de notre pays, de notre temps. Telle page touche à Rabelais, telle autre à Bossuet. D’effort, point. Vous allez de ce curé à cet évêque et de cet évêque à ce curé comme on va du B à l’R, tout simplement parce que toutes les lettres sont dans l’alphabet et tous les esprits dans votre esprit. Vous êtes royaliste, il y a ici un tas de républicains qui raffolent de votre livre ; vous êtes classique, et à tout moment j’entends des romantiques dire en vous lisant : mais c’est exquis ! mais c’est vrai ! — Ils font bien quelques petites réserves çà et là, mais ce sont les réserves de l’oiseau dans la forêt et de la femme sous les baisers. — Quant à moi, comment trouver un remerciement ? Vox faucibus hœsit. Je vous charge de l’écrire, et je le signerai.

Le jour même où votre livre est arrivé, c’était un soir, on s’est jeté sur la caisse ; Vacquerie s’y est rué, quoique, parmi les trésors qu’elle contenait, il y eût trois énormes fromages de Brie, son horreur. Son nez, pas petit pourtant, avait perdu l’odorat qui était passé tout entier dans son esprit. Il n’y avait plus dans la caisse que des parfums ; son esprit flairait votre livre.

Et puis, tout de suite, on s’est mis à lire, haut, bien entendu, tous voulant lire à la fois. Il y avait, dans l’espèce de cave que ces dames ont la bonté d’appeler leur salon, une vingtaine de proscrits, républicains écarlates, partageux, démagogues, anarchistes, buveurs de sang, les plus braves cœurs du monde. On est tombé sur les admirables pages qui terminent le tome IV. Ma maison, ma femme et ma fille à la fenêtre, vous dans la rue, la nuit et votre âme sur le tout, et toute la cohue de Jacques et de rouges, moi en tête, s’est mise à pleurer. Dictus ah hoc lenire tigres. Tigres, oui. Si vous saviez quels bons tigres nous sommes ! Ces proscrits, ces parias, ces naufragés de la Méduse, passent leur temps à s’entr’aider. On donne du pain, dont on a peu, à ceux qui n’en ont pas du tout ; on prend sous son toit les sans-asile (sans culottes, aussi, souvent) ; les pauvres femmes accouchent çà et là, les autres femmes font des layettes aux nouveau-nés et portent des bouillons aux accouchées. Quiconque a, donne ; quiconque manque, reçoit. Ils partagent, ces partageux. Quant à la France, elle oublie. C’est son droit ; si j’étais elle, je n’userais pas de ce droit-là. Mais j’ai tort. Baisons les pieds de notre mère.

Du reste, il paraît que notre exode va recommencer. Soit. Lisez les choses imprimées que vous trouverez sous ce pli, cela vous mettra au fait. Tous les journaux hors de France publient ou traduisent ces lignes[65].

Que faites-vous maintenant, cher et charmant et courageux et intrépide poëte ? Outre votre merveilleux enfantement du lundi, le treizième travail d’Hercule, votre jeu, dans quelle œuvre vous reposez-vous de ce livre éclatant qui vient de naître ? Vous êtes une des maîtresses roues de l’esprit humain actuel ; vous n’avez pas le droit de vous arrêter ; vous devez aller et tourner sans cesse et sans relâche élever l’eau, c’est-à-dire l’intelligence dans les cerveaux. Si vous vous interrompiez un jour, il me semble vraiment qu’il n’y aurait plus de fumée à la cheminée de l’usine et qu’on dirait : Tiens ! Paris s’est éteint !

Ma femme, ma fille, mes fils sont touchés dans les entrailles par votre livre. Vous voilà de notre famille, savez-vous ? Je m’y revois jeune, dans ce doux livre, et ils s’y revoient petits. Cela nous ramène aux Roches ; notre grand vieillard et notre bon Armand sont là qui jasent ; notre chère sœur de l’âme, Mlle Louise, fait des châteaux de cartes, moi badigeonnant ; vous êtes là, riant du rire de Diderot, avec la larme de Jean-Jacques au coin de l’œil ; oh ! toute cette jeunesse ! toute cette enfance ! toute cette joie ! Édouard redevient Ardoise, Victor redevient Toto, Adèle redevient Dédé, et elle, l’ombre, l’ange, la lumière de mon deuil, elle redevient Didine. Et elle se penche sur nos têtes, et elle remplit votre ravissant et tendre livre de nos larmes et de ses rayons.

Quel magicien vous êtes ! Quel évocateur ! Ô grand cœur et grand esprit, je vous aime !

D’ici à deux mois, vous recevrez Les Contemplations. C’est un sombre livre, serein pourtant. Là aussi vous reverrez toute la vie passée. Ce livre pourrait être divisé en quatre parties qui auraient pour titres — ma jeunesse morte, — mon cœur mort, — ma fille morte, — ma patrie morte. — Hélas !

La mer fait rage depuis un mois ; ma maison la nuit sonne comme un écueil ; je dors peu dans ce vacarme ; les hurlements de l’abîme font aboyer les chiens (j’ai des chiens. Cela reste). Savez-vous ce que je fais, ne dormant pas ? Je travaille. Je rêve. Je pense à la France, à ceux que j’aime, aux radieux esprits, aux amitiés vraies, aux beaux styles, aux nobles cœurs, aux fermes courages, à vous.

Seriez-vous assez bon pour faire jeter à la poste la lettre ci-incluse. — Mettez mes hommages aux pieds de votre charmante et noble femme. — Ma femme vous écrira prochainement[66].

  1. Les Châtiments étaient expédiés en petits cahiers in-32, qu’on glissait, un à un, dans des lettres. Au bout de douze ou quinze envois, le volume était complet.
  2. Albalat. — Gustave Flaubert et ses amis.
  3. Mignet, historien célèbre par la publication de son Histoire de la Révolution française (1824) était académicien depuis 1837. — Barante entra à l’Académie en 1824 après avoir fait paraître l’Histoire des ducs de Bourgogne qui eut un grand succès. Comme homme politique, il s’adapta facilement à tous les régimes. — Patin se distingua par des publications littéraires et historiques, par sa traduction d’Horace et ses Études sur les tragiques grecs ; entré à l’Académie en 1843, il en devint secrétaire perpétuel en 1871.
  4. Pongerville est connu surtout par ses traductions de Lucrèce, d’Ovide, de L’Énéide et du Paradis perdu. Il publia aussi plusieurs épîtres.
  5. Lebrun, poëte et auteur dramatique, fut directeur de l’Imprimerie royale en 1831, et secrétaire perpétuel de l’Académie française. Lorsque Victor Hugo se présenta à l’Académie, Lebrun le soutint dans ses quatre tentatives et ne fut pas étranger au succès de son élection. Ils se perdirent de vue à partir de la révolution de 1848.
  6. Tapner.
  7. Actes et Paroles. Fendant l’exil.
  8. Gustave Simon, Victor Hugo et Louise Colet'. Revue de France, 15 mai 1926.
  9. Inédite.
  10. Vingt-troisième anniversaire de la révolution polonaise. Actes et Paroles. Pendant l’exil.
  11. Titre définitif : Le Roi de Bohême et ses sept châteaux.
  12. Bibliothèque Nationale.
  13. Inédite.
  14. Louis Jourdan, journaliste, fonda à Toulon Le Peuple électeur, devint rédacteur au Siècle et fonda en 1859 Le Causeur. Il publia plusieurs ouvrages de mœurs et de philosophie.
  15. Bibliothèque Nationale.
  16. Inédite.
  17. Les Châtiments.
  18. Cette lettre n’est pas signée. — Communiquée par la librairie Cornuau, Collection Pol Neveux.
  19. Inedite.
  20. Aux habitants de Guernesey. Publiée à Guernesey et reproduite dans Actes et Paroles. Pendant l’exil.
  21. Havin, représentant de la Manche en 1848, donna sa démission après le coup d’État et se consacra au Siècle dont il était directeur.
  22. Bibliothèque Nationale.
  23. Dans sa lettre à lord Palmerston (Actes et Paroles. Pendant l’exil) Victor Hugo disait qu’il ne s’était pas trouvé un pasteur pour signer la demande de recours en grâce de Tapner ; le secrétaire de lord Palmerston écrivit à Victor Hugo pour rectifier cette assertion et lui nommer les trois pasteurs qui avaient signé : MM. Pearce, Carey, Cockburn. Le premier demanda à Victor Hugo d’écrire la préface d’un pamphlet qu’il allait publier contre la peine de mort.
  24. Revue des Autographes. Octobre 1895.
  25. Lord Palmerston approuva la politique de Louis Bonaparte et le coup d’État.
  26. Les Châtiments.
  27. Banquet anniversaire du 24 février 1848. Actes et Paroles. Pendant l’exil.
  28. Gustave Simon. Victor Hugo et Louise Colet, Revue de France, 15 mai 1926.
  29. En tête de ce brouillon partiel, cette ligne :
    J’ai écrit aujourd’hui à Villemain… (Suit le texte à partir de : Je n’ai pas de grief personnel, jusqu’à : Je bénis la destinée.) Après quelques points de suspension, le texte reprend depuis : Savez-vous ce que c’est que Jersey ? jusqu’à : le tonnerre finira bien par tomber.
  30. Archives de la famille de Victor Hugo.
  31. M. et Mme Jules Bapst. Marie Bertin, fille d’Armand Bertin, épousa Jules Bapst qui devint, après la mort d’Édouard Bertin, directeur du Journal des Débats.
  32. Lettres aux Bertin.
  33. Inédite.
  34. Communiquée par M. Andrieux.
  35. Les Châtiments.
  36. Archives de la famille de Victor Hugo.
  37. Cabarrus, fils de Mme Tallien, était médecin homéopathe ; il ne s’occupait pas de politique ; disciple de Hahnemann, il se consacrait uniquement à ses malades ; il était l’ami intime d’Émile de Girardin.
  38. Collection de M. Détroyat.
  39. Lettre de Mme Drouet à Mme Luthereau.
  40. Archives de la famille de Victor Hugo.
  41. Émile Deschanel venait de se marier.
  42. Archives de la famille de Victor Hugo.
  43. Appel aux concitoyens. Titre primitif : Aux républicains.
  44. Bibliothèque Nationale.
  45. Actes et Paroles. Reliquat. Éditions de l’Imprimerie Nationale.
  46. Charras venait d’être expulsé de Belgique.
  47. Revue d’Histoire littéraire de la France. Septembre 1926.
  48. Inédite.
  49. Schamyl, drame représenté au théâtre de la Porte-Saint-Martin, le 26 juin 1854.
  50. Paulin Limayrac, journaliste, collabora d’abord à la Revue de Paris, à la Revue des Deux Mondes, à La Presse ; peu à peu il évolua, entra au Constitutionnel en 1857, enfin au Pays, où il rendit de grands services au gouvernement.
  51. Bibliothèque Nationale.
  52. T.-M. Duché, avocat, élu député de la Loire en mai 1849, expulsé au coup d’État, fonda une maison de commerce maritime à Londres où il mourut en 1865.
  53. Communiquée par M. Maurice Vignes (de Dijon).
  54. Inédite.
  55. Mélingue, qui connut de beaux succès dans les théâtres de drame sous l’empire, interpréta en 1870 Alphonse d’Esté à la Porte-Saint-Martin ; puis il reprit avec éclat, en 1872, le rôle de Don César à l’Odéon. — « ... la fatalité volontaire qu’on appelle le devoir » ; note sur les acteurs, à la fin de la pièce imprimée : Schamyl.
  56. Bibliothèque Nationale.
  57. La lettre de Charles Hugo, continuée par son père, est datée par les faits 28 septembre 1854.
  58. Ladislas Téléki, homme politique hongrois, député de Pest en 1848, vint en France pendant la révolution hongroise pour y demander des secours. Il fut condamné à mort par contumace, mais fut bientôt gracié et réélu à la diète hongroise.
  59. Archives Spoelberch de Lovenjoul.
  60. Inédite. — Sanders, consul des États-Unis à Londres. Le sénat américain refusait de confirmer sa nomination parce qu’il s’associait aux revendications de tous les proscrits résidant à Londres, Kossuth, Mazzini, Herzen, Garibaldi, Ledru-Rollin, etc. Sanders protesta et Victor Hugo lui adressa cet encouragement.
  61. Communiquée par la « Library of Harvard University Cambridge. Massachusetts ».
  62. Drame représenté le 4 novembre 1854 au théâtre de l’Odéon.
  63. Archives de la famille de Victor Hugo.
  64. Histoire de la Littérature dramatique.
  65. Avertissement a Loua Bonaparte. Actes et Paroles. Pendant l’exil.
  66. Clément-Janin. Victor Hugo en exil. Collection Louis Barthou.