Correspondance de Victor Hugo/1872

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À Auguste Vacquerie[1].


Jeudi soir [1871].

Cher Auguste, j’ai cru devoir conseiller à Victor la plus grande cordialité envers un homme qui a écrit sur sa mère et sur notre deuil la page émue que vous connaissez. Vous ne me blâmerez pas. Quelle page poignante et puissante, le Meurtrier ! Je l’ai lue ce matin, je vais la relire ce soir.

À vous profondément.

V.[2]


1872.


À Madame Veuve Gaston Crémieux'[3].


Paris, 13 janvier 1872.
Madame,

Je reçois votre précieux et douloureux envoi[4]. J’avais vu chez mon fils Charles votre vaillant mari. Tous deux sont morts.

Vivez pour vos enfants, noble veuve.

Je mets à vos pieds mon émotion profonde.

Victor Hugo[5].


À Paul de Saint-Victor


14 janvier.

Vous êtes venu, j’ai trouvé votre carte avec un mot, et je n’étais pas là pour vous recevoir, mon éminent et cher confrère ! Que vous seriez aimable de reprendre nos gracieuses habitudes de l’an passé, et de venir quelquefois vous asseoir à notre table de famille ! Si vous ne me donnez pas contre-ordre, je vous attendrai à dîner jeudi 18, à sept heures, rue Pigalle, 55. C’est là que nous avons dressé notre tente. Maintenant que me voilà un peu hors de l’ouragan politique, je serai bien heureux de causer avec vous de tout ce que nous aimons ensemble, et de faire reprendre à mon esprit un bain d’idéal, d’art et de poésie. Vous viendrez, n’est-ce pas ? envoyez-moi un bon oui.

Tuus ex imo.
Victor Hugo.

Je demeure rue de Larochefoucauld 66, et je dîne en face, rue Pigalle, 55[6].


À Madame Zélie Robert.


1er février. Paris.

Ceux qui se plaignent de moi, madame, ont tort et ont raison. On me croit puissant, et je ne le suis pas ; on me croit millionnaire, et je suis loin de l’être. De là des déceptions. Je fais ce que je puis, et ce que je puis est bien peu. J’ai épuisé cette année toutes mes ressources ; j’ai donné depuis un an plus de vingt-cinq mille francs; qu’est-ce que cette goutte d’eau dans l’immense misère publique ? Rien. Et ce rien est beaucoup pour moi. Donc on a raison, et l’on a tort. Vous, madame, noble femme que vous êtes, vous me rendez justice, et vous savez que je n’épargne aucun effort pour aider, secourir et délivrer ceux qui souffrent.

Votre fils m’a écrit ; je m’occupe de lui ; mais, à vrai dire, je ne compte que sur l’amnistie. On va jouer Ruy Blas[7] ; dès que j’en serai débarrassé, je donnerai séance à notre excellent Nadar, car je tiens à vous obéir, madame. Vous êtes tout à la fois une généreuse mère et une charmante femme. Offrez à M. votre mari mes meilleurs compliments, et croyez, Madame, que je serai bien heureux de ne pas être inutile à votre pauvre jeune fils[8].

Victor Hugo[9].

Je vous envoie tous mes vœux de succès et je mets tous mes hommages

à vos pieds.
À Hugelmann[10].


(Réponse.)
Paris, 7 février 1872.

L’obéissance au devoir crée souvent entre les hommes des intervalles que rien ne peut combler. Pourtant je suis de ceux qui ont pour loi le pardon, et jamais je ne découragerai l’effort sincère d’une conscience voulant rentrer dans la vérité et dans la lumière.

V. H.[11]


À Jules Simon[12].


février 1872.
Mon éloquent et cher confrère,

Vous avez magnifiquement parlé de Ruy Blas. Un ami m’envoie le Moniteur du 11 février, et je vous écris, ému, je ne vous remercie ni ne vous félicite. On ne remercie pas la conscience, on ne félicite pas la lumière. Vous avez en vous votre triomphe.

Je tiens seulement à vous dire que je suis profondément votre ami.

Victor Hugo.

Mettez tous mes respects et tous mes hommages aux pieds de Madame Jules Simon[13].


À Félix Duquesnel


Lundi, 19 février 1872.
Mon cher monsieur Duquesnel[14].

Une députation d’étudiants qui vous remettra cette lettre demande à louer une trentaine de places, à la quatrième galerie, vacante encore à cette heure[15]. Ce vœu est bien modeste, j’eusse voulu, vous le savez, et notre traité le dit, donner toute la salle aux écoles, l’état de siège s’y oppose, mais il ne s’oppose pas à ce que désire en ce moment cette jeunesse dont je suis profondément l’ami.

J’appuie de toutes mes forces la demande qui vous est faite.

{d|Victor Hugo[16].|3}}


À Paul de Saint-Victor[17].


27 février.

Cher grand écrivain, je serais presque tenté de vous dire : Remerciez-moi. Je vous ai donné l’occasion d’un chef-d’œuvre. Votre étude sur Ruy Blas[18] est une admirable page d’histoire, de critique et de philosophie. Laissez-moi vous dire que je sens une parenté profonde entre nos deux esprits.

Comme vous seriez aimable de renouer nos bonnes habitudes d’il y a un an ! Dans l’idéal où nous habitons vous et moi, il n’y a qu’harmonie et lumière. Et puis j’ai tant de choses à vous dire !

Voulez-vous que notre table de famille vous attende à dîner samedi 2 mars (à sept heures, 55 rue Pigalle). Si vous ne pouvez venir samedi, choisissez vous-même le jour que vous voudrez, et écrivez-le moi. J’aurai tant de bonheur à vous serrer la main.

V. H.[19]


À Félix Duquesnel[20].


29 février 1872.
Mon cher monsieur Duquesnel,

Je vous serais infiniment obligé de vouloir bien faire distribuer en mon nom à MM. les employés de l’Odéon (figurants, contrôleurs, machinistes, etc.) la somme de 500 fr. dont je vous envoie le bon ci-inclus[21].

Recevez l’assurance de mes sentiments très distingués.

Victor Hugo[22].
À Théophile Gautier[23].


1er mars.

Quel maître vous êtes, cher Théophile ! Quelle prose de poëte ! quelle poésie de philosophe ! votre critique a la puissance de la création[24]. J’aime votre noble esprit.

Ruy Blas salue le capitaine Fracasse, et vous prie de me faire la grâce de dîner avec moi lundi 4 mars. J’espère un bon oui. Nous vous attendrons à 7 heures, 55 rue Pigalle. Je veux vous remercier, cher grand poëte, par mon plus tendre serrement de main.

V. H.[25]


Au Comité de la Société des Gens de Lettres.


23 mars 1872.

Plusieurs membres de la Société des Gens de Lettres me font savoir qu’ils désirent me porter à la présidence de la Société. Je les prie de me permettre de décliner cet honneur. Selon moi, la présidence est inutile ; le comité suffit ; chaque membre du comité présidant à son tour pendant un temps déterminé ; et sous le rapport matériel comme sous le rapport moral, la Société des Gens de Lettres ne pourrait qu’y gagner. Elle ajouterait un progrès démocratique à son éclat littéraire. Je vote, surtout en ce qui me concerne, l’abolition de la présidence.

Victor Hugo.[26]



À Paul Meurice[27].


28 mars.

Cher Meurice, vous verrez que je n’ai pu donner qu’un bon à tirer. Voulez-vous prendre la peine d’indiquer le chiffre du tirage.

Je vous envoie Février. J’appelle votre attention sur la pièce intitulée Aux rêveurs de monarchie. Y a-t-il assez de liberté de presse pour publier

cela ? Un conseil, ô mon admirable ami[28].
À Jules Janin.


28 mars 1872.

Votre lettre m’émeut. Qu’elle est éloquente ! J’irai vous voir, vous serrer la main, causer avec vous. Que de choses à vous dire ! Qui eût pu prévoir que l’imbécillité bourgeoise aurait jamais la puissance de mettre un mur entre nous[29] !

Toujours votre ami.

V. H.[30]


À Paul Meurice[31].


Dimanche matin.

Ma foi, tant pis. J’ai interrompu mes épreuves pour lire votre article si beau, si vrai, si sage, sur l’Internationale. Prenez-vous-en du retard à vous-même, cher ami.

Je vous envoie des corrections sur lesquelles j’appelle votre attention dans À la France de 1872, aussi bien pour le Rappel que pour Ruy Blas.

À ce soir.

V.

Je vous signale tout de suite une grosse bévue de l’imprimerie. Toutes les pièces (de l’Année terrible) doivent tomber en belle page. Autrement elles ont l’air d’être toutes des sections de la même, ce qui les rendrait inintelligibles[32].


Au même[33].


Vendredi midi [mars 1872].

Les oreilles ont dû vous faire un fier bourdonnement avant-hier. Nous avons passé toute la soirée à parler de vous. Madame Meurice vous l’a-t-elle dit ? Je réclame violemment des articles de vous dans le Rappel. Vous nous avez alléchés par cette magistrale page sur l’Internationale, où la vérité est dite avec tant de profondeur, où la justice a pour expression la justesse. Mais il nous en faut d’autres ! Ah mais ! la populace, et j’en suis, murmure. Nous voulons du Paul Meurice ! — Je le dirai au rédacteur en chef Victor. Je lui dirai aussi qu’il eût bien fait peut-être de ne pas publier d’extrait d’Actes et Paroles[34] avant les autres journaux, déjà si jaloux du Rappel. Il est probable que cela supprimera partout les citations, ce qui peut nuire au livre sans servir le journal. N’est-ce pas votre avis ? Est-ce aujourd’hui ou demain qu’il faut que j’aille signer les exemplaires aux bureaux du Rappel ? et à quelle heure ? Soyez assez bon pour le dire. Voulez-vous transmettre à Claye la courte pièce que voici, Paris bloqué[35]. Elle doit être placée dans septembre l’avant-dernière, avant la pièce À Petite Jeanne. On copie à force. Je vous enverrai du manuscrit.

À vous ex imo.


Au même[37].


[Mars 1872.]

Cher Meurice, Hippolyte Lucas, notre excellent ami, me demande pour le XIXe siècle un extrait d’Actes et Paroles[38] ; on pourrait, ce me semble, donner le speech à la gauche sur ma démission, ou à la députation de Bordeaux, sur les avantages de l’interruption. Faites pour le mieux.

À vous, et merci.

V. H.[39]

Mardi soir.


À Edgar Quinet[40].


6 avril. Paris.


Cher Quinet, merci[41]. Satisfaire votre haute conscience, cela ressemble à la gloire. Vous êtes une de ces grandes âmes placées sur des cimes qui répandent leur lumière sur tout l’horizon. Je vous aime, et je me mets aux pieds de votre noble femme. — À bientôt.

Victor Hugo[42].


À Auguste Vacquerie[43].


9 avril. Vendredi.

Quel lion vous êtes, et quel coup de griffe vous avez ! L’ignare crétin ne se relèvera pas de cette magnifique torgnolle. Infortuné Schérer !

Cher Auguste, ma main ne veut pas, pour serrer votre griffe, attendre jusqu’à dimanche, et je vous écris ces quatre mots.

Je voudrais inviter à dîner avec vous nos éloquents et chers amis M. Gaulier et M. Louis Asseline. Voulez-vous être assez bon pour leur transmettre mon invitation (pour après-demain dimanche 7 h. 1/2).

À vous profondément, cher ami, cher maître.

V. H.[44]


À Paul Meurice[45].


11 avril.

Cher Meurice, je trouverais bien que le nom de Gambetta fût dans ce livre. Il y était, dans la pièce que voici, et que j’avais retranchée avec beaucoup d’autres pour ne pas trop allonger et ne pas dépasser nos vingt-huit feuilles. Pourtant quatre pages de plus ou de moins importent peu. Lisez ces vers, et si vous êtes d’avis de les mettre, ils prendront place à la fin de juin, et pour ne pas finir sur Trochu, j’ajouterai pour pièce finale de juin, les vingt vers (ci-inclus) sur les enfants. — Jugez et décidez. Il serait bon de retrouver dans les journaux les paroles de Trochu sur mon képi ; elles sont bêtes, mais utiles. Elles sont de juillet (son premier discours à l’Assemblée)[46], mais on ne mettrait pas la date. Il suffirait de citer la phrase exacte. — Tout cela est-il votre avis ? — À vous et à tous.

À Auguste Vacquerie[48].


Mardi 16 avril.

Puisque toutes vos rougeoles ont disparu, cher Auguste, et puisqu’il n’y a plus que nous qui soyons encore coupables de coqueluche, est-ce que vous ne pourriez pas passer par-dessus la terreur que peuvent inspirer Georges et Jeanne, et reprendre vos bonnes et douces habitudes ? Je vous préviens que la table de famille vous attendra résolument dimanche ainsi que M. et Mme Ernest aux pieds de laquelle je me mets.

Nous comptons sur vous trois, et je vous aime de tout mon vieux cœur[49].


À Paul Meurice[50].


Samedi.

Cher Meurice, rien ce matin ; à 5 heures, moi absent, on a apporté 100 exemplaires, édition du Rappel ; c’est-à-dire justement ceux qui ne peuvent me servir. Que faire ? Remporter ceux-ci et en apporter d’autres. Sans doute ; mais que de peine tout cela vous donne ! Je suis tout en colère contre ceux qui ont fait ce mistake. Pardonnez-moi tous ces ennuis.

En attendant, le temps se passe, et les exemplaires devraient être en route pour leurs destinataires.

Il faudrait que M. Claye fît reprendre ces 100 Rappel ci m’en envoyât cent autres.

À vous.
V.


Au même[51].


Samedi, 6 h. du soir.

Il me semble que la dédicace[52] serait bien ainsi. Qu’en pensez-vous ?

Vous me rendriez un fier service de faire retrouver par un feuilleteur dans les bureaux du Rappel, la phrase de Trochu sur mon képi (dans son premier discours).

Demain je vous enverrai les quelques lignes à mettre en tête du livre.

Tout mon vieux cœur est à vous.

V.

Voilà Lafontaine qui vient de la part de M. Boulet me demander Marie Tudor pour la Gaîté[53].


Au représentant Greppo[54].


Paris, 23 avril 1872.
Mon cher ancien collègue,

J’ai été pendant trois semaines le mandataire du peuple de Paris à l’Assemblée nationale. L’indemnité attribuée aux représentants me donne droit à une somme de six cent soixante-quinze francs, que je verse dans la caisse de secours pour les familles des détenus et condamnés politiques. Il me semble que de cette façon j’aurai complètement rempli mon mandat.

Recevez mon plus cordial serrement de main.

Victor Hugo[55].


À Louis Ulbach[56].


Mardi 23 avril.

Puisque vous ne voulez pas venir, je suis la montagne, et je vais à vous, Mahomet. Que c’est bon, les vieilles amitiés, et comme il me serait doux de les conserver toutes ! Réconcilier, ce fut toujours mon rêve. Vous parlez de l’Année terrible admirablement, avec une douce et sympathique cordialité. Cette page est éloquente parce qu’elle est forte et parce qu’elle est bonne. Vous y êtes tout entier. Le poëte qui est en vous, le philosophe qui est en vous, l’ami qui est en vous, je retrouve là tous vos rayons. Votre fond d’invincible justice vous dicte des paroles attendries. Cher Ulbach, je salue votre noble esprit. C’est égal, venez donc dîner avec moi.

Tuus.
V. H.[57]
À Raoul Lafagette[58].


28 avril.

Votre cheval est tout un poëme. Hélas oui, cette bête est l’homme, cet esclave est le peuple. Courage, continuez, poëte, je vous donnerai, comptez-y, l’Année terrible in-18, dès qu’elle aura paru. Venez me voir, votre lettre éloquente m’a ému. Je vous serre la main.

V. H.[59]


À Paul de Saint-Victor[60].


Lundi 29 avril.

Comment vous dire tout ce qu’éveille d’émotion en moi un article de vous[61] ? Il y a des critiques souverains comme il y a des artistes suprêmes. Vous êtes le poëte expliquant la poésie, le philosophe approfondissant l’âme, la voix commentant le verbe, le rayon racontant l’étoile. Je ne pense pas à moi en vous parlant ainsi, je pense à vous que j’honore et que j’aime. Je voudrais bien vous serrer la main. Vous aviez peint au plafond de Ruy Blas une fresque magistrale, vous venez de sculpter un bas-relief superbe sur le mur de l’Année terrible.

V. H.[62]


À Jules Janin.


29 avril, lundi.

Cher poëte, j’espérais vous voir hier soir, j’avais passé toute la journée avec vous. Quel beau livre[63] ! Par votre style, par votre esprit, par votre âme ! Mais il faudrait vous écrire deux pages, j’aime mieux causer avec vous deux heures.

Je vous serre tendrement la main.

Victor Hugo[64].
À Jean Aicard[65].


1er mai.

Voici, cher poëte, la lettre que j’adresse à votre vaillant groupe[66]. Venez donc me voir ce soir, et en causer avec moi. J’en voudrais corriger l’épreuve. Peut-être feriez-vous bien d’en donner la primeur au Rappel. Cela vous ferait une annonce utile.

À vous.

V. H.[67]


À Théodore de Banville.


1er mai.

Que voulez-vous que je vous dise ? Je suis profondément ému. Ô mon poëte, vous avez écrit sur l’Année terrible une page éclatante et douce[68]. Vous avez toutes les magnificences et toutes les grâces. Ce don de la prose, que les poëtes ont seuls, vous le possédez au degré suprême. Le rhythme est dans tout ce que vous faites, parce que la lumière est dans tout ce que vous pensez. Je voudrais vous voir, causer avec vous, avoir une heure lumineuse. Donnez-la moi. Venez dîner avec moi samedi, ou dimanche, ou lundi. Choisissez le jour, et écrivez-le moi. Je vous aime bien.

V. H.[69]


À Jules Brisson.


Paris, 1 mai.

Monsieur, vous avez l’Année Terrible, permettez-moi d’y ajouter le livre qui en est la préface : Actes et Paroles. L’un commente l’autre. Vous avez parlé bien éloquemment de l’Année Terrible, dans l’article excellent que j’ai sous les yeux[70]. Vous dites la vérité aux partis violents et vous mettez la justice à sa vraie place, au-dessus des passions. Je vous félicite de cette hauteur d’esprit : dans l’homme, la force se prouve par la sérénité ; et dans l’État, la force politique se prouve par la clémence. C’est ma pensée, et c’est la vôtre ; je suis heureux de cet accord.

Recevez mon plus cordial serrement de main.

Victor Hugo[71].


À XXX[72].


Paris, 3 mai 1872.
Cher confrère et cher concitoyen,

Votre lettre, par je ne sais quel fâcheux hasard, m’est arrivée bien en retard. La mienne vous parviendra-t-elle à temps ? J’en doute. Je veux pourtant que vous sachiez ma profonde sympathie. Votre cause est la cause même de la presse, et sans la presse pas de progrès. Si le progrès est nécessaire, c’est, à coup sûr, dans votre Afrique, où il s’agit d’inoculer la France, c’est dans votre midi à demi oriental où il s’agit d’acclimater la civilisation. Les écrivains sont les travailleurs du progrès. Loin de les entraver, on doit les aider. Rien de plus funeste aux pays neufs que les persécutions dirigées contre la pensée. C’est de pensée que votre Afrique a besoin. Les hommes de liberté sont des hommes de lumière.

C’est de tout mon cœur que je réponds à votre appel et que je vous apporte mon concours. J’aime votre Afrique française. Mon rêve serait de la visiter un jour !

Je serais heureux de vous y serrer la main.

Victor Hugo.


À Jules Claye.


12 mai.

Quels charmants vers, et comment vous remercier, cher confrère et camarade ! Je n’ai pas même en ce moment l’Année Terrible sur papier ordinaire. Vous, la source des livres, envoyez-moi l’exemplaire sur Hollande ou Chine, à votre choix, et je le signerai.

Recevez mon plus cordial serrement de main.

Victor Hugo.
J’écrirai à M. Roussel de Méry. Remerciez-le en attendant[73].
À Théophile Gautier.


Mercredi 15 mai.
Cher Gautier,

Pendant que vous mariez votre fille avec un poëte[74], je marie un journal avec le peuple. C’est le même jour et la même heure. Vous officiez là-bas, moi ici. De là mon absence de cette douce fête où je voudrais être. Vous me la rendrez cette fête, n’est-ce pas ? Choisissez le jour que vous voudrez (dimanche excepté) et faites-moi la grâce de venir tous les trois dîner avec moi (rue Pigalle, 55. 7 h.). Je serai charmé de dire au jeune et gracieux couple combien je l’aime de vous rendre heureux. Écrivez-moi votre jour.

À vous profondément.

V. H.[75]


À Paul Meurice[76].


Dimanche 6 h. [19 mai 1872].

Cher Meurice, avez-vous une minute ? Lisez ceci. C’est ma réponse à l’adresse qui m’a été envoyée de Rome[77]. Êtes-vous d’avis d’attendre pour la publier qu’elle revienne dans les journaux d’Italie ? Êtes-vous d’avis de la publier tout de suite ? Serait-ce demain lundi ? Serait-ce après-demain mardi ? Vous me direz tout à l’heure votre avis, que je suivrai, comme toujours.

Tuissimus.


À Jules Claretie.


25 mai.

Tout jeune que vous êtes, vous êtes pour moi un ancien ami. Je vous remercie de m’avoir fait lire votre belle et cordiale page sur l’Année terrible[79]. Vous savez comme j’aime votre charmant esprit. Charmant, parce qu’on y sent le cœur.

Venez donc dîner avec nous jeudi 50 (7 h.). Oui, n’est-ce pas ?

Et je vous remercie encore.

Ex imo corde.
V. H.[80]


Monsieur Hector F. Varela
Directeur du journal El Americano[81].
Paris, 29 mai 1872.

Je lis votre Americano. J’aime cette grande langue espagnole que vous écrivez si bien, et que je bégayais dans mon enfance. Votre excellent recueil est une sorte de trait d’union, grâce à cette langue superbe, entre le vieux monde et le nouveau. Quels que soient nos malheurs, nous vivons dans un siècle illustre, le plus illustre de tous peut-être, et vous êtes de ceux qui comprennent les grandes idées de cette grande époque.

Votre Americano, par sa publicité considérable, aide puissamment à la diffusion des lumières en Amérique comme en Europe.

Vous avez éloquemment parlé de l’Année terrible, et je vous remercie, mais je fais mieux que vous rendre grâce, je vous rends justice. Vous combattez pour la vérité, pour l’humanité, pour le progrès, vous méritez de vaincre et vous vaincrez.

Victor Hugo[82].


À Paul Meurice[83].


Dimanche matin [2 juin 1872].

Cher Meurice, d’abord quelle charmante et puissante histoire que votre Lahire ! Je compte bien vous en parler ce soir. Mais voici : j’ai une grosse dette à payer pour Charles à la banque de Guernesey, je ne voudrais pas vous accabler de mes affaires dans un instant où vous êtes surchargé, puis-je envoyer directement toucher ce qui m’est dû en ce moment pour Ruy Blas chez Roger ? Est-il ouvert le dimanche ? Que je suis bête d’avoir attendu jusqu’à aujourd’hui pour vous demander cela ! Pardonnez-moi, et aimez-moi.

À ce soir, doux et cher ami.

V. H.[84]
À Léon Cladel[85].


5 juin 1872.

Vous avez fait, monsieur, un livre puissant et vrai[86]. Vous touchez au mal, mais c’est pour le bien. Vous maniez hardiment la plaie en homme qui fait crier, mais qui saurait guérir. J’aime ces fortes pages où la vie est partout. Votre livre est un livre de vérité et de probité.

Je vous remercie.

Victor Hugo[87].


À Monsieur F. Hérold[88].


15 juin 1872.
Mon cher Monsieur Hérold,

Je ne puis oublier mon gracieux visiteur de Guernesey, et j’espère que, de votre côté, vous m’avez gardé un petit coin dans votre souvenir. Je serais charmé, particulièrement aujourd’hui, que mon nom fût encore quelque chose pour vous. Je voudrais recommander à votre très sérieuse attention un candidat à la direction de l’Odéon, M. Ernest Blum. M. Blum est un (des) hommes les plus distingués de la jeune littérature actuelle. Il a toutes les qualités de l’administrateur, ce qui ne l’empêche pas d’être un écrivain charmant. Je le verrais, quant à moi, avec un vif plaisir, à la tête d’un beau théâtre comme l’Odéon, et je ne doute pas qu’il ne rendît au grand art de vrais et sérieux services. Vous pouvez, si vous le jugez à propos, communiquer ma lettre à votre honorable collègue M. Régnier. Je crois savoir que votre avis à tous les deux, aura beaucoup d’influence sur le choix à faire, et je n’hésite pas à vous dire que toutes nos préférences littéraires sont pour M. Ernest Blum. Je vous le recommande donc de la manière la plus vive et la plus expresse, et je vous prie de recevoir, comme il y a vingt ans, mon serrement de main cordial.

Victor Hugo[89].
À Jean Aicard[90].


19 juin.

Je viens de lire Pygmalion. C’est une œuvre. Quelle lutte puissante, la femme contre la statue ! Et quel beau dénouement, ce sourire du marbre !

Vous ne partez pas encore, j’espère. Venez donc dîner avec vos amis de la rue Pigalle. — Cher poëte, je vous aime bien.

V. H.

Je reçois l’Orchestre. Après bravo, merci[91].


À Jules Simon.


Paris, 24 juin 1872.
Mon cher Jules Simon,

C’est au ministre et au confrère que j’écris ; au confrère, parce qu’il s’agit d’un poëte, au ministre, parce qu’il s’agit d’une bonne action à faire au nom de l’état.

Théophile Gautier est un des hommes qui honorent notre pays et notre temps ; il est au premier rang comme poëte, comme critique, comme artiste, comme écrivain. Sa renommée fait partie de la gloire française. Eh bien, à cette heure, Théophile Gautier lutte à la fois contre la maladie et contre la détresse. Accablé des tortures d’une affection chronique inexorable, il est forcé, à travers la souffrance et presque l’agonie, de travailler pour vivre. J’en ai dit assez, n’est-ce pas, pour un cœur tel que le vôtre ? Théophile Gautier a une famille nombreuse qu’il soutient et pour laquelle il épuise ses dernières forces. Je vous demande, au nom de l’honneur littéraire de notre pays, de lui venir en aide avec cette promptitude qui double le bien qu’on fait, et d’attribuer à Théophile Gautier la plus forte indemnité annuelle dont vous puissiez disposer[92].

Ce que vous ferez pour Théophile Gautier, vous le ferez pour nous tous ; vous le ferez pour vous-même ; et tous, d’avance nous vous remercions.

Cher confrère et cher ami, je compte sur votre fraternité littéraire, et je vous serre la main.

Victor Hugo[93].
À Edgar Quinet[94].


Paris, 30 juin.
Mon grand ami,

Vos admirables paroles m’émeuvent profondément. Je suis fier de sentir mon âme en communion avec la vôtre. Votre pensée est un des sommets de l’esprit humain dans ce siècle. Avoir raison devant vous, c’est avoir raison devant la conscience éternelle. Je vous serre la main et je suis votre ami.

Victor Hugo[95].


À George Sand.


2 août, Paris.
Ma grande amie,

Vous avez écrit sur l’Année terrible une page superbe et charmante. Il y a entre nous une dissidence, mais ce n’est pas un désaccord, car nous voulons au fond la même chose. Nous voulons tous les pas en avant, et aucun pas en arrière. Je puis donc baiser la main que vous me tendez.

Vous êtes venue à Paris, et je ne l’ai pas su ! Quel regret ! J’eusse été si heureux d’aller me mettre à vos pieds, et de vous dire combien je vous admire et je vous respecte, combien je vous aime.

À mon tour je pars. Vous serez à Nohant, je serai à Guernesey, mais j’aurai l’œil fixé sur votre lumière.

Victor Hugo[96].


À Madame Judith Mendès[97].


Hauteville-House, 12 août.

Me voici, Madame, à Guernesey au prix de deux tempêtes qui me faisaient l’honneur de m’attendre, l’une à Granville et l’autre à Jersey. Notre petit Family-Hotel d’en face subsiste encore et vous attend. Ma chambre du rez-de-chaussée se remplirait de gloire si mon cher Théophile Gautier venait l’habiter. Dites-le lui, à votre admirable père, et permettez-moi, en vous espérant, de baiser les étoiles que vous avez aux talons.

Victor H.[98]


À François-Victor.


H.-H., 22 août 1872.

Mon Victor, je commence par te crier bravo. Ton article sur la haine prussienne est profond et puissant[99]. Tout est dit, et grandement dit. Mon doux enfant, depuis que notre Charles n’est plus là, tu nous le rends en te doublant, et tout en restant ce que tu étais, tu as ajouté de sa puissance à la tienne, et ton rayon est complété par le sien. C’est une douce émotion pour moi de lire ces belles pages que tu nous donnes — trop rares.

Le Rappel est excellent sous ta direction ; modère un peu, si tu m’en crois, le fétichisme pour Thiers. Les crimes contre Paris ne sont pas effacés. — Nous t’attendons impatiemment. Tâche de nous rester longtemps. Avant de partir, afin de n’avoir pas ce fil à la patte, arrange avec le propriétaire de l’appartement que nous quittons l’affaire des réparations. Je lui offre en compensation des quelques petits dégâts faits par l’emménagement d’Alice, des améliorations sans nombre, payées par moi 875 fr. (Ci-jointe la note copiée sur le reçu de M. Brach). Ne te laisse pas acculer au dernier moment pour conclure l’affaire. C’est un homme rapace, et qui profiterait pour tout refuser de ce que nous n’aurions plus le temps d’enlever ce qui est à nous. Pèse ceci, et agis en conséquence. — Et puis, arrive ! arrive ! arrive ! Nous t’embrassons tous bien tendrement[100].


À Pierre Véron[101].


Hauteville-House, 25 août.
Mon cher et cordial confrère.

Voici le moment de tenir votre charmante promesse. J’ai trouvé en arrivant ma masure tellement empirée dans son délabrement après deux ans d’absence, que je n’oserais vous y offrir un méchant coin. Mais n’espérez pas m’échapper, il y a, en face de Hauteville-House, un petit Family-Hotel créé exprès pour moi. Vous y habiteriez des chambres fort propres, à 1 fr. 50 par jour, et vous n’auriez que la rue à enjamber pour venir, matin et soir, prendre place à notre table de famille dont vous êtes. Le mois de septembre est très beau à Guernesey. Venez tous les trois, vous, votre belle convalescente et votre chère enfant, passer avec nous ce mois, qui est superbe et que vous ferez charmant.

On se lève et on se couche de bonne heure, les incorrigibles travaillent, les sages s’amusent, on mange du bon raisin et d’excellent poisson ; on s’aime de tout cœur, on vit tranquilles, et je vous dis : Venez, et je vous serre les mains, et je me mets aux pieds de votre noble et ravissante femme.

Sincer
Victor Hugo[102].


À Édouard Lockroy[103].


H.-H., 1er 7bre.

J’ai fait tout de suite, mon éloquent et cher confrère, ce que vous vouliez. J’ai écrit à Langlois[104], ce qui était, je crois, le meilleur parti à prendre. Il montrera ma lettre, qui est, je le pense, écrite de façon à rendre l’exécution de cette pauvre femme impossible[105]. J’écrirais bien une chose publique, mais cela n’aurait-il pas plus d’inconvénient que d’avantage ? Je vous en fais juge.

Je travaille beaucoup ici, et je voudrais bien vous y voir. Venez donc. Victor arrive après-demain mardi. Quelle joie si vous y veniez ! Vous écrivez de bien belles pages dans le Rappel. Venez ! Je salue votre noble esprit.

V. H.[106]
À Raoul Lafagette.


H.-H., 8 septembre.

Votre article, mon cher et vaillant poëte, porte l’expression de votre noble esprit. C’est une haute et belle page. Vous faites bien de marquer votre dissidence avec moi[107]. Personne pourtant ne serait plus digne que vous d’avoir et de confesser le sentiment de l’infini. M. Proudhon appelait cela « mysticisme ». Mais c’était une âme étroite et vous êtes, vous, un grand cœur ; c’était un rhéteur et vous êtes un poëte. Je vous appuierai de tout mon cœur près de Charles Blanc[108], si vous me croyez bon à quelque chose.

Je suis votre ami,

Victor H.[109]


À Madame Judith Mendès.


H.-H., 10 septembre.

Soyez charmante autant que vous êtes belle, et bonne autant que vous êtes divine, et venez voir le solitaire. Les astres me rendent parfois visite, et leur rayon entre chez moi ; faites comme eux.

Deux ans d’absence ont délabré ma masure, et je n’ose vous y offrir un affreux coin ; mais en face de Hauteville-House il y a un petit Family-Hotel où M. et Mme d’Alton Shée (qui sont venus, eux !) ont deux chambres pour 20 francs par semaine. Ils sont chez moi toute la journée, déjeunent et dînent chez moi, et n’ont que la rue à enjamber. Laissez-vous tenter. Si vous ne pouvez venir avec votre père, venez avec votre mari ; s’ils ne peuvent ni l’un ni l’autre, venez seule. Je serais bien heureux de serrer leur main, et de baiser vos pieds, madame.

V. H.[110]
À Auguste Vacquerie[111].


H.-H., 10 7bre.

Merci pour cette douce fleur[112]. J’y crois respirer le souffle de ces deux âmes.

Vous êtes bon de vous souvenir de moi. Je travaille. Je fais plus ici en une semaine qu’en un mois à Paris. Venez donc nous voir. Ne fût-ce que huit jours. J’aurais tant besoin de causer avec vous ! Si vous étiez bien gentil, vous viendriez avec M. et Mme Ernest, et vous nous amèneriez Camille Pelletan. Dites-le lui de ma part. J’ai déjà invité Lockroy et Blum. Qui ne dit mot consent. Ma foi, je les attends. Dites-vous tout cela à tous. Cher Auguste, je vous lis dans le Rappel. Pas une ligne de vous qui ne soit robuste et puissante. Quel admirable esprit vous êtes !


À François-Victor[114].


13 septembre 1872.
Mon petit Victor,

J’ai ouvert cette lettre, et il va sans dire que dès le premier mot je l’ai refermée n’étant plus, hélas ! Toto pour personne. J’ai regardé l’adresse et j’ai eu beaucoup de peine à y découvrir l’F.

De là, le mistake[115].


À Paul Meurice[116].


H.-H-, 16 7bre.

Je vous réponds tout de suite. Une lettre de vous, quelle douce clarté subite ! C’est moi qui vous aime, allez. Je suis ici, je travaille, et je vis avec Bon Lahire. Comme toutes ces figures sont vivantes ! Comme tous ces personnages sont créés ! Ce sont des êtres. Cela vit, pense, va, vient, et leur souffle se mêle à notre souffle. N’achevez pas trop vite cette œuvre puissante et charmante. Marion Delorme me retombe comme une tuile. Je me berçais du vague espoir de n’avoir aucune pièce jouée cet hiver, et de pouvoir faire tranquillement ce que j’ai à faire ici, sans autre ouragan dans les cheveux que celui de l’océan ; et voilà l’ouragan de Paris qui se lève. Vous êtes accablé de travaux, et je n’ose vous dire : suppléez-moi, Auguste et vous, vous et Auguste ; mais, si vous ne vous en mêlez pas, Marion est à vau-l’eau.

Marion pleure, Marion crie.
Et veut Meurice et Vacquerie.

Oh ! si vous pouviez venir un peu ! quel besoin j’ai de vous ! Ces dames embrassent tendrement madame Meurice. Écrivez-le lui. Victor et d’Alton serrent votre main, que je presse.

Tuus.


À Swinburne[118].


Hauteville-House, 22 sept. 1872.

Ô mon poëte, j’ai voulu vous écrire aujourd’hui, grand anniversaire de la République. C’est le 22 septembre que je réponds à votre ode superbe du 4 septembre. Ces deux dates fraternisent. Mon fils est près de moi ; nous vous lisons ensemble ; il me traduit Swinburne comme il a traduit Shakespeare. Quelle œuvre que vos Songs before sunrise ! Votre article sur l’Année terrible a excité et tenu en éveil l’attention de Paris. Vous avez lu sans doute à ce sujet le Rappel et la République. Vous êtes un admirable esprit et un grand cœur.

J’ai votre portrait. Voici le mien.

Cher et noble poëte, je vous serre les deux mains.

Victor Hugo[119].


À Paul Meurice[120].


H.-H., 27 7bre vendredi.

Cher doux ami, un mot in haste. Nous sommes ici en pleine tempête. La storm-bull est arborée depuis huit jours sur la tour Victoria. Ce matin pourtant, les prisonniers de l’ouragan, Alice, Victor, Lockroy et les deux petits, ont essayé de partir. Impossible. L’équinoxe ne veut pas encore lâcher sa proie. Cependant Greenwich annonce que l’accalmie, suite nécessaire de la trombe, commencera le 29. Mes hôtes partiront sur-le-champ, et seront à Paris mercredi ou jeudi au plus tard. Victor me prie de vous dire qu’il vous rendra à la première occasion, et avec usure, les quelques jours de corvée que vous aurez l’admirable bonté de faire pour lui.

Maintenant c’est moi qui prie, vous allez prendre, sitôt Victor et Lockroy revenus, un congé d’au moins quinze jours. Accordez-moi les quinze jours, ô mon ami, et venez les passer à Hauteville-House. J’ai tant de choses à vous dire, tant de conseils à vous demander ! Dites oui. Vous me comblerez. Et comme ce serait charmant si madame Meurice venait avec vous ! Je vous attends, nous vous attendons ! venez ! venez ! venez !

Tuus.
V.

J’ai envoyé à Auguste pour le Rappel et le Peuple souverain ma lettre au congrès de Lugano[121]. L’a-t-il reçue ?

Avez-vous eu la bonté de faire toucher les arrérages de la rente spéciale destinée à l’œuvre des layettes ici à Guernesey ? On m’a demandé cent francs que j’ai payés, et qui me sont remboursables par cette rente.

Mille pardons de toutes ces peines[122].


Au même.


H.-H., 30 septembre 1872.

Cher Meurice, la question est très complexe. Je l’ai retournée sous toutes ses faces avec Lockroy et avec Victor que vous verrez presque au moment même où vous recevrez cette lettre. Je suis d’avis de décliner l’offre[123]. Un échec serait grave, et ce serait courir un gros risque pour une petite éventualité, car l’Assemblée n’a plus que quelques mois ; et mon rôle, si j’ai un rôle, n’est pas dans cette Assemblée-ci. Pourtant Victor et Lockroy m’ont fait des objections ; ils vous les diront ; nous nous sommes provisoirement arrêtés à un moyen terme. La réponse immédiate n’est pas possible. Ce serait une forte imprudence. Lockroy et Victor vous diront ce que nous croyons expédient et sage en ce moment.

Mais j’espère que vous viendrez, et que vous me ferez cadeau de votre congé. Je vous offre, ainsi qu’à Madame Meurice, le premier étage de Hauteville-House. Vous me conseilleriez. Jamais ma vieille sagesse n’a eu plus besoin de vous consulter ; jamais mon vieux cœur n’a eu plus besoin de vous voir.

Donc, à bientôt. — À tout de suite.


Au même.


H.-H., 30 7bre, 9 h. du soir.

Cher Meurice, je vous ai écrit aujourd’hui, Lockroy vient de partir, et depuis son départ, tout vient de changer d’aspect. À peine Lockroy était-il parti que j’ai reçu de Crémieux un télégramme ainsi conçu :

Crémieux à Victor Hugo.
Accepterez-vous la candidature algérienne ? Serez-vous mon adversaire ? Amitié.

Ceci m’a décidé. Je refuse d’être l’adversaire de Crémieux. Je lui ai immédiatement écrit la lettre dont je vous envoie copie. Vous pouvez publier tous ces faits dans le Rappel. Crémieux a été mon avocat, et est mon ami. Jamais je ne lui ferai concurrence.

Je trouve cette solution excellente.

Et je vous attends à Hauteville-House, ô mon ami !

V. H.[125]


À Crémieux.


Hauteville-House, 30 7bre, 8 h. du soir.

Je reçois votre dépêche, mon cher Crémieux, jamais vous ne me trouverez sur votre chemin que pour vous aimer, vous aider et vous applaudir. Du moment où vous êtes sur les rangs, c’est à vous que la nomination est due. Vous êtes un des fondateurs de la République de 1848, vous êtes un des fondateurs de la République de 1870, et vous êtes mon ami. Entre Crémieux et Victor Hugo, je vote pour Crémieux.

Victor Hugo.

Vous pouvez publier ma lettre[126].


À Paul Meurice.


H.-H., 1er octobre.

Cher Meurice, d’abord, voyez, vous et Vacquerie, votre toute-puissance sur moi. Du moment où M. Geffroy devient difficile, je n’insiste plus, et je donne le rôle de Louis XIII à M. Bressant. Vous pouvez en informer M. Perrin.

Cela dit, je passe en Algérie. Je n’ai lu qu’aujourd’hui la très belle lettre écrite au nom des électeurs. Or, c’est hier que j’ai reçu le télégramme de Crémieux, et il suffit de lire ma réponse pour voir qu’elle est de celles sur lesquelles on ne revient pas. Vous le comprenez, n’est-ce pas ? Je n’en suis pas moins très touché de la lettre algérienne, et je pense qu’à la suite du télégramme de Crémieux et de ma réponse, il faudrait publier quelque chose comme la note que voici. Vacquerie et vous lisez cette note, ajoutez ou retranchez. Ce que vous ferez sera admirablement fait.

Lockroy est parti hier soir, et Victor est parti ce matin. Cette lettre vous arrivera pêle-mêle avec eux.

Maintenant, cher frère et cher maître, je vous attends et je vous demande vos quinze jours. Exaudi me.

V.
Il fait un temps superbe[127].
À Monsieur Félix Jahyar[128].
Rédacteur en chef du Paris Théâtre, 2, cité Bergère.


Mon cher et gracieux confrère,

Je viens de lire votre charmant et excellent journal. Je suis ému de la cordiale sympathie que vous me témoignez en termes si élevés et si éloquents. J’aurai livré dans ce siècle une bataille de cinquante ans. Je la gagnerai, je le sais, et ce sera grâce aux générations nouvelles que l’esprit nouveau illumine et pénètre, ce sera grâce aux nobles âmes, ce sera grâce aux plumes vaillantes, ce sera grâce à des auxiliaires tels que vous. Remerciez pour moi l’auteur de ces beaux vers signés Paulus, remerciez mon sympathique et spirituel ami M. Émile Abraham et recevez mon plus cordial serrement de main.

Victor Hugo[129].


À François-Victor[130].


4 oct.

Voici, mon Victor, une lettre de La Cécilia[131]. Lis. Il me semble impossible de ne point publier cette déclaration, puisqu’il en appelle à des témoignages. Vous pouvez tout au plus adoucir ou supprimer les mots blessants pour M. Ledeuil. — Vous voilà à Paris. Vous avez eu beau temps. J’espère que les petits n’ont pas souffert de leur brusque réveil de l’autre jour. Je t’embrasse tendrement, cher fils.


À Émile de Girardin.


8 bre.

Hélas oui, c’est vrai, je suis devenu l’ours que vous dites. Cette dure solitude est la condition même de mon travail. Je n’ai plus que peu d’instants devant moi, et je les dois au devoir, qui est le travail. Pourtant à de certains moments, je sens que je ne puis me priver et me dispenser de voir des hommes tels que vous. J’en chercherai et j’en trouverai le moyen, et en attendant aimez-moi comme je vous aime, cher grand penseur combattant !

V. H.[133]


À Paul Meurice[134].


H.-H., 16 octobre.

Je reçois votre lettre. Ne pas vous voir ! voilà de nouveau mon horizon refermé. Et puis, irai-je à Paris cet hiver ? On a beau jouer là-bas Marion Delorme, je suis ici en proie au travail. — Mon intérêt et mon bonheur seraient à Paris ; mon devoir est ici. — Il est donc probable que je resterai. J’aurai pour me consoler Lahire et le livre de notre cher Auguste[135]. Quant à Triboulet, j’incline vers Dumaine d’après ce que vous me dites ; mais il me semble que rien ne presse encore[136].

Je vous écris en hâte. Je n’ai plus là mes deux petits. Je suis triste. Aimez-moi toujours un peu.

Tuissimus.


À Monsieur Charles Valois[138].


Mon honorable et cher confrère,

Votre lettre cordiale m’est arrivée hier samedi, et le dimanche anglais ne permet pas aux lettres de partir demain. Vous n’aurez donc pas ma réponse aujourd’hui. Certainement, je m’associe à votre œuvre patriotique[139], et je vous enverrai les quelques vers que vous voulez bien désirer ; mais je n’ai en ce moment de prêtes à paraître que des pièces ajournées de l’Année Terrible ; cependant, je vais chercher, car je suis un peu hors des vers, mon travail actuel étant tout à la prose. Envoyez-moi quelques détails. À quel moment votre livre paraît-il ? Est-il sous presse ? Quel en sera le format ? Mêlez-vous les vers à la prose ? Ces quelques informations me dirigeront, et je ferai en sorte que mon petit envoi vous arrive en temps utile. Vous pouvez y compter. Je vous prie d’avoir la bonté de me répondre le plus tôt possible dans l’intérêt de la publication.

Acceptez, je vous prie, et offrez à mes chers confrères et collègues mon plus cordial serrement de main.

Victor Hugo[140].


À Catulle Mendès[141].


Hauteville-House, 23 octobre 1872.

5 heures du soir.

C’était prévu, et c’est affreux. Ce grand poëte, ce grand artiste, cet admirable cœur, le voilà donc parti[142] !

Des hommes de 1830, il ne reste plus que moi. C’est maintenant mon tour.

Cher poëte, je vous serre dans mes bras. Mettez aux pieds de Madame Judith Mendès mes tendres et douloureux respects.

Victor Hugo.


À Auguste Vaquerie[143].


H.-H., 27 8bre.

J’ai lu ce livre beau, charmant, profond[144]. Je m’y suis plongé tout un jour, en regardant de temps en temps la mer et en comparant. J’ai lu ce que je connaissais, et j’ai relu ce que j’ignorais. Maintenant, je vais tout relire, mais lentement, et en y mettant autant de journées que j’y ai mis d’heures. Après avoir dévoré, on savoure. Mon nom est dans ce grand livre, couronné pour moi de ces deux beaux vers. Et j’ai en même temps à vous remercier de cette puissante page sur Ruy Blas[145], mais je ne vous remercie pas, je vous aime, cher Auguste, cher maître.

V. H.[146]
À Paul Meurice[147].


31 oct. H.-H.

La poste est en retard. Je vous écris à travers la tempête. Voulez-vous être assez bon pour transmettre ma réponse à M. Perrin ? Je pense que vous l’approuverez, ô doux maître et ami.

Ayez aussi la bonne grâce de remettre mon portrait à M. E. Lepelletier. Vous savez comme je fais cas de son talent. Il a parlé de Ruy Blas en termes qui me touchent.

Est-ce qu’on joue Marion Delorme au théâtre Beaumarchais ? (Voyez les annonces du Peuple souverain.) Il me semble que cela ne doit pas être possible.

Ah ! comme j’attends demain mon Bon Lahire !


À Auguste Vacquerie[149].


H.-H., 1er novembre.

Je continue de causer avec vous de votre livre. J’en suis de plus en plus ému. Vos deux drames suffiraient à vous conquérir le théâtre si vous ne l’aviez déjà. Hans m’a serré le cœur. Quelle haute mélancolie partout ! Les vers charmants, les vers spirituels, les vers exquis, aboutissent, par on ne sait quel itinéraire mystérieux, à la mâle et forte tristesse. Et pourtant, comme moi, cher Auguste, vous espérez, vous croyez, vous savez ! Comme moi, vous avez foi. Vous ne perdez jamais de vue la magnifique certitude humaine. Vous voyez distinctement l’avenir. Vous rayonnez de confiance dans le progrès. Ne pas douter de ce grand siècle où nous sommes, c’est là une des puissances de votre fier esprit. Vous confessez toutes les vérités et vous voulez toutes les justices. Votre robuste livre est fait pour servir de point d’appui aux âmes. Votre succès est de nécessité publique. Vous êtes une des grandes consciences viriles de notre temps. À bientôt. Je vous serre la main.

V. H.[150]
À Paul Meurice.


H.-H., jeudi [7 novembre 1872].

« Les oiseaux ne sont pas bêtes, et reconnaissaient ses ailes ». Que c’est exquis ! Pauvre grande Jeanne d’Arc, la voilà donc enfin conquise pour l’art. Elle était restée en effet la Yung Frau. Pas un historien, pas un poëte n’avait eu cette virginité héroïque. C’est vous qui allez dépuceler la Pucelle. Je vois cela. Je suis content. Tout ce qui est gloire pour vous est joie pour moi.

Votre théorie des personnages historiques dans le roman et le drame est admirablement juste et vraie.

Voudrez-vous être assez bon pour remettre cet envoi à M. Catulle Mendès. Ce sont les vers qu’il m’a demandés pour le livre destiné à Théophile Gautier. Je serais charmé qu’il eût votre avis sur la meilleure façon de les publier, soit qu’on les donne d’abord aux journaux, soit qu’on les réserve pour le moment de la publication du volume. Votre avis est d’avance le mien.

Ces dames ici embrassent tendrement Madame Paul Meurice, mettez-moi à ses pieds. Cher ami, je suis vôtre passionnément.


Au même.


H.-H., 10 novembre.

Il est dit que je ne puis pas sortir de Jeanne ; je pense à la mienne et je lis la vôtre ; la mienne est toute petite, la vôtre est bien grande, et toutes deux m’enchantent.

Autre chose dont je ne sors pas ; c’est le besoin que j’ai de vous demander conseil. Vous trouverez sous ce pli la pièce Alsace et Lorraine que je viens de faire pour le livre que la Société des Gens de lettres publie au profit de la souscription nationale. Cette pièce sera jointe plus tard à l’Année terrible[152]. Pour l’instant, voici la question ; je vous la soumets : Est-elle publiable ? — Elle est vive. Seriez-vous assez bon pour communiquer cette pièce de ma part à M. Charles Valois, président du comité des gens de lettres, et pour lui demander son avis[153]. On pourrait remplacer les vers trop furieux par des lignes de points. Maintenant, comme pour la pièce à Théophile Gautier vous décideriez quelle est la meilleure façon de publier, et s’il faut donner la primeur au livre ou aux journaux.

Serez-vous assez bon pour dire qu’on m’envoie une épreuve. Dans la pièce à Gautier après l’Hippogrife a relayé Pégase, il faut (c’est oublié dans la copie) une étoile*. Comme dans celle-ci après moi qui suis vieux. Ces étoiles marquent la division importante de la pièce.

Dites-moi aussi si vous êtes d’avis de maintenir le texte de la page 3. Cette note a pour but d’expliquer Ma Lorraine. Que vous dirai-je encore ? que je vous aime.


À Robelin.


Hauteville-House, 10 novembre.

Mon cher, mon vieux, mon excellent ami, vos embarras ne sont rien près des miens[155].

J’ai vendu ma rente italienne et j’ai engagé mes autres titres. Cependant voici : je puis disposer en ce moment d’une somme de 1 434 francs (traite sur Hetzel, échéance le 5 janvier), je vous l’offre. Si elle peut vous aider dans vos paiements, écrivez-moi un mot, j’endosserai la traite et je vous l’enverrai courrier par courrier. Vous m’enverrez en échange une traite de somme égale, sans intérêts bien entendu, à l’échéance que vous voudrez. Ces 1 434 francs seront bien peu de chose, mais c’est tout ce que je puis en ce moment. Prenez, si cela peut vous servir.

À vous du fond de mon vieux cœur.

Victor Hugo.

À vous je dis tout. Depuis deux ans, il m’est sorti des mains plus de trois cent mille francs. Rien qu’en dons. (Canons pour la défense de Paris, ambulances, blessés, pontons, prisonniers, familles de condamnés, veuves et orphelins, Alsace et Lorraine, libération du territoire, etc.). J’ai donné plus de 35 000 et cela continue.

J’ai tout engagé, même ma maison. Je compte pour me dégager de ce chaos sur mon travail actuel ; c’est pour cela que je suis à Guernesey. C’est avec les droits d’auteur de Ruy Blas et de Marion de Lorme que je compte payer toutes mes dépenses jusqu’au 1er mars, car ce qui me reste de revenu libre suffit à peine pour payer les rentes que je fais annuellement à mes enfants : 12 000 francs pour Victor, 12 000 francs pour Alice, 7 000 francs pour Adèle, pour les trois 31 000 francs. Vous voyez ma situation.

Certes, j’eusse été bien heureux de demeurer dans une de vos maisons, mais cela n’a pas dépendu de moi. Pourtant je me figure que cela finira par là. Je vous embrasse, cher ami[156].


Au même[157].


H.-H., 18 9bre 1872.

Cher ami, voici la traite. Je reçois votre lettre seulement aujourd’hui lundi, à cause de ce bête de dimanche anglais. Ce n’est pas depuis trois ans, c’est depuis deux ans qu’il m’est coulé (c’est le mot) des mains trois cent mille francs. Je travaille pour boucher cette brèche à la pauvre fortune de mes petits-enfants. Votre rêve ne m’étonne pas. J’ai des exemples pareils. Que je vous plains de perdre, aussi vous, votre Petite Jeanne ! Votre St-James me sourit beaucoup. Je vous envoie tous mes plus affectueux embrassements. Vous savez comme mon vieux cœur est à vous.

Victor H.

Victor connaît mes dépenses obligées depuis deux ans. Il sait en détail le fait des 35 000 francs donnés par moi aux souscriptions de toute nature. — Vous avez raison, du reste, cher ami, de ne pas parler de tout cela. Ce que j’ai donné surtout doit rester secret. Mais je souris quand on m’appelle avare[158].


À Philippe Burty.


22 novembre 1872.

Bravo, caballero. Venja usted a lunes a los siete. El puchero espera a usted. Muchisimas gracias. Et puis si vous avez quelque velléité burgrave, chose peu probable, voici une stalle pour ce soir.

Un poëte comme vous.

À lundi donc, je serre vos excellentes mains et je suis jaloux de votre plume.

Todo mio.
Victor.

Bravo, mon gentilhomme. Venez lundi à sept heures. La soupe (puchero) vous attendra. Mille grâces.

Voilà la traduction, cher Philippe. C’est du médiocre français d’après du médiocre espagnol.


À Madame XXX.


22 novembre.

Vous croyez la presse libre, Madame, elle ne l’est pas. L’état de siège est une censure, la pire de toutes. C’est une censure qui, au lieu d’une plume, manie un sabre ; et où la plume fait une rature, le sabre fait un trou. De là tant de plaies à la liberté.

Je n’en vais pas moins envoyer votre lettre à M. A. Vacquerie et il fera certainement le possible pour votre honorable et vaillant mari[159].

Je mets, Madame, à vos pieds tous mes hommages.

Victor Hugo[160].


À Madame Judith Mendès.


H.-H., 23 9bre 1872.

Voici, madame, le manuscrit que vous avez bien voulu désirer[161]. Je le mets à vos pieds. Le grand et cher poëte, qui est votre père, revit en vous. À force de contempler l’idéal, il vous a créée, vous qui, comme femme et comme esprit, êtes la beauté parfaite. Je baise vos ailes.


Victor Hugo[162].


À Madame Zélie Robert.


Guernesey.
Hauteville-House, 23 9bre.

Je pense toujours à vous, Madame, et je ne perds pas des yeux votre pauvre enfant. Je suis à peu près sûr qu’il ne partira pas. La situation est tendue ; nous approchons d’une crise[163], et la dissolution, de plus en plus prochaine, amènera l’amnistie. J’espère alors que vous serez heureuse. Il me sera, je pense, donné de vous revoir à Paris. En attendant, je ne doute pas que votre cher mari ne continue les grands succès dus à ses beaux travaux ; je lui serre la main, et je mets à vos pieds, madame, tous mes hommages.

Victor Hugo[164].


À Madame Versigny[165].


Hauteville-House, 6 décembre 1872.
Madame,

Victor Versigny avait été mon compagnon de lutte et d’exil. Ce fut lui qui le 2 décembre, au point du jour, entra dans ma chambre, me réveilla et m’annonça le coup d’état. Il seconda, dans les combats de la rue, le comité de résistance dont je faisais partie avec Schœlcher et Michel de Bourges. Nous nous retrouvâmes à Bruxelles, proscrits. Depuis, je l’avais revu en France, heureux. Il était votre mari, madame. Sa noble intelligence était digne de la vôtre, et vous méritiez ce cœur vaillant. Il est mort, ou du moins le voilà entré dans le monde invisible. Vous pleurez, madame. Je dépose à vos pieds ma douleur profonde.

Victor Hugo[166].


À Paul Meurice[167].


H.-H., 15 Xbre.

Cher Meurice, j’apprends ce matin un incident qui me chagrine, et, comme toujours, je me tourne vers vous, ma providence. Vous savez que j’aime les Lanvin[168], et que j’ai toutes les raisons du monde de les aimer. Madame Drouet me dit aujourd’hui que ce brave fils Lanvin, marié et père de trois enfants, a perdu depuis un mois sa place au Peuple souverain, et que tout ce groupe si dévoué et si honnête n’a plus d’espoir qu’en vous. Lanvin fils serait, à ce qu’il paraît, victime de son trop bon service, et aurait eu maille à partir avec un des administrateurs, M. Simond. Il me semble que la chose doit pouvoir s’arranger. Je la remets en vos mains, mon admirable ami. Ce que vous ferez pour cet excellent Lanvin, vous le ferez pour moi-même.

J’aurais voulu n’avoir à vous parler que de votre Jeanne d’Arc, car la voilà qui en émotion, en intérêt et en pathétique, succède au Bon Lahire. Vous avez ici un succès passionné. Ces dames vous lisent, vous relisent et vous commentent. Que c’est bon et beau d’apprendre l’histoire avec vous ! Vous êtes à la fois conteur fidèle et poëte puissant. Dans le flanc de cette haute épopée, vous faites remuer un drame profond. Merci et bravo. Je vais bientôt vous écrire encore. Je pense que vous me permettrez de tirer sur vous quelques sommes.

En attendant, je me mets aux pieds de madame Meurice, je vous recommande mon pauvre et cher Lanvin fils, et je vous serre dans mes vieux bras.

Tuus.


À Monsieur de Ségur, évêque[170].


Hauteville-House, 17 décembre 1872.
Monsieur,

J’ignorais votre existence.

On m’apprend aujourd’hui que vous existez et même que vous êtes évêque.

Je le crois.

Vous avez eu la bonté d’écrire sur moi des lignes qu’on me communique et que voici :

Victor Hugo, le grand, l’austère Victor Hugo, le magnifique poëte de la démocratie et de la république universelle, est également un pauvre homme affligé de plus de trois cent mille livres de rente (souligné dans le texte) ; quelques-uns disent même de cinq cent mille (souligné dans le texte). Son infâme livre des Misérables lui a rapporté d’un coup cinq cent mille francs. On oublie toujours de citer les largesses que son vaste cœur humanitaire l’oblige à coup sûr de faire à ses chers clients des classes laborieuses. On le dit aussi avare, aussi égoïste qu’il est vantard.

Suivent deux pages du même style sur Ledru-Rollin, qui est un « gros richard », sur Rochefort, qui fut pris à Meaux avec quantité de billets de banque dans la doublure de ses habits, sur Garibaldi, que vous appelez Garibaldi-pacha, qui fait la guerre sans se battre, qui avait pour armée quinze mille bandits poltrons comme la lune, et qui s’est sauvé en emportant nos millions, etc., etc.

Je ne perdrai pas mon temps à vous dire, monsieur, que dans les dix lignes citées plus haut, il y a autant de mensonges que de mots, vous le savez.

Je me contente de noter dans ces lignes une appréciation littéraire, la qualification infâme appliquée au livre les Misérables.

Il y a dans les Misérables un évêque qui est bon, sincère, humble, fraternel , qui a de l’esprit en même temps que de la douceur, et qui mêle à sa bénédiction toutes les vertus ; c’est pourquoi les Misérables sont un livre infâme.

D’où il faut conclure que les Misérables seraient un livre admirable si l’évêque était un homme d’imposture et de haine, un insulteur, un plat et grossier écrivain, un idiot vénéneux, un vil scribe de la plus basse espèce, un colporteur de calomnies de police, un menteur crossé et mitré.

Le second évêque serait-il plus vrai que le premier ? Cette question vous regarde, monsieur. Vous vous connaissez en évêques mieux que moi.

Je suis, monsieur, votre serviteur.

Victor Hugo[171].


À François-Victor.


H.-H., 24 Xbre.

Mon Victor, primo, les affaires[172] :

Je n’envoie pas encore le mois de janvier d’Adèle (exigible seulement le 17) je suis gêné par un remboursement de 7 375 fr. que j’ai à faire en janvier pour avances à moi faites sur dépôt d’actions.

Un détail : il me paraît impossible que vous ayez donné au portier de la rue Drouot un denier à Dieu de 45 francs, à moins que les étrennes n’y soient comprises. Meurice avait donné au portier de la rue La Rochefoucauld un denier à Dieu de 6 francs. Vérifie l’erreur.

Ouf ! Parlons de toi et de nous. Je suis bien content. Tu vas de mieux en mieux. J’ai eu une attaque de néphrite à Vianden, c’est affreux. Mais nous voilà hors. Un bien bel article de toi m’arrive aujourd’hui. Je souhaite que Thiers finisse par mériter tout ce que tu dis de lui en si nobles termes.

Je travaille éperdument. Je ne puis aller à Paris, mais si Mme Favart vient, dis-lui que je lui offre l’hospitalité à Hauteville-house. Elle habitera la chambre d’honneur au premier et je serai ravi de mettre les clefs de ma maison aux pieds de ma belle et éloquente Marion. — Est-ce tout ? non. Je vous embrasse bien tendrement, chère Alice, et Petit Georges, et Petite Jeanne, et toi, mon bien-aimé Victor. La veille du jour de l’an, je ferai porter leurs étrennes aux deux petits anges.

Papapa.

Vos raisons pour ne pas publier la lettre au Ségur sont excellentes, j’approuve.

Il ne perdra rien pour attendre.

Tendre embrassement de ces dames pour Alice et pour toi. Madame Drouet, qui t’adore, affirme que tes articles ne se sont jamais mieux portés.

J’attends les lettres des deux petits. Je suis avide de leur style[173].


À Paul Meurice[174].


H.-H., 24 Xbre.

Si je vous remerciais, cela remplirait ma lettre, donc je me borne à vous aimer. Continuez vos bontés à cette brave famille Lanvin qui en est digne. Tâchez de trouver un coin utile pour le fils au Rappel, il redeviendra l’homme zélé et l’excellent employé qu’il a été et qu’il doit être. Nous espérons tout de vous.

Cher ami, je remplace, dans votre explication du succès du Peuple Souverain, Notre-Dame de Paris par Le bon Lahire. Cette rectification faite, j’applaudis des deux mains et je suis bien content.

L’état de siège rendait probablement difficile la publication de l’Année terrible illustrée par livraisons. Vous avez bien fait de restreindre la chose au volume actuel qui est superbe. Quand vous verrez M. Flameng, félicitez-le de ma part.

Vous avez bien raison de me demander de vous fixer des dates pour mes paiements.

Le 28 décembre, Victor vous présentera un bon de 6 107 fr. Et Lanvin, un bon de 495 fr.

6 602 fr.

Dans les premiers jours de janvier (je vous écrirai la date fixe) la Banque nationale vous présentera une traite de 7 375 fr.

Ces deux paiements ensemble feront 13 977 fr.

Voulez-vous être assez bon pour en tenir note. Je travaille sans relâche. Victor m’écrit que Mme Favart désire venir répéter Marion avec moi. Si vous la voyez, dites-lui de venir. Je lui donnerai l’hospitalité de Hauteville-house. Je crois que cela serait grandement utile.

Ô cher ami, quelles bonnes paroles vous m’envoyez ! Notre amie de la rue Pigalle a eu les larmes aux yeux en lisant votre lettre. Ah ! vous êtes bien aimé dans notre petit coin !


À Madame Judith Mendès.


Hauteville-House, 25 Xbre.

Vous auriez dû venir passer dans cette grande solitude les douloureux mois de votre deuil. Je songe à vous bien souvent, je songe à notre bon, cher et charmant Gautier. Je vous ai envoyé le manuscrit que vous désiriez. Vous souvenez-vous encore de moi, madame ?

Je me mets à genoux devant votre grande âme, fille de ce grand esprit.

V. H.[176]


À Paul Meurice.


H.-H., 29 Xbre.

Mon admirable ami, je viens à vous. Je suis perplexe. M. Ch. Valois m’écrit au nom de la Société. Voici sa lettre. Lisez-la[177]. Il y a du vrai dans ses raisons. Et vous aussi, vous êtes dans le vrai. Que faire ? Décidez-le vous-même. Je vous remets la décision et je m’incline devant votre souveraineté. Vous pourriez, je crois, causer avec M. Ch. Valois, et résoudre la difficulté en commun. Ce que vous ferez sera bien fait.

Voulez-vous prendre note que le 8 janvier, M. Prévinaire, gouverneur de la Banque Nationale belge, fera toucher chez vous un bon signé de moi de 7 392 fr. 40c ; je dis sept mille trois cent quatrevingt-douze francs 40mes.

Voulez-vous être assez bon pour transmettre cette lettre à M. Ch. Valois, 27, r. Lepic : l’avantage de publier en dehors des vacarmes de Versailles est certain, d’un autre côté, il y aurait inconvénient pour le livre. Pesez, et décidez.

Je suis sûr de bien finir cette année et de bien commencer l’autre, car je lirai votre Jeanne d’Arc. C’est beau, doux et grand.

Tuus[178].


À Monsieur Rioffrey,
Secrétaire général du Comité de protection artistique
de la forêt de Fontainebleau.


[Décembre 1872.]

Vous avez raison de compter sur mon adhésion.

Il faut absolument sauver la forêt de Fontainebleau. Dans une telle création de la nature, le bûcheron est un vandale. Un arbre est un édifice ; une forêt est une cité, et entre toutes les forêts, la forêt de Fontainebleau est un monument. Ce que les siècles ont construit, les hommes ne doivent pas le détruire.

Je vous envoie bien cordialement ma signature.

Victor Hugo[179].


1873.


À Auguste Vacquerie[180].


H.-H., 3 janvier.

Ô cher Auguste, le triomphateur, c’est vous. Le beau livre, c’est le vôtre. Je rêve, je travaille, et je vous lis, voilà comment je fais pour me passer de vous ; j’ai un bon moyen de supporter votre absence, j’ai découvert que vous étiez présent dans votre livre. Présence réelle, celle-là. Cependant, en disant ceci, je fais bonne mine à mauvais jeu. Au fond, je suis triste. Si je vous manque un peu, vous me manquez beaucoup. Paris d’ailleurs n’est remplacé par rien, pas même par l’océan. Ce qui me cloue ici, c’est la nécessité de ne pas m’en aller de cette vie sans avoir fait tout mon devoir, et complété mon œuvre le plus possible. Un mois de travail ici

  1. Inédite.
  2. Bibliothèque Nationale.
  3. Inédite.
  4. Mme Veuve Gaston Crémieux avait envoyé à Victor Hugo le portrait de son mari, fusillé le 30 novembre 1871, comme ayant participé à la Commune.
  5. Communiquée par la librairie Cornuau.
  6. Collection Paul de Saint-Victor.
  7. Au théâtre de l’Odéon.
  8. Institut de Littérature. Léningrad. Collection Modialevsky — Communiquée par la Société des Relations culturelles entre l’U. R. S. S. et l’étranger.
  9. Il semble, d’après cette lettre et la lettre suivante, que le fils de Mme Zélie Robert ait été mêlé aux troubles de la Commune, en 1871, et ait été condamné à la déportation.
  10. On trouvera au tome II de la Correspondance, page 3, l’explication de ce billet.
  11. Bibliothèque Nationale.
  12. Inédite.
  13. Bibliothèque Nationale.
  14. Directeur du théâtre de l’Odéon.
  15. On reprit Ruy Blas à l’Odéon le 19 février 1872.
  16. Bibliothèque Nationale.
  17. Inédite.
  18. Le Moniteur universel, 26 février 1872.
  19. Collection Paul de Saint-Victor.
  20. Inédite.
  21. Après la reprise de Ruy Blas.
  22. Communiquée par la librairie Cornuau.
  23. Inédite.
  24. Article sur Ruy Blas. Gazette de Paris, 28 février 1872.
  25. Archives Spoelberch de Lovenjoul.
  26. Actes et Paroles. Depuis l’exil. Historique. Édition de l’Imprimerie Nationale.
  27. Inédite.
  28. Bibliothèque Nationale.
  29. Lettre de Janin : « ... J’ai quelquefois pleuré le temps misérable où votre nom mal imprimé dans mon futile domaine soulevait les colères et les clameurs de Bonaparte et de ses esclaves. Votre nom, plus puissant que jamais, me force à une réserve qui me chagrine. » — Cette réserve lui était imposée par le Journal des Débats. Le critique et le poète, tant que dura l’empire, étaient unis contre Bonaparte ; l’empire tombé, Janin orléaniste, tout en restant l’ami de Victor Hugo, était son adversaire politique.
  30. Clément Janin.Victor Hugo en exil.
  31. Inédite.
  32. Bibliothèque Nationale.
  33. Inédite.
  34. Actes et Paroles, 1870-1871-1872, a été publié le 4 mars 1872.
  35. L’Année terrible dont l’impression était en cours.
  36. Bibliothèque Nationale.
  37. Inédite.
  38. Il s’agit ici de l’édition in-16 (un volume) publiée le 4 mars 1872.
  39. Communiquée par la librairie Andrieux.
  40. Inédite.
  41. Après avoir remercié Victor Hugo de l’envoi des Actes et Paroles, Edgar Quinet ajoutait : « Oui, vous êtes là à chaque page. Comment douter de l’avenir, quand nous vous avons dans nos rangs ? Je suis fier d’avoir été un des 95 900 du 7 janvier. Je suis heureux de vous revoir ». — Allusion aux élections du 7 janvier où Victor Hugo avait échoué contre son concurrent M. Vautrain.
  42. Bibliothèque Nationale. Nouvelles acquisitions françaises.
  43. Inédite.
  44. Bibliothèque Nationale.
  45. Inédite.
  46. Le discours de Trochu est du 14 juin 1871 ; voici ses paroles sur Victor Hugo : « Il y avait dans les esprits une véritable exagération de la valeur, des facultés, de l’importance de la garde nationale… Mon Dieu, vous avez vu le képi de M. Victor Hugo qui symbolisait cette situation ! »
  47. Bibliothèque Nationale.
  48. Inédite.
  49. Bibliothèque Nationale.
  50. Inédite.
  51. Inédite.
  52. Dédicace de L’Année terrible.
  53. Bibliothèque Nationale.
  54. Greppo, représentant du peuple, fut exilé au coup d’État ; il gagna Londres et y reprit son métier de tisserand.
  55. Actes et Paroles. Depuis l’exil. Historique. Édition de l’Imprimerie Nationale.
  56. Inédite.
  57. Reliée dans l’exemplaire de L’Année terrible. — Collection Louis Barthou.
  58. Inédite.
  59. Communiquée par M. Roger Lafagette.
  60. Inédite.
  61. Le Moniteur universel, 29 avril 1872.
  62. Collection Paul de Saint-Victor.
  63. La Fin d’un monde et du neveu de Rameau.
  64. Clément Janin. — Victor Hugo en exil.
  65. Inédite.
  66. Aux Rédacteurs de la Renaissance. Actes et Paroles. Depuis l’exil.
  67. Communiquée par M. Léon de Saint-Valery.
  68. Le National, avril 1872.
  69. Collection Édouard Champion.
  70. Article public dans le Matin.
  71. Les Annales politiques et littéraires, 31 mai 1885. — Archives de la Comédie-française.
  72. Le Siècle du 2 mars 1902, qui reproduit cette lettre, ne donne pas le nom du destinataire.
  73. Bibliothèque Publique. Leningrad. Colletion P. Waxel. — Communiquée par la Société des Relations culturelles entre l’U. R. S. S. et l’étranger.
  74. Théophile Gautier mariait sa seconde fille, Estelle, avec Émile Bergerat.
  75. Archives Spoelberch de Lovenjoul.
  76. Inédite.
  77. Réponse aux romains. Actes et Paroles. Depuis l’exil.
  78. Bibliothèque Nationale.
  79. L’Indépendance belge du 21 avril 1872.
  80. Collection Jules Claretie.
  81. Inédite.
  82. Bibliothèque Nationale, copie.
  83. Inédite.
  84. Bibliothèque Nationale.
  85. Léon Cladel, républicain démocrate, a publié nombre d’ouvrages divers, tous empreints de pitié pour les malheureux, les humbles.
  86. La fête votive de saint Bartholomé Porte-Glaive.
  87. Les Nouvelles littéraires, 30 mars 1935.
  88. Inédite.
  89. Communiquée par M. F. Hérold.
  90. Inédite.
  91. Communiquée par M. Léon de Saint-Valery.
  92. Jules Simon alloua à Théophile Gautier une pension de trois mille francs et lui fit envoyer, sur la demande de Victor Hugo, un supplément immédiat de trois mille francs.
  93. Actes et Paroles. Depuis l’exil. Historique. Édition de l’Imprimerie Nationale.
  94. Inédite.
  95. Bibliothèque Nationale. Nouvelles acquisitions françaises.
  96. Gustave Simon. — Victor Hugo et George Sand, Revue de France, décembre 1922.
  97. Inédite.
  98. Collection Louis Barthou
  99. Histoire d’une haine. Le Rappel, 19 août 1872.
  100. Mes Fils. Historique. Édition de l’Imprimerie Nationale. — Bibliothèque Nationale.
  101. Inédite.
  102. Bibliothèque Nationale.
  103. Inédite.
  104. Langlois était, en 1872, chef d’état-major de l’amiral Saisset. Il avait été, en 1870, chef du 116e bataillon de la garde nationale.
  105. Lockroy avait écrit à Victor Hugo pour le prier d’intervenir en faveur de l’ex-cantinière de son bataillon. Cette femme, accusée d’avoir participé à la Commune, était condamnée à mort. Le carnet de Victor Hugo mentionne, le 20 septembre, que la peine a été commuée en travaux forcés.
  106. Bibliothèque Nationale.
  107. Dans un article que son fils n’a pu retrouver, Raoul Lafagette, alors très matérialiste, avait reproché à Victor Hugo son déisme.
  108. Grâce à la recommandation de Victor Hugo près de Charles Blanc, Raoul Lafagette entra aux Beaux-Arts.
  109. Communiquée par Roger Lafagette.
  110. Collection Louis Barthou.
  111. Inédite.
  112. Fleur cueillie sur la tombe de Léopoldine et de son mari.
  113. Bibliothèque Nationale.
  114. Inédite.
  115. Bibliothèque Nationale.
  116. Inédite.
  117. Bibliothèque Nationale.
  118. Inédite.
  119. Communiquée par le British Museum, Londres.
  120. Inédite.
  121. Actes et Paroles. Depuis l’exil.
  122. Bibliothèque Nationale.
  123. La lettre suivante venait d’être adressée à Victor Hugo par M. Ch. Bertholon, ancien représentant du peuple :
    Cher et illustre maître,
    La candidature d’Alger m’est offerte par un groupe d’amis. J’apprends que votre nom est aussi mis en avant. Si vous acceptez je m’empresse de me retirer, heureux de voir donner à notre Algérie, trop abandonnée, un si éloquent défenseur.
  124. Correspondance entre Victor Hugo et Paul Meurice.
  125. Correspondance entre Victor Hugo et Paul Meurice.
  126. Crémieux fut élu et envoya le même jour cette lettre à Victor Hugo :
    Assemblée nationale, 11 novembre 1872.
    Cher et illustre ami,
    « Entre Victor Hugo et Crémieux, je vote pour Crémieux. Victor Hugo. »
    Le candidat de Victor Hugo est admis à l’instant même dans l’enceinte que les électeurs républicains lui ont rouverte.
    Je vous envoie sa première pensée. Il y avait entre Victor Hugo et Crémieux une amitié à l’abri de toute atteinte ; la voilà plus étroite encore.
    À vous d’estime et de cœur.
    Ad. Crémieux.
  127. Bibliothèque Nationale.
  128. Inédite.
  129. Collection de M. Hanoteau.
  130. Inédite.
  131. Victor Hugo a écrit ce billet au verso d’une lettre du général La Cécilia, lettre relative à la publication dans le Rappel d’un article sur les dissentiments existant entre M. Ledeuil et La Cécilia.
  132. Bibliothèque Nationale.
  133. Archives Spoelberch de Lovenjoul.
  134. Inédite.
  135. Mes premières années de Paris.
  136. Le Roi s’amuse était demandé par le théâtre de la Porte-Saint-Martin.
  137. Bibliothèque Nationale.
  138. Président de la Société des Gens de Lettres.
  139. La Société des Gens de Lettres préparait un recueil destiné être vendu au profit des Alsaciens-Lorrains.
  140. Le Rappel, 26 octobre 1872.
  141. Inédite.
  142. Victor Hugo avait reçu de Catulle Mendès, gendre de Théophile Gautier, une dépêche lui annonçant la mort de son beau-père.
  143. Inédite.
  144. Mes premières années de Paris.
  145. Le Rappel, 25 octobre 1872, à propos de la reprise de Ruy Blas à l’Odéon.
  146. Bibliothèque Nationale.
  147. Inédite.
  148. Bibliothèque Nationale.
  149. Inédite.
  150. Bibliothèque Nationale.
  151. Bibliothèque Nationale.
  152. Elle n’en fait pas partie ; publiée en 1875 dans Actes et Paroles, Depuis l’exil, elle a été insérée dans Toute la Lyre.
  153. Il s’agit de la plaquette tirée en 1872.
  154. Toute la Lyre, tome II. Historique. Édition de l’Imprimerie Nationale.
  155. Robelin, sur le point de voir sa maison vendue et mise à prix à 75 000 francs, demanda à Victor Hugo de lui prêter des actions ou des obligations qu’il déposerait en garantie à la Banque de France ; il s’engageait à retirer ces valeurs et à les rendre à Victor Hugo à mesure que ses locataires le payeraient. Il lui fallait de six à huit mille francs de valeurs ; mais Victor Hugo n’en avait plus.
  156. E. Biré. — Victor Hugo après 1872.
  157. Inédite.
  158. Bibliothèque Nationale.
  159. Il s’agit sans doute d’un article à écrire en faveur du mari de la correspondante.
  160. Catalogue de la Bibliothèque de M. J. Le Roy. Mars 1931.
  161. Judith Mendès avait demandé à Victor Hugo de lui envoyer les vers qu’il avait écrits pour le Tombeau de Théophile Gautier.
  162. Toute la Lyre, tome I. Historique. Édition de l’Imprimerie Nationale
  163. La crise à laquelle Victor Hugo fait allusion était le conflit permanent entre la majorité royaliste et Thiers, alors président du gouvernement provisoire. Les journaux de l’époque parlent du désir, non exprimé par Thiers, mais évident, de dissoudre la Chambre qu’il espérait voir renouveler avec une majorité républicaine ; si une dissolution produisait ce résultat, Victor Hugo pouvait espérer l’amnistie pour les condamnés politiques de la Commune, amnistie qu’on ne pouvait attendre des royalistes.
  164. Institut de Littérature. Collection Modzlevski. Leningrad. — Communiquée par la Société des Relations culturelles entre l’U. R. S, S. et l’étranger.
  165. Inédite.
  166. Collection Gossi.Bibliothèque Nationale. Nouvelles acquisitions françaises.
  167. Inédite.
  168. Rappelons que c’est avec un passeport au nom de Lanvin que Victor Hugo quitta Paris en décembre 1851.
  169. Bibliothèque Nationale.
  170. Le carnet de 1872 (collection Loucheur) porte à la date du 16 décembre : « J’ai écrit à l’évêque Ségur. J’ai envoyé à Victor ma lettre à ce Ségur en le laissant libre, Meurice et Vacquerie consultés, de la publier ou non ». — En même temps, Victor Hugo écrivait les vers :
    Muse, un nommé Ségur, évêque, m’est hostile.
    (Les Quatre Vents de l’Esprit.)
    La lettre ne parut pas dans le Rappel et fut insérée en 1898 dans la Correspondance.
  171. Brouillon. Archives de la famille de Victor Hugo.
  172. Compte des fonds envoyés pour le premier trimestre de 1873.
  173. Bibliothèque Nationale.
  174. Inédite.
  175. Bibliothèque Nationale.
  176. Collection Louis Barthou.
  177. C’est au verso de la lettre de Ch. Valois que Victor Hugo a écrit à Paul Meurice. Ch. Valois craint que la publication des vers : Alsace et Lorraine, faite dans le Rappel quinze jours avant la mise en vente de la plaquette, ne nuise au succès de cette plaquette.
  178. Toute la Lyre. Historique. Édition de l’Imprimerie Nationale.
  179. La Renaissance littéraire, 7 décembre 1872. — La Renaissance littéraire avait pour rédacteur en chef Émile Blémont et pour directeur-gérant Jean Aicard.
  180. Inédite.