Correspondance de Voltaire/1722/Lettre 75

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Correspondance de Voltaire/1722
Correspondance : année 1722GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 33 (p. 82-83).
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75. — À M. THIERIOT.

Fin de décembre.

Qu’ai-je donc fait pour vous, mon cher ami, qui doive m’attirer vos remerciements ? Je vous ai sacrifié un quart d’heure de temps, et j’ai fait de méchants vers[1]. C’est à moi de vous remercier de tout ce que vous faites. J’en suis pénétré au dernier point, et je vous jure que je ne l’oublierai jamais. Je vous suis surtout très-obligé d’aller souvent chez ma sœur[2]. Mon cœur a toujours été tourné vers elle ; je suis sûr que vous lui donnerez un peu d’amitié pour moi.

Demoulin poursuit en mon nom la condamnation de Beauregard. Je suis ruiné en frais. Pour comble, il me mande que le lieutenant-criminel a envoyé chercher toutes les pièces chez mon procureur ; je ne sais si c’est pour rendre ou pour me dénier sa justice ; j’attends en paix l’événement.

Vous ne me mandez point comment vous vous êtes retiré d’avec Coypel. Vous ferez ce qu’il vous plaira des culs-de-lampe. J’ai donné au même homme les idées de plusieurs vignettes ; je vous en enverrai incessamment les dessins, qu’il a promis de bien travailler. Nous avons carte blanche sur tout. Mandez-moi, mon cher ami, comment nos peintres ont traité les sujets des estampes, afin que je voie les idées qui nous resteront pour les vignettes.

Je vous remercie du discours du cardinal[3] ; il est plein d’esprit et très-convenable. Si le style en était plus lumineux et plus coulant, cela serait parfait. Je vous quitte de celui de Fontenelle, où il y aurait sans doute beaucoup d’antithèses et plus de points que de virgules. J’aime mieux vos lettres, mon cher ami, que toutes les harangues de l’Académie. La mienne est bien courte mais j’en ai quinze à écrire. Adieu.

  1. La lettre en vers, adressée aux Pâris, qui étaient quatre frères, n’est ni dans la Correspondance, ni parmi les Épîtres. Elle est sans doute perdue (Cl.)
  2. Marie Arouet, mariée à Pierre-François Mignot, correcteur de la chambre des comptes ; mère de l’abbé Mignot, de Mme Denis, et de Mme de Fontaine. Morte vers le commencement de septembre 1726.
  3. Discours dont il est question dans la lettre no 72.